Cours 2025 - Espaces et Identités Touristiques - PDF
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2025
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Cours sur le patrimoine et le tourisme, décrivant les impacts économiques et culturels du patrimoine, et les différentes typologies du patrimoine culturel, ainsi que l'histoire d'une notion de patrimoine.
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2ème partie. Espaces et identités touristiques. C1. PATRIMOINES ET TOURISME - retombées économiques et acteurs Introduction = Aujourd’hui le patrimoine est une source de prospérité, de revenu, d’emplois, d’attractivité. On sait que le classement d’un monument au label Patrimoine mondia...
2ème partie. Espaces et identités touristiques. C1. PATRIMOINES ET TOURISME - retombées économiques et acteurs Introduction = Aujourd’hui le patrimoine est une source de prospérité, de revenu, d’emplois, d’attractivité. On sait que le classement d’un monument au label Patrimoine mondial de l’Unesco entraîne une augmentation de la fréquentation du site. On est au cœur du problème avec cette association d’objectifs : valorisation touristique et protection du site. L1. Le patrimoine, source de prospérité. 1. Qu’est-ce que le patrimoine ? A. Définition. Le mot patrimoine est issu du latin patrimonium, c’est-à-dire, l’héritage, le bien de famille transmis par le père (pater) et la mère. S’il recouvre étymologiquement la sphère individuelle, le sens du mot patrimoine a au fil du temps été élargi au bien collectif, de la communauté, de la nation, et même du monde. La notion de patrimoine dans son acceptation de bien collectif peut se définir comme l’ensemble des richesses d’ordre culturel – matérielles et immatérielles – appartenant à une communauté, héritage du passé ou témoins du monde actuel. Le patrimoine est aussi bien naturel que culturel. Il est considéré comme indispensable à l’identité et à la pérennité d’une communauté donnée et comme étant le résultat de son talent. A ce titre, il est reconnu comme digne d’être sauvegardé et mis en valeur afin d’être partagé par tous et transmis aux générations futures. B. La typologie. Le patrimoine est un ensemble multiple et complexe. Par souci de clarté voici les différentes typologies arrêtées par l’UNESCO (Organisation des Nations-Unies pour l’Education, les Sciences et la Culture) : > Le patrimoine culturel, qui comprend : >> le patrimoine culturel matériel : - le patrimoine culturel mobilier (peintures, sculptures, monnaies, instruments de musiques, armes, manuscrits, etc.), - le patrimoine culturel immobilier (monuments, sites archéologiques, sites industriels, etc.), - le patrimoine culturel subaquatique (épaves de navire, ruines et cités enfouies sous les mers), >> le patrimoine culturel immatériel : traditions orales, arts du spectacle, rituels. > Le patrimoine naturel : sites naturels ayant des aspects culturels tels que les paysages culturels, les formations physiques, biologiques ou géologiques. C.Histoire d’une notion = la notion de Patrimoine est récente. Jusqu’à la Renaissance, les sociétés occidentales ont considéré les biens qu’elles produisaient d’une manière fondamentalement matérialiste. La survie puis le développement sont les premières valeurs pour ces sociétés qui n’hésitent pas, à défaut d’une quelconque utilité, à détruire les monuments et objets antérieurs ou à les réemployer. Les seules exceptions concernent soit des biens ayant trait à la religion et possédant une valeur sacrée, soit des biens permettant d’affirmer le pouvoir. Il faut attendre la Renaissance pour que la valeur fondatrice du passé s’affirme réellement. La référence à la culture antique est prédominante. Des chefs-d’œuvre, qui ornaient, dans l’Antiquité, jardins et villas romaines, restés longtemps ensevelis, sont exhumés de toute part. Pour abriter ces prestigieuses trouvailles, papes, mécènes, prélats et princes constituent et mettent en scène dans leurs palais de superbes collections d’antiques et créent les premiers cabinets de curiosité, les studiolo. Quand tout change ? Avec la Révolution française. La véritable apparition du patrimoine comme un bien commun intervient à la Révolution. La véritable apparition du patrimoine comme un bien commun intervient à la Révolution. Dès 1789, la Révolution Française met en route le grand processus d’appropriation des " biens nationaux " : - confiscation des biens du Clergé ; - confiscation des biens des émigrés ; - Confiscation des biens de la couronne. La nouvelle Nation devient propriétaire et garante d’une quantité phénoménale d’objets, de livres, de monuments. Elle invente le principe de collectivisation des œuvres et attribue à l’État seul les compétences en matière de conservation, de destruction et de mise en valeur. Paradoxalement cette période est fortement marquée par les destructions qui gagnent l’ensemble du pays et deviennent incontrôlables. Elles sont nourries à la fois par la volonté de faire table rase du passé en effaçant tous les symboles de la royauté (destruction du " galerie des Rois " de Notre-Dame de Paris, profanation des Sépultures Royales de la Basilique de Saint-Denis, etc.) et par la nécessité de fabriquer des armes, nourrir les bouches à feu en fondant les statues, les grilles des sanctuaires,... Très tôt des voix s’opposent à ces destructions. A partir de 1790, l’Etat va demander un inventaire des biens, voter la conservation des chefs d'œuvre d’arts et pénaliser les dégradations. On crée également le musée. 1793 Le Louvre est le premier musée. Il faut attendre la Monarchie de Juillet pour voir s’engager une politique forte en matière de patrimoine. En 1830 pour que François Guizot, alors député et ministre de l’Intérieur, fait valider par Louis-Philippe la création de l’Inspection générale des Monuments historiques. A la fin du 19ème siècle, une législation de protection du patrimoine est votée. Exemples de lois = 1906 : Loi sur la protection des sites et des monuments naturels de caractère artistique. Elle représente la première loi de protection des sites naturels et démontre une évolution dans la conception des champs patrimoniaux. Loi complétée par celle de 1930. 1962 : La loi Malraux instaure les secteurs sauvegardés, qui étendent aux ensembles urbains historiques la notion de patrimoine. Il existe deux niveaux de protection au titre des monuments historiques : l'inscription et le classement. L'inscription constitue le premier niveau de protection, et le classement le niveau le plus élevé. 2. Les retombées économiques du patrimoine. A. Une manne économique. En France, le patrimoine commence à être considéré par divers responsables politiques et acteurs économiques comme un capital à préserver et faire fructifier. L’étude publiée par le Ministère de la Culture conclut que pour une dépense annuelle de l’État et des collectivités territoriales de 700 millions d’euros, l’impact global est de 21 milliards €, … En 2014, plusieurs médias déclarent que la culture rapportait 7 fois plus que le secteur automobile. Exemple : pont du Gard France département du Gard - Occitanie. Voir fiche technique du dossier d’oeuvre Présenter le site : Le Pont du Gard est un pont-aqueduc construit par les Romains au 1er siècle de notre ère. Il est reconnu comme exceptionnel = - par ses dimensions puisque avec ses 49 mètres de hauteur, c’est le pont-aqueduc romain le plus haut du monde. - Il est le seul exemple de pont antique à 3 étages encore debout aujourd'hui. Il est composé de 3 rangées d’arches superposées (6 arches au premier niveau, 11 arches au second niveau et 47 arceaux à l'origine), ce qui constitue également une réalisation rarissime pour l’époque. - Il est enfin remarquable du fait de son excellent état de conservation qui lui valent aujourd'hui d’être admiré comme un chef d’œuvre du génie créateur humain. Il bénéficie de la protection Monuments historiques et de deux labels Grand Site de France et Patrimoine mondial de l’Unesco. Une étude très intéressante a été lancée par le Pont du Gard sur l’impact économique interrégional de ce bien inscrit au Patrimoine mondial, qui, tout en étant un monument historique insigne est aussi un Grand site de France qui reçoit 1.100.000 visiteurs par an. Cette étude démontre que les dépenses effectuées par les visiteurs sur le site-même du Pont n'excèdent pas 2,6% de l’impact économique global généré par le site, dont 97,4% bénéficie aux territoires environnants, et ce sur une très large superficie. Chaque visiteur dépense 3,27€ sur place, et 123€ en dehors du site. C’est ainsi que l’impact économique global du pont du Gard s’élevait en 2005, date l’étude, à 135.000.000€, répartis entre hôtellerie, restauration, et divers commerces ou entreprises non seulement du département du Gard, mais aussi des départements limitrophes et d’une très large région, couvrant tout le quart Sud-Est de la France. Chaque année, le site du Pont du Gard génère : Ainsi, à 1€ de dépense des collectivités finançant la gestion du Pont du Gard correspond un peu plus de 1€ de dépenses directes des visiteurs sur le site et 40 € sur les régions proches, sur un périmètre étendu à tout le quart Sud-Est de la France. Le problème est que les retombées économiques ne vont pas directement dans les caisses du propriétaire, notamment pour l’Etat et les collectivités locales ; d’où cette question ? Comment continuer à entretenir d'innombrables monuments nationaux quand l’État n'a plus les moyens d'assumer seul cette charge ? Faute d'argent, nombre d'églises sont fermées au public - voire détruites - car elles menacent de tomber en ruine. B. Qui sont les propriétaires du patrimoine ? En France, on pense communément que les édifices historiques appartiennent à l’État. En fait, pas du tout. Typologie des propriétaires : - Etat 5% - Départements 1,5% - Communes 44,5% - Privé 49% En conséquence, près de la moitié du patrimoine français appartient à des particuliers et tous les types de bâtiments peuvent leur appartenir (ex : Vaux-le-Vicomte). Ex - Tour Eiffel. Fiche technique du dossier d'œuvre. La municipalité de Paris est devenue propriétaire après l'exposition universelle de 1889 cédée par l’État, mais de sa gestion. Jusqu'en 2005, la gestion est réalisée par une Société d’Économie Mixte la SNTE Société Nouvelle d’Exploitation de la Tour Eiffel, détenue : - à 30% par Paris - et 70% par la SAGI Société Anonyme de gestion immobilière elle-même détenue par le Perexia, filiale de Crédit foncier de France (groupe Caisse d’Épargne). Depuis la ville de Paris a repris la main en créant une SETE Société d'exploitation de la Tour Eiffel détenue à 60% par la Ville et 40% par des sociétés privées. C. Trouver d'autres partenaires pour partager la prise en charge du patrimoine : le mécénat Ex- Château de Versailles. Entretien château de Versailles : Un programme de rénovation, le « projet du Grand Versailles », a été lancé le 31/10/2003. Doté d’une subvention de l’État de 360 millions d’euros pour les sept premières années, il s’étalera sur 17 ans et concernera l’ensemble du domaine, château et parc. Les trois objectifs principaux sont de sécuriser le château, poursuivre les restaurations et créer de nouveaux espaces pour l’accueil du public. Ex. la galerie des Glaces Versailles. http://www.galeriedesglaces-versailles.fr/html/11/collection/galerie.html À côté de l’État, de nombreux mécènes financent les restaurations. Leurs contributions représentent 5% du budget de l’établissement public. Ainsi la fondation « American Friends of Versailles » vient de donner 4 millions de dollars (soit les 2/3 du coût total) pour la restauration du « bosquet des trois fontaines », inauguré en juin 2004, et la société Vinci finance celle de la galerie des Glaces à hauteur de 12 millions d’euros. Les travaux ont commencé en 2004 et se sont terminés en 2007.