Séance 9 Sociologie - 2016 PDF
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Alioune Diop
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Cet extrait porte sur une étude sociologique des réactions des populations face aux cuisines ouvertes. L'étude, menée dans un quartier des Minguettes en 2016, s'intéresse aux transformations architecturales et leurs conséquences sur la vie des habitants.
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Alioune Séance 9 sociologie Diop L1 AES Le texte étudié est tiré de l'enquête de Pierre "Troubles à l'ordre Privé. Les classes populaires face aux cuisines ouvertes" publié en 2016. L'enquête vise à montrer l'impact que les installations...
Alioune Séance 9 sociologie Diop L1 AES Le texte étudié est tiré de l'enquête de Pierre "Troubles à l'ordre Privé. Les classes populaires face aux cuisines ouvertes" publié en 2016. L'enquête vise à montrer l'impact que les installations de cuisine peuvent avoir sur les communautés abordables. De ce fait, Pierre Gilbert a mené une enquête ethnographique, un grand nombre d'entretiens avec des personnes inquiètes pour l'installation de ces cuisines ouvertes chez eux. Il l'a complété par des entretiens avec des responsables locaux et des observations sur les statistiques. Il est venu dans le célèbre quartier des Minguettes à Lyon qui, comme beaucoup d'autres villes, a entrepris de vastes projets de renouvellement urbain. En effet, ces quartiers populaires, composés en grande partie d'immeubles à loyer modique, ont vu se déployer au fil des ans des projets de modernisation. En quoi cette transformation spatiale a-t-elle une dimension sociale dans la vie de ces habitants ? Nous analyserons d'abord les raisons du choix des responsables de la rénovation, puis les réactions des familles des quartiers populaires. Ensuite, nous verrons les changements que la cuisine ouverte modifie dans le mode de vie des résidents. Les auteurs expliquent d'abord les choix systématiques de l'architecte en charge de l'open HLM innovation. Cette déclinaison des aménagements de cuisine est particulièrement appréciée des ménages éduqués de la classe moyenne, Ce goût s'inscrit dans la volonté de moderniser les personnes et les rapports sociaux en cassant le sexisme des intérieurs bourgeois des années 1980. La classe moyenne y voit un moyen de maintenir des rapports sociaux plus souples que celui de la bourgeoisie des masses. Les cuisines ouvertes bousculent cette division classique entre les sexes, créant un attrait pour la classe moyenne, et elles incarnent un style de vie moderne par rapport aux classes sociales. n'envisagez pas ce choix anormal et les concepteurs ne veulent pas forcément imposer des modes de vie à des classes sociales différentes... mais c'est la dernière chose qu'ils font. Sans tenir compte du mode de vie des habitants, ce changement s'impose à leurs lieux les plus intimes, entraînant éventuellement une dépersonnalisation en leur sein puisqu'ils ne sont plus propriétaires. Ils pensent que leur goût sera satisfait car une cuisine selon eux présente de nombreux avantages, amenant l'auteur à une "vision ethnique" du designer. Les cuisines ouvertes sont également considérées comme les grands américains modernes, c'est-à-dire ceux que l'on voit dans et comme symboles du design d'intérieur moderne. En fait, Gilbert continue de recueillir les réactions de la classe ouvrière à cette imposition dans leurs foyers. La grande majorité des familles populaires rejettent ce nouveau, rendant difficile la location d'un appartement avec cuisine ouverte dans le quartier des Minguettes. Ce qui s'est passé est exactement le contraire de ce que les créateurs avaient espéré : au lieu d'attirer, il a fait reculer la classe ouvrière pour beaucoup. D'abord, pour les familles de ces villes, c'était une manière d'enlever la souveraineté dans leurs foyers. Ailleurs dans les rapports sociaux, la plupart du temps soumis, vivant dans un rapport de domination dont ils ne sont pas propriétaires, leur foyer doit représenter un lieu où ils sont maîtres par eux-mêmes du choix, de la liberté de toute domination supérieure. Leur imposer la cuisine ouverte, comme s'ils voulaient ôter ce sentiment de supériorité de chez eux, qu'ici même ils devaient s'incliner devant la grande bourgeoisie. Ils ont presque perdu le seul pouvoir qu'ils ont dans la pratique. Ensuite nous verrons à quel point cette simple cuisine ouverte est dangereuse pour les relations sociales, comment elle peut jouer un rôle social. En effet, dans la maison, cette simple cloison joue un rôle important à plusieurs égards. Pour commencer, il est possible de créer un espace personnel que les gens de la classe ouvrière apprécient, expliquent les auteurs, et ces familles ont souvent peu de "troisième espace" pour recharger les batteries au travail et à la maison. Se débarrasser de sa propre cuisine, c'est se débarrasser d'une pièce, car il y a plus de femmes où elles peuvent se sentir indépendantes. En fait, cette séparation correspond à une division sexuée des tâches ménagères, où les femmes assument les tâches ménagères que les hommes aiment recevoir et vivent dans le salon. Sans cette cloison, les femmes se retrouvent privées du personnel que peut représenter une cuisine autonome. De plus, les cuisines ouvertes ne sont pas adaptées aux modes de vie de ces familles nombreuses, habituées à pouvoir recevoir à tout moment la visite de la famille et des voisins sans organisation préalable. En conséquence, les femmes chargées des tâches ménagères se retrouvent à assumer davantage de responsabilités alors qu'elles tentent de maintenir l'ordre du ménage, ce qui se reflète dans la propreté de la cuisine de l'intérieur. De plus, ils sont, par définition, également accessibles à diverses autorités de contrôle social qui exigent des choses qui sont nécessaires pour des raisons économiques spécifiques. En effet, cette différence de " sale" est réservé à la cuisine. Parfois, ils cuisinent de délicieux repas, la propreté de ces repas est vraiment importante pour eux et ils se sentent à l'aise avec cette nouvelle disposition. Enfin, les cuisines ouvertes sont rarement acceptées par les personnes interrogées par les sociologues car leur identité de genre n'est pas compatible avec les cuisines ouvertes. Pierre Gilbert explique que les familles voisines organisent des réceptions de manière sexiste, les femmes devant recevoir des amis dans la cuisine et dans le salon. Cette nouvelle pièce unique casse des habitudes qui n'existent plus, puisqu'elles se retrouvent avec la même pièce et trouvent un nouvel équilibre. Pour les femmes de ces quartiers, qui passent une partie de leur temps à la maison, représente un véritable lieu social où les femmes peuvent se retrouver à leur guise. Habituellement, les réactions négatives et perverses impliquent des hiérarchies sociales nouvellement réorganisées. En rejetant cette modernité, certaines familles constatent qu'en choisissant leurs goûts, elles ignorent une certaine partie de la société, présumant qu'elles ne sont pas innovantes. Cependant, parmi les ménages enquêtés, certaines familles doivent désormais en choisir une ouverte, mais elles ne choisiront pas forcément une cuisine qui a provoqué un changement de mode de vie relativement important. Tout le monde ne pense pas que les cuisines sont une mauvaise chose, car certains les considèrent comme des commodités modernes courantes dans les rénovations, ce qui suggère qu'il s'agit d'une tendance. L'attrait de Pierre Gilbert pour les cuisines ouvertes réside dans leur image sociale, notant que les gens qui aiment ou n'aiment pas les cuisines ouvertes sont les mêmes. De même, les maisons unifamiliales préféreront une cuisine ouverte, elles n'auront pas le problème de diviser l'espace selon leurs besoins. Les couples avec les deux membres ont tendance à avoir des cuisines plus ouvertes car contrairement aux femmes dont nous avons parlé, la femme du couple reste à la maison. et moins de désir d'espace personnel dans la cuisine. Dans tous ces exemples, on constate que ce sont les femmes qui restent sur la base de ce refus d'accepter la cuisine ouverte ; C'est son passé et sa sociabilité qui détermineront où il habite. En conclusion, on peut dire que l'imposition de cette pratique dans les quartiers populaires s'apparente à « l'anormalité » créée par les classes moyennes, qui en sont les artisans. Des familles ouvrières s'emploient alors à s'insérer dans ce dispositif qu'elles n'ont pas le choix, ignorant parfois leurs propres préférences et culture, tandis que d'autres s'en servent pour affirmer leur autonomie en important ces commandes des classes supérieures..