Violence interpersonnelle - Types et causes de la violence - PDF

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danny

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UQTR (Université du Québec à Trois-Rivières)

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violence violence conjugale comportement violent

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Ce document est une introduction à la violence, en explorant les différentes formes, y compris physique, sexuelle, émotionnelle et psychologique. Il examine également les causes de la violence, le cycle de la violence conjugale et les raisons pour lesquelles les victimes restent dans des relations abusives. Le document aborde également les facteurs de risque et les conséquences de la violence.

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Module 1 « La menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un sous-développement ou des pri...

Module 1 « La menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un sous-développement ou des privations. L’utilisation de la force physique ou du pouvoir doit être comprise comme incluant la négligence et tous les types de violence physique, sexuelle et psychologique, ainsi que le suicide et d’autres sévices auto-infligés. Organisation Mondiale de la Santé, Rapport mondial sur la violence et la santé Les êtres humains, comme tous les mammifères, sont capables d’être agressifs ou violents car cette aptitude est adaptative dans certaines circonstances. La capacité d’être violent peut sauver notre vie. La violence, comme tout comportement ou trait humain ayant survécu à l’évolution (p.ex. anxiété, stress, humeur dépressive, excitation sexuelle) peut donc être souhaitable. Comme pour toute qualité humaine (p.ex. stress, humeur), la distinction entre la nature saine ou pathologique de l’agressivité ou de la violence repose en grande partie sur des notions de circonstances, de fréquence, d’intensité et de consentement. Comme nous le verrons, la notion d’intention est également importante. Selon la croyance populaire, l’humain ne nait pas violent mais il peut le devenir, notamment à cause de facteurs familiaux et environnementaux. En vérité, la majorité des enfants âgés de 18 mois ou moins commettent des actes violents et, grâce notamment aux parents, à l’éducation, au développement du langage et de l’empathie, la violence physique disparaît généralement au fur et à mesure que l’enfant vieillit. Généralement, on ne rend pas tant quelqu’un violent qu’on lui apprend à ne pas l’être. C’est donc plutôt une absence de facteurs de protection (p.ex. bagage génétique, éducation parentale, milieu familial, socialisation, prise de perspective) que la présence de facteurs externes (p.ex. jeux vidéo ou films violents) qui constituent les bases de la violence. Les cas problèmes sont généralement ceux qui n’ont pas appris à utiliser d’autres moyens que la violence pour s’exprimer ou ceux qui ont vécu dans des environnements violents. C’est un peu comme le bébé qui nait avec un tempérament anxieux : soit son environnement l’aidera à apprendre à calmer son anxiété soit, au contraire, il pourra l’exacerber. Une des bonnes démonstrations que la violence est due en grande partie à une absence d’apprentissage (et non l’inverse) est offerte par les études de cohortes longitudinales qui démontrent que les meilleurs facteurs de prédiction pour des activités antisociales et violentes à l’adolescences ou à l’âge adulte sont des troubles de conduites et d’agressivité dès l’entrée à la garderie, mais surtout pour les enfants issus de milieu défavorisés et monoparentaux (les étudiants intéressés par ce type d’études se référeront aux travaux de Richard Tremblay, reconnus internationalement, notamment Nagin et Tremblay, 2001, dans Archives of General Psychiatry). Ces enfants n’ont pas appris à canaliser leur violence naturelle et continuerons à s’exprimer par la violence tant que cet apprentissage ne sera pas réalisé. À noter qu’au Québec, le taux d’infractions contre la personne diminue constamment depuis une décennie, soit de 14,2 % depuis 2005. En 2014, cela représente 2 344 infractions de moins que l’année précédente. La gravité des crimes commis au Québec est également en diminution depuis une dizaine d’années. Pour des données plus détaillées, voir : Seul le résumé est matière à examen La criminalité au Québec en 2014 : principales tendances Les formes de violences La violence générale > Les types de violences > Au sens large, on répertorie neufs types de violence interpersonnelle: physique, sexuelle, émotionnelle, psychologique, spirituelle, culturelle, verbale, financière (abus) et la négligence (absence de comportement). Neuf types de violence interpersonnelle Violence physique La violence physique se produit lorsqu’une personne utilise une partie de son corps ou un objet pour contrôler les actions d’une autre personne. Violence sexuelle La violence sexuelle se produit lorsqu’une personne est forcée de prendre part à une activité sexuelle contre son gré. Violence émotionnelle La violence émotionnelle se produit lorsqu’une personne dit ou fait quelque chose afin de rabaisser une autre personne, la faire sentir stupide ou sans valeur. Violence psychologique La violence psychologique se produit lorsque quelqu’un utilise les menaces et la peur afin de contrôler l’autre. Violence spirituelle La violence spirituelle se produit lorsque quelqu’un se sert des croyances d’un autre individu pour le contrôler, le manipuler. Violence culturelle La violence culturelle se produit lorsqu’un individu est blessé suite à des pratiques honnies par sa culture, sa religion ou la tradition. Abus verbal L’abus verbal se produit quand quelqu’un utilise le langage, écrit ou parlé, pour blesser une autre personne. Abus financier L’abus financier se produit lorsque quelqu’un contrôle les ressources financières d’une autre personne sans le consentement de cette dernière. Négligence La négligence se produit lorsqu’une personne ayant à sa charge un autre individu n’en prend pas soin. La violence physique La violence générale > Les types de violences > La violence physique se produit lorsqu’une personne utilise une partie de son corps ou un objet pour contrôler les actions d’une autre personne. La violence physique inclut : L’utilisation de la force physique causant de la douleur, un inconfort ou une blessure ; Frapper, pincer, tirer les cheveux, tordre les bras, étrangler, brûler, donner un coup de poing, pousser, gifler, battre, donner un coup de pied, mordre, nourrir par force ou tout autre traitement ; L’assaut ou menaces avec arme ou autre objet ; Exposer délibérément une personne à des températures extrêmes ou inappropriées ; Meurtre ou tentative de meurtre ; L’abus par médication : usage inapproprié de médication incluant : la rétention de médication, ne pas suivre les instructions de la prescription, sur ou sous médicamenter quelqu’un. La contention non consentante d’autrui dans un cadre non médical : forcer au confinement ; utilisation non nécessaire et excessive de contention physique ; forcer quelqu’un à rester au lit ; attacher quelqu’un au lit ; utilisation excessive de médication pour contrôler une personne (contention chimique). Définition des voies de fait selon le Code criminel canadien 1. Attaque ou agression commise d'une manière intentionnelle, avec emploi de la force, directement ou indirectement, contre une autre personne, sans son consentement; 2. tentative ou menace, par un acte ou un geste, d'employer la force contre une autre personne, si le contrevenant est en mesure actuelle ou s'il porte l’autre personne à croire, pour des motifs raisonnables, qu'il est alors en mesure actuelle d'accomplir son dessein; 3. port d’arme visible ou d’une imitation d’arme avec approche d’une autre personne. La violence sexuelle La violence générale > Les types de violences > La violence sexuelle se produit lorsqu’une personne est forcée de prendre part à une activité sexuelle contre son gré. La violence sexuelle inclut les comportements suivants : Toucher de manière sexuelle sans le consentement (ex : embrasser, empoigner etc.) Forcer autrui à avoir des relations sexuelles ou à faire certains actes sexuels dégradant ou douloureux contre son gré; Battre les zones génitales du corps d’autrui ; Forcer une personne à regarder du matériel pornographique ou à participer à sa conception ; Utiliser une arme pour forcer une personne à toute activité sexuelle ; Exhibitionnisme, frotteurisme ; Faire des commentaires sexuels ou blagues déplacées ; Rétention de l’affection sexuelle ; Déni de la sexualité ou de la vie privée (regarder, voyeurisme) d’une autre personne ; Empêcher l’accès à de l’information ou de l’éducation sexuelle ; Humilier, critiquer ou tenter de contrôler la sexualité d’une personne ; Prostitution forcée ; Allégations non fondées de promiscuité et/ou infidélité ; Exposer volontairement quelqu’un au VIH ou à toute autre maladie transmise sexuellement. La violence émotionnelle La violence générale > Les types de violences > La violence émotionnelle se produit lorsqu’une personne dit ou fait quelque chose afin de rabaisser une autre personne, la faire sentir stupide ou sans valeur. La violence émotionnelle inclut : Donner des noms dégradants ; Blâmer l’autre pour tous les problèmes de la relation ; Ne plus parler à l’autre (silence treatment) ; Empêcher l’autre d’entrer/d’être en contact avec ses amis et ses proches ; Détruire la possession de l’autre ; Jalousie ; Humilier ou rire de l’autre ; Intimider une personne ; Générer la peur pour mieux contrôler ; Menacer de se blesser soi-même si l’autre ne coopère pas ; Menacer d’abandonner la personne ; Menacer de déportation (immigrant). La violence psychologique La violence générale > Les types de violences > La violence psychologique se produit lorsque quelqu’un utilise les menaces et la peur afin de contrôler l’autre (sans son consentement, bien entendu). La violence psychologique inclut les comportements suivants: Menacer de blesser la personne ou sa famille si elle quitte ; Menacer de se blesser soi-même ; Menacer de violence ; Menacer d’abandon ; Suivre/harceler ; Agression verbale ; Isoler socialement la personne ; Ne pas donner accès au téléphone ou autre moyen de communication; Ne pas autoriser la personne à prendre une décision ; Contrôler les activités de l’autre ; Traiter la personne comme un enfant ou un serviteur ; Cesser les démonstrations d’affection pour manipuler ; User de pression pour la signature de documents légaux ; Changer d’héritier sur son testament ; Changer les directives médicales. La violence spirituelle La violence générale > Les types de violences > La violence spirituelle se produit lorsque quelqu’un se sert des croyances d’un autre individu pour le contrôler, le dominer, le manipuler. La violence spirituelle inclut le fait de : Ne pas autoriser une personne à suivre ses traditions religieuses ou spirituelles préférées ; Forcer une personne à adopter des croyances religieuses ; Se moquer des croyances et pratiques religieuses d’une personne ; User de sa position religieuse, de rituels ou pratiques pour manipuler, dominer ou contrôler une personne. La violence culturelle La violence générale > Les types de violences > La violence culturelle se produit lorsqu’un individu est blessé suite à des pratiques honnies par sa culture, religion ou tradition. Ceci inclut mais ne se limite pas à la commission de crimes d’honneur contre les femmes dans certains pays où elles sont à risque de blessures physiques, d’être méprisées ou tuées pour : Avoir été violée ; Avoir pratiqué la « sorcellerie » ; Être plus vieille. Être tombé en amour avec la mauvaise personne ; Avoir demandé le divorce ; Avoir commis l’infidélité (ou être soupçonnée de l’avoir fait). La violence culturelle peut également se manifester par le bannissement, la lapidation, l’abandon d’une personne âgée à l’hôpital, la circoncision féminine, l’esclavage sexuel et le viol conjugal. À noter que l’orientation sexuelle (p.ex. homosexuelle), l’origine ethnique et l’allégeance politique sont aussi à l’origine de violences extrêmes dans certains pays ou cultures. L’abus verbal La violence générale > Les types de violences > L’abus verbal se produit quand quelqu’un utilise le langage, écrit ou parlé, pour blesser une autre personne, sans son consentement, ce qui inclut les comportements suivants : Rapporter les erreurs passées d’une personne ; Exprimer des attentes négatives ou un manque de confiance ; Menacer de violence envers la personne ou les membres de sa famille ; Crier, mentir, donner des noms dégradants, insulter ; Ne pas dévoiler des informations importantes (retenir volontairement); Donner des ordres ; Parler de manière déplacée à propos du décès d’une personne ; Dire à une personne qu’elle ne vaut rien ou qu’elle est source de problèmes. L’abus financier La violence générale > Les types de violences > L’abus financier se produit lorsque quelqu’un contrôle les ressources financières d’une autre personne sans le consentement de cette dernière. Ceci inclut : Ne pas autoriser une personne à s’éduquer ; Forcer la personne à travailler à l’extérieur de la maison ; Refuser qu’une personne travaille à l’extérieur de la maison ou n’aille à l’école ; Contrôler le type d’occupation d’une personne ; Illégalement ou improprement utiliser l’argent d’une personne, ses avoirs ou sa propriété ; Frauder quelqu’un ; Prendre les fonds d’une personne sans son autorisation ; Refuser à une personne l’accès à son compte bancaire, ses économies ou tout autre revenu ; Donner une allocation et demander par la suite une justification pour toutes les dépenses ; Persuader une personne d’acheter un produit ou de se défaire de son argent ; Vendre la maison, les meubles ou toutes autres possessions sans la permission ; Imiter la signature d’une autre personne sur des documents légaux ; Ne pas payer les comptes ; Ouvrir le courrier dans permission ; Vivre dans la propriété d’une autre personne sans payer pour les dépenses et détruire la propriété d’autrui. La négligence La violence générale > Les types de violences > La négligence se produit lorsqu’une personne ayant à sa charge un autre individu n’en prend pas soin, ce qui inclut de ne pas répondre aux besoins d’une personne qui est incapable de remplir ses besoins elle-même (enfant, personne âgée, personne handicapée), abandonner cette personne dans un lieu public ; Ne pas rester avec une personne dont l’état requiert de l’aide. La négligence physique réfère à l’omission de fournir des éléments essentiels à la personne qui ne peut le faire elle-même, tels nourriture ou eau, abris, vêtements et draps propres, etc. La négligence médicale signifie d’ignorer ou ne pas respecter des instructions spécifiques concernant la diète d’autrui, ne pas donner la médication prescrite ou ne pas appeler de l’aide lorsque requis. La typologie de la violence selon l’OMS La violence générale > Les types de violences > L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) n’inclut pas les types spirituel et culturel dans sa typologie de la violence, mais propose une matrice basée sur la distinction entre la violence interpersonnelle (familiale, conjugale ou communautaire), collective (sociétale, politique ou économique) et dirigée contre soi-même, d’une part, et la nature physique, sexuelle, psychologique (p.ex. abus verbal, menace, intimidation), les privations (p.ex. financières) ou la négligence d’autre part (figure 1). [Source : Rapport mondial sur la violence et la santé, Organisation mondiale de la santé, 2002] Dans le cadre de ce cours, c’est surtout de violence physique interpersonnelle dont il sera question. Ce type de violence peut être dirigé contre des membres de la famille (incluant le/la conjoint/e), des connaissances ou des étrangers (figure 1). Introduction La violence générale > Étiologie de la violenc... > Les causes des comportements violents sont complexes, multifactorielles et de différents niveaux. Aucun facteur unique ne peut expliquer à lui seul le phénomène et chacun d'eux est plus ou moins proximal ou distal par rapport à l'individu, se situant soit au niveau individuel, relationnel, communautaire ou sociétal (Figure 2). Niveaux proximaux et distaux des causes de la violence interpersonnelle [Source : Rapport mondial sur la violence et la santé, Organisation mondiale de la santé, 2002] Dans le cadre de ce cours, c'est surtout du niveau individuel dont il sera question, mais il ne faut pas négliger les facteurs relationnels, communautaires ou sociétaux. Le niveau relationnel renvoie à l'influence des relations avec les pairs, des délinquants par exemple, ainsi que l'exposition répétée à de la violence commise par un proche (souvent la figure paternelle). Le niveau communautaire renvoie à l'influence d'environnements hors-familiaux tels que l'école, le lieu de travail et le quartier résidentiel (p.ex. pauvreté, chômage, taux de criminalité élevé). Finalement, le niveau sociétal renvoie aux facteurs qui créent un climat de violence acceptable, en particulier entre différents segments de la société (pauvres, criminels) ou différents groupes (p.ex. femmes, origines ethniques, appartenance religieuse, orientation sexuelle). Au plan clinique, comme nous le verrons dans le module portant sur les traitements, on intervient le plus souvent aux plans individuel et familial. Au plan individuel, il est important de déterminer l'origine ou le type prédominant de violence : explosive (neurologique, fréquente), impulsive (réactive, antisociale), psychiatrique (psychotique), prédatrice (proactive), ou une combinaison des types. La plus grande partie de la matière de ce cours concerne la violence de type physique émotive/impulsive car elle est largement majoritaire, mais la violence physique de type prédatrice sera également abordée. PRINCIPALES ORIGINES DE NIVEAU INDIVIDUEL DE LA VIOLENCE INTERPERSONNELLE ORIGINE CARACTÉRISTIQUES Chronique, explosive, peu prévisible, peu dangereuse, peu Neurologique traitable Émotive, impulsive, dangereuse ou non, régresse après Antisociale 40 ans Psychiatrique Psychotique, potentiellement dangereuse, traitable Psychopathique Planifiée, calculée ou de sang-froid, dangereuse, peu traitable Défensive Légitime défense, non criminelle. La violence neurologique et comportements agressifs La violence générale > Étiologie de la violenc... > La violence explosive est fortement associée à des troubles neurologiques (p.ex. patients en réadaptation neurologique ou en milieu médico-légal ayant des atteintes frontales). Elle est donc très imprévisible. Ce type de violence est également au cœur d'un diagnostic du DSM-5, le Trouble explosif intermittent, dont les critères diagnostiques sont décrits ci-après. On remarquera que ce type de violence n'a généralement pas pour but premier de blesser autrui, mais plutôt de communiquer (très maladroitement) une frustration. Il implique donc souvent des mots et des objets, ainsi que des personnes, mais pas dans le but de les blesser directement. Les atteintes neurologiques compromettent les capacités d'inhibition de la personne. Ce type de violence se distingue par la présence de remords et de détresse chez la personne violente. Cette violence est également difficile à traiter et ces personnes nécessitent généralement des soins de longue durée (institutionnalisation). On remarquera finalement l'adjectif « intermittent », soulignant la nature instable de la fréquence des actes violents. Comme pour tout trouble neurologique, la personne connaît de « bons » et de « mauvais » jours. Dans ce cas-ci, les actes violents ne sont pas commis de façon stable et prévisible. Trouble explosif intermittent Critères diagnostiques A. Épisodes comportementaux explosifs récurrents témoignant d'une incapacité à contrôler les impulsions agressives, se manifestant soit par : 1. Des agressions verbales (p. ex., accès de colère, diatribes, disputes ou altercations verbales) ou des agressions physiques envers des biens matériels, des animaux ou d'autres personnes, survenant deux fois par semaine, en moyenne, durant une période de 3 mois. L'agressivité physique n'a pas pour conséquence d'endommager ou de détruire des biens matériels ni de blesser physiquement des animaux ou d'autres personnes. OU 2. Trois épisodes comportementaux explosifs, survenant pendant une période de 12 mois, durant lesquels des biens matériels sont endommagés ou détruits et/ou des animaux ou d'autres personnes sont blessés dans une agression physique. B. Le degré d'agressivité exprimé durant les épisodes explosifs est sans commune mesure avec la provocation ou un quelconque stresseur psychosocial précipitant. C. Les explosions agressives récurrentes ne sont pas préméditées (c.-à-d., elles sont impulsives et/ou dues à la colère) et n'ont pas lieu dans un but tangible (p. ex., argent, pouvoir, intimidation). D. Les explosions agressives récurrentes entrainent soit une détresse marquée chez la personne, soit une altération du fonctionnement occupationnel ou interpersonnel, ou entrainent des conséquences financières ou légales. E. L'âge chronologique est au moins de 6 ans (ou un niveau développemental équivalent). F. Les explosions agressives récurrentes ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble (p.ex. traumatisme crânien, épisode psychotique, démence, trouble de la personnalité) Les épisodes agressifs ont une durée moyenne de moins de 30 minutes et peuvent se manifester par des menaces verbales, la destruction de biens, une agression ou une combinaison de ces actes. Environ 70 % des actes sont des agressions interpersonnelles et la provocation, lorsque présente et identifiable, est mineure et provient généralement d'une personne connue du patient. Ces épisodes de violence peuvent être accompagnés d'autres symptômes, tels des tremblements, des palpitations, ou une oppression thoracique, ce qui les différencient des actes violents associés à la délinquance. On rapporte souvent que le patient typique est un homme physiquement imposant qui se sent inutile ou sans contrôle sur son environnement. Le niveau d'anxiété, de dépression et de culpabilité augmenterait significativement à la suite de l'épisode violent. Des effets négatifs pour la personne violente sont fréquents, tel qu'attendu : problèmes interpersonnels, professionnels, sociaux, maritaux, scolaires, judiciaires et médicaux, à un point tel que le DSM-5 les inclut maintenant comme critère (D). Au plan clinique et différentiel, il est important de noter le caractère soudain, involontaire (neurologique), suivi de remords de ce type de violence. C'est notamment ce qui permet de le différencier des autres types de violence. La violence antisociale et comportements émotifs/compulsifs La violence générale > Étiologie de la violenc... > Il s’agit, de loin, du type d’actes violents le plus fréquemment commis dans la communauté. Ces actes peuvent être imprévisibles, mais pas autant que ceux de nature explosive. Par exemple, l’entourage d’une personne qui devient agressive ou violente sous l’effet de l’alcool sait que le risque d’un acting out est plus élevé dans ces circonstances. Il s’agit ici de gens qui répondent violemment à des événements de la vie qui peuvent générer des sentiments agressifs chez toute personne (p.ex. des sentiments d’injustice tels que séparation conjugale, tromperie conjugale, nouveau conjoint d’une ex-conjointe, perte d’emploi, perte de la garde d’un enfant, perte monétaire) mais qui agissent (physiquement) cette agressivité, contrairement aux gens de la population générale. Ce type de violence renvoie également aux gens impulsifs, qui passent à l’acte dans un contexte désinhibiteur (consommation d’alcool) ou psychopathologique (p.ex. troubles de personnalité antisociale ou borderline). Il s’agit donc des actes de violence qu’on observe le plus souvent. La majorité de ces personnes violentes sont des hommes (quoique des femmes sont également en cause), ayant une intelligence inférieure à la moyenne (quoique, encore une fois, certains cas défavorisés sont très intelligents) et provenant de milieux défavorisés (encore une fois, des cas provenant de milieux favorisés mais négligents, voire maltraitants, sont également observés). On revient ici à la notion d’un défaut apprentissage à l’enfance de se refreiner. Les facteurs de risques sont précoces : prénataux (intra-utérin, stress, alcool, drogue, nutrition, virus, conditions de vie difficiles), périnataux (grands prématurés, accouchement difficile, plus de 20 heures, cordon ombilical et anoxie cérébrale, malformation cardiaque ou autre, utilisation de forceps) et environnementaux de la prime enfance. Les filles mères ayant un faible niveau d’éducation (moins d’un troisième secondaire) ont statistiquement plus de chances d’avoir un accouchement difficile, associé à des anomalies mineures du corps et du cerveau de l’enfant, liées notamment à un faible QI. Les études longitudinales de Richard Tremblay et ses collègues (Coté et al., 2007) ont élégamment démontré que le fait de fréquenter la garderie prévient la violence ultérieure chez le jeune enfant (p.ex. apprentissage des habiletés sociales), mais seulement pour ceux dont la mère est jeune et peu éduquée. On postule que les jeunes filles plus agressives et défiantes ont plus de chance de tomber enceintes et de devenir filles mères (sexualité précoce, défier l’autorité, prise de risque, s’entendre avec de garçons plus vieux, etc), de laisser l’école, d’être des parents dépassés, incompétents ou irresponsables et d’employer une discipline erratique (manque d’éducation parentale; manque des habiletés nécessaire à l’établissement d’un contexte où l’enfant apprend à gérer ses émotions et son agressivité). Il s’agit donc d’intervenir au niveau des habiletés parentales prénatales (p.ex. nutrition.) et postnatales (p.ex. discipline) Les programmes précoces auprès des enfants (p.ex. programme « Vers le pacifique », abordé plus loin) sont également efficaces au niveau comportemental, du succès social et académique à l’école, voire même pour l’antisocialité à l’adolescence. Ainsi, les conditions prénatales et les complications périnatales seraient parmi les précurseurs les plus précoces de la violence et l’antisocialité mais ceci est surtout vrai lorsque conjugué à des mauvaises conditions socio- économiques (pauvreté, mauvaise alimentation, mauvaises condition physique, taux de stress extrêmement élevé, consommation de tabac et autres drogues, etc.). Des problèmes prénataux et périnataux entraînent souvent des anomalies physiques mineures (incluant le cerveau, mais aussi des malformations, déséquilibre de certaines parties du corps tels grosse tête, oreilles, orteils, bec de lièvre, asymétrie, souvent dues aux conditions prénatales, disruption fœtale). On sait que les variables prénatales telle la naissance prématurée (surtout si < de 28 semaines et < 1 500 g) sont intimement associées à la violence ultérieure MAIS que l’environnement joue un rôle très important et peut en fait être protecteur (l’enfant est adopté, pris en charge par ses grands-parents, sa mère trouve un nouveau conjoint; le prématuré est bien entouré, etc.). SEUL LE RÉSUMÉ EST MATIÈRE À EXAMEN La violence psychiatrique et comportements potentiellement dangereux La violence générale > Étiologie de la violenc... > Il est important de souligner que la grande majorité des gens aux prises avec un trouble mental sévère (dépression majeur, trouble bipolaire, schizophrénie) ne sont pas violents. Ceci dit, il existe une minorité de patients présentant des risques élevés de violence, en particulier ceux qui vivent des épisodes psychotiques, surtout lorsque ces derniers sont associés à la paranoïa et aux hallucinations auditives mandataires en lien avec le contenu paranoïaque (p.ex. la conviction qu’une personne est dangereuse pour soi accompagnée de voix qui confirment que cette personne nous en veut). Bien entendu, la réalité est plus complexe et on rencontre en psychiatrie trois grandes constellations de facteurs de risque : Les épisodes psychotiques potentiellement associés avec la violence (paranoïde, de jalousie, de religiosité, de l’imposteur); des gens qui ont en plus un trouble de la personnalité (antisociale), souvent caché par le trouble mentale sévère (schizophrénie); des gens qui ont aussi des lésions cérébrales (habituellement frontales). Alors que la sévérité de la violence peut être élevée (jusqu’au meurtre ou tentative de meurtre) pour le premier groupe (psychose seulement), les chances de récidives sont faibles si la réponse et l’assiduité à la médication antipsychotique sont bonnes. Par ailleurs, les victimes sont connues de l’agresseur dans environ 90% des cas, souvent un parent. Ainsi, le stéréotype hollywoodien des tueurs schizophrènes est un mythe. Pour le deuxième groupe (psychose s’ajoutant à un trouble de la personnalité antisociale de base), la sévérité de la violence est moindre (délinquance générale), mais beaucoup plus difficile à traiter. Pour ces cas, le trouble mental sévère est traité en priorité (médication antipsychotique et psychothérapie), puis les traits de personnalité émergent, qui devront également être pris en compte. Enfin, pour le troisième groupe (lésions neurologiques), la violence est de sévérité faible, (il s’apparente au trouble explosif intermittent), mais elle est chronique, très difficile à traiter. La violence psychopathique et comportements planifiés de sang-froid La violence générale > Étiologie de la violenc... > Ce type de violence, rare, est l’opposé de la violence impulsive. L’acte est prémédité, planifié, à tout le moins exécuté de sang-froid, sans remord ni empathie. Il est même généralement associé au plaisir, non pas à la colère. C’est plutôt le manque marqué d’empathie affective (ressentir ce que l’autre ressent) et l’incapacité à se mettre à la place des autres (théorie de l’esprit) qui ressortent des évaluations cliniques. Ce type de violence a plus souvent pour but d’obtenir un gain, du plaisir ou de monter en grade dans une hiérarchie. On y inclut également de la violence non physique, telle que celle rencontrée au travail, commise par les psychopathes en cravate (les fameux « snakes in suits »). Ces malversations sont cachées, insidieuses, mais leurs résultats peuvent être bien vus s’ils permettent à la personne de performer et de gravir les échelons (p.ex. mettre à pied 1 000 personnes la veille du temps de fêtes pour augmenter le rendement ou s’approprier le travail d’un stagiaire ou d’un collègue sans en ressentir le moindre remord). MATIÈRE À EXAMEN À noter que le harcèlement, l’enlèvement, les menaces et la séquestration reliés à la volonté de prendre ou reprendre la garde d’un enfant sont des gestes planifiés mais très émotifs. En outre, ces gestes ne sont commis qu’envers une victime (l’ex-conjoint-e ou l’enfant) dans un contexte très particulier. On ne peut donc pas les qualifier de gestes psychopathiques. CECI N’EST PAS MATIÈRE À EXAMEN Pour les étudiants intéressés par les psychopathes à cravates. Ce film culte, à l’origine un travail de fin de session universitaire, marque les touts débuts de l’excellent acteur Benoît Poelvoorde. Il s’agit d’un faux documentaire Belge qui montre les agissements d’un psychopathe et la démarcation floue entre une équipe de tournage en quête d’images spectaculaires et sa propre implication dans les comportements criminels de leur protagoniste (1992). À la même époque (1993) sort Kalifornia, marquant les débuts de Juliette Lewis (avec Bratt Pitt), relatant les liens de plus en plus ambigus entre des étudiants universitaires fascinés par les tueurs en série et le couple avec qui ils font du co-voiturage, dont l’homme commet des gestes clairement psychopathes. La violence défensive La violence générale > Étiologie de la violenc... > Ce type de comportement violent ne sera pas abordé ici car il s’inscrit dans un cadre de légitime défense. Module 2 Introduction La violence générale > Bases neurobiologiques... > 0 seconds of 6 minutes, 17 secondsVolume 100% Afin d’offrir des traitements adéquats et efficaces aux gens violents, il est primordial de bien comprendre les origines, circonstances et motivations sous-jacentes à la violence d’une personne donnée. Cependant, les origines de la violence criminelle (non défensive et dirigée vers autrui) sont complexes et multi-déterminées. Plusieurs facteurs situés à différents niveaux par rapport à l’individu (génétique, prénataux, obstétriques, neurobiologiques, familiaux, environnementaux) entrent en ligne de compte (voir le graphique ci-dessous). Facteurs de risque associés à la violence interpersonnelle [Adapté de J. Volavka, 1999. The Neurobiology of Violence: An Update. J Neuropsychiatry and Clinical Neurosciences, 11, 307-314] CECI N'EST PAS MATIÈRE À EXAMEN The Neurobiology of Violence: An Update Mais à la base, les comportements violents reflètent l’activation de circuits neuronaux relativement spécifiques, sur lesquelles nous pouvons éventuellement intervenir (p.ex. pharmacothérapie, neurofeedback). Ce module décrira brièvement ces bases neurobiologiques de la violence. CECI N’EST PAS MATIÈRE À EXAMEN L’étudiant intéressé pourra consulter l’ouvrage suivant, très bien écrit : Un recueil de données scientifiques a également été publié sur le sujet (pour les étudiants plus avancés). Nous avons déjà spécifié qu’il existe trois grands types de violence interpersonnelle (outre le type psychiatrique) : 1. Explosive-organique; 2. Émotive-réactive et 3. prédatrice-planifiée ou de sang-froid. Ces types de violence sont associés à différents réseaux neuronaux. La violence explosive La violence générale > Bases neurobiologiques... > Ce type de violence fait partie des séquelles occasionnées par des atteintes corticales (face externe du cerveau) fronto-temporale, en particulier de la partie ventrale ou orbitale frontale (voir la figure 1 pour le cortex frontal, en bleu et la figure 2 pour les parties ventrale et orbitale du cortex préfrontal, en rouge et vert, respectivement). Certains types d’épilepsie temporale, mais plus souvent de lésions ventro-orbitales frontales provoquent des actes violents explosifs. Le fameux cas de Phineas Gage représente l’une des premières démonstrations du lien en le lobe frontal et l’inhibition comportementale. Durant le 19e siècle, une barre de métal servant à placer des explosifs a pénétré la boîte crânienne de Gage causant d’importants dommages au lobe frontal, en particulier dans sa partie orbitale (derrière l’orbite des yeux). Plus d’un siècle après, l’illustre journal scientifique Science a publié une reconstruction de la lésion (Figure 2), à laquelle Gage a miraculeusement survécu. Il avait développé des traits colériques et impulsifs durant les années succédant l’accident (il travaillait dans la construction de chemins de fer). On sait aujourd’hui qu’une atteinte à la partie ventrale ou orbitale du lobe frontale (p.ex. rupture d’anévrisme de l’artère cérébrale antérieure ou traumatisme crânien antérieur associé au whiplash ou « coup du lapin » cérébral) entraîne souvent des changements de personnalité impliquant de l’impulsivité, une absence de considération pour le futur ou pour autrui, de l’anosognosie (non reconnaissance du trouble) et de la violence explosive. Ces symptômes constituent même un syndrome justement appelé de « pseudo-psychopathie » en neuropsychologie. Inutile de spécifier qu’il est à l’origine de nombreux cas de divorces… Le cortex frontal [Source : University of Washington Digital Anatomist Program; http://www9.biostr.washington.edu/da.html] Les trois divisions du cortex pré-frontal [Source : Le cerveau, université McGill (Thebrain.mcgill.ca)] Phineas Gage [Source : Damasio et al., (2004) The return of Phineas Gage: clues about the brain from the skull of a famous patient, Science, 264, 5162, 1102-1105.] La violence émotive-impulsive La violence générale > Bases neurobiologiques... > Ce type de violence est le plus courant et il peut être dangereux (interpersonnel). Il s’agit généralement d’une réaction à une frustration ou un élément déclencheur induisant de la colère. Ce type de violence n’a donc pas pour but d’obtenir un gain (p.ex. argent, vol) ou d’augmenter son statut dans une hiérarchie (p.ex. gang, mafia, entreprise). La violence émotive-impulsive est l’opposée de la violence réfléchie-prédatrice (décrite plus loin), tant aux plans psychologique que neurobiologique. La violence impulsive, par exemple, est toujours accompagnée d’émotions négatives (et habituellement provoquée par elles), alors que la violence prédatrice est généralement associée au plaisir (p.ex. traits sadiques). La violence impulsive peut également être déclenchée par des substances désinhibitrices telles que l’alcool. Elle est associée à un âge plus précoce d’apparition de problèmes comportementaux, plus d’événements stressants de la vie, une plus grande probabilité de troubles psychiatriques ou des difficultés d’adaptation. Au plan neurologique, outre le lobe frontal déjà mentionné, trois composantes neurologiques principales sont au cœur de la violence impulsive : les amygdales cérébrales (Figure 4), l’hypothalamus (Figure 5) et la substance grise périaqueducale (c. à d. autour de l’aqueduc, dans le tronc cérébral; Figure 6). Le complexe amygdalien s’active lorsque nous vivons des émotions négatives comme la colère et la peur. Son activation entraîne celle de l’hypothalamus (c. à d. en dessous du thalamus), un groupe de noyaux cellulaires impliqués dans des fonctions comportementales fondamentales (présentes chez tous les mammifères), soit se nourrir, procréer, se battre et fuir. L’hypothalamus active à son tour la substance grise (c. à d. des corps cellulaires de neurones, d’où l’aspect grisâtre de la matière) périaqueducale (littéralement, « autour de l’aqueduc ») du tronc cérébral (entre le cerveau et la moelle épinière). Il s'agit d'une région très importante pour l’émission de comportements spécifiques à l'espèce, associée à la sensation de douleur, ainsi qu'à l'agressivité. L’activation de la substance grise périaqueducale (SGP) chez le chat induit soit un comportement de rage défensive (partie dorsale), soit un comportement d’attaque prédatrice de sang-froid (partie ventrale). De fait, la SGP reçoit des afférences à la fois de l’amygdale et de l’hypothalamus. Ainsi donc, l’amygdale et l’hypothalamus peuvent chacun provoquer ou étouffer soit une réaction défensive d’attaque ou une action prédatrice par leur action sur la SGP. On voit donc le circuit neuronal associé avec la commission d’actes violents émotifs ou impulsif, allant de haut en bas (Cortex frontal→Amygdales→Hypothalamus→Subtance grise péri- aqueducale→Moëlle épinière). Les amygdales cérébrales (en rouge) [Source : University of Washington Digital Anatomist Program; http://www9.biostr.washington.edu/da.html] Substance gris périaqueducale [Source : www.echosciences-grenoble.fr/communautes/atout- cerveau/articles/les-neurones-de-la-peur] Noyaux hypothalamiques [Source : http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_04/d_04_cl/d_04_cl_des/d_04_cl_ des.html] Remarquez que certains circuits neuronaux de la sérotonine, un neurotransmetteur, sont intimement associés aux circuits de l’impulsivité et de l’humeur (Figure 7). Ainsi, les gens impulsifs souffrent généralement d’un manque de sérotonine (taux mesurés soit par PET scan, soit par les métabolites rachidiens ou sanguins). Les gens qui réussissent leur suicide (violence auto-dirigée et dépression), qui abuse d’alcool (impulsivité et troubles de l’humeur) ou qui sont régulièrement violents ont souvent des taux abaissés de sérotonine. D’ailleurs, la majorité des anti-dépresseurs agissent sur la sérotonine en augmentant sa concentration cérébrale (Prozac, Effexor, etc.). Comme nous le verrons dans le module portant sur l’agression sexuelle, la sérotonine est aussi fortement associée à la libido : les gens présentant une hypersexualité (plus de 7 orgasmes par semaine pendant plus de 6 mois) souffrent non seulement de troubles de l’humeur et d’impulsivité (p.ex. partenaires multiples, relations non protégées), mais également de bas taux de sérotonine. D’ailleurs, l’un des principaux effets secondaires des antidépresseurs est une baisse de libido, voire même des dysfonctions érectiles. Nous verrons donc plus loin que l’administration de médication antidépressive peut être très utile chez les gens violents impulsifs et chez les agresseurs sexuels. Le système nerveux central active le système nerveux périphérique (branche sympathique), ce qui active des organes et des glandes, dont la surrénale (au-dessus des reins) qui secrète l’adrénaline. On sait que l’adrénaline sert justement à se sauver (peur) ou à se battre (colère). Elle influe également le cerveau, dans une boucle de rétroaction. Il existe donc un lien entre hormone et violence. D’ailleurs, la testostérone est fortement impliquée dans l’agressivité, la violence, la prise de risque et la libido, tous des comportements associés à la masculinité. On remarquera plus loin que les femmes sécrétant plus de testostérone que la moyenne ont plus de libido et sont plus agressives que les autres. Un des effets secondaires de la prise illégale de testostérone (performances sportives) est la violence. Circuits cérébraux de la sérotonine [Source : www.psychologie.fr/cour/8-36/3-memoire-et-apprentissage.htm La violence prédatrice, réfléchie ou de sang-froid La violence générale > Bases neurobiologiques... > Comme on l’a vu précédemment, ce type de violence, rare, est l’opposé de la violence impulsive. La violence impulsive est associée à des fonctions intellectuelles (Q.I.) et cognitives plus faibles que la moyenne en générale. Ceci n’est généralement pas le cas pour la violence prémédité. Bien sûr, ce type de violence (presqu’exclusivement associée aux hommes) n’indique pas un équilibre psychologique, au contraire. Les prédateurs sexuels, tueurs de masses, tueurs en série sont certainement aux prises avec des enjeux psychopathologiques, mais pas nécessairement de l’ordre du Q.I. Notons que l'attaque d'un animal envers un autre de la même espèce ou des comportements agressifs de défense contre un animal de la même espèce sont associés à une augmentation de l'activation du système nerveux autonome (branche sympathique); c'est donc dire que l'animal qui attaque (ou celui qui se défend) est très excité, nerveux. Par opposition, l'attaque prédatrice s'effectue de sang-froid ; il s'agit d'un comportement efficace qui n'est pas accompagné d'une augmentation d'activation du système nerveux sympathique. Le premier type de violence est associé à des sentiments négatifs, le second à des sentiments positifs. On sait depuis longtemps que les deux types d'attaques, (impulsive et prédatrice), apparaissent à la suite de l'activation de noyaux hypothalamiques différents (même chose pour différentes régions de la substance grise périaqueducale) chez le chat (Figure 8). On remarque d'ailleurs une grande différence entre la réaction défensive typique du chat se défendant (dos arqué et vocalises) et son comportement durant des attaques prédatrices (en silence, tapie, patient et de sang-froid). Fait intéressant, l'attaque prédatrice chez l'animal n'est pas nécessairement associée à la faim ; un chat peut très bien attaquer une souris ou un oiseau sans lien avec l’envie de se nourrir, seulement pour l’éliminer de son territoire. Un chat qui mange à satiété pourra tout de même attaquer une souris sans la manger. En fait, l'attaque prédatrice représente un renforçateur ; elle est associée à l'activation de régions cérébrales liées au plaisir et les animaux s’auto-stimuleront (en laboratoire évidemment) aux endroits cérébraux associés à ce type d’attaque; ces animaux préfèrent même activer un levier de stimulation cérébrale que de se nourrir, démontrant hors de tout doute que la stimulation de ces aires cérébrales est associée au plaisir. Par opposition, l'attaque défensive ou impulsive est aversive (émotions négatives) car les animaux n’aiment pas stimuler les endroits cérébraux associés à ce type de violence. Ces réactions comportementales illustrent bien deux fonctions fondamentales de l'hypothalamus : le contrôle de l'homéostasie et l'expression des émotions. On peut observer des modifications de la fréquence cardiaque, de la dilatation des pupilles ou de la motricité gastro- intestinale, pour n'en citer que quelques-unes. La stimulation de certaines parties de l'hypothalamus provoque aussi une réponse caractéristique de peur et de rage. Par la suite, on découvrit qu'on pouvait provoquer des comportements d'attaques agressives (défensives) et d'attaque prédatrice chez l'animal en stimulant diverses parties de l'hypothalamus. L'attaque agressive (ou tentative d’intimidation ou défensive) correspondait à la stimulation de la partie médiane de l'hypothalamus : comme pour la réponse de rage simulée, l'animal s'arc-boute, souffle, crache, mais il ne s'attaque pas à une proie proche, comme un rat par exemple. L'agression prédatrice correspondait à la stimulation de la partie latérale de l'hypothalamus. Dans ce cas, l'agression ne s'accompagne pas de gestes menaçants, le chat se déplace rapidement vers le rat et le mort mortellement. L’activation de noyaux hypothalamiques différents est associée à des comportements violents opposés (émotifs-réactif contre prédateurs ou de sang-froid). Chez les hommes prédateurs et violents physiquement (incluant le meurtre), on retrouve souvent des éléments communs survenant à l’enfance, en particulier l’une ou plusieurs des manifestations suivantes : 1- L’énurésie (difficultés à ne pas uriner durant le sommeil après l’âge de 6 ans); 2- La cruauté envers les animaux (escaladant habituellement à partir d’insectes, vers les batraciens, puis aux mammifères, aux animaux de compagnie, et parfois des enfants plus jeunes) et la pyromanie (fire-setting). La présence de ces comportements ne signifie évidemment pas que l’enfant deviendra violent, mais à l’inverse elle est commune chez les hommes prédateurs sévèrement violents. Elle indique clairement un manque d’empathie, voire même une fascination envers la douleur d’autrui, qui mériterait certainement une intervention. Les parents minimisent souvent la portée de ces gestes (c’est de leur âge, « boys will be boys »). C’est donc sans surprise que les études de neuro-imagerie rapportent une hypoactivation des amygdales cérébrale chez les prédateurs ou psychopathes. L’activation des amygdales cérébrale est associée aux émotions, en particulier la peur. Les hommes violents prédateurs ressentent rarement la peur, ils ont également un seuil de douleur plus élevé que la moyenne, ce qui correspond à une hypoactivation du complexe amygdalien, également associé au manque d’empathie. Les liens neuronaux entre l’amygdale et le cortex frontal ventro- orbital (le frein cérébral) sont également anormaux. Première du haut : Stimulation médiane (émotive- réactive) Deuxième du bas : Stimulation latérale (calme-prédatrice) Pour les étudiants intéressés par les bases neurobiologiques de la violence prédatrice ou commise de sang froid : CECI N’EST PAS MATIÈRE À EXAMEN Neural Correlates of Social Cooperation and Non-Cooperation as a Function of PsychopathyLocalization of Deformations Within the Amygdala in Individuals With PsychopathyReduced Prefrontal Connectivity in PsychopathyAn fMRI study of affective perspective taking in individuals with psychopathy: imagining another in pain does not evoke empathy Il existe également des criminels intelligents. Certains ont des traits de psychopathie, d’autres ont plutôt des traits asociaux (rejetés à l’école, intimidation, peu d’aptitude sociale, peu d’expérience de couple) qu’antisociaux. Ce type de criminel n’a pas tendance à commettre des agressions interpersonnelles avec contact direct (p.ex. bagarre, assaut, agression sexuelle). Ils ont plutôt tendance à commettre des gestes de défi contre la société (hacking, décodage informatique, fraude, fabrication de faux, synthèse de molécules). Plusieurs enfants surdoués sont victimes d’intimidation et certains se sentent à l’écart. Une minorité d’entre eux aura l’occasion de se venger d’une société pour laquelle ils n’ont aucun respect en commettant des actes illégaux. D’autres s’ennuient profondément au quotidien (au point de connaître des épisodes dépressifs) et la criminalité leur donne des sensations fortes tout en leur permettant d’augmenter leur estime de soi social (par des liens gratifiants avec d’autres criminels par exemple). Ainsi, on ne peut pas affirmer que la criminalité est nécessairement associée à des déficits neurologiques ou neuropsychologiques, mais différents types de crimes sont certainement associés à différents types de profils cognitifs. Pour les étudiants intéressés par les criminels intelligents : CECI N’EST PAS MATIÈRE À EXAMEN CECI N’EST PAS MATIÈRE À EXAMEN Testostérone et violence La violence générale > La testostérone est une hormone stéroïde. C'est la principale hormone sexuelle mâle et un stéroïde anabolisant naturel. Chez les mammifères, elle est surtout sécrétée par les testicules des mâles et les ovaires des femelles. Chez l'homme et la femme, la testostérone joue un rôle clé dans la santé et le bien-être, en particulier dans le fonctionnement sexuel. Entre autres, ces effets peuvent être une libido plus importante, une énergie accrue, une augmentation de la production de cellules sanguines et une protection contre l'ostéoporose. En moyenne, un homme adulte produit environ 40 à 60 fois plus de testostérone qu'une femme adulte, mais les femmes sont, d'un point de vue comportemental, plus sensibles à l'hormone. Cependant, à l'échelle d'une population, les gammes de concentration pour les hommes et les femmes sont très étendues, de telle sorte qu'elles se chevauchent respectivement pour les valeurs basses et hautes. Il y a lien étroit entre les émotions négatives, l’activation périphérique sympathique, les glandes surrénales (médullosurrénales plus exactement), et l’adrénaline (qui entraîne une augmentation du flux sanguin et des nutriments aux muscles pour les préparer au mouvement). La testostérone est plus spécifiquement associée à la violence. Premièrement, les garçons, en tant que groupe, sont nettement plus agressifs (et intrépides) que les filles. De plus, l’augmentation naturelle de testostérone correspond au pic développemental de la commission de comportements agressifs, violents ou risqués : l’adolescence. Les hommes avec les plus hauts niveaux de testostérone ont un plus grand nombre de dossiers pour comportements antisociaux à l’adolescence, incluant des assauts, coups et blessures et des notes aux dossiers scolaires. À noter l’effet d’interaction avec le niveau socio- économique. Le lien entre les niveaux de testostérone et la violence est fortement modulé par le milieu familial, le niveau d’éducation des parents et le niveau socio-économique (encadrement, discipline). La testostérone pourrait aussi être associée à la dominance (ou la motivation à dominer les autres) plutôt qu’à la violence en fonction de l’environnement familial de la personne. Génétique et violence générale La violence générale > Durant les années soixante-dix, on commence à associer des particularités génomiques (p.ex. la présence d’un chromosome Y supplémentaire chez l’homme; XYY) à la commission d’actes violents. On appelle même les gens ayant ce rare profil génétique les « Super Mâles » (tous des hommes, nécessairement). Des avocats commencent à plaider la non responsabilité criminelle de leur client sur la base du génome, ce qui fait couler beaucoup d’encre. Pourrait-on savoir, avant même sa naissance, si un individu sera violent? Par la suite, on réalise que les premières études étaient systématiquement biaisées (p.ex. tous les participants étaient recrutés dans des milieux carcéraux) et que les « Super Mâles » ne sont pas plus violents que les hommes de la population générale. Par ailleurs, notons que le bagage génétique n’empêche pas de distinguer le bien du mal et les conséquences de ses gestes. De toute façon, on sait aujourd’hui que le lien entre la génétique et la violence n’est pas si simple. Comme pour la majorité des troubles mentaux, la propension à commettre des actes violents dépend d’une interaction entre une prédisposition génétique et l’environnement, tant distal (p.ex. quartier du domicile, milieu scolaire, comportements des pairs) que proximal (p.ex. milieu familial, type de discipline parentale). [Source : Wayne Stayskal, Tempa Tribune] Pendant les années quatre-vingt-dix, des chercheurs néerlandais sont intrigués par une famille assez particulière : Cinq de ses membres, tous des hommes, souffrent de limites intellectuelles et commettent des actes violents à répétition, incluant des assauts, de la pyromanie et des tentatives de viol. Les chercheurs déterminent le génome de chaque membre de la famille pour réaliser que les cinq hommes violents présentaient tous la même caractéristique : Le codage (gène) responsable de la synthèse de l’enzyme Monoamine Oxidase-A (MAO-A), normalement situé sur le chromosome X, était complètement absent chez ces hommes impulsifs et violents. Comme les femmes ont deux chromosomes X, seuls des hommes peuvent être atteints. L’adjectif mono (une seule) amine (groupe chimique fonctionnel formé d’atomes d’hydrogène, de carbone et d’azote) réfère à trois neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine et noradrénaline) dont le déséquilibre cérébral est fortement associé à l’impulsivité, la violence et la libido (la sérotonine en particulier). Le mot Oxidase indique qu’il s’agit d’une enzyme (qui produit les monoamines). Il devient donc aisé de comprendre que cette anomalie génétique induit des variations importantes de la quantité de monoamines disponible dans le cerveau, ce qui provoque des conduites impulsives. Ce syndrome est aujourd’hui appelé syndrome de Brunner, en l’honneur du premier auteur de l’article, publié dans la prestigieuse revue Science (Brunner, H. G., Nelen, M., Breakefield, X. O., Ropers, H. H., & Van Oost, B. A., 1993. Abnormal behavior associated with a point mutation in the structural gene for monoamine oxidase A. Science, 262, 578-578.) Quelques années plus tard, des manipulations génétiques chez l’animal confirment que le gène codant la synthèse de la MAO-A est intimement associé à l’agressivité et la violence, à tel point qu’on l’appelle le « Warrior gene ». (Gibbons, A., 2004. Tracking the evolutionary history of a" warrior" gene. Science, 304(5672), 818-818.) Figure 1. Démonstration de l’importance de l’interaction Environnement X Génétique pour la présence de comportements antisociaux et violents. [Source : Caspi et al., 2002] Depuis, il semble que la défectuosité de ce gène n’est pas nécessairement totale ou nulle, elle peut être partielle, ce qui donne lieu à tout un continuum de sévérité de la violence (mais aussi d’autres troubles, telle la dépression et l’abus d’alcool). Par la suite, on réalise que plusieurs variations de ce « Warrior gene » existent dans la population générale et que des comportements antisociaux ou violents ne s’observent qu’avec la présence de caractéristiques environnementales. En 2002 paraît un article historique (toujours dans la revue Science) à propos d’une étude longitudinale Néo- Zélandaise ayant suivi 1037 personnes pendant 26 ans, de la naissance à l’âge adulte (Caspi, A., McClay, J., Moffitt, T. E., Mill, J., Martin, J., Craig, I. W.,... & Poulton, R., 2002. Role of genotype in the cycle of violence in maltreated children. Science, 297(5582), 851-854.). Cette étude démontrait pour la première fois l’importance de l’interaction entre l’environnement et la génétique pour la commission (ou non) de comportements antisociaux et violents. Ainsi, l’absence ou la sous-production de mono-amine oxidase due à des variations génétique ne suffit pas pour induire des comportements antisociaux : Il faut également que l’enfant ait subi de la maltraitance (voir la figure 1). LECTURE OBLIGATOIRE Role of Genotype in the Cycle of Violence in Maltreated Children Figure 2. Lien entre la maltraitance, un dérèglement de la MAO-A et les troubles de la conduite. [Source : Foley, Eaves, Wormley, Silberg, Maes, Kuhn, & Riley, 2004. Childhood adversity, monoamine oxidase A genotype, and risk for conduct disorder. Archives of General Psychiatry, 61, 738-744.] Deux ans plus tard, une étude américaine confirme ces résultats: Des défectuosités de l’enzyme MAO-A n’entraînent pas nécessairement de troubles des conduites. Pour cela, il faut que les enfants aient grandi dans un milieu familial malsain (Figure 2). Lorsqu’un certain niveau de sévérité de la maltraitance est atteint, les chances que l’enfant souffrant de dysfonctions de la MAOA deviennent antisocial sont de 100 %. Ce résultat explique sans doute la forte prévalence intergénérationnelle de l’antisocialité. On pourrait aussi identifier très tôt les enfants à haut risque de devenir antisociaux et intervenir sur leur milieu. Plus récemment, une méta-analyse a confirmé l’importance de l’interaction entre l’environnement et le bagage génétique dans la genèse des comportements antisociaux et violents. (Byrd et Manuck, 2014. MAOA, childhood maltreatment, and antisocial behavior: Meta-analysis of a gene- environment interaction. Biological Psychiatry, 75, 9-17). Finalement, une étude finlandaise a démontré que les hommes ayant un défaut de codage génétique pour la MAO-A ont 13 fois plus de chance d’avoir commis des actes violents que les autres hommes. En fait, de 5 % à 10 % de toute la violence commise en Finlande est associée au « Warrior gene ». (Tiihonen, Rautiainen, Ollila, Repo-Tiihonen, Virkkunen, M., Palotie et al., 2015. Genetic background of extreme violent behavior. Molecular Psychiatry, 20, 786-792. Les étudiants intéressés par le sujet pourront se référer aux articles suivants : Module 3 La violence conjugale réfère à trois types de comportements violents apparaissant seuls ou en combinaisons : 1. Physique non sexuel ; 2. Sexuel ; 3. Émotionnel. Bien entendu, la violence est commise dans le cadre d’une relation amoureuse (présente ou ancienne), et d’autres formes de violence peuvent s’ajouter, tel l’abus verbal et financier (on les classe ici dans la catégorie émotionnelle). Le meilleur prédicteur de la violence conjugale est le premier geste physique ou le troisième geste de sévérité moindre (insultes, menaces, lancer d’objets). En effet, il existe une relation exponentielle entre un geste de violence conjugale et les gestes subséquents (une femme qui s’est fait frapper à trois occasions a beaucoup plus que 3 fois plus de chances d’être frappée à l’avenir qu’une autre femme). Ainsi, un homme (c’est différent pour la femme) qui donne des claques ou des coups au visage de sa ou son partenaire risque de le refaire. Les Nations Unies définissent la violence conjugale comme « tous les actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ». Cette définition réservée aux femmes est plutôt restrictive car le fait d’être homosexuel augmente les risques de violence conjugale. On devrait donc inclure toute personne en couple, en incluant les hommes gais et les cas de violence conjugale commise par des femmes envers des hommes ou des femmes. En 2014, au Québec, 21.5 % des victimes connues (rapport policier) étaient des hommes. Quand on sait également que les hommes victimes de violence conjugale ne rapportent généralement ce type d’incident à la police (qui ne réagit pas toujours très bien), on peut imaginer que ce taux est sous représentatif. Ceci dit, en 2014, toutes les victimes d’homicide conjugal étaient des femmes. Fait à noter, selon l’Enquête Sociale Générale (ESG) de 2009 – cycle sur la victimisation, seulement 20 % des Québécoises et des Québécois ayant été victimes de violence physique ou sexuelle de la part d’un conjoint ou d’un ex- conjoint ont déclaré avoir rapporté l’incident à la police. Les personnes victimes de violence conjugale ont tendance à ne rapporter que les incidents les plus graves. Au Québec, en 2014, 47,1 % des auteurs de violence conjugale étaient les conjoints ou conjointes des victimes, tandis que 33,9 % étaient des ex- conjoints ou ex-conjointes et 19% étaient les amis ou amies intimes; 34,2 % des femmes agressées l’ont été par un ex-conjoint et 32,9 % des hommes par une ex-conjointe. Il faut donc se méfier des ex! Ces infractions représentent le quart de tous les crimes commis envers la personne au Québec. CECI N'EST PAS MATIÈRE À EXAMEN Source : Sécurité publique Québec La violence conjugale se caractérise par un enchaînement d’épisodes qui conduisent à l’explosion de la violence puis à une période de calme et de réconciliation. L'espoir refait surface... jusqu'à la prochaine fois. Ainsi l’agresseur maintient sa domination sur sa victime. Le cycle de la violence conjugale La violence générale > En 1979, le psychologue Lenore Walker conclut que la plupart des relations impliquant de la violence fonctionnent selon un cycle commun. Ce cycle peut se dérouler à l’intérieur d’une même journée, de plusieurs semaines ou mois. Ce cycle comporte quatre phases : 1. La montée de la tension : des mésententes sur plusieurs éléments de la vie quotidienne (argent, enfants, emplois..) entrainent une montée de la tension. L’abus verbal débute. Les victimes tentent de contrôler la situation en plaisant l’abuseur, en se soumettant ou en évitant l’abus. Naturellement, aucune de ces techniques ne fait cesser l’abus et, éventuellement, la tension devient si forte qu’elle se transforme en abus physique. 2. L’explosion : Lorsque la tension est à son apogée, la violence physique commence. Celle-ci débute souvent en réaction à un événement extérieur ou à l’état émotionnel de l’abuseur. Ceci signifie que le début de cette lutte intensive est imprévisible et au-delà du contrôle de la victime. Pourtant, certains experts croient que dans certains cas, les victimes pourraient inconsciemment provoquer l’abus afin de libérer la tension et pouvoir passer à la phase suivante. 3. La justification. Tentatives de réconciliation de la part de l’agresseur. Expression de remords apparaissant sincères. 4. La lune de Miel : au début, l’abuseur a honte de ses comportements. Il exprime même des remords, tentant de minimiser ses abus et blâmant son/sa partenaire. Il peut démontrer des comportements amoureux suivis d’excuses ou faire preuve d’une grande aide ou générosité. Il tente sincèrement de convaincre son/sa partenaire que l’abus ne se reproduira plus. Cette attention, ces gestes doux, les cadeaux vont venir renforcer le lien qui unit les deux partenaires et probablement convaincre la victime que quitter la relation n’est pas nécessaire. Ce cycle continue encore et encore et peut expliquer, du moins en partie, pourquoi les victimes demeurent en relation d’abus. Même si l’abus est terrible, l’espoir que fait naitre les comportements doux et amoureux de l’abuseur parviennent à convaincre la victime que tout finira par s’arranger. Plusieurs victimes ont également une faible estime de soi, ce qui ajoute à la difficulté de quitter la relation. Le cycle classique de la violence conjugale [Source : Walker, 1979, The Battered Women, William Morrow Paperbacks] Introduction La violence générale > Pourquoi les victimes d... > « Tu es me dit qu’il te frappe? Jamais je n’accepterais une telle situation. Pourquoi ne le quittes-tu pas? » Il est facile d’imaginer notre réaction si nous étions à la place de la victime. Mais se libérer de l’abus est beaucoup plus complexe que de franchir le pas de la porte. Partir est un processus. Il peut être difficile pour plusieurs de comprendre les raisons motivant une victime à rester dans une relation abusive. Pourtant, les raisons sont multiples puisque les liens émotionnels et psychologiques unissant la victime et l’abuseur sont souvent très puissants. De plus, certaines réalités situationnelles comme le manque d’argent empêchent la victime de quitter. L. Walker (2009), sommité dans le domaine, a identifié un cycle plus complexe, au cœur d’un syndrome qu’il a nommé le Battered Woman Syndrome pour expliquer comment une femme peut demeurer dans une relation conjugale violente (figure 1). On remarquera qu’au départ, une faible estime de soi et de l’insécurité doivent être présents. Une femme plus sûre d’elle-même a beaucoup moins de chance d’accepter ce type de comportement, quoique personne ne soit à l’abri, surtout au niveau de la violence émotionnelle. Figure 1. Cercle vicieux du syndrome de la femme battue. [Source : www.angermanagementresource.com/passive-aggressive.html] Les raisons émotionnelles La violence générale > Pourquoi les victimes d... > Voici une liste de raisons évoquées par des victimes pour demeurer au sein d’une relation conjugale violente. Croyance que le partenaire abusif va changer puisqu’il éprouve des remords et promet de cesser ses comportements de violence Peur que l’abuseur ne mette ses menaces de mort à exécution Manque de soutien émotionnel Sentiment de culpabilité par rapport à la relation Attachement au partenaire Peur d’effectuer des changements de vie majeurs La victime se sent responsable de l’abus La victime se sent impuissante, sans espoir et piégée La victime est persuadée qu’elle est la seule qui peut aider l’abuser avec ses problèmes Les raisons situationnelles La violence générale > Pourquoi les victimes d... > Voici une autre liste de raisons évoquées par des victimes pour demeurer au sein d'une relation conjugale violente. Dépendance financière envers l'abuseur Peur que l'abuseur ne s'en prenne physiquement à soi ou aux enfants Peur que les enfants ne souffrent de dommages émotionnels plus important s'ils sont séparés de leur père (même si abusif) Peur de perdre la garde des enfants car l'abuseur menace de les prendre si sa partenaire quitte la relation Manque d'habiletés professionnelles Isolation sociale et manque de support (l'abuseur est souvent le seul support de la victime) Manque d'information concernant les ressources pour victimes de violence Croyance de ne pas être prise au sérieux par les instances législatives Aucun endroit où aller (hébergement alternatif) Contraintes religieuses ou culturelles Après des années de pratique et de recherche, L. Walker présente les symptômes du syndrome de la femme battue (Tableau 1). Symptômes du syndrome de la femme battue [Source : The Battered Woman Syndrome, 3rd edition] Ces femmes qui tombent en amour avec des meurtriers La violence générale > Pourquoi les victimes d... > Le phénomène n’est pas rare. Lorsqu’un meurtrier en série, sexuel ou non, est jugé en cours (séances souvent télévisées aux États-Unis) et condamné à perpétuité, une horde de femmes commencent à communiquer, voire à entrer directement en contact avec lui. Différents documentaires portant sur ces meurtriers incluent des séquences d’archives montrant des groupies faire la ligne pour avoir une place en cours et tenter de communiquer avec l’accusé (voir le 4equatrième épisode de la série « Conversations with a killer : The Ted Bundy tapes » ou encore le 4equatrième épisode the « Night Stalker : The hunt for a serial killer » sur Netflix par exemple). Des gardiens de prison rapportent que ces prisonniers reçoivent 100 fois plus de lettres et 10 fois plus de visites (très majoritairement des femmes) que les autres; quelques livres ont été écrits sur le sujet (p.ex. Horlans, 2015 L'amour (fou) pour un criminel; Isenberg, 2021 Women who love men who kill) Cela dit, la question fondamentale que tous se pose : Mais pourquoi ? Qui sont ces femmes qui sont attirées par des hommes ayant commis les crimes les plus sévères ? Ce comportement et cette attirance semblant inexplicables, la réponse facile à ces questions est que ces femmes souffrent de troubles mentaux sévères. Mais ce n’est pas le cas pour la plupart. Certaines de ces femmes sont même des mères de famille, des professionnelles, qui mettent en péril plusieurs facettes de leur vie (sinon leur vie tout court) en initiant ces relations. Comme d’habitude, il n’y a pas un profil type de ces femmes, mais il existe différents éléments de réponse. Le premier est justement le fait que ces hommes sont incarcérés à vie (surtout aux États-Unis, où ces peines sont difficilement réduites). Plusieurs femmes indiquent que cela leur permet d’être en couple sans avoir à vivre avec l’autre personne, souvent de façon sécuritaire et platonique (aux États-Unis, par exemple, les hommes mis sur la « death row » ou condamnés à mort, ne peuvent pas avoir de contacts physiques avec quiconque). On voit d’ailleurs plusieurs cas où la relation se termine dès que l’homme est libéré. Tel que rapporté par Sheila Isenberg dans son livre précurseur devenu classique (Women who love men who kill, 1991, 2edeuxième edition en 2021) « Women in love with murderers don’t have sex either. All the women who spoke to me expressed revulsion at sex in public visiting rooms. Although some had a stolen sexual encounter or two at one time or another, all of them downplayed sex. To these women, sex is simply not as important as romance. » Également : « The romantic passion experienced by women who love convicted killers never, ever becomes ordinary, everyday love, what some call companionship or companionate love. This affectionate bonding is a warm, tender sharing based on the exchanges of a mutual daily life together. But the special population of women in this book who have fallen in love with murderers has found a way to stave off this more relaxed kind of love. After these women fall in love, they maintain a high level of intensity with their murderer/lover; the relationship does not change into companionate love. It remains eternally romantic. » Dans son classique « Women who love too much », Robin Norwood soulignait que « Prison wives […] represent perhaps the ultimate example of women who love too much. Because they are incapable of any degree of intimacy with a man, they choose instead to live with a fantasy […] but they can be intimate only in fantasy. » D’autres femmes sont en plein déni, convaincues que leur homme vit une grave injustice et qu’il n’a pas commis les crimes pour lesquels il est emprisonné ou qu’il n’est pas le véritable responsable (on l’a forcé, c’est dû à son enfance, à la société, on l’a forcé, il était sous l’effet de drogues, etc.). D’autres encore sont convaincues que l’homme a changé (ce qui demeure possible). Selon un psychiatre expert à la cour très connu aux États-Unis (Park Elliott Dietz), certaines de ces femmes apprécient beaucoup faire partie de la couverture médiatique, apparaissant dans les journaux et à la télévision, accordant plusieurs entrevues à des émissions populaires. D’autres femmes ont de véritables relations sexuelles avec le meurtrier, mais elles se font en milieu carcéral (les fameuses « roulottes de l’amour » ou roulottes conjugales), donc sécuritaire. Malheureusement, les taux d’abus physiques et sexuels commis envers ces femmes dans le passé sont beaucoup plus élevés que ceux des femmes de la population générale. D’ailleurs, cette victimologie est aussi associée à un historique d’abus à l’enfance, générant plusieurs séquelles, dont une très faible estime de soi. Cette dernière, à son tour, explique en partie pourquoi la majorité de ces femmes sont attirées par des hommes en apparence forts (du moins physiquement) et dominants, tout en demeurant sécure dans un environnement sécurisé. Le fait d’avoir commis des homicides en série (trois victimes ou plus lors de trois événements différents ou plus) est vu, par certaines femmes, comme le signe ultime de masculinité, ce qui est attirant et effrayant en même temps, donc excitant (tant que l’homme est incarcéré). Mais d’autres femmes cherchent à être véritablement en couple avec le prévenu. Il n’est pas rare de voir des mariages célébrés en prison. Qu’en est-il de ces femmes ? Le syndrome de « Mère Thérèsa » n’est pas qu’un mythe. À la suite de longues et fréquentes correspondances, ces femmes deviennent convaincues que l’homme—qui a typiquement lui-même subi de sévères sévices physiques/psychologiques à l’enfance—est incompris et que leur amour est parvenu à sa rédemption. Les meurtriers en série, en particulier du type sadique sexuel, ont généralement une bonne intelligence, raison pour laquelle ils ne se font prendre avant un certain temps (Joyal et Morais, 2018). Cette intelligence et d’autres traits psychopathiques et narcissiques (notamment le manque d’empathie, l’égocentricité) font en sorte que ces hommes sont généralement d’excellents manipulateurs. Pairée à la faible estime de soi des femmes qui les contactent, ces traits manipulateurs peuvent causer un mélange explosif. Enfin, selon Isabelle Horlans (2015), « Une catégorie de ces femmes a un passé traumatisant et veut la sécurité (enfermé, il ne peut pas me battre ou me forcer) ou l’assurance de compter pour l’autre (il n’a que moi, il est si seul, etc.). Le détenu "fait la cour"", il ne rote pas sa bière devant le match de foot dans le salon familial, il n’exige pas de rapports sexuels et ne trompe pas l’officielle avec la collègue de bureau. Il est prévenant, fidèle, deux qualités de plus en plus rares dans la vie de couple. Qu’il soit manipulateur n’est même pas un problème, à condition toutefois qu’il ne force pas l’autre à commettre un délit ou un crime pour l’aider. L’autre partie des femmes amoureuses d’un prisonnier est guidée par sa générosité et sa soif de justice. Il est innocent, je vais l’aider. » LECTURES OPTIONNELLES POUR LES INTÉRESSÉS (PAS MATIÈRE À EXAMEN) Horlans, Isabelle, 2015. L'amour (fou) pour un criminel. Le cherche midi. Isenberg, Sheila, 2021. Women who love men who kill. Diversion Books. Un violeur en série exige l'accès aux roulottes conjugalesNo shortage of woman who dream of snaring a husban on Death Row / Experts ponder why deadliest criminals get so many proposalsMarying a Murderer : The Woman Who Fall in Love With Men Behind BarsJoyal, C. C., & Morais, H. B. (2018). Neuropsychological and neurological assessments of sexual homicide offenders: Their current and potential functions in the prosecution, detention, therapeutic progression, and release of individual cases. In Routledge International Handbook of Sexual Homicide Studies (pp. 402-418). Routledge.]

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