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Partie 1 : L’inflation L’inflation (du latin « inflare », « glonfler » est un déséquilibre se traduisant par un accroissement généralisé, cumulatif et auto-entretenu du niveau général des prix. Elle est mesurée en France par l’indice des prix à la consommation (IPC) construit par l’INSEE à...
Partie 1 : L’inflation L’inflation (du latin « inflare », « glonfler » est un déséquilibre se traduisant par un accroissement généralisé, cumulatif et auto-entretenu du niveau général des prix. Elle est mesurée en France par l’indice des prix à la consommation (IPC) construit par l’INSEE à partir de la moyenne pondérée des prix de 265 types de produits. L’hyperinflation (ou inflation galopante) apparaît à partir d’une hausse supérieure à 50% par mois (ex : l’Argentine et le Brésil entre la fin des années 1980 et le début des années 1990). A) Les conséquences de l’inflation ? a) L’inflation : un fléau à combattre × L'inflation touche directement le pouvoir d'achat : Si les revenus des ménages ne suivent pas, l’inflation provoque une baisse du pouvoir d'achat. Les effets de l’inflation ne sont donc pas identiques pour tout le monde. L’inflation peut créer des inégalités. Par exemple : Dans les années 1960/1970, l’inflation ne nuisait pas au pouvoir d’achat en raison du pacte salarial des trente glorieuses or en 1983, Jacques Delors, ministre de l’Économie et des finances, décide de mettre fin à l'indexation des salaires sur les prix, afin de casser la spirale inflationniste. Les salariés des petites entreprises en souffrent tout comme les fonctionnaires ou les retraités car les revenus sociaux d’une manière générale suivent assez mal la baisse du pouvoir d’achat. × L’effet Fischer : un modèle original du taux de change : Comme le démontra Irving Fischer (1930, The Theory of Interest), sur le court terme l’inflation augmente les taux d’intérêt nominaux. Ce que l’on nomme « l’effet Fischer » s’explique par le schéma suivant : un accroissement de la masse monétaire conduit à une croissance des prix qui augmente le taux d'intérêt nominal sans affecter le taux d'intérêt réel (car le taux d’intérêt réel est corrigé de l’inflation). Cette hausse pourrait attirer les investissements étrangers cependant à plus long terme la hausse des taux d’intérêt nominaux est annulée par la dépréciation du taux de change de la monnaie nationale. L’inflation créerait donc des comportements d’anticipation dangereux pour l’économie. × L'inflation brouille le système d'information que représentent les prix Les prix indiquent l’intensité de la demande comparativement au niveau de production. Or si les prix sont déréglés l'économie de marché introduit des distorsions. Les entreprises peuvent penser que la production de certains biens sont rentables alors que tous les prix augmentent. × Inflation démesurée amène l'économie à l'eau Si on prend l'exemple de l’hyperinflation allemande des années 1920 l'économie fut complètement paralysée au point où la population revenait au troc. Lorsque l’inflation dépasse le seuil de 100% annuel on parle d’hyperinflation. Par exemple : il y en a eu au Zimbabwe en 2007 ou actuellement au Venezuela. × Le problème vis à vis de l'extérieur L’inflation peut accroitre la contrainte extérieure (=nécessité de concilier croissance et équilibre extérieur) car l’inflation nuit à la compétitivité-prix des firmes nationales et des exportations. Mais ceci va dépendre des taux de change. Cependant s’il y a de l’inflation le taux de change risque de baisser car la monnaie va être moins demandée ce qui atténue la baisse de compétitivité-prix. En taux de change fixe l’inflation provoque systématiquement une perte de compétitivité prix. L’inflation peut également être problématique en taux de change flottant car l’inflation fait baisser la valeur de la monnaie ce qui rend l'internationalisation du capital plus difficile alors que la compétitivité des FMN tient beaucoup à cela. De même l’inflation fait fuir les investissements étrangers, les intérêts se réalisant dans une devise ayant de moins en moins de valeur. × L’inflation attise le conflit social entre travail et capital : Les détenteurs de capitaux peuvent se protéger de l’inflation (mobilité des capitaux à l’étranger) contrairement aux travailleurs, cela pourrait créer des anticipations dangereuses pour l’économie. L’épisode des gilets jaunes peut en être un exemple. b) Mais ce n’est pas un si grand mal Sur le court terme, les économistes considèrent l’inflation comme « une drogue douce » : L’inflation tend à précipiter la consommation (payer aujourd’hui pour éviter de payer plus cher demain) les entreprises accroissent ainsi leurs prix et leur marge. C’est dans cette perspective la que la BCE s’échine à faire en sorte que l’inflation puisse stimuler la croissance sans pour autant devenir menaçante. Si le taux d’inflation est positif sans pour autant dépasser le taux de croissance les profits des entreprises s’accroissent. En effet, la hausse des prix avec des couts constants et une consommation stable (car croissance) augmente le profit des entreprises. Pendant les trente glorieuses l’inflation était une composante importante du dynamisme qui a permis de soutenir la demande par la hausse des salaires et ainsi d’accroitre les marges des entreprises. Kenneth Rogoff (2008) (ancien directeur Fmi) considère qu’une reprise de l’inflation autour de 4% permettrait une augmentation de certains revenus (salaires notamment) et réduire le cout de l’endettement de l’ensemble des agents en particulier l’État. Cela pourrait presque s’apparenter à une relance sans provoquer de déficit publique. L’inflation réduit le poids de la dette (dette/PIB nominal). En effet, l’inflation provoque une augmentation nominale des recettes fiscales par le biais de la TVA et donc une augmentation du PIB nominal. Or les termes des emprunts (publiques notamment) stipulent des remboursements indépendants de l’inflation. L’État a donc plus de facilités pour rembourser ses dettes. La mesure de l’inflation : L’INSEE utilise la méthode du panier de biens pour mesurer l’inflation à travers l’indice des prix à la consommation. Il s’agit plus concrètement de mesurer les prix d’un panier de bien laissé secret et ainsi d’analyser environ 110 000 prix. Le problème majeur de ce modèle est sa pondération : il n’est pas légitime de comparer les biens que l’on consomme quotidiennement et ceux que l’on consomme occasionnellement. Certes l’indicateur d’inflation est perfectible mais il est toujours intéressant d’en avoir un. Les biais du calcul de l’inflation : Le rapport Boskin (1996) mettait en avant des biais statistiques c’est-à-dire des imprécisions dans la mesure de l’inflation. On distingue quatre principaux biais : Le biais de substitution : au cours du temps un même produit change en qualité bien que son prix reste le même. Or le remplacement des produits moins bons par des produits de meilleure qualité rend difficile les comparaisons de prix au cours dutemps et joue souvent sur la baisse des prix dans les tendances générales. Ce biais représenterait environ 0,15 points d'inflation en moins. Le biais de substitution du panier des consommateurs : les consommateurs adaptent leur panier de biens aux évolutions des prix et vont ainsi moins ressentir l’inflation. Ce biais représenterait environ 0,25 points d’inflation en moins. Le biais de substitution des points de ventes : De même, les consommateurs peuvent procéder à des substitutions de points de ventes pour contourner la hausse des prix dans un point de vente. Ce biais représenterait environ 0,1 points d’inflation en moins. La prise en compte des nouveaux produits. Les nouveaux produits ne sont pas tout de suite pris en compte dans l’analyse des prix or généralement les prix diminuent fortement au cours des premières années de lancement. Ce biais représenterait environ 0,6 points d’inflation en moins. Ainsi, Michael Boskin pense que l'inflation est sous-estimée d’environ un point. Cela voudrait que le déficit budgétaire américain par exemple est beaucoup plus déficitaire que ce que l'on pense car les dépenses publiques sont fortement indexées sur l'inflation. Par ailleurs le montant des taux d’intérêt appliqués par les banques centrales est également indexé sur l’inflation. Ce constat impliquerait donc de lourdes conséquences sur la politique budgétaire des États.