Economie de l'environnement PDF 2025

Summary

This ISARA document from January 2025 details the subject of environmental economics, focusing on issues, tools, and positionings. Topics including external costs and benefits, and environmental policies are discussed. It is part of the UP8 course on environmental economics within food systems.

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Economie de l’environnement - enjeux, outils et positionnements UP8: L’ENVIRONNEMENT DANS LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES - ISARA JANVIER 2025 A quoi sert l’économie de l’environnement? Deux objectifs complémentaires: Décrire et com...

Economie de l’environnement - enjeux, outils et positionnements UP8: L’ENVIRONNEMENT DANS LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES - ISARA JANVIER 2025 A quoi sert l’économie de l’environnement? Deux objectifs complémentaires: Décrire et comprendre Comment les comportements des agents impactent-ils l’environnement? Quels sont les effets des politiques de l’environnement sur l’économie ? La valeur (pour la société) et coût d’une réduction de la pollution Les effets sur le bien-être de la société (somme des coûts et bénéfices individuels) Recommander –Combien la collectivité devrait-elle dépenser pour son environnement? –Quelles politiques environnementales devraient être mises en place? –Quels objectifs ces politiques devraient-elles viser? Objectif du cours Expliquer les concepts d’externalité et de ressource commune Décrire les principaux outils des politiques publiques de l’environnement Discuter des avantages et des inconvénients de ces politiques Comprendre les termes du débat sur la monétarisation de l’environnement ❑Connaître les arguments en faveur de l’évaluation monétaire ❑Identifier les critiques et les limites de cette approche Savoir définir la valeur économique totale Connaître les principales méthodes économiques d’évaluation de l’environnement https://www.watson.ch/fr/suisse/economie/466784025-qu-est-ce-que-le- revenu-de-transition-ecologique Plan du cours Les fondements de l’économie de l’environnement Les politiques publiques de l’environnement L’évaluation économique de l’environnement Concepts fondamentaux de l’économie de environnement « Les économistes désignent par « externalité » ou « effet externe » le fait que l'activité de production ou de consommation d'un agent affecte le bien- Le concept d’externalité : être d'un autre sans qu'aucun des deux reçoive ou paye une compensation « Une externalité se produit lorsqu’une action pour cet effet. Une externalité présente ainsi deux traits caractéristiques. économique (production ou consommation) a des D'une part, elle concerne un effet secondaire, une retombée extérieure d'une effets sur une ou plusieurs tierces personnes sans que activité principale de production ou de consommation. D'autre part, ces effets donnent lieu à un paiement ou à une l'interaction entre l'émetteur et le récepteur de cet effet ne s'accompagne transaction.» d'aucune contrepartie marchande ». https://www.universalis.fr/encyclopedie/externalite-economie/ => Lorsqu’ils prennent une décision, les acteurs n’intègrent pas les coûts / bénéfices des externalités que leur action engendre. Concepts fondamentaux de l’économie de environnement Le concept d’externalité en résumé : Le coût des externalités négatives n’est pas entièrement supporté par les agents qui en sont à l’origine. Les agents à l’origine d’externalités positives ne sont pas rétribués. Le marché ne peut donc pas allouer efficacement les ressources. Concepts fondamentaux de l’économie de environnement Les ressources communes Concepts fondamentaux de l’économie de environnement Usage rival Biens privés Ressources communes Aliments et boissons Poissons des océans Les ressources communes Automobiles Forêts (…) Ressources en eau potable (…) Usage non rival Biens de club Biens collectifs Internet Défensenationale Télévision par câble Police Pont ou tunnel Education (…) (…) Exclusif (Appropriable) Non exclusif Multiples exemples actuels: (non appropriable) Ressources naturelles: réserves halieutiques, forêts, prairies, … Mais aussi: connaissance, logiciels libres, ressources éducatives libres, … Concepts fondamentaux de l’économie de environnement La «Tragédie des communs» (Hardin, 1968) Exemple d’un pâturage en libre accès: les éleveurs peuvent faire paître leurs animaux sur un terrain n’appartenant à personne en particulier Chaque éleveur rationnel: - Obtient des bénéfices directs de ses animaux - Est incité à augmenter la taille de son troupeau - Ne supporte qu’une partie des coûts de la détérioration liée au surpâturage causépar son troupeau et par les troupeaux des autres éleveurs « C’est là que réside la tragédie. Chaque homme est enfermé dans un système qui le contraint à augmenter les effectifs de son troupeau de manière illimitée dans un monde qui est limité. La ruine est la destination vers laquelle tous les hommes se ruent, chacun poursuivant son meilleur intérêt dans une société qui croit en la liberté des biens communs ». (Hardin 1968, p. 1244) Concepts fondamentaux de l’économie de environnement Le concept de bien commun en résumé : La plupart des ressources naturelles sont des biens communs (rivaux et non-exclusifs) Les individus décident de l’usage des ressources en fonction du coût privé qu’ils supportent. Dans le cas de biens communs, ils ne supportent pas l’intégralité des coûts de la dégradation des ressources naturelles. Ils n’ont pas intérêt à limiter volontairement leur usage des biens communs. => Surexploitation et dégradation Surexploitation et dégradation Les solutions des économistes en matière d’environnement Constat: les entreprises, les ménages, les administrations publiques n’intègrent pas spontanément : Le coût des dommages qu’ils causent à l’environnement. La rareté future des énergies et des matières premières. Comment inciter les «agents» à modifier leurs comportements? Quel est le rôle des pouvoirs publics? Les politiques publiques de l’environnement Objectif: agir sur les choix des acteurs économiques de façon à réduire les atteintes à l’environnement Supprimer les coûts supportés par certains agents Anticiper les coûts futurs induits par l’activité économique présente. Deux types de politiques «traditionnelles»: Outils réglementaires : contraindre les comportements nocifs Outils économiques : inciter à des comportements plus vertueux De nouvelles formes de politiques publiques Outils informationnels: responsabiliser et sensibiliser Engagements volontaires Un processus politique Comment quantifier un niveau optimal de pollution? Comment atteindre cet objectif de pollution? Comment évaluer l’efficacité des politiques publiques? Les politiques publiques de l’environnement : les outils réglementaires Les outils réglementaires: normes et standards : Règlementation: logique de contrainte Politiques publiques de «première génération»: historiquement dans les domaines de l’assainissement, de l’hygiène … Adoption par l’Etat de législations, contrôles et pénalités afin de contraindre le comportement des pollueurs: Normes, standards, licences qui prescrivent (obligations et interdictions) certains types de comportement environnemental Restrictions en quantité sur la pollution Contraintes identiques pour tousles pollueurs: Normes d’émission: valeurs limite d’émission de polluant, … Normes de procédés: techniques de production, utilisation d’intrants, … Autorisation administrative d’exploitation: ICPE (Installations Classées pour la protection de l’environnement), … Les politiques publiques de l’environnement : les outils réglementaires Efficacité économique faible: coût élevé du processus réglementaire Coûts de récolte d’information (sur les coûts de production et de dépollution) Coûts de mise en conformité (investissements, maintenance, formation…) Coûts administratifs de contrôle Coûts de mise en œuvre du règlement, des transactions politiques, etc… Efficacité environnementale variable Dans certains cas: progrès technologiques : ex du développement des pots catalytiques, valorisation des lisiers industriels En général: peu d’incitation à dépolluer au-delà de la contrainte Freins Contrôle difficile Sanctions peu dissuasives Lobbying Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques Politiques publiques de « deuxième génération » Objectif théorique: réduire les pollutions et atténuer les pressions que les activités humaines exercent sur l’environnement grâce à un signal prix Faire peser le poids des dommages sur ceux qui en sont responsables Laisser les pollueurs décider de réduire leurs activités polluantes ou bien de continuer à polluer mais en en payant le prix. Inciter à l’innovation Deux mécanismes: Fiscalité environnementale Marchés d’échange de quotas => Mais: comment évaluer le «prix» (du carbone, des autres externalités…) ? Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques La monétarisation de l’environnement : Agir sur les prix par les taxes Pigou (1877-1959) et la taxe pigouvienne : précurseur sur les questions de pollution Posture interventionniste Logique d’incitation - Appliquer une taxe sur la pollution - « Corriger » le prix de marché pour que les agents prennent en compte le coût de leur pollution dans leurs décisions - Principe «pollueur-payeur» pour internaliser les externalités Socle théorique robuste Calcul d’un niveau de pollution optimal Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques La monétarisation de l’environnement : La fiscalité environnementale Principe « pollueur payeur », Charte de l’environnement (2005) Article L110-1, II, 3°du code de l'environnement: « les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur. » Définition OCDE et UE : « une taxe environnementale est une taxe dont l’assiette est une unité physique de quelque chose qui a un impact négatif spécifique et avéré sur l’environnement ». Quatre catégories Taxes «énergie»: consommations et productions d’énergie non renouvelables Taxes «transport»: détention et usage de véhicules à moteur Taxes «pollution»: émissions polluantes Taxes «ressources» : extraction de ressources naturelles sauf gaz et pétrole Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques Le cas de la taxe carbone Prélèvement fixé par le gouvernement qui s’ajoute sur le prix de vente des combustibles fossiles sur la base de leur intensité de carbone. Objectif : encourager les producteurs d’énergie, les entreprises et les particuliers à réduire la teneur en carbone de leurs activités En augmentant l’efficacité énergétique En passant à des sources d’énergie plus propres En modifiant les comportements. Une taxe carbone peut cibler les producteurs en amont ou, les entreprises et les utilisateurs finaux en aval. Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques La taxe carbone renvoie aussi au consentement à payer ! La taxe carbone en France Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques La marchandisation de l’environnement : les marchés de quotas d’émission Agir sur les quantités par l’attribution de droits de propriété Ronald Coase (Prix Nobel en 1991) Argument: les externalités sont liées à l’absence de droits de propriété Théorème: Si les droits de propriété sont complètement assignés, Si les agents (pollueur et pollué) peuvent négocier sans coûts, Alors la négociation (avec transfert monétaire) décentralisée (sans intervention du gouvernement) aboutira à une solution au problème d’externalité. Politique libérale (par le marché) de «laissez-faire» Limites: coûts de transaction (nombreux acteurs, pollution diffuse, etc.) Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques Les marchés de quotas d’émission, en quelques chiffres : Le marché européen des émissions de carbone (EUEmission Trading Scheme) En place depuis 2005 ≈ 12 000 installations concernées (électricité, cimenterie, aciérie, papeterie) Réduction progressive du plafond d’émissions (et donc du nombre de quotas en circulation): -43% en 2030 par rapport à 2005. Des avantages économiques Répartition décentralisée des efforts de réduction des pollutions Détermination ex-ante du volume global des émissions à atteindre (≠ taxes) Moindre coût pour les pouvoirs publics Des difficultés spécifiques Intenses actions de lobbying Fluctuations de prix pouvant être importantes (risque de spéculation) Sensibilité aux variables conjoncturelles (crise économique) Nombreuses fraudes (notamment via des mécanismes de compensation) Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques Marchés de «droits à polluer»: un prix inefficace? Prix de la tonne de carbone ces dernières années : entre 5 et 7€ la tonne Avant 2018, inférieur à 10€/tonne mais 26 euros en 2019 (anticipations des entreprises) Selon les analystes, il faudrait un prix de la tonne autour de 30 € pour observer un impact sur les comportements industriels. Discussions en cours autour d’un éventuel «prix plancher» Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques Marchés de «droits à polluer»: un prix inefficace? Effondrement après le 1erconfinement (mars 2020 : 15 euros) Le prix du carbone retrouve ses plus hauts en Europe (juillet 2020) Les crédits carbone européens ont dépassé 30 euros la tonne, au plus haut depuis 2006. La perspective d'une relance verte soutient les prix, mais la crise économique pourrait bientôt peser sur les cours. Polluer a rarement coûté aussi cher en Europe (…) les espoirs d'une relance européenne axée sur la transition écologique ont soutenu les cours, leur permettant de doubler en quelques mois. (site «les Echos» 15/07/2020) Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques Avant décembre 2022 : Jusqu’à présent, en plus des plafonds de quotas, certains secteurs bénéficiaient de « droits à polluer » gratuitement, au nom de la lire concurrence internationale But : empêche la délocalisation de certains secteurs. Accords du 18 décembre 2022 (Appliqués en 2026-27) : Fin (progressive) des quotas gratuits attribués à certaines entreprises Instauration d’une taxe carbone aux frontières des secteurs les plus polluants (fer et acier, aluminium, ciment, engrais, électricité), ainsi que l'hydrogène Extension des secteurs concernés par les quotas (transports maritime et routier, incinérateurs…) Les politiques publiques de l’environnement : les outils économiques Donner un prix au carbone : avantages et limites Outils économiques au cœur des politiques publiques de l’environnement. Prix du carbone : objet des discussions politiques autour du climat Multiplication des initiatives dans le monde Taxes et marchés ont chacun leurs avantages et inconvénients: Marché de quotas efficace en théorie mais peu incitatif en pratique si prix trop bas et nombreuses fraudes Nécessité d’encadrer et de réguler ce marché Ne concerne que les secteurs industriels les plus polluants Des taxes carbone plus ou moins ambitieuses selon les contextes Poids importants sur les ménages Pas de consensus international sur le sujet Taux de taxe difficile à déterminer Le prix du carbone est une incitation parmi d’autres au changement de comportement de consommation et de production. De la monétarisation à la marchandisation, en passant par la financiarisation La financiarisation, où l’intervention d’acteurs (et d’actifs !) financiers L’exemple des banques de compensation https://www.youtube.com/watch?v=kZvF-5DsxcE https://www.cdc-biodiversite.fr/reference/cossure-premier-site- naturel-de-compensation-francais/ Des alternatives à la monétarisation ? Réduire l’empreinte carbone à l’échelle individuelle Des alternatives à la monétarisation ? L’écologie industrielle, le cas modèle de la ville danoise de Kalundborg https://www.alternatives-economiques.fr/ecologie-industrielle-lexemple-de- kalundborg-0104201142510.html Des alternatives à la monétarisation ? L’urbanisme, l’exemple de l’objectif « Zéro artificialisation nette » (ZAN) Favoriser le renouvellement urbain et la densification. https://www.cerema.fr/fr/actualites/objectif-zan-levier- integration-qualite-sols-documents Les politiques publiques de l’environnement : pour résumer Logique économique : réduction des externalités négatives et développement d’activités économiques plus favorables à l’environnement Grandes catégories de politiques environnementales Limiter l’espace de choix des acteurs par la réglementation Modifier les signaux de marché (prix et rentabilité) Accompagner les décisions pro-environnementales des consommateurs et des entreprises Efficacité variable des politiques environnementales Efficacité environnementale Efficacité économique Nombreux freins au changement Accords internationaux Lobbying Prix des matières premières Nombreux défis méthodologiques : comment évaluer l’environnement ? Evaluation économique de l’environnement Evaluation économique de l’environnement CONSTAT GENERAL Coût des dommages subis par l’environnement - externalités négatives Réchauffement climatique, Pollutions des sols, de l’eau, de l’air, Marées noires, « boues rouges », … Valeur des services rendus par les écosystèmes – externalités positives Ressources énergétiques, minérales, Eaux potables, alimentation Biodiversité, aménités paysagères, … Evaluation économique de l’environnement Avant d’évaluer… Faut-il « monétariser » l’environnement ? La nature comme un acteur économique producteur de biens et de services. Monétariser l’environnement, c’est donner une valeur aux externalités positives ou « services écosystémiques », ou au contraire mesurer le coût de l’absence de ces externalités positives Donner une valeur monétaire à l’environnement : démarche au coeur de « l’économie verte » et de la « transition écologique » MAIS Problèmes éthiques, philosophiques Un outil d’aide à la décision => Economie Politique Problèmes méthodologiques Faut-il « monétariser » l’environnement ? Des positions en faveur de la monétarisation … Randall (1988) : « la meilleure façon de protéger la biodiversité est de lui affecter une valeur économique » Myers and Richert (1997): “we don’t protect what we don’t value” Sukhdev (2008) : « L’économie des écosystèmes et de la biodiversité peut contribuer de façon décisive à la sauvegarde de la biodiversité » Mais une utilisation controversée des valeurs monétaires dans les politiques publiques Bilas (1990) : « policy making is driven by politics, not by economics » Heal (2000) : « L’évaluation économique n’est ni nécessaire ni suffisante pour la conservation. Nous conservons beaucoup de choses que nous n’évaluons pas, et ne conservons pas de nombreuses choses que nous évaluons. » Godard (2007): « l’efficacité économique (...) ne constitue pas une préoccupation majeure pour la plupart des acteurs qui prennent part au processus d’élaboration et de choix d’une politique » PAS DE CONSENSUS Faut-il « monétariser » l’environnement ? Trois grands rapports économiques fondateurs « l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire » (Millennium Ecosystem Assessment), rapport commandé par le Secrétaire général des Nations Unies, coordonné par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) établi de 2001 à 2005 par près de 1500 experts d’une cinquantaine de pays. SERVICES ECOSYSTEMIQUES EXEMPLES Services d’auto-entretien nécessaires à la fourniture des Oxygène, couche d’ozone, cycle de l’eau, etc. Ceux qui autres services conditionnent notre existence sur Terre Services de prélèvement Alimentation, bois, ressources génétiques, combustibles… Services de régulation Captation de de l’eau, lutte contre l’érosion, dépollution Ce sont ces dégradations qui génèrent souvent une prise globale de conscience Services culturels Education, paysages, héritages culturels, valeur culturelle parfois religieuse, récréative… Faut-il « monétariser » l’environnement ? Trois grands rapports économiques fondateurs Le rapport d’un économiste, Nicholas Stern (directeur du Budget et des Finances publiques au Trésor britannique), « économie du changement climatique » publié le 30 octobre 2006. Il chiffre les conséquences du changement climatique en 2025. Le rapport Stern propose diverses orientations : 5500 milliards de dollars − Allouer 1% du pib mondial à la lutte contre le changement climatique c’est le coût annuel de l’inaction climatique et de la dégradation − Fixer un prix au carbone pour le taxer des services écosystémiques (soit 5% du PIB Mondial) − Propose une analyse coûts-avantages en faveur de la biodiversité Un rapport critiqué dans les deux camps : volontairement trop alarmiste ou porteur d’une vision utilitariste de la nature. Faut-il « monétariser » l’environnement ? Trois grands rapports économiques fondateurs Le rapport de Pavan Sukhdev, économiste indien, « l’Économie des écosystèmes et de la biodiversité » (The Economics of Ecosystems and Biodiversity - TEEB), commandé par les nations unies en 2007 en amont de la Cop10 à Nagoya en 2010. Rapport qui analyse les valeurs marchandes fournies par les écosystèmes. La notion de « services » fournis par des « biens » est ici centrale… donc marchandisation. « La nature est une source de valeur importante au quotidien mais il n’en demeure pas moins qu’elle n’apparaît guère sur les marchés, échappe à la tarification et représente un défi pour ce qui est de l’évaluation. Nous sommes en train de nous apercevoir que cette absence d’évaluation constitue une cause sous-jacente à la dégradation observée des écosystèmes et à la perte de la biodiversité » (Rapport TEEB, 2010). Faut-il « monétariser » l’environnement ? Synthèse des enjeux « Monétariser » l’environnement : - c’est donner une valeur monétaire pour protéger les écosystèmes - c’est faire prendre conscience des impacts du changement climatique, mais par le biais de l’impact monétaire … critiquable ! La monétarisation, la partie visible (calculable) de l’iceberg. Concrètement, comment monétariser ? L’évaluation monétaire en pratique 1. Définir la valeur économique totale Valeur d’usage : avantages que nous retirons de la consommation d’un actif naturel Valeur de non usage : fonctions et usages non « consommés » et non « consommables » 2. Choisir une ou plusieurs méthodes de calcul Prix de marché Coûts (plus ou moins observables) Prix révélés par des enquêtes Valeurs tutélaires (tarifs politiques) L’évaluation monétaire en pratique Définir la valeur économique totale Différentes valeurs Valeur économique totale confèrent une valeur économique totale Valeur Valeur de d’usage non-usage Valeur Valeur Valeur de Valeur Valeur directe legs/héritage indirecte d’option d’existence Services directement Services indirectement Usage potentiel : Altruisme intra ou Valeur intrinsèque, consommables : utilisés conservation, intergénérationnel : altruisme envers la alimentation, Fonctions écologiques, diversité biologique, conservation pour les nature : contemplation, bois, hydrauliques, écologiques: paysage… générations futures : apprécier la nature pour biomasse, pratiques pollinisation, régulation du écosystèmes, biodiversité, ce qu’elle est récréatives (randonnées…) climat, fertilité des sols, stabilité climatique… et esthétiques (belle pureté de l’eau… vue…) … Comment mesurer la valeur d’usage ? Deux options : Valeur économique totale - par les prix (prix du marché) : (méthode Valeur d’usage basée sur les prix de marché, méthode basée sur la productivité, méthode des prix hédoniques, méthode des coûts de Valeur Valeur transport) Valeur directe indirecte d’option - par les coûts (prix hors marché) : (méthodes des coûts évités, coûts de remplacement et coûts substituts), Comment mesurer la valeur d’usage ? Par le marché : Biens et services environnementaux donnant lieu à des transactions Prix de marché des énergies fossiles Calculer la valeur d’usage par Prix de marché de l’eau potable les prix Valeur ajoutée de la production halieutique Chiffre d’affaires d’un parc national (ex. Yellowstone). Hypothèse : les prix révèlent la valeur des services rendus Or les prix évoluent, fluctuent… exemple des cours du pétrole. Comment mesurer la valeur d’usage ? Par les coûts : Coûts des dommages évités : Lorsque la ressource peut être substituée (par des installations humaines) Coût des dispositifs de substitution pour remplacer Coûts de dispositifs de protection pour éviter Exemples : coût des écrans anti-bruit, installation de double vitrage, Coûts d’une usine de filtration de l’eau Vs Forêt. Coûts d’une digue Vs zone inondable Calculer la valeur d’usage par les coûts Limites Applications restreintes aux cas où le remplacement technique est envisageable => apprécier le coûts en évaluant le prix d’une substitution technique à un service écosystémique Comment mesurer la valeur Calculer la valeur d’usage par d’usage ? les coûts Coûts des dommages et coûts de restauration (Cas de dommages environnementaux) Méthode des coûts des dommages, dommages constatés après dégradation : Dépenses ou pertes constatées suite à une détérioration de l’environnement Perte de production suite à une pollution de zone agricole Pertes des revenus des pêcheurs suite à une marée noire Méthode des coûts de restauration : Coût de la restauration d’un bien environnemental à son état originel Coût de la dépollution d’une zone agricole Nettoyage des côtes, soins de la faune et de la flore après une marée noire Limites: Ne tient compte que des dépenses et coûts constatés Les marées noires, des coûts de dommage ET de Plus on dégrade, plus la valeur augmente… restauration (coûts du naufrage de l’Erika Source, source Ouest France) Comment mesurer la valeur d’usage ? Coûts de déplacement / coûts de transport Calculer la valeur d’usage par L’exemple des activités récréatives les coûts Valeur d’un site naturel (parcs, forêts, plages, montagnes, réserves) estimée par les dépenses des usagers pour y accéder Hypothèses: Les dépenses consenties par les usagers sont liées à l’attractivité du site La qualité environnementale fait partie des caractéristiques du site Méthode : Enquête sur site Nombre de visites par an (demande) Coûts de la visite (transport, nuitée, repas, … ) et temps investi Analyse statistique de la relation entre les dépenses des usagers et les caractéristiques environnementales du site. Difficultés principales Valeur du temps Destinations combinées Espaces accessibles à pied, en vélo En résumé Calculer la valeur d’usage Méthodes des « préférences révélées » (par les transactions) Observation des comportements sur des marchés existants. Etude des dépenses consenties. Hypothèse forte (et critiquable) : les marchés (et donc les prix) reflètent la valeur de biens ou services environnementaux Limites: Seule la valeur d’usage est mesurée. Possible confusion entre les variables explicatives Information incomplète sur la qualité environnementale des biens Il n’existe pas toujours de marché. Comment évaluer la valeur économique totale d’un bien environnemental, notamment en l’absence de marché sur lequel observer les comportements ? Et la valeur de non-usage ? Différentes valeurs Valeur économique totale confèrent une valeur économique totale Valeur Valeur de d’usage non-usage Valeur Valeur Valeur de Valeur Valeur directe legs/héritage indirecte d’option d’existence Services directement Services indirectement Usage potentiel : Altruisme intra ou Valeur intrinsèque, consommables : utilisés conservation, intergénérationnel : altruisme envers la alimentation, Fonctions écologiques, diversité biologique, conservation pour les nature : contemplation, bois, hydrauliques, écologiques: paysage… générations futures : apprécier la nature pour biomasse, pratiques pollinisation, régulation du écosystèmes, biodiversité, ce qu’elle est récréatives (randonnées…) climat, fertilité des sols, stabilité climatique… et esthétiques (belle pureté de l’eau… vue…) … Calculer la valeur économique totale La méthode dite « de l’évaluation contingente » (sous conditions) : La méthode d'évaluation contingente est un outil de la science économique imaginé dans les années 1950 aux États-Unis pour mesurer la valeur monétaire de ce qui est d'ordinaire non marchand « Demander directement aux individus ce qu’ils seraient prêts à payer pour préserver un bien environnemental ou ce qu’ils seraient prêts à recevoir comme dédommagement pour tolérer un dommage » (Abdelmalki Lahsen, Mundler Patrick, 2010) Consentement à payer (CAP) : Montant maximal qu’un agent est prêt à payer pour acquérir un bien privé Montant maximal qu’un individu est prêt à consentir pour améliorer la qualité d’un bien environnemental Consentement à recevoir (CAR) : Montant minimal qu’un individu est prêt à accepter pour compenser une dégradation d’un bien environnemental « Préférences déclarées » : intentions exprimées dans des enquêtes Calculer la valeur économique totale Principe : demander à des enquêtés la valeur qu’ils attribuent à un bien ou un service environnemental Méthodes d’enquête standardisées (recommandations de la National Oceanic and Atmospheric Administration dès 1993) Structure du questionnaire : 1. Questions générales : Opinion, attitudes, … 2. Questions relatives au bien/service environnemental évalué Description d’un scénario : état actuel et évolutions possibles (statu quo, prévention, restauration, …) Description du mode de financement (ex: droit d’entrée, facture d’eau, …) Question(s) sur le CAP: enchères / question ouverte / fermée / carte de paiement 3. Questions relatives aux caractéristiques socio-économiques Echantillon représentatif de la population concernée Calculer la valeur économique totale Biais hypothétique : Intentions déclarées ≠ comportements réels (« Cela ne me coûte rien si je déclare être prêt à payer pour la propreté des lieux publics ») Biais d’ancrage : Questions fermées « ancrant » les valeurs déclarées sur les valeurs proposées Biais d’inclusion Réponses reflétant une opinion générale (par ex. sur la biodiversité) plutôt qu’une valeur précise (par ex. pour la restauration d’une zone humide en particulier) Biais de désirabilité sociale, biais de l’enquêteur : « Je vais donner une bonne image de moi si je déclare être prêt à payer pour la protection d’une espèce » Biais stratégique Anticipation de la mise en place d’un impôt, d’un péage; d’un droit d’entrée (« si je déclare un CAP positif, je vais devoir payer une nouvelle taxe ») Calculer la valeur économique totale Quelques éléments de synthèse La valeur d’usage et de non-usage définissent une valeur économique totale d’un service écosystémique et plus généralement de l’environnement Mais des méthodes fortement critiquables, avec de nombreuses variables ! Tout n’a pas de valeur économique Rapport anthropo-centré à la nature… et pourtant l’Homme absent des calculs (questions éthiques). Calculer la biodiversité entre limite et porte ouverte vers l’agro-écologie Le rapport présidé par B. Chevassus-au-Louis en 2009 Une tentative de chiffrage de la valeur à l’hectare Calculer la biodiversité « En ce qui concerne la biodiversité générale, le groupe de travail propose de ne pas chercher à l’évaluer directement mais de le faire à partir des services des écosystèmes dont profite la société » « Il est illusoire de vouloir définir un indicateur unique rendant compte de tous les aspects de la biodiversité. En revanche, il est possible de caractériser, en un lieu donné et par rapport à une préoccupation donnée, l’état de la biodiversité à partir d’une batterie d’indicateurs pertinents » Chevassus-au-Louis Bernard (2009), Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes, Rapports et Documents du Centre d’analyse stratégique, 376 p. Un ensemble d’indicateurs mobilisés pour calculer les services écosystémiques définis par le Millennium Ecosystem Assessment Une monétarisation de la valeur de la forêt par les services écosystémiques rendus Le bois, une « valeur » finalement « minime » au regard d’autres services écosystémiques Chevassus-au-Louis Bernard (2009), Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes, Rapports et Documents du Centre d’analyse stratégique, p315 Une monétarisation de la valeur des prairies extensives par les services écosystémiques rendus Un calcul « à minima » Chevassus-au-Louis Bernard (2009), Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes, Rapports et Documents du Centre d’analyse stratégique, p318 Concilier durabilité agricole et écologique « La gestion de la biodiversité pour la fourniture simultanée de différents services constitue un enjeu important dans le cas des prairies permanentes, qui sont susceptibles de produire toute une gamme de services : conservation de la biodiversité, production fourragère, qualité des eaux, régulation du climat via la séquestration du carbone et la limitation des émissions de gaz à effet de serre… Or tous ces services, et les biodiversités qui les sous-tendent, ne présentent pas les mêmes courbes de réponse à l’intensification de la gestion – qui, pour les prairies, correspond à une augmentation de la fertilisation et de l’intensité de fauche ou de pâturage. L’enjeu principal de la gestion sera donc la recherche d’un optimum, ou tout au moins d’un compromis entre services ». Biodiversité des espaces agricoles et services écologiques rendus par cette biodiversité », Robert Barbault éd., Agriculture et biodiversité. Valoriser les synergies. Éditions Quæ, 2009, pp. 59-89. => services agro-systémiques : concilier agriculture et écosystème… sans faire des agriculteurs des « jardiniers » mais au centre d’un « optimum ». => intensification écologique, ouverture vers l’agroécologie. L’agroécologie, internaliser les externalités ou comment les Services Ecosystémiques et les Externalités sont au cœur des transitions L’agroécologie tend à développer des agroecosystèmes avec des services écosystémiques comme co-produits de l’homme et la nature. Une opportunité d’inflexion des modèles agricoles Mais pas ou peu de consensus politiques, économiques, sociétaux… de même qu’un besoin de accru de connaissances scientifiques (nb sur les services rendus). http://www.itab.asso.f r/downloads/amenite s/amenites-ab- rapport-nov2016.pdf L’évaluation économique de l’environnement : pour résumer Malgré un usage croissant de la monétarisation par les décideurs publics et privés… … L’évaluation économique de l’environnement reste une méthode parmi d’autres d’aide à la décision Malgré un solide ancrage théorique… Elle se heurte à - La complexité du vivant - Les limites spécifiques à chaque méthode - Des résultats pour une date et un lieu donnés L’évaluation économique de l’environnement : pour résumer La préservation de l’environnement passe par un ensemble de mesures: règles, normes, lois, éducation, démocratie, science, information, métiers, mobilisation citoyenne, nouveaux indicateurs de richesse, réformes des institutions,… Les rapports hommes-nature ont aussi un versant économique Tendance actuelle forte en faveur des outils économiques de préservation de l’environnement – Évaluer les externalités négatives – Evaluer les services écosystémiques Evaluation économique, une question qui divise: Pour : « Les méthodes d’évaluation monétaire devraient conduire à des décisions plus favorables à l’environnement » Contre : « La nature n’a pas de prix. » Intermédiaire : « Protéger la nature a un coût qu’il convient d’évaluer si possible. » Etudes de cas ! A vous de jouer

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