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Les conséquences cachées des phénomènes de la convergence et de la concentration des médias 1. Concentration des médias : état des lieux - Le Québec et le Canada, et plus généralement, les sociétés démocratiques occidentales, connaissent une situation de concentration des entreprises dans ce secte...

Les conséquences cachées des phénomènes de la convergence et de la concentration des médias 1. Concentration des médias : état des lieux - Le Québec et le Canada, et plus généralement, les sociétés démocratiques occidentales, connaissent une situation de concentration des entreprises dans ce secteur depuis près d’une quarantaine d’années - Au Canada, la situation a maintes fois occasionné la tenue de commissions et groupes de travail aux échelles provinciale et fédérale. - Au Québec, deux transactions ont contribué à relancer le débat sur la concentration - En 2000, Quebecor prend Vidéotron, ajoutant ainsi un réseau de câblodistribution, des télécommunications et des services Internet à ses éléments dans l’imprimerie, l’édition (journaux, magazines et livres), la télédiffusion, la distribution et la vente au détail (librairies et magasins de musique). - De plus, l’entreprise devient propriétaire du premier réseau de télévision au Québec, TVA. - Au Canada, on constate grosso modo 3 cas de concentration – convergence : - Le groupe Can West Global possède 27 quotidiens dans 8 provinces (dont 6 au Québec seront ensuite vendus au groupe Capital Média qui fait ensuite faillite). - Le groupe Bell Globemedia participe dans 35 stations de télévision diffusant dans 8 provinces, et dans le quotidien national Globe & Mail. - Le 3e est Quebecor avec ses 8 stations de télévision du réseau TVA au Québec, ses quotidiens (journal de Montréal et journal du Québec) auxquels il voulait ajouter les 6 quotidiens du groupe Capital Média en faillite, en 2019. - Ces entreprises investissent dans des secteurs finalités complètement différentes. à - On se demande ainsi quel lien peut-il y avoir a priori, entre Videotron qui est un câblodistributeur, Archambault qui vend des livres et des disques? - Voilà une entreprise qui va bien au-delà de la simple concentration-convergence. 2. La menace sur les pluralismes - Richard Bousquet identifiait 3 formes de pluralisme que la concentration-convergence risque de remettre en cause: - le pluralisme des sources - le pluralisme des contenus - le pluralisme des identités. Le pluralisme des sources (ou des titres) - Il suppose l’existence d’une pluralité de médias appartenant à des propriétaires différents: identité propre, façon différente de traiter de l’information. - Le constat actuel de l’auteur n’augure guère l’optimisme: - Au Canada, le nombre de quotidiens indépendants des groupes de presses est passé de 39 en 1970, à 29 en 1980 et en 2002, ils étaient que 3. Le pluralisme des contenus - Ce pluralisme ne saurait exister sans le pluralisme des titres : c’est une condition mais il n’y a pas forcément de relation de causalité (pluralisme ne signifie pas toujours pluralité). - On peut là également être perplexe quant à la survie de cette forme de pluralisme. - Voir la décision il y a quelques années, des dirigeants du Groupe Can West d’imposer des éditoriaux à l’ensemble de ses quotidiens. . Le pluralisme des identités - Bousquet, (ancien vice président de la Fédération des journalistes du Québec) parle lui, de « pluralisme de représentation » - On fait référence ici aussi bien à la représentation médiatique des différents groupes minoritaires, ethniques, linguistiques, politiques, sociaux etc., qu’à la possibilité pour ces derniers de produire l’information qui leur convient. - Le combat est loin d’être gagné pour la préservation de cette forme de pluralisme, en dépit de la résistance des nouveaux médias alternatifs pour contrecarrer les effets de l’uniformisation produite par la concentration. 3. Autres conséquences non visibles: de la compression des tâches à la suppression d’emplois - La convergence finirait par être qu’une simple opération de réduction de la recherche originale de l’information et par conséquent de la diminution de l’information. - Exemple: au lendemain de l’entente de travail conclue au Journal de Montréal par laquelle les journalistes acceptent que leurs textes soient systématiquement diffusés sur les sites de Quebecor, ce groupe a annoncé la suppression de 67 emplois sur ses sites Internet. Les menaces sur l’indépendance des professionnels de l’information - Exemple: la division Médias du Groupe Transcontinental (GTC) impose à tous ses collaborateurs un contrat non négocié et non négociable par lequel ils admettent renoncer à leurs droits d’auteurs. - Autre exemple: Le contrat des publications TVA qui dispose que le journaliste pigiste qui veut offrir sa collaboration « cède de façon exclusive et perpétuelle, sans limitation de territoire, tous les droits » sur son œuvre. Conclusion - Si la concentration-convergence présente un tableau catastrophique à bien des égards, la situation n’est cependant pas désespérée. - Voir la prétention affichée par des chaînes mondiales comme TV5 Monde, sur des bases culturelles notamment linguistiques.. - Voir aussi la présence des médias alternatifs sur la scène médiatique et la persistance des services publics d’information, qui, bien qu’affaiblis permettent d’entretenir un certain pluralisme de l’information, valeur « indétachable » de l’idéal démocratique; voir aussi l’alternative offerte par les médias socio-numériques - Mais l’affirmation pour le cas des États-Unis, du fondateur de CNN, Ted Turner garde sa pertinence pour les sociétés occidentales: « La concentration des médias est une chose terrifiante. Maintenant deux des quatre principaux networks sont possédés par des gens qui ont d’énormes investissements dans l’énergie et les armes nucléaires » - Nous ne pouvons dire plus sur la situation actuelle que ce disait la Commission Kent au Canada déjà en 1981: - «Dans un pays où il est permis à quelques conglomérats de posséder un si grand nombre de journaux, la liberté de la presse n’équivaut, en somme, qu’à doter une poignée de gens d’une énorme influence, sans responsabilité en contrepartie. Il est choquant pour la probité intellectuelle d’entendre les chefs de telles entreprises se justifier en invoquant le principe de la liberté de la presse.»