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Partie 1 : L’étalon-or Un Système Monétaire International (SMI) consiste en un ensemble de règles permettant de réaliser des transactions entre pays ayant des devises différentes, c'est à dire de déterminer les modalités de conversion entre celles-ci. Un SMI permet également de réguler le...

Partie 1 : L’étalon-or Un Système Monétaire International (SMI) consiste en un ensemble de règles permettant de réaliser des transactions entre pays ayant des devises différentes, c'est à dire de déterminer les modalités de conversion entre celles-ci. Un SMI permet également de réguler les déséquilibres des paiements internationaux et d'assurer l'alimentation en liquidité des économies. L'intérêt de la stabilité des changes (et donc de la fixité) est de favoriser l'échange international. Ceci a toujours été l'objectif des SMI : éviter l'anarchie et l'insécurité des changes. La stabilité des changes semblerait indispensable au développement du commerce international, mais aussi des flux de capitaux en permettant le développement des échanges, l’accroissement du niveau de vie et de la richesse matérielle. Officiellement, on reconnaît au moins trois fonctions à la monnaie : la mesure de la valeur, permet des transactions (l’intermédiaire des échanges) et la fonction de réserve de valeur (cette devise est stockable). L’étalon-or est le système monétaire international qui a régi les transactions monétaires pendant la quasi-totalité du 19ème siècle. Dans les faits, l’année 1870 marquera l’entrée véritable dans ce nouveau système. A) Repose sur certains principes  €La parité or : La monnaie du pays est définie par un certain poids d'or - ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.  €La convertibilité des billets de banque en or, qui est un principe corrélé avec la frappe libre de l’or qui signifie qu’un billet (titre) pouvait être échangé contre de l’or sous forme de pièce d’or ou d’un certain poids. Rappelons que la monnaie était métallique, la valeur d’une pièce dépend de sa quantité en or.  €Cour légal de l’or : l’or ne peut pas être refusé comme moyen de paiement. B) La mise en place de l’étalon or  Dans la seconde moitié du 19ème siècle, les principales devises du monde étaient convertibles en or. Une tendance progressive au monométallisme or a succédé au bimétallisme or/argent dans un grand nombre de pays européens.  Le premier pays à avoir adopté l'étalon or est l'Angleterre en 1717. Après une interruption à partir de 1797 du fait des guerres napoléoniennes, le retour officiel à l'or se fait en 1816 avec le Coinage Act.  La France pratiquait le bimétallisme or/argent depuis l'époque de la monarchie et Napoléon a donné une définition or du franc, à partir de celle de l'argent, avec une certaine convertibilité entre l'or et l'argent. Mais la célèbre loi de Gresham pouvant être résumée par la formule suivante «la mauvaise monnaie chasse la bonne » eut pour conséquence la fin de ce bimétallisme (la devise faible est utilisée pour échanger alors que la devise forte est thésaurisée). C’est pourquoi, le 28 mars 1803, la loi du sept germinal confirme l’existence du Franc, appelé par tous « franc germinal » indexé et convertible en or. C) La fixité des changes Le mécanisme des points d’or permettait la fixité des changes - les monnaies entre elles ne variaient qu’entre les points d’entrée et les points de sortie d’or. Explication : si la valeur d’une devise baisse dans un pays (A) et pas dans un autre (B), les opérateurs ont intérêt à faire la chose suivante : obtenir de l’or en faisant jouer la convertibilité dans le pays A et obtenir de l’or, transporter l’or dans le pays B et l’échanger contre la devise du pays, enfin revenir dans le pays A et échanger la devise du pays B contre la devise du pays A. La conséquence de quoi la demande en devise est stable dans tous les pays du système. A l’époque de l’étalon or, il existait donc (théoriquement) des mécanismes d'arbitrage qui assuraient que les monnaies restaient plus ou moins fixes. D) L’avantage théorique de l’étalon-or Le principal avantage de l’étalon-or est d’ancrer plus efficacement les politiques monétaires et, donc, les anticipations d’inflation. Le système de l’étalon-or permet de lier les mains des gouvernements par des « menottes en or », selon les termes d’Eichengreen (Golden Fetters : The Gold Standard and the Great Depression, 1992). En adhérant à l’étalon-or, les pays s’engagent à respecter les strictes règles du jeu. Rompre l’engagement est toujours possible, mais politiquement très coûteux et vécu comme un échec. Les agents économiques ont donc toutes les raisons de penser qu’il sera respecté, ce qui assure la crédibilité de la politique monétaire. Relier les cours des devises à la valeur de l’or (ou aux réserves de changes à la suite de la mise en place d’un currency board), permettrait d’éliminer la volatilité des taux de change entre pays, créant ainsi un environnement favorable au développement du commerce international, moteur de la croissance économique. Cet avis n’est pas unanimement partagé cependant. Pour Fritz Machlup « la monnaie a besoin de preneur et non de couverture » (International Monetary Economics, 2008) ce qui fait la force d’une monnaie est la production du pays, son activité économique et non un métal. Ce dernier critique de la présence de l’or dans le système du GES et de Bretton Woods. Le risque avec l’or est que celui-ci sit stockable alors même que, selon lui, la création monétaire ne doit en aucun cas dépendre du stock d’or disponible. E) Un rééquilibrage macroéconomique ? Le mécanisme de rééquilibrage macroéconomique décrit déjà par le philosophe écossais David Hume est fondé sur les hypothèses de la Currency School qui préconisent émettre des billets en fonction des stocks d'or. Donc, plus on a d’or, plus on peut créer de billets de banques. Toutefois l’afflux d’or vers ce pays a un effet sur les prix, d’après la théorie quantitative de la monnaie (MV= PT de Irving Fisher). Ses conclusions Un pays excédentaire perd en compétitivité prix car ses prix vont s'apprécier alors que sa monnaie est fixe. Dans ce système, un pays excédentaire deviendrait donc moins compétitif. À l’inverse, un pays déficitaire voit sa monnaie baisser sur les marchés, ce qui implique une restriction de la masse monétaire, des tensions déflationnistes délétère pour la croissance et la production mais augmente également la compétitivité prix du pays ce qui réduit les déficits. La rigueur extrême provoquerait donc la reprise des exportations. Il faut bien comprendre que, dans cette théorie, seule la fixité des changes créait le rééquilibrage. Les limites de ce mécanisme Cette théorie est fondée sur de nombreuses hypothèses assez éloignées de la réalité. D'abord, que les prix varient en fonction de la quantité de monnaie en circulation. Il faut ensuite que les flux de marchandises réagissent aux variations de prix. Enfin, hypothèse de la currency School qui défend l'idée selon laquelle la quantité de monnaie en circulation doit être corrélée à la détention d'or et d'argent de la banque centrale doit être une vérifiée. Il s’agit d’un système particulièrement rigoureux - les pays qui y participent sont dépendants de l'extérieur car le niveau d’activité des pays étrangers déterminerait la création monétaire intérieure. Keynes a critiqué fortement les préconisations conjoncturelles de ce système car les déséquilibres extérieurs peuvent condamner à une croissance faible, il qualifiera l’or de « vieille relique barbare ». Ce système a été défendu au 20ème siècle par Jacques Rueff qui a conseillé De Gaulle de revenir à l'or dans les années 1960.