Fiches 1913 - 1939 - 1945.docx

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Le monde en 1913 « Un événement d’une portée révolutionnaire bouleversant l’ordre social et économique de l’Europe ». Chancelier W. Rathenau « Cette guerre européenne est la plus grande catastrophe de l’histoire depuis des siècles, la ruine de nos espoirs les plus saints en la fraternité humaine. »...

Le monde en 1913 « Un événement d’une portée révolutionnaire bouleversant l’ordre social et économique de l’Europe ». Chancelier W. Rathenau « Cette guerre européenne est la plus grande catastrophe de l’histoire depuis des siècles, la ruine de nos espoirs les plus saints en la fraternité humaine. » Romain Rolland, 1915 L’enjeu La période 1880-1914 serait la « seconde vague », après celle des XVe siècle – XVIe siècle d’un mouvement historique d’extension du système capitaliste dans un espace géographique mondial conçu comme l’interconnexion complexe de territoires diversifiés. Elle annoncerait et anticiperait la troisième vague de multinationalisation des années 1950, voire la quatrième d’émergence d’une économie globalisée dans les années 1980-2021… S’il est aisé de cerner le changement quantitatif de cette première mondialisation décrite par Suzanne Berger, il est délicat de la caractériser : Emergence d’une économie mondialisée plus que globalisée et mondiale ? Emergence d’une économie-monde… européenne et d’une convergence plus atlantique que mondiale ? Rupture incontestable sur fond de tensions et d’une course aux armements qui ne trouveront d’exutoire que dans la guerre ? Les notions Le monde de 1913 est celui d’une « première mondialisation » (Suzanne Berger, 2003), avec une intégration accrue de la production de l’épargne, de la consommation aux contraintes du marché, et donc le triomphe de ce que K. Polyani appelle « la société de marché généralisée. » On rappellera l’approche anticipatrice de Karl Marx dans le Manifeste du parti communiste (1848) : « Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production de tous les pays… A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations ». Une Economie-monde, concept avancé par F. Braudel et I. Wallerstein : espace délimité par une frontière, structuré autour d’un centre rayonnant (villes puis capitales ; passage des villes-empires aux capitales vers 1750), partagé en 3 zones concentriques : le cœur, les zones intermédiaires semi-périphériques et les marges dépendantes subordonnées plus qu’impliquées. Pour accéder à ce stade de domination, 3 conditions doivent être réalisées : acquérir un monopole durable dans une technologie majeure, disposer de capitaux importants pour financer des branches motrices, bénéficier d’un groupe social dominant, modèle pour les autres classes sociales. Les incontournables de la question Le capitalisme et le libéralisme se sont épanouis. Le libre-échange est l’apanage de nations anciennement industrialisées comme la Grande-Bretagne ; les États-Unis demeurent plus protectionnistes (tarifs McKinley et Dingley qui ne font que confirmer le protectionnisme fondateur des Américains ; « tarifs des abominations » de 1828 allégés très légèrement en 1832). La 2e révolution industrielle triomphe : la sidérurgie, l’industrie mécanique (automobile, débuts de l’aviation), la chimie, l’électricité jouent un rôle crucial lors de la Première Guerre mondiale, vraie « guerre industrielle ». L’Europe domine le monde politiquement par le triple « primat de la puissance, de la connaissance et de la moralité » (C. Lévi-Strauss). L’Europe se croit engagée dans une mission civilisatrice : la politique coloniale « fille de la politique industrielle » (J. Ferry) est aussi pour certains idéologues la « fille des lumières » poursuivant la lutte contre la barbarie, l’oppression et l’obscurantisme, privilège que s’arrogent « les races supérieures ». L’Europe (les puissances européennes) domine le monde au niveau industriel, même si la première nation industrielle en 1913 se trouve en Amérique du Nord, les États-Unis (36% de la production industrielle mondiale). Les Etats-Unis sont aussi plus innovants (taylorisme, fordisme, organisation scientifique du travail, techniques de distribution).  L’Europe domine le monde au niveau économique et financier, 36% du PIB mondial, 60% de la production mondiale d’acier ou de consommation de l’énergie dès 1910. Ainsi, l’Europe est au cœur des réseaux des échanges, elle domine les mers (85% de la flotte mondiale dès 1860), elle est le « banquier du monde ». Pour Aristide Briand « l’or de la France ruisselle sur le monde » ; «  l’argent des Français sert à élever les enfants des autres » pour A. Sauvy, façon de synthétiser l’enrichissement sélectif de la France et son atonie démographique. Les puissances installées, que sont la Grande-Bretagne et la France, sont concurrencées par des challengers européens (Allemagne qui réclame sa « place au soleil » [en 1910 elle produit 13 millions de tonnes d’acier, soit plus de 2 fois la production de la Grande-Bretagne] et domine les industries électriques et chimiques comme les colorants [Hambourg devient le premier port de l’Europe continentale] et Russie, qui met en valeur son domaine asiatique avec le transsibérien en 1891, voit affluer les capitaux étrangers [sous Alexandre III]) et extra-européens (États-Unis et Japon en pleine mutation, sous l’égide d’un Etat modernisateur, avec des trusts et les zaibatsus exportant des cotonnades et une capacité à concilier technique occidentale et passé japonais). La « Belle Époque », coincée entre la Grande Dépression de la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale : triomphe de la bourgeoisie, ouverture culturelle, Paris « phare du monde ». Une période de fortes tensions sociales car la classe ouvrière est mal intégrée à la société et souffre d’une grande précarité des conditions de vie comme de la dureté des conditions de travail . L’affirmation du socialisme et du pacifisme à la veille de la guerre, dont Jean Jaurès est la figure de proue en France : « il n’y a plus qu’une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces pour écarter l’horrible cauchemar » (25 Juillet 1914). La deuxième guerre balkanique entre la Grèce, la Serbie, la Bulgarie et la Roumanie. La dimension mortifère en Europe est à prendre en compte : les réseaux d’alliances (Triple Alliance et Triple Entente), le fait que les différents États soient prêts à entrer en guerre ou plutôt à s’y laisser entraîner (Les Somnambules de C. Clark) alors que leur situation économique et financière est plutôt bonne et que, pour des secteurs comme les assurances, les sociétés minières, la paix était préférable à la guerre. La course aux armements. L’année 1913 est marquée en France par les débats sur « la loi des trois ans » qui allonge le service militaire d’une année pour aligner suffisamment de soldats face à l’Allemagne. Sujets possibles Ce thème ouvre le programme de première année, les sujets possibles sont en fait peu nombreux : 1913 : La fin d’un monde  ? Le monde de 1913 : un monde européen. Exemple L’Allemagne, nouvelle puissance ? Le dynamisme allemand est impressionnant. Il repose sur une organisation économique efficace, une industrie qui bénéficie d’ouvriers plutôt bien formés, bien intégrés à leur entreprise (paternalisme) et disciplinés, mais aussi d’une recherche active au service de l’innovation. Les Allemands ont une bonne maîtrise des technologies modernes dans les secteurs de la deuxième révolution industrielle comme la sidérurgie (Krupp), la chimie (BASF, Bayer) ou l’industrie mécanique et disposent de grands groupes industriels que le IIe Reich de Guillaume II incite à exporter grâce à des primes. Le dynamisme allemand apparaît d’autant plus offensif que Berlin annonce son désir de maîtriser les mers pour y supplanter les Britanniques qui y sont dominateurs. La doctrine pangermanique prendra appui sur ces performances utilisant la conception de « race supérieure », l’histoire du Saint-Empire romain germanique et la puissance maritime de la Hanse, en voyant dans la guerre « le seul jugement équitable ». Pour faire la différence Le Siècle de Ken Follett, 2010… et les mythes de la grande guerre Ken Follett a publié une saga historique, Le Siècle, dont le tome 1, La Chute des géants (2010, chez Robert Laffont), présente le destin entrecroisé de plusieurs familles européennes : deux familles britanniques, une famille allemande, une famille russe et une famille américaine que l’on suit de la veille de la Première Guerre mondiale jusqu’aux « années folles ». Les tourments de ce début de siècle sont très bien retranscrits, comme les liens qui unissent les Européens qui se déchirent. L’ambiance de la « Belle Époque » transpire dans la série télévisée des Brigades du Tigre c’est-à-dire de Clémenceau comme dans le film Casque d’or de Jacques Becker (1952). Parmi les idées reçues sur la guerre, Nicolas Offenstadt et Mark Harrison dans The Myth of the Great War, ont épinglé : une guerre qui aurait été déclenchée par inadvertance… (les décideurs avaient prévu les risques que n’ont pas su théoriser les partis politiques ). une guerre qui était souhaitée par les industriels et financiers (la City a été jusqu’au bout hostile à l’intervention anglaise dans la guerre). une guerre où les soldats sont partis la fleur au fusil (en lieu et place, on parlera plutôt de résignation ou de résolution, mais pas d’enthousiasme contagieux). une guerre où l’hécatombe des tranchées était inattendue (la guerre, pour les stratèges, était une longue guerre d’usure des forces combattantes). Fiche 3 Le monde en 1939 « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre ». Winston Churchill, alors député conservateur à la Chambre des Communes au lendemain de la signature des accords de Munich par le Premier ministre britannique Neville Chamberlain le 29 septembre 1938. L’enjeu Mettre en évidence la triple fragmentation monétaire, commerciale et géopolitique du monde qui résulte de la plus grave crise du système capitaliste et qui l’amplifie. Expliquer les nouveaux rapports de force entre puissances qui structurent le monde à la fin des années 1930 et qui vont tout emporter dans le plus grand conflit de l’Histoire. Les notions Les effets systémiques de la crise financière de 1929 ont conduit à une longue phase de dépression socio-économique pendant la décennie 1930. Les remèdes à la crise, entre réflexes protectionnistes et intervention des États dans les économies, remettent en cause le dogme libéral du « laisser-faire, laisser-aller ». L’affaiblissement des démocraties est marqué par la montée en puissance des régimes totalitaires et une série de reculades des démocraties sur la scène internationale qui rendent inévitable la guerre. Les incontournables de la question La crise économique des années 1930 est systémique : elle révèle par sa propagation les interdépendances entre les puissances économiques. La violence de la crise dans certains pays a entraîné l’effondrement des régimes démocratiques et la mise en place de régimes autoritaires (Brésil, Bolivie, Équateur, Japon) et au renforcement des totalitarismes (Italie fasciste, Allemagne nazie). La décennie des années 1930 a été marquée par une véritable guerre des monnaies et a abouti à un morcellement du monde en différents blocs monétaires à partir de 1931 : bloc or, zone sterling, zone dollar, bloc Reichsmark, bloc yen, bloc rouble. La guerre des monnaies s’accompagne d’un affrontement commercial avec mise en place de blocs commerciaux : mesures protectionnistes aux États-Unis mais aussi en France et en Grande-Bretagne qui se replient sur leurs empires respectifs, autarcie économique de l’Allemagne nazie, de l’Italie fasciste et du Japon militariste. Une fragmentation politique du monde qui exacerbe les tensions internationales : « appeasement » pratiqué par les démocraties occidentales (Grande-Bretagne, France) à l’égard de l’Allemagne nazie, isolationnisme des États-Unis renforcé par les lois de neutralité de 1935 et 1937, expansionnisme des régimes autoritaires pour se procurer les ressources manquantes et comme exutoire à la pression démographique. Autarcie d’expansion des régimes autoritaires s’inscrivant aussi dans une perspective géopolitique : conquêtes en Asie continentale pour le Japon afin d’affirmer la supériorité du peuple japonais, conquête de l’espace méditerranéen pour l’Italie fasciste conforme au rêve de grandeur impériale et à la volonté de reconstituer le Mare Nostrum de la Rome antique, conquête d’un espace vital en Europe centrale et orientale pour l’Allemagne nazie (lebensraum) avec l’idée que l’Allemagne, puissance continentale, devait contrôler un espace au cœur de l’Europe afin de s’approvisionner en matières premières et de se procurer une main d’œuvre asservie pour consolider la puissance du IIIème Reich. Cette autarcie d’expansion s’inscrit dans une logique de guerre. Dans le cas soviétique, la neutralité de Staline relève d’une certaine vision des rapports de force dans le monde : idée que l’Occident capitaliste reste la principale menace pour l’URSS et que l’Allemagne nazie peut être utilisée par la France et la Grande-Bretagne pour anéantir l’URSS suite aux accords de Munich de septembre 1938. Les certitudes du Premier XXème siècle déjà remises en cause par le choc de la Première Guerre mondiale s’accentuent dans l’entre-deux-guerres : crise du système économique capitaliste, remise en cause des principes de l’orthodoxie libérale, montée des égoïsmes nationaux, apparition de régimes totalitaires fondés sur une idéologie guerrière. Autant de faits qui rendent complexes les rapports de force en 1939 : une première puissance mondiale qui n’assume pas encore son leadership mondial, des démocraties occidentales affaiblies et aveuglées, une montée en puissance des régimes totalitaires de l’Axe et une URSS isolée et méfiante. Les visées expansionnistes d’Hitler sur la Pologne poussent enfin les démocraties occidentales à réagir. Deux jours après l’attaque de l’armée allemande sur la Pologne, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à Hitler le 3 septembre 1939 mais leurs armées restent à l’abri de la ligne Maginot : c’est le début de la drôle de guerre jusqu’en mai 1940. Sujets possibles à l’oral 1939 : le crépuscule d’un monde ? Empires coloniaux et hiérarchie des nations en 1939. 1939 : le déclin de l’Europe ? Exemple Les politiques de relance économique aux États-Unis (New Deal de F. Roosevelt) et en France (gouvernement du Front populaire de Léon Blum) pour surmonter la crise : Le New Deal du président américain Roosevelt élu en 1932 et réélu en 1936 et la politique de relance du gouvernement de Front populaire de Léon Blum en 1936 en France illustrent le renforcement de l’intervention de l’État dans les économies capitalistes : Réglementation des activités financières. Exemple : aux États-Unis, loi différenciant banques d’affaires et banques de dépôt (Glass Steagall Act en 1933) + garantie des dépôts des épargnants / en France, loi de 1936 réorganisant la Banque de France dont le capital demeurait privé mais dont la gestion était retirée aux gros actionnaires et contrôlée désormais par l’État. Aide de l’État aux secteurs en difficulté. Exemple : l’agriculture. Aux États-Unis et en France, intervention des États pour soutenir les prix et assurer des revenus minima aux agriculteurs. Aux États-Unis, Agricultural Adjustement Act (AAA) de mai 1933 afin de rendre aux fermiers américains leur pouvoir d’achat d’avant la Première Guerre mondiale par la réduction de leur endettement et des superficies cultivées ainsi que rachat des surplus agricoles à des prix fixés par l’État. En France, le gouvernement de Front populaire a mis en place en 1936 un Office National interprofessionnel du Blé (ONIB) contrôlant le commerce extérieur et assurant aux producteurs un prix minimum. Lutte contre le chômage : politique de grands travaux aux États-Unis à partir de 1933 comme la Tennessee Valley Authority, agence fédérale chargée d’aménager la vallée du Tennessee dans les Appalaches (travaux de drainage, d’irrigation, de lutte contre l’érosion des sols, de construction de centrales hydroélectriques et électrochimiques). Des réformes sociales importantes qui ont contribué à l’amélioration de la situation des salariés et notamment des ouvriers. Exemple : aux États-Unis, la 2ème phase du New Deal à partir de 1935 voit la mise en place des assurances-vieillesse pour les plus de 65 ans et d’une assurance-chômage correspondant à la moitié du salaire pendant 16 semaines au maximum et en 1938, loi des 40 h de travail hebdomadaire et salaire minimum par branches d’activité. En France, lois sociales du gouvernement de Front populaire en 1936. Toutes ces mesures s’inspirent à des degrés divers de la pensée de l’économiste britannique John Maynard Keynes qui préconisait une intervention de l’Etat dans son ouvrage Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936). Il y critiquait la thèse de l’autorégulation du marché et de l’emploi développée par les économistes libéraux depuis Adam Smith et Daniel Ricardo. Pour Keynes, l’Etat devait exercer une action régulatrice pour réamorcer la pompe de l’économie de marché en utilisant la dévaluation et en recourant au déficit budgétaire pour stimuler l’investissement. Au final, ces politiques de relance donnent des résultats mitigés : Aux États-Unis, le New Deal n’a pas permis à l’industrie américaine de retrouver son niveau de 1929, le taux annuel de croissance stagne entre 1929 et 1938 et en 1939, le pays compte encore près de 9 millions de chômeurs. Par contre, l’administration Roosevelt est parvenue à imposer l’idée d’un pouvoir régulateur de l’État précurseur de l’État-providence dans un pays jusque-là très individualiste (capitalism’s ambulance wagon selon Daniel Rodgers). En France, le gouvernement Blum s’est heurté à l’hostilité des milieux d’affaires : fuite des capitaux, pause contrainte dans les réformes sociales dès 1937, désunion du Front populaire et échec du gouvernement de Front populaire en 1938. En 1939, la France apparaît comme un pays affaibli : atonie démographique, faiblesse de l’investissement qui a conduit à un vieillissement de l’appareil productif, production industrielle inférieure de 20% à celle de 1929, mentalités frileuses et repli sur soi. Pour faire la différence. Les accords de Munich du 29 septembre 1938 et le pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939 L’accord de Munich du 29 septembre 1938 a été conclu au terme d’une conférence qui a rassemblé le Premier ministre britannique Neville Chamberlain, le dictateur fasciste italien Benito Mussolini, le président du conseil français Édouard Daladier et le chancelier et Reichsführer allemand Adolf Hitler. Cet accord concerne l’annexion d’une région de l’État tchécoslovaque par l’Allemagne nazie à partir du 1er octobre 1938 : il s’agit de la région des Sudètes peuplée de populations germaniques et donc revendiquée par Hitler. Le gouvernement tchécoslovaque n’a pas été invité à participer à la conférence et doit céder une région importante de son territoire. La Tchécoslovaquie, jeune État démocratique fondé en 1919 sur les ruines de l’empire austro-hongrois, se retrouve alors très affaiblie. Les dirigeants français et anglais ont cédé aux exigences d’Hitler pour tenter d’éviter la guerre. Or la Tchécoslovaquie était liée à la France par un traité défensif. La France n’a donc pas répondu à ses engagements et a préféré suivre la voie de l’apaisement défendue par le Premier ministre britannique. Les Français et les Anglais ont alors l’illusion d’avoir sauvé la paix mais Hitler est bien engagé dans une politique de conquête territoriale en Europe. Après l’annexion de l’Autriche dès mars 1938 (l’Anschluss) puis des Sudètes en septembre 1938, c’est l’ensemble de la Tchécoslovaquie qui est démembrée en mars 1939. La France et la Grande-Bretagne se décident alors à réagir et tentent de rallier l’URSS de Staline. Mais Hitler les prend de vitesse en signant un pacte de non-agression avec l’URSS le 23 août 1939 : c’est le pacte germano-soviétique. L’invasion de la Pologne par les armées d’Hitler le 1er septembre 1939 déclenche la Seconde Guerre mondiale. Le protocole additionnel secret à ce pacte partage l’Europe orientale entre les deux pays : la Pologne occidentale et la Lituanie à l’Allemagne / la Pologne orientale, les autres États baltes et la Bessarabie roumaine à l’U.R.S.S. Ce pacte permet à Staline de gagner du temps en laissant ses adversaires se faire la guerre. Pour Hitler, ce pacte permet de lui éviter la guerre sur deux fronts. L’alliance entre les 2 pays est prolongée par le traité du 28 septembre 1939, au lendemain de la défaite polonaise, avec agrandissement de la zone allemande en Pologne en échange de la Lituanie pour l’URSS. Fiche 4 Le monde en 1945 « Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d’être définitive » Albert Camus L’enjeu Le monde sort exsangue de la Seconde Guerre mondiale, cette longue guerre très meurtrière lors de laquelle les limites de l’horreur ont été repoussées. Il ne faut mésestimer ni l’ampleur des pertes humaines, ni le poids des destructions matérielles. Elle laisse un monde en plein désarroi moral, divisé idéologiquement, un monde à reconstruire. 1945, c’est aussi le moment de la prise de conscience de l’indéniable recul des puissances européennes, qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, au profit du challenger d’hier – les Etats-Unis – et d’une nouvelle puissance eurasiatique : l’URSS. 1945 correspond à l’accélération de logiques déjà en œuvre depuis plusieurs décennies, qu’elles soient géoéconomiques, géopolitiques ou démographiques. 1945 signale, en fait, la fin d’un monde et l’éclosion d’un monde moins favorable aux Européens. Le poids de la Seconde Guerre mondiale se fait ressentir longtemps après sa fin en 1945. Il ne faut pas se focaliser uniquement sur l’Europe, l’Asie est aussi un théâtre important de la seconde guerre mondiale où les répercussions sont particulièrement importantes. Il faut se demander en quoi 1945 est la fin d’un monde et le début d’une nouvelle ère. Les notions Les notions à maîtriser sont bien sûr la Shoah, la guerre totale, la puissance et la superpuissance. Les modèles politiques doivent être interrogés puisque cette période oppose le modèle de la démocratie libérale au totalitarisme, même si les démocraties libérales sont rejointes par l’URSS, pourtant totalitaire. Le thème comprend le fonctionnement des institutions de Bretton Woods au fondement du nouvel ordre économique international, complété par la création en 1947 du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) qui diffuse le libre-échange. Il faut aussi comprendre le fondement de l’antagonisme entre les deux « supergrands » à la base de la « guerre froide ». Les incontournables de la question Le bilan de la seconde guerre mondiale : un dramatique bilan humain (50 millions de morts), de terribles destructions, l’usage de la bombe atomique, des États endettés, des monnaies fortement dépréciées, des pays occupés par les armées libératrices. Le bouleversement des rapports de forces en Asie ne doit pas être oublié. Les conférences interalliées de Yalta (février 1945) et Postdam (juillet 1945) qui préparent la fin de la guerre et surtout l’après-guerre autour d’accords comme la liberté de circulation sur les mers ou l’organisation d’élections libres après la chute de pouvoir nazi. Les Nations unies : essayer de régir le monde par le droit et non par la domination d’une puissance sur une bonne partie du monde. Le rôle du conseil de sécurité dont les membres permanents disposent d’un droit de véto ; Les institutions de Bretton Woods : le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) Un dollar « as good as gold », pivot du nouveau système monétaire international Le rôle des colonies et des coloniaux dans l’effort de guerre : impôts, livraison de matières premières indispensables à l’effort de guerre, soldats... L’éveil des peuples colonisés : émeutes de Sétif en Algérie le 8 mai 1945, proclamation de l’indépendance du Vietnam le 2 septembre 1945 ; La méfiance s’accroît entre les supergrands dès l’été 1945, les Etats-Unis procèdent à un premier essai atomique sans en prévenir leur allié soviétique. Les bombes lancées sur Hiroshima (6 août) puis Nagasaki (9 août) confirment la supériorité militaire américaine. Sujets possibles Il faut s’attendre à peu de sujets sur ce thème : L’Europe en 1945 1945 : l’aube d’un monde nouveau. Exemple La domination monétaire des Etats-Unis à partir de 1945 Il n’y a plus, à la suite de la Première Guerre mondiale, d’hégémonie monétaire clairement établie, mais une concurrence entre Londres qui veut que la « livre regarde le dollar en face » et Washington qui ne veut pas assumer les charges de son nouveau leadership. La Seconde Guerre mondiale change la donne. Les Etats-Unis entendent désormais exercer pleinement leur leadership face à une Europe dévastée et une URSS dont Washington se méfie. Les Etats-Unis détiennent alors près de 75% du stock d’or mondial et peuvent alors imposer leur hégémonie monétaire. Le dollar « as good as gold » est la seule monnaie convertible en or en 1945. Aucune contrainte ne pèse sur le Trésor américain qui peut créer de la liquidité monétaire comme il l’entend. Faut-il encore que les intérêts américains coïncident avec ceux du monde. La conférence de Bretton Woods a vu l’affrontement de deux économistes, l’anglais J. M. Keynes et l’américain H.D. White ; le plan White l’emporte soulignant la nouvelle puissance du pays hôte. Pour faire la différence Allemagne, année zéro Le film de Roberto Rossellini, Allemagne année zéro a été réalisé en 1948. Il décrit l’Allemagne défaite, au travers des yeux d’Edmund un petit Berlinois de 12 ans qui essaie de faire vivre sa famille grâce à de petits trafics. Il décrit aussi le désarroi moral d’une société qui a perdu ses repères et dont la priorité est de survivre dans une Allemagne occupée par les vainqueurs de la guerre. Ce film dur, appartient au mouvement du néo-réalisme, il révèle l’ampleur de la misère en Europe. C’est le film de la fin d’un monde, celui dominé par l’Europe.

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