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L’Etat peut financer la croissance par la dépense publique (endogène) Le rôle du progrès technique dans la croissance est établi depuis Solow. Dès lors, chercher la croissance revient à chercher comment maximiser le progrès technique. Ainsi, dans Increasing Returns and Long Run Growth (1986)...
L’Etat peut financer la croissance par la dépense publique (endogène) Le rôle du progrès technique dans la croissance est établi depuis Solow. Dès lors, chercher la croissance revient à chercher comment maximiser le progrès technique. Ainsi, dans Increasing Returns and Long Run Growth (1986), Paul Romer met au point une théorie de la croissance endogène grâce à la dépense publique. Elle a pour but d’expliquer la croissance économique à partir d’externalités positives qui différencient la nature des rendements aussi bien à l’échelle microéconomique que macroéconomique. En effet, bien que les rendements soient décroissants à l’échelle microéconomique, ils deviennent croissants macro économiquement. Dans son modèle (complété par Barro et Lucas) le progrès technique est produit par la sphère économique grâce à des investissements de trois types : - Les dépenses de R&D qui accroissent le capital technologique (ensemble des new tech) - Les investissements publics qui pallient aux défaillances de marché (biens collectifs non rivaux (infrastructures, transports...) - Les dépenses éducatives qui accroissent le capital humain et facilite l’adaptation des travailleurs aux mutations technologiques. La notion de capital pouvant être élargie au savoir qui demeure un facteur de production non rival et profite alors à la collectivité dans son ensemble. Le progrès technique est donc endogène et nous en aurions pour 5 milliards d’années de croissance. Des études ont tenté de déterminer une corrélation entre les différents capitaux, le progrès technique et la croissance. L’économiste David Alan ASCHAUR, Is public expenditures productive ? (1989) a notamment étudié la corrélation entre l’accumulation du capital public et la hausse de la productivité globale des facteurs. Ce dernier constata qu’une hausse de 10% du capital public impliquait une hausse de 4% PIB (USA de 1949-1985)). Patrick Artus et Gilbert 212 Cette (Productivité et Croissance 2004) estime pour leur part que l’écart de niveau de vie entre la France et les Etats Unis (25%) s’explique en grande partie par l’effort étatique dans les dépenses en R&D. A) Sur le long terme la hausse des dépenses publiques n’est pas soutenable - Un effet boule de neige : une dette trop forte implique le versement d'intérêts importants aux épargnants créanciers de l'État. Le poids de ces intérêts pèse sur le déficit et conduit à un nouvel endettement public qui, à son tour, conduira à un niveau d'intérêts encore plus important. - La soutenabilité de la dette : la dette monopolise une part des dépenses de l’Etat pour le remboursement (15% en 2010 en France) et menace l’insolvabilité (cf. Crise de la dette publique) B) L’Etat peut guider la croissance par la politique industrielle Une intervention ciblée de l’Etat secteurs a été légitimisée dans des secteurs dits porteurs y compris même si ceux-ci ne sont pas soumis aux phénomènes de rendements croissants. La théorie japonaise de Kaname Akamatsu (A theory of unbalanced growth in the world economy 1961), approfondie par Shinohara (Industrial growth, trade, and dynamic patterns in the Japanese economy) 1982 consiste à faire de l’Etat le guide la spécialisation pour que le pays s’industrialise par la montée en gamme (vol en oie sauvage) : Le Japon est le premier pays à s’industrialiser grâce à ce modèle. L’économie japonaise en ruine se relève rapidement de ses cendres après la Seconde Guerre mondiale grâce à un fort interventionnisme étatique qui redirige notamment la population agricole vers des secteurs à plus forte productivité par le « triangle de fer » : Keiretsu (FTN), le METI (ministère du Travail : état stratège) et le Keidanren (syndicat des patrons). Néanmoins cette stratégie visant à s’industrialiser rapidement par la politique industrielle n’a pas porté ses fruits partout. De Bernis (Industries industrialisantes et contenu d'une politique d'intégration régionale 1966) crée le concept de "l'industrie industrialisante" selon laquelle les industries lourdes pouvaient jouer un rôle moteur dans le développement d'un pays qui a inspiré la politique industrielle de l'Algérie dans les années 1970. La logique de son modèle est simple : l'Algérie dispose de richesses minières, d'hydrocarbures et de la bonne terre. Il suffirait donc de combiner ces trois atouts. Par l’endettement, l’Algérie a massivement investi en planifiant les objectifs de l’industrie mais cela s’est conclu par un surendettement et une absence d’effet d’entrainement. L’analyse de Porter (On Competition 1998) pourrait peut-être expliquer cet échec par son modèle en diamant. Selon lui, il existe des conditions spécifiques à une politique industrielle réussie : une dotation factorielle favorable (ici main d’œuvre peu qualifiée, incompatible avec l’industrie pétrochimie), une demande locale exigeante et soutenue, l’existence de pôle de compétitivité et un niveau de concurrence intense sur le marché domestique (ici, entreprise d’Etat donc monopole). La politique industrielle apparait alors comme une voie de développement risquée. Si elle fonctionne comme en Asie, les bénéfices peuvent être grands mais dans le cas contraire, elle peut laisser des traces indélébiles notamment vis-à-vis de l’endettement. C) L’efficacité de la politique industrielle dépend de son industrialisation et du niveau d’avancée technologique Selon Rodrik, Industrial Policy for the Twenty-First Century 2004, ce que la "bonne politique" a de général ne réside plus dans son contenu (quel secteur soutenir ? par le biais de quel mécanisme incitatif ?) qui dépend trop du contexte local, spatial et temporel, mais dans le schéma institutionnel qui permet de l'adapter à ce contexte et d'en contrôler l'application. La politique industrielle traditionnelle n’est plus applicable avec la mondialisation ce qui suppose d’axer l’effort sur des tactiques d’environnement par l’encadrement d’institutions efficaces et non par le soutien inefficace de secteurs perdants. En effet, depuis l’étude de Krugman de l’analyse de Brander & Spencer : International R & D Rivalry and Industrial Strategy 1983 montre les limites de la stratégie commerciale qui reste par les mécanismes du dilemme du prisonnier un jeu à somme non positive. La bonne politique industrielle n’intervient que dans les secteurs où il est nécessaire d’intervenir (externalités ou rendements croissants) et agit sur la stratégie de développement du pays en question. En effet, La recherche d’innovations devient une priorité avec le développement et la proximité avec la frontière technologique qui peut se définir comme l’ensembledestechnologies(combinaisondesfacteursdeproduction)existanteslesplusefficaces. Plus un pays se développe (c’est-à-dire se rapproche de la frontière technologique), plus c’est l’innovation qui devient le moteur de la croissance et prend le relais de l’accumulation du capital et du rattrapage technologique (de l’imitation). Ainsi Aghion et Howitt (Competiton and innovation 2005) visent à mettre en évidence l’importance respective du progrès technique et de la concurrence pour la croissance selon la position technologique des pays. Pendant les Trente Glorieuses, il suffisait d'avoir des institutions favorisant le rattrapage parce que les pays étaient loin de la frontière : la concurrence entre les pays était limitée, les interventions gouvernementales étaient nombreuses, le système scolaire privilégiait le primaire et le secondaire au détriment du supérieur, le système financier était basé sur les grandes banques et peu sur les marchés boursiers, et le marché du travail était assez rigide. Désormais l’accent est davantage mis sur l’objectif d’innovation. Ainsi il faut aller vers suffisamment de concurrence pour les pays proches de la frontière (ni trop peu car aucune incitation de se démarquer de la concurrence, ni trop car dans ce cas il y a crainte de ne pas recevoir les mérites de l’innovation (rente).