Livret N°1 - Santé publique et Démographie - UE11 - Sciences Humaines et Sociales - 2024-2025 PDF
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2024
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This document is a past paper, UE11, for the 2024-2025 academic year, covering public health and demography. The document discusses various perspectives on health and incorporates definitions from the World Health Organisation (WHO)
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UE11 SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES LIVRET N°1 Santé publique et Démographie Année 2024-2025 1 I. QU’EST-CE QUE LA SANTE ? Les différentes visions de la santé Fait référence à : - Manger 5 fruits et légumes par jour. Dans l’inconscient - Pratiquer une activité physique. collectif - Développer l’intelligence artificielle dans la santé. - La manière de prendre en charge les malades. C’est la définition la plus simple : La santé est l’absence de maladie, de traitement et un ressenti Par la population général plutôt bon (vision par la négative). Si une personne a une maladie chronique, sa perception de la santé sera logiquement moins bonne. Par l’Organisation Définition de l’OMS datant de 1946 : Mondiale de la Santé La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social (OMS) et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. Critique des 3 dimensions de la définition de l’OMS Un état complet C’est difficile à définir, tant ces termes peuvent vouloir dire des choses de bien-être différentes selon les individus. Il se traduit par le fait de ne pas avoir : 1) Le bien-être - De déficience. physique - De symptôme. - De maladie chronique. Il est résumé comme le fait de ne pas avoir de pathologie psychiatrique. Mais 2) Le bien-être si l’anxiété est élevée, qu’il y a de l’angoisse, qu’on ne dort pas assez, c’est mental alors plus compliqué à définir. Il est une notion encore plus vague, par quoi se traduit-il exactement ? - Est-ce le fait d’avoir des amis, de ne pas être seul, d’avoir une famille qui nous soutient, d’être heureux dans le travail, etc. ? Un « état complet de bien-être social », constitue ce qu’on appelle 3) Le bien-être l’épidémiologie sociale. Peu d’études françaises d'épidémiologie sociale, social nombreuses études au Royaume-Uni : - Étude 1 : Surmortalité chez les personnes qui souffrent de solitude à long terme (plusieurs années). - Étude 2 : Surmortalité chez les personnes qui ont des situations conflictuelles avec leur voisinage à long terme. Il y a une définition, assez récente, un peu plus élargie que la définition de l'OMS qui parle d’équilibre à préserver, d’adaptabilité : « La santé n'est plus un état, mais un processus, une dynamique, voire un équilibre ». Précision : On naît en quelque sorte avec un capital santé. L'objectif de la santé publique est d'essayer de maintenir un bon état de santé, c’est un processus dynamique. 2 La santé n’est pas stable au cours de la vie, l’objectif est de maintenir son état. Le capital santé diminue lorsqu’on vieillit. Avec l’âge, le système immunitaire diminue, ce qui provoque l’apparition des maladies, telles que le cancer. Les comportements individuels ont un impact sur le capital santé (exemple : consommation d’alcool, de tabac). - Avant, d’après la définition de l’OMS (1946), l’objectif était d’améliorer l’état de santé. - Aujourd’hui, la question est de maintenir l’état de santé de la population. II. QU’EST-CE QUE LA SANTE PUBLIQUE ? La santé publique par Winslow « La santé publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé et l’efficacité physique à travers les efforts coordonnés de la communauté pour l’assainissement de l’environnement, le Définition contrôle des infections dans la population, l’éducation de l’individu aux principes (1920) de l’hygiène personnelle, l’organisation des services médicaux et infirmiers pour le diagnostic précoce, le développement des dispositifs sociaux qui assureront à chacun un niveau de vie adéquat pour le maintien de la santé ». Définition encore d’actualité avec différents concepts clés : - Prévenir les maladies = prévention - Prolonger la vie - Promouvoir la santé, notamment la promotion de l’activité physique : Winslow avait une vision puissante de l’avenir, il parlait déjà de lutter contre la sédentarité, bouger, qui est le plus simple des messages de prévention. C’est un facteur protecteur de 56 maladies et symptômes. 100 ans après, un éditorial disait que pour le XXIème siècle, comprendre les bienfaits de l'activité physique, était l'équivalent de la découverte de la pénicilline par Fleming au XXème siècle. Activité physique (exemple : bouger, marcher, activité sportive). L’OMS Explications conseille de faire 10 000 pas par jour. - L’assainissement de l’environnement (hygiène du milieu) n’est plus une problématique en France, contrairement à d’autres pays. C’est encore un problème dans plus de la moitié des pays du monde. - Le contrôle des infections, vécu en 2020-2021 (pandémie Covid) : confinement, distanciation sociale, les masques, se laver les mains, etc. - L’éducation de l’individu aux principes de l’hygiène personnelle : c’est l’éducation à la santé. - L’organisation des services médicaux et infirmiers : organisation du système de santé, système de soins, structures médicales. - Le diagnostic précoce : équivalent du dépistage (cancers, etc.). 3 La santé publique actuelle - Selon l’Institut de médecine : « Satisfaire l'intérêt de la société en garantissant des conditions dans lesquelles les gens peuvent être en bonne santé ». Missions - Selon l’OMS : « La santé publique vise à apporter un maximum de bénéfices au plus grand nombre de personnes ». Activités organisées de la société visant à promouvoir, à protéger, à améliorer et, le cas échéant, à rétablir la santé de personnes, de groupes ou de la population. Elle est fondée sur un ensemble de connaissances scientifiques qui Définition sont des données probantes, d’habiletés, de compétences qui se traduisent par des actions collectives par l’entremise de programmes, de services et d’institutions visant la protection et l’amélioration de la santé de la population. La santé publique associe différentes disciplines : - L’épidémiologie. - La démographie : travail sur la population (espérance de vie, taux de natalité et de mortalité, répartition spatiale, etc.). - La sociologie de la santé. - L’économie de la santé. - La biostatistique. Explications - L’informatique médicale. La santé publique est une approche à la fois transversale et interdisciplinaire, qui combine : - Le préventif. - Le curatif (= accès aux soins, système de santé/soins, leurs organisations, etc.). Précision : le curatif, ce n'est pas du tout la prise en charge thérapeutique (traitement), c'est le fonctionnement d'un système (accès au soin, etc.). Une autre approche de santé publique est ce qu’on appelle la surveillance épidémiologique : surveiller l'état de santé de la population, notamment les maladies infectieuses (identifier d’éventuels problèmes). Exemple : Cas de SARS-CoV-2. Quel est le problème ? Par exemple, un nouveau variant qui circule. Quelle est la cause ? Identifier les facteurs de risque à ce variant. Quelle est l'intervention (qu'est- ce qu'on fait), l'évaluation (qu’est-ce qui fonctionne) ? Mise en place des mesures de confinement, etc. On part d'un problème jusqu’à la réponse (mise en place et évaluation des interventions). Différences entre médecine clinique et santé publique Médecine clinique (le soin) Santé publique - Traite de la maladie. - Traite de la santé. - Un seul individu/patient. - Une population : pays, région, population des - Approche curative. étudiants en PASS. - Utilise des méthodes thérapeutiques. - Promotion de la santé. - Approche individuelle par pathologie. - Prévention de l’apparition de la maladie. - Utilise des méthodes épidémiologiques, législatives, sociologiques. - Approche populationnelle, par public cible, par facteur de risques. 4 Qu'est-ce qui va déterminer la santé d'une population ?: - Déterminants intrinsèques (on ne peut pas les modifier) : son patrimoine génétique et la biologie (sexe, âge). Il existe des gènes qui peuvent être codants pour certaines maladies chroniques. - Déterminants extrinsèques individuels (on peut les modifier) : les comportements individuels de santé liés à des facteurs de risque (abus d’alcool, inactivité physique, tabagisme, mauvaise alimentation). - Déterminants extrinsèques collectifs (dits aussi déterminants sociaux de la santé) : qualité de l’air, de l’eau, éducation, transport, logement, pauvreté, aménagement urbain, environnement physique. - L'accès au système de santé : organisation du système de soin. - Écologie au sens large : caractéristiques sociales. Pour résumer, la santé publique a deux caractéristiques propres : elle privilégie l’approche préventive par rapport aux soins et elle développe une approche populationnelle plutôt qu’une approche individuelle. III. LES FONCTIONS DE LA SANTE PUBLIQUE Les fonctions de la Objectifs Exemples santé publique - Système MDO La méningite est une maladie à (Maladies à Déclaration Obligatoire). déclaration obligatoire pour - Évaluer l’état de santé de la population. pouvoir surveiller et réagir Surveillance - - Lutter contre les épidémies/pandémies. dans le cas de son apparition Observation - Alerter sur l’apparition d’une maladie dans la population. infectieuse, épidémique ou contagieuse. - L’alerte doit être rapide et efficace. - Maladies infectieuses. Facteurs qui influencent l’état - Maladies chroniques. de santé : Prévention - Cancers. - Facteurs protecteurs des maladies - Maladies cardiovasculaires. (nutrition, activité physique,...) - Facteurs de risque (alcool, tabac, …) - Faciliter les accès aux soins en surveillant la répartition démographique Maintenir des professionnels de santé. l’état de santé - Répondre aux besoins de santé de la de la population population en passant par l’organisation du système de santé. - Assurer la qualité et sécurité des soins. Informer et - Programme de santé publique. La crise Covid a aggravé ces éduquer à la santé inégalités. Réduire les - Promotion de la santé. Un ouvrier non qualifié de 35 facteurs de risques - Lutter contre les déserts médicaux. ans a 6 ans de vie de moins et les inégalités qu’un cadre du même âge. sociales de santé 5 La santé publique fait partie d'un continuum englobant la promotion (maintenir l’état de santé) et la prévention/protection (identifier les facteurs de risque). Suivie par la médecine clinique (guérir). Lorsque la guérison n'est pas possible, on soigne (prise en charge des maladies chroniques). Interventions en santé publique (avant les premiers signes de la maladie) Prévention Vise à prévenir l'apparition de la maladie. La vaccination est un exemple typique. primaire Adopter des comportements sains (ne pas fumer, activité physique, etc.) Se met en place une fois la maladie apparue, avec pour objectif de la détecter le plus tôt possible afin de limiter son aggravation. Par exemple, en France, le Prévention dépistage du cancer du sein par mammographie chez les femmes âgées de 50 à secondaire 74 ans tous les deux ans vise à identifier les tumeurs de petite taille (meilleur pronostic, traitement efficace et guérison plus aisée). Les soins (après les premiers signes de la maladie) Diagnostic Dès la présence de symptômes, plaintes, gênes ou douleurs. Il s’agit d’un précoce diagnostic précoce, la personne est déjà malade. IV. LES DISCIPLINES INTERVENANT EN SANTE PUBLIQUE - La démographie : étude d’une part, de l’état de la population et d’autre part, des mouvements de la population. La démographie en France est gérée par un institut spécifique, l'Insee (Institut National de la Statistique et des Études Économiques). - L’épidémiologie : description des problèmes de santé dans la population, recherche des "déterminants" de ces problèmes et évaluation des actions entreprises. Épidémiologie descriptive : description de l’état de santé d’une population. Quelles sont les principales maladies chroniques ? Quelle est la 1ère cause de mortalité en France ?, etc. Épidémiologie analytique : se concentre sur la recherche des facteurs de risque (consommation d’alcool, tabac, activité physique, alimentation, etc.). Par exemple, une étude épidémiologique de Cuba a montré que la sieste est bonne pour la santé, mais avec un seuil maximal de 20 min. Au-delà, il existe un risque de surmortalité. Épidémiologie évaluative : évalue l’efficacité des programmes de santé publique, comme ceux de lutte contre le cancer, en mesurant leur impact. Elle implique l'utilisation de critères spécifiques pour évaluer l'efficacité d'un programme. - L’économie de la santé : étude de la place du système de soin dans l’économie générale, des modalités de gestion du système de soin, des institutions et du système de protection sociale et de ces mécanismes. - Les sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie) : étudient les pratiques des acteurs sociaux, des institutions et des politiques mises en œuvre au nom de la santé. - Le droit, la géographie, les statistiques, etc. permettent également de comprendre certains phénomènes. 6 V. LES PARTENAIRES DU SYSTEME DE SANTE PUBLIQUE - Les professionnels de santé. - Les gouvernements, les infrastructures de santé publiques (conseil scientifique, conseil public, etc.). - L’université. - Les médias, les réseaux sociaux. Différence entre santé publique et santé communautaire - S’intéresse à la population en général (ex. population française, etc.). Santé publique - Gère la situation sanitaire d’une collectivité « passive ». - S’intéresse à une population spécifique, un groupe spécifique. Précision : la population française est extrêmement hétérogène (diversité sociétale, culturelle, éducationnelle, etc.) alors qu’une communauté spécifique, telle que la population des étudiants en PASS est plus restreinte et homogène. Santé - Exige l’implication et la participation de la communauté pour sa propre communautaire santé. Exemple d’étude : Évaluation de la santé mentale des étudiants en santé post- Covid = résultats préoccupants. Un projet a été initié en collaboration avec des représentants d'étudiants visant à mieux gérer leur santé mentale (relaxation, sophrologie, etc.). La santé publique est la responsabilité populationnelle. Son objectif ultime est de maintenir l’état de santé et de bien-être de la population. La responsabilité populationnelle, dite aussi responsabilité sociale, doit répondre à la question suivante : Comment répondre au mieux aux besoins de santé de la population ? VI. CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DE LA POPULATION EN FRANCE Au 1er janvier 2024, la France compte 68,4 millions d’habitants. Au cours de l’année 2023, la population a augmenté de 0,3% (comme en 2022). Récapitulatif de la démographie en France en 2023 : - 678 000 naissances, soit 6,6% de moins qu’en 2022, et près de 20% de moins qu’en 2010, année du dernier pic des naissances. - 631 000 décès, soit 6,5% de moins qu’en 2022. Cette baisse fait suite à trois années de forte mortalité, due notamment à l’épidémie de Covid-19. Le Covid-19 en France est 168 000 morts, depuis le début de la pandémie en 2020. En 2023, l'espérance de vie à la naissance : - 85,7 ans pour les femmes. - 80,0 ans pour les hommes. On a rattrapé l'espérance de vie qu'on avait perdue avec le Covid-19 (dépasse les niveaux de 2019). 7 A. Démographie 1. Solde naturel Solde naturel d'une population = différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès. Le solde naturel exclut l’arrivée des migrants. Évolution du solde naturel de 1957 jusqu’en 2023 La France a une croissance démographique positive, un solde positif, c’est-à-dire plus de naissances que de décès. - Mortalité : De 1957 à 2010 : Assez stable, aux alentours de 550 000 décès par an. Dès 2013 : Augmentation du nombre de décès, due notamment aux épisodes de canicule. En 2019 : Augmentation du nombre de décès, due au Covid-19. - Natalité : Années 60 : Natalité élevée, jusqu’à 900 000 naissances par an. On est dans la période des Trente Glorieuses (1945 à 1975, forte croissance économique et démographique qui a suivi la Seconde Guerre Mondiale). 1974-1977 : Chute brutale du nombre de naissances, niveau jamais retrouvé. Période qui correspond au 1er choc pétrolier (1974) (augmentation du cours du pétrole avec des répercussions négatives sur l'économie des pays développés, inflation, apparition du chômage, etc.). Un phénomène économique a toujours un impact direct sur la natalité. Actuellement, la situation économique et sociale post-Covid (chômage, déficit public assez important, croissance économique ralentie), le changement climatique, suscitent des craintes au sein de la population, ce qui contribue à une baisse de la natalité. Une troisième raison de la baisse de la natalité est l’évolution des mentalités de la population française, qui ne souhaite pas tout simplement avoir d’enfants. 8 Depuis 2021, on n'a jamais eu un gap aussi étroit (+0,3%) entre les naissances et les décès. Les courbes de natalité et de décès risquent de s’inverser dans les années à venir. 2. Évolution des mariages et PACS entre 2000 et 2023 Évolution des mariages et PACS entre 2000 et 2023 Entre 2000 et 2020, on observe une augmentation de PACS (Pacte Civil de Solidarité), contrairement au nombre de mariages qui diminue. En 2023, on observe une augmentation du nombre de mariages. 3. Pyramide des âges Un autre indicateur démographique est la pyramide des âges. La pyramide des âges représente les effectifs bruts (en milliers) sur l'axe horizontal, distinguant hommes et femmes de chaque côté, et les différentes tranches d'âge sur l'axe vertical. Pyramide des âges en 2023 Projections pour la pyramide des âges en 2070 9 En 2023, l'analyse de la pyramide des âges en France révèle qu'elle ne présente plus la forme classique d'une pyramide, caractéristique d'une population jeune. En effet, la structure démographique s'apparente à une pyramide uniquement à partir de 75 ans, à cause d'une mortalité accrue. Ceci illustre le vieillissement de la population, un phénomène commun aux pays développés. À l'inverse, les pays d'Afrique subsaharienne, avec une proportion significative de jeunes (Sénégal, Tanzanie, etc.), où la moitié de la population a moins de 20 ans, affichent une véritable forme pyramidale. Les projections pour 2070 indiquent un vieillissement encore plus prononcé de la population française, avec une concentration importante des individus âgés de 70 à 80 ans, issus du baby- boom, qui sont désormais à la retraite. Cela met en évidence une population de plus en plus âgée, marquant un changement significatif dans la composition démographique. En 1990, 6,7% de la population française avait 75 ans et plus. En 2025, 10,8% de la population française a 75 ans et plus. Les prévisions indiquent une augmentation significative de la part des personnes âgées de 75 ans et plus, jusqu’à 16,4% en 2050. Ceci souligne un vieillissement progressif de la population française. Ce vieillissement démographique pose des défis majeurs en termes de santé publique, notamment une augmentation de la dépendance et de la perte d'autonomie, phénomènes qui deviennent plus prévalents à partir de 80 ans. Ce changement démographique appelle à une réflexion approfondie sur les méthodes de prise en charge des personnes âgées dans un contexte actuel (inflation) où les dépenses publiques sont extrêmement élevées : - Placement en institution (EHPAD). - Maintien à domicile, mais avec des aides (familles, aides ménagères, soin à domicile, etc.) 4. Démographie dans le monde La population mondiale a dépassé les 8 milliards en août 2024 et atteindra environ 10 milliards d'ici 2050. La France, actuellement à 68 millions, devrait passer à 71 millions, bien que sa croissance démographique ait ralenti. La Chine reste le pays le plus peuplé avec 1,4 milliard d'habitants, mais l'Inde avec 1,3 milliard d’habitants en 2016 la surpassera en 2050 avec 1,7 milliard. Le Nigeria, le plus peuplé d'Afrique de l'Ouest, passera de 187 en 2016 à 400 millions en 2050. En 2021 en Europe, malgré une population de 447 millions, la croissance démographique reste faible : taux d'accroissement total de 1,7%. En 2021, l’Allemagne a 83 millions d’habitants, avec une natalité très faible. L'Allemagne verra sa population diminuer en raison d'une croissance démographique négative (solde négatif), posant des défis économiques. 10 En 2021, l’Espagne a 47 millions d’habitants, l’Italie a 59 millions d’habitants, la Pologne a 38 millions d’habitants. En 2020, la population européenne correspond à 6% de la population mondiale. En 2050, elle ne sera que de 3% de la population mondiale. Pour les pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques regroupant les 36 pays les plus riches du monde), on observe un vieillissement démographique très marqué entre 2021 et 2050. 5. Âge médian de la population L'âge médian, qui sépare la population en deux moitiés égales, est un indicateur clé de la structure démographique. Cet indicateur est préféré à la moyenne, qui peut être biaisée par des valeurs extrêmes : - En France, l'âge médian est d'environ 40 ans en 2021, signifiant que la moitié de la population est plus jeune et l'autre moitié plus âgée que cela. - Dans les pays à haut revenu, l'âge médian augmente entre 1950 et 2021, reflétant un vieillissement de la population. C’est le cas de la France. - En revanche, dans les pays à faible revenu (Afrique subsaharienne, etc.), l'âge médian peut diminuer ou rester constant, indiquant une population plus jeune avec une croissance démographique soutenue. Par exemple, l’Afrique avec un âge médian inférieur à 20 ans. Ces tendances illustrent les diverses trajectoires démographiques mondiales, soulignant les contrastes marqués entre les pays selon leur niveau de revenu. 6. L’indice conjoncturel de fécondité L’indice conjoncturel de fécondité (ICF) est le nombre moyen d’enfants par femme. ICF en France : - En 2023, 678 000 naissances en France. C’est 6,6% de moins qu’en 2022, et près de 20% de moins qu’en 2010, année du dernier pic des naissances. - En 2023 : ICF = 1,68. Depuis la Seconde Guerre mondiale, cet indicateur n’a jamais été aussi bas hormis en 1993 et 1994. - En 2022 : ICF s’établit à 1,79 enfant par femme. Le nombre de naissances en 2022 est le plus faible depuis 1946. - En 2012 : ICF = 2 ICF en Europe : - ICF moyen en Europe = 1,5. - Allemagne (ICF = 1,35), Royaume-Uni (ICF = 1,6), etc. - Globalement, l'Europe se caractérise par des ICF relativement bas, indiquant une faible fécondité sur le continent. 11 VII. L’ESPERANCE DE VIE L’espérance de vie est un indicateur extrêmement important et robuste. C’est une mesure statistique qui peut être calculée à tout âge : naissance, 20, 35, 65 ans, etc. En 2023, l’espérance de vie à la naissance (EVN) en France : - 85,7 ans pour les femmes. - 80,0 ans pour les hommes. Par rapport à 2022, elle est en hausse de 0,6 an pour les femmes et de 0,7 an pour les hommes. En 2023, l’espérance de vie à 60 ans : - 27,9 ans pour les femmes. - 23,7 ans pour les hommes. Évolution de l’espérance de vie à la naissance en France de 1740 à 2020 Au XVIIIème et XIXème siècle, l’espérance de vie des hommes et des femmes était autour de 30 ans. On aura une cassure d’espérance de vie lorsqu’il se passe quelque chose de grave dans un pays (guerre, épidémie, etc.) : - Période de guerre : l’espérance de vie chute beaucoup chez les hommes, mais également chez les femmes. C’est le cas lors des guerres napoléoniennes, de la guerre de 1870, de 1914-1918, de 1939-1945. - Après 1945, l’espérance de vie augmente pour les hommes et les femmes. L’espérance de vie augmente d’environ un trimestre par an, avec toujours un écart entre les femmes et les hommes. L’espérance de vie a progressé jusqu’en 2020, où la crise Covid l’a fait chuter. 12 L’espérance de vie traduit le niveau de développement d’un pays. Lorsqu’un pays se développe bien, son espérance de vie augmente. Lorsqu’un pays se développe moins bien, son espérance de vie diminue ou stagne. Évolution de l’espérance de vie à la naissance entre 1950 et 2007 En 1950, l'espérance de vie des hommes était d'environ 63 ans et celle des femmes presque 70 ans. Entre 1950 et 2007, l’espérance de vie augmente pour les hommes et les femmes. On observe quelques mini cassures liées à des périodes de grippe. L'écart d'espérance de vie entre hommes et femmes, initialement de 8 ans dans les années 80, s'est réduit à environ 5 ans. Il n'existe aucune raison physiologique pour que les femmes vivent plus longtemps. Cet écart se réduit en raison des comportements à risque chez les femmes qui se rapprochent de ceux des hommes, notamment en matière de tabagisme et de consommation d'alcool, où les différences entre sexes sont désormais minimes : - Les pratiques de binge drinking (ou alcoolisation ponctuelle importante (API)) augmentent parmi les femmes tandis qu'elles diminuent chez les hommes. - L'incidence du cancer du poumon chez les femmes augmente de 5% annuellement, directement liée au tabagisme, contrairement à une augmentation de 0,5% chez les hommes. 13 Espérance de vie chez les hommes Espérance de vie chez les femmes L'espérance de vie varie également selon les régions : - En Haute-Normandie, l'espérance de vie est de 77,2 ans pour les hommes et de 83,9 ans pour les femmes, ce qui est inférieur à l'espérance de vie nationale. De manière générale, les indicateurs de santé en Normandie présentent des défis significatifs, incluant non seulement l'espérance de vie, mais aussi les taux de mortalité, l'incidence et la mortalité par cancers, la consommation d'alcool et de tabac, etc. - Les régions du sud de la France, en revanche, affichent des espérances de vie plus élevées, illustrant ce que l'on désigne par le gradient nord-sud en matière de santé. Les déterminants de santé sont meilleurs dans le sud de la France. Espérance de vie et Covid-19 en Europe : La hausse de l’espérance de vie, continue depuis des décennies a connu une diminution en 2020 dans la quasi-totalité des pays de l’Union Européenne. Elle a baissé d’environ une année pour les hommes et les femmes : - La baisse est particulièrement marquée dans les pays les plus touchés par les deux premières vagues épidémiques (Bulgarie, Belgique, Espagne et Pologne), où elle est supérieure à 1,2 an pour les 2 sexes. - La France est dans une position intermédiaire avec une baisse de : 0,5 an pour les femmes. 0,6 an pour les hommes. - En 2021, l'espérance de vie remonte en Europe de l'Ouest mais chute à l'Est (Bulgarie, Roumanie, etc.), impactée par les systèmes de santé fragilisés par le Covid. 14 Évolution de l’espérance de vie des femmes à la naissance entre 2019 et 2020 dans l’Union européenne. Cette carte montre que plus le bleu est foncé, plus les pays ont été touchés en termes d'espérance de vie par le Covid, parmi lesquels l'Espagne, la Slovénie, l'Italie, etc. L'Italie a été l'épicentre de la pandémie. VIII. L’ESPERANCE DE VIE SANS INCAPACITE (EVSI) L'espérance de vie sans incapacité (EVSI) est un indicateur crucial qui correspond au nombre d’années que peut espérer vivre une personne sans être limitée par un problème de santé dans ses activités quotidiennes. Les individus vivent encore après l'apparition de l'incapacité, indiquant qu'une partie de l'espérance de vie peut se dérouler dans cet état. Espérance de vie à 65 ans en 2023 Globale Sans incapacité (EVSI) Sans incapacité forte Sans tenir compte de la qualité = Sans pathologies, morbidités = Sans handicap. de vie ou santé des individus. ou symptômes. - Hommes : 19,7 ans. - Hommes : 10,5 ans. - Hommes : 15,8 ans. - Femmes : 23,5 ans. - Femmes : 12,0 ans. - Femmes : 18,5 ans. 15 Depuis 2008, l’EVSI à 65 ans a augmenté de 1 an et 11 mois pour les femmes et de 1 an et 10 mois pour les hommes. Cela montre une progression, certes positive, mais relativement lente. En termes de santé publique, l'objectif est de retarder l'apparition de l'incapacité chez les personnes âgées, afin qu'elles puissent vivre plus longtemps en bonne santé. En France en 2022, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans est supérieure à la moyenne européenne : de 2 ans et 6 mois pour les femmes et de 1 an et 4 mois pour les hommes. Espérance de vie sans incapacité à 65 ans par sexe, de 2008 à 2023 L'analyse de l'espérance de vie sans incapacité à 65 ans révèle que chez les : - Hommes (courbe du bas, rose), malgré une légère hausse suivie d'une baisse, la tendance sur plusieurs années montre une stabilité. - Femmes (courbe du bas, verte), l'EVSI augmente également, mais modestement, indiquant que les progrès pour vivre plus longtemps en bonne santé sont lents. Il est décevant de constater que l'EVSI ne progresse pas aussi vite que souhaité en France. En effet, un enjeu crucial en santé publique est d'augmenter de manière significative l'EVSI afin de retarder l'apparition de l'incapacité chez les personnes âgées. A. Espérance de vie et mortalité 1. Espérance de vie à 35 ans Entre 2009 et 2013, lorsqu'on examine l'espérance de vie à 35 ans entre les cadres (catégorie socio-professionnelle supérieure) et les ouvriers, on observe un écart significatif : plus de 6 ans de différence pour les hommes et 3,2 ans pour les femmes, les cadres vivants plus longtemps dans les deux cas. Cet écart révèle les inégalités sociales de santé qui illustre comment la position sociale peut influencer l'espérance de vie, servant d'indicateur clé pour comprendre les défis du système de santé. 16 2. Espérance de vie en Europe Espérance de vie des pays de l’Union européenne En 2020, l’espérance de vie en France, les deux sexes confondus, est de 82,3 ans. Elle est supérieure à l’espérance de vie de l’Union européenne (80,6 ans). L'Estonie, bien qu'ayant une espérance de vie moindre en comparaison, montre un accroissement notable au fil du temps, révélant des améliorations en matière de santé et de longévité au sein du pays. En 2020, en Europe, les espérances de vie les plus faibles concernent la Bulgarie (73,6 ans), la Roumanie, la Lituanie, la Lettonie, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la Croatie. Ce sont des pays de l’ancien bloc soviétique. Les pays du Nord et de l'Ouest affichent des espérances de vie élevées, tandis que celles de l'Est affichent des espérances de vie plus faibles. En effet, les systèmes de santé en Europe de l’Est sont plus fragiles. 17 3. Espérance de vie dans le monde Espérance de vie à la naissance, 1970 et 2017, des pays de l’OCDE Entre 1970 et 2017, l’espérance de vie à la naissance a progressé dans tous les pays de l’OCDE. L’espérance de vie la plus élevée en 2017 est de 84,2 ans au Japon, suivi par la Suisse (83,6ans), l’Espagne (83,4 ans) et l’Italie (83 ans). La France se situe en 9ème position, avec 82,6 ans en 2017. Les espérances de vie les plus faibles correspondent à l’Afrique du sud (63,4ans) et l’Inde (68,9 ans), en partie due à des épidémies comme le VIH/SIDA. La progression de l’espérance de vie est extrêmement différente entre les pays. Les progrès depuis 1970 sont marquants dans certains pays, en particulier en Corée du Sud et en Turquie, où l'espérance de vie a bondi respectivement de 60 à 82,7 ans et de 52 à 78,1 ans, reflétant le développement économique et l'amélioration de la santé publique. La progression de l’espérance de vie est plus faible dans certains pays, tels que l’Islande et la Colombie. Espérance de vie à la naissance par sexe, 2021 et 2022, des pays de l’OCDE 18 En 2022, dans tous les pays de l’OCDE, l’espérance de vie à la naissance des femmes est supérieure à celle des hommes. L’écart entre l’espérance de vie des femmes et celle des hommes varie selon les pays. L’écart est faible pour l’Islande et la Norvège. Par contre, pour la France, la Lettonie et la Roumanie l’écart est marqué. Ceci s’explique par des comportements à risque (consommation d’alcool, tabagisme) qui sont plus élevés chez les hommes que chez les femmes. 19