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**[COURS 1 : SOIN, MEDECINE ET TECHNIQUE DE L'ANTIQUITE A NOS JOUR]** I. **[Introduction]** Le terme de Bioéthique désigne une autre dimension que la philosophie en elle-même. Van Rensselaer Potter : oncologue américain, *Bioethics. Bridge to the future* (1971) propose plusieurs définitions du m...
**[COURS 1 : SOIN, MEDECINE ET TECHNIQUE DE L'ANTIQUITE A NOS JOUR]** I. **[Introduction]** Le terme de Bioéthique désigne une autre dimension que la philosophie en elle-même. Van Rensselaer Potter : oncologue américain, *Bioethics. Bridge to the future* (1971) propose plusieurs définitions du mot [bioéthique] nouvelle discipline éthique qui lance des ponts vers le futur et est donc d'emblée **interdisciplinaire**. **[Science du bon usage des sciences]** : de manière générale, les sciences agissaient pour le bien-être des humains. Le [souci central] de cet ouvrage est la survie et l'amélioration de la qualité de vie de l'espèce humaine sur le long terme, menacées par une **croissance effrénée** et un **usage irresponsable** des sciences et des techniques. Scandale scientifique : on a finalement créé une arme létale pour les humains. Comment doit-on appréhender nos pratiques afin de ne pas nuire à la société ? Le [péril] vient d'une vision compartimentée et à court terme. Potter dénonce le clivage qui existe entre les « deux cultures » : **scientifico-technique** et **philosophico-littéraire**, au centre de laquelle se trouve une séparation stricte entre [« faits » et « valeurs ]». *il y a comme un fossé entre ces 2 cultures, toutes 2 ont une vision très restreinte et ne se projettent pas vers l'avant. Elles ne cherchent pas ce qui pourrait les unir, les harmoniser de sorte à élargir le champ de vision sur le long terme.* L'erreur est de [séparer] **l'action, individuelle et collective**, guidée par des **valeurs et des normes**, et la **connaissance des lois** et des **faits scientifiquement établis** qui éclaire les conditions et les conséquences de l'action. Le mot bioéthique changera de signification, il n'est pas stabilisé et aucune de ses définitions n'est consensuelle. Le mot s'installe avec l'apparition de plusieurs éditions de l'encyclopédie de la bioéthique. - [1^e^ édition (1978)] : la bioéthique s'ajoute de l'extérieur **au savoir sur l'univers de la santé**. De la **réflexion morale** s'ajoute dans un domaine non imprégné de moral. - Etude systématique du **comportement humain**, dans le domaine des **sciences de la vie** et de la **santé**, examinée à la lumière des **valeurs et des principes moraux.** - [2^e^ édition 1995 (plus large que la 1^e^) ]: moins d'idées de principes moraux et valeurs morales mais plus une idée d'une **immanence d'une moral aux pratiques scientifiques** (sciences de la vie) et **soignantes**. Faire de la science, **[c'est produire aussi des normes morales]**. - Etude systématique des dimensions morales -- y incluant la **vision morale,** les **décisions**, le **comportement**, les **lignes directrices**... - des sciences de la vie et des **[soins de santé]**, avec l'utilisation d'une variété de méthodologies éthiques dans une formulation interdisciplinaire. - Questions éthiques vis-à-vis des soins - [3^e^ édition (Gilbert Hottois)] : idée que la bioéthique n'est pas juste des discours mais aussi des **pratiques** (monter un comité d'éthique, constituer un protocole de recherche clinique vont dans le [sens de l'institutionnalisation] de la bioéthique). En général, ce qui pose problème pour la bioéthique, c'est **l'innovation technologique**. Avec les IA, on se demande si on peut [déléguer à la machine la pose du diagnostic ou garder le médecin]. [Ex ]: consentement du patient =\> consentement tacite. La pratique de la bioéthique a été intégré au monde du soins et de la santé. Les enjeux majeurs de la bioéthique sont nés avec les avancées technologiques : ex =\> mesure de l'activité cérébrale qui a permet de modifier les critères de vie et de mort ; toutes les questions liées à la modification génétique ; interruption de grossesse. Ce ne sont pas les innovations technologiques qui posent problème mais les questions et enjeux qu'elles remettent en cause. - De manière générale, le mot bioéthique désigne des **pratiques et des discours**, ayant pour objet de **clarifier ou de résoudre** des questions à **portée éthique** soulevées par le **[développement technoscientifique]** dans le **champ de la santé** et de la **vie humaine**. La bioéthique s'est élargie au champ de l'humain et on prend en compte **l'ampleur du « bio »** [l'environnement], [l'humain], la [biodiversité], domaines pas strictement liés au soin de santé mais qui peuvent l'être parallèlement (*OGM modifie l'environnement, quels sont les impacts sur la vie humaine ?*). Des questions sont liées et **dépassent le champ de la vie humaine**. Grands débats sur les définitions des domaines de la bioéthique. Il y avait déjà au début de la bioéthique une tendance à la voir comme un **développement de l'éthique médicale**. Et d'un autre côté, on pensait aussi que la bioéthique était [complètement nouvelle] et [prolongeait les technosciences] [naturelles] en dépassant les bornes du domaine médical. Le **[congrès de Erice 1991]** a mis en place **4 domaines de la bioéthique** pour la structurer. Il a servi à résoudre une controverse entre médecins et philosophes autour de la définition des domaines de la bioéthique. - Problèmes éthique pour **toutes professions sanitaires** : - La bioéthique englobe [l'ancienne éthique médicale] et [l'éthique professionnelle] de toutes les catégories du personnel de la santé - Plus large que les domaines de l'éthique médicale - Problèmes bioéthiques dans le **champ des recherches sur l'homme** indépendamment de leurs perspectives thérapeutiques (recherches biomédicales classiques =\> éventuels bénéfices pour la population par la suite). Lien fort entre bioéthique et recherche. La bioéthique est née de l'éthique de la recherche. - Beaucoup de recherches en biologie [sans toujours viser une fin thérapeutique]. Dans les simples recherches de [connaissances théo]riques sur l'homme, il faut [respecter des règles]. C'est ainsi que les savants eux-mêmes ont élaboré des [principes] et des [règles] pour l'expérimentation [sur l'homme et sur les animaux]. - Ex : du code de Nuremberg Nb : l'histoire joue un grand rôle dans la bioéthique. Sans certains évènements, la bioéthique n'aurait pas forcément pris le chemin qu'elle a aujourd'hui. La bioéthique n'est donc pas figée. - Problèmes **sociaux connexes aux [politiques de la santé]** (nationale et internationale), à la médecine du travail et aux politiques de planification familiale, contrôle démographique (organisation de la santé, prestations de services, le bien des malades, les rapports entre la morale économique et la morale médicale, la contraception, l'avortement...). Met en avant le [côté sociale] de la bioéthique. Enormément de domaines qui ne relèvent pas que du domaine médical. - Problèmes concernant **l'intervention de l'homme sur la vie des autres êtres vivants** - Plantes, micro-organismes et animaux, tout ce qui se rapporte à l'équilibre de l'écosystème. La bioéthique prend en compte les [problème écologiques]. II. **[Soin, médecine et technique de l'antiquité à nos jours]** 1. **[Naissance la médecine -- médecine préhistorique ]** Les pratiques et les techniques médicales sont attestées assez tôt dans l'histoire de l'humanité, notamment lorsqu'on peut retrouver des [témoignages archéologiques], donc en relation avec les os. Certains scientifiques parlent même d'un « **[instinct de soigner]** » qui ne serait d'ailleurs pas spécifique aux êtres humains mais **partagé par à peu près tous les mammifères**. *Trépanations de crâne* développement technique (rudimentaire) autour des pratiques de soins. De même, en observant des restes animaux, on note des interventions extérieurs dans le but **d'aider l'animal** (plus faible...). [La démarche du soin est donc très ancienne]. La question se pose alors de savoir à partir de quel moment peut-on parler de médecine ? 2. **[Médecine archaïque]** 8^e^ siècle avant notre ère, [à l'époque d'Homère], la médecine reste un domaine **liée à la religion et chargé de magie**, où les traitements sont [encore des incantations]. Pourtant des évolutions se font jour, puisque des médecins en tant que tels interviennent concrètement durant les **campagnes militaires** pour soigner les blessés. Ainsi dans *l'Iliade*, le médecin est-il défini comme : « *un homme qui en vaut à lui tout seul beaucoup d'autres, lorsqu'il s'agit d'extraire des flèches ou de répandre sur les plaies des remèdes apaisants* ». Machaon et Podalire (2 médecines de l'armée archéenne) seraient les fils d'Asklépios, premier des médecins et héros guérisseur devenu dieu. On n'avait **pas de frontières entre l'intervention divine et humaine** sur le corps. Les connaissances se répandent, des **écoles = [asclépiades]** (Asklépios, dieu de la médecine) sont fondées. C'est à ce moment-là que l'on peut tracer la médecine **les gens [s'associent] pour transmettre le savoir**. 3. **[Serment d'Hippocrate]** Au début il n'existait [pas d'enseignement formalisé] (ni contrôle officiel ni institut comparable à fac de médecine modernes). **Chacun peut se déclarer médecin**, après avoir suivi un simple apprentissage chez un praticien. Des [associations] constituent tout de même **des centres d'apprentissages** comme les [écoles de Cos ou de Cnide] : les **Asclépiades**. (exercer et la transmettre à d'autre) **Hippocrate** (460 av. JC) est mentionné par Aristote et Platon. Il fut le premier médecin connu pour avoir choisi une voie thérapeutique **éloignée des pratiques rituelles et magiques** qui attribuaient les causes des maux à des [interventions divines]. On peut alors commencer à parler de médecine. Le fait [de s'associer] dans une profession et [de transmettre] le savoir à d'autres personnes. **Hippocrate** était renommé, il commence à éloigner la médecine de l'approche religieuse et magique pour **aller vers de l'objectivité**. Il y avait une tentative de **relier causes de maladies à des facteurs naturels** (pas d'expérimentation pour les vérifier, plus tard avec la médecine expérimentale). Abandon des explications religieuses et surnaturelles. 5^e^ siècle av. JC en Grèce première **[observation objective des phénomènes pathologiques]**. Dans la Grèce antique, une pratique médicale se développe et [se détache peu à peu de la religion], donnant naissance à **plusieurs écoles** utilisant des techniques de soin relativement élaborées (régimes, médicaments...). Le nom d'Hippocrate s'associe à ce que deviendra le médecine moderne (classification des maladies, bases de la médecine d'aujourd'hui). Il **rejette toute référence au sacré**, considérant que les **maladies** relèvent de **causes naturelles**. Il optera plutôt pour des procédés d'examen comme la [palpation], la [percussion] ou [l'observation des excrétions], [infusions]... Il observe les corps pour déterminer les causes des maladies principe de la recherche des **causes** des maladies, après l'établissement d'un **diagnostic** fondé sur un ensemble de **signes cliniques**. Fondamentalement **rationnelle**, sa démarche ne fait pas plus appel aux dieux, pour comprendre la cause des maladies qu'à la magie pour guérir. Le patient devient **préoccupation première** du praticien, nous amenant au « **[serment d'Hippocrate]** » que prononcent les jeunes médecins en France à leur entrée dans la carrière. Hippocrate et ses élèves (qui ont écrit avec lui les *Corpus* il y a une association de personnes pour transmettre un savoir) côté **objectivant** du corps et transmettre le savoir marque la **vraie naissance de la médecine**, *d'où Hippocrate en lien avec la naissance de la médecine.* a. **[Médecine et humanisme ]** Médecine hippocratique vision de l'homme où celui-ci ne se définit pas par son opposition avec les dieux mais par ses rapports à l'univers qui l'entoure. Si on ne considère pas le milieu dans lequel il vit, l'homme ne peut être considéré dans sa totalité. Par exemple, selon le *traité de la Nature de l'homme*, ce dernier, malgré la permanence de sa constitution naturelle composée de **quatre humeurs -- sang, phlegme, bile jaune et bile noire** -- voit ces **humeurs augmenter et diminuer en lui au [rythme des saisons]** (et non plus au rythme des caprices des dieux). Le médecin **relie l'observation du corps à l'environnement** (lieu de vie, géo et sociale), et non pas le relier à la volonté des dieux. On tente de donner des explications **matérielles mettant en lien causes et environnement**. Le *traité des Airs, Eaux, Lieux* a été défini le premier **traité de climatologie médicale** et aussi le premier **traité d'anthropologie** ; la relation entre l'homme et le milieu concerne **[aussi bien la santé physique que l'intelligence]**. b. **[Lecture et explication des différents formes du serment d'Hippocrate]** - **Déontologique** - **Historique** - **Sociétal** - **Moral** (on y retrouve les grandes orientations morales spécifiques) Le [texte originel] s'ouvre sur [l'importance des dieux], témoins de la bonne pratique médicale. Vient l'idée de la **confrérie**, l'importance de prêter serment [au milieu d'autres personnes de la même profession]. On retrouve le principe de **non malfaisance**, le médecin a un [pouvoir par son propre savoir] sur le corps mais également par la [vulnérabilité] du malade qui s'en remet au médecin. Il y a une relation **[asymétrique]** et on en tire la nécessité de toujours [rajouter une réflexion éthique] pour soigner le malade **toujours dans son intérêt**. Le serment d'Hippocrate originel a une dimension également **culturelle** ou de **valeur** (« *je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire abortif* »). Il y a un mélange **socio -- culturel et transhistorique** (ex : évolution de l'euthanasie). Il y a une **conscience de la responsabilité** (obligation d'intégrité) du médecin (il rentre dans les maisons, il s'occupe des corps affaiblis, des personnes vulnérables et ne doit donc pas abuser de son pouvoir) Le médecin doit faire le bien. **[Nouveau serment d'Hippocrate (France)]** : **« santé », concept moderne qui n'est pas énoncé** dans le tout premier serment. La santé est liée au **concept de la promotion** on [promeut la santé]. Le médecin était appelé par le malade avant, aujourd'hui le [médecin doit promouvoir la santé] plus aléatoire et envahissant. Le médecin a un rôle **actif** dans le domaine de la santé. Cette idée de promotion est **propre à notre société**, il est possible qu'elle disparaisse plus tard, cela se discute. La santé est un concept qui ne va pas de soi ; la médecine à la base ne contient pas le mot santé. Le **paternalisme médical** est remis en question, le médecin doit appliquer son savoir mais **respecter** [l'autonomie] du patient, **proposer** [plusieurs thérapies possibles], **rechercher** le [consentement] du patient. On retrouve la référence au **milieu socio-culturel** **pas de discrimination du patient**. Il y a une évolution dans le serment qui exprime les [règles de base de la profession médical] avec énormément de **caractère social et culturel**. L'urgence médicale peut néanmoins dépasser le consentement du patient. **Esprit de solidarité dans le serment français** que l'on ne retrouve pas dans celui américain. La médecine est vue également **comme un acte solidaire** (connoté socialement et historiquement). Valeur de la dignité qui est aussi mentionner. (pareil, c'est une valeur qui ne va pas de soi) Le **secret médical** est une exigence qui perdure. « *Je ferai tout pour soigner les souffrances \[...\]* » incite à [tout mettre en place pour limiter] les souffrances du patient, même en fin de vie (montre les [problèmes de la bioéthique contemporaine, thématique de la fin de vie]). Si un projet de loi est voté, ces phrases devront évoluer. Pas d'euthanasie, pas d'acharnement thérapeutique et priorité aux palliatifs montre la doctrine française sur la fin de vie. Le médecin s'engage aussi à ne pas se faire influencer par des accords. La médecine contemporaine évolue constamment, on a besoin de **mettre à jour nos connaissances et nos techniques** nécessité d'être à jour s'inscrit dans le serment d'Hippocrate. *« Je les entretiendrai et les perfectionnerai* ». **Nouveau serment d'Hippocrate ([Belgique])** : la santé y est vue comme **une affaire individuelle** jusqu'à la décision de la mort (revient à la personne désignée) ; « *respect de l'autonomie et de la dignité *» [référence à l'euthanasie, droit qui revient au patient]. La question de l'information est quelque chose de très nouveau, on change de posture vis-à-vis du patient. 4. **[Soin et technique : opposition ou solidarité ? ]** Care (soin pour rendre la vie + supportable) et Cure (technique, - humain). La médecine contemporaine est **hautement technicisée** (chimio, thérapie immunitaire, maintient de vie des malades en phase terminale). Le caractère technique de la médecine existe et il faut [le prendre en tant que tel] et pas que comme quelque chose qui présente, certes, un risque dans le soin de la personne. X. **Guchet**: « *Tandis que l'intrication entre technique et soin est devenue un problème pour nous, elle semblait aller de soi en Grèce ancienne* » Le soin désignait : - [Premièrement] **l'ensemble des activités** témoignant d'un **souci**, d'une **sollicitude** pour qqch ou qqn. - Le terme avait aussi une signification [plus restreinte] : il désignait les **actes du soigner**, de la **prise en charge** des malades et de l'**administration des traitements**. - Le soin faisait signe vers le gouvernement d'une maison ou d'une cité. Lors de l'antiquité, on n'avait pas d'opposition entre soin et technicité. Ajd, on pense le soin comme quelque chose de limité par la médecine. a. **[Epiméléia et Thérapiéa]** **[Thérapiéa]** soigner [au sens médical] mais également le [soin religieux] (service des dieux,, incluant entretien et réparation des temples), le [respect des parents], l'entretien quotidien des [plantes], des [animaux]. Le mot désignait aussi le **services rendus en vue d'obtenir des faveurs**. Epiméléia prédominait les sens du « se soucier » : souci de soi, de l'administration des choses, des charges publiques. *« En conséquence, il ne saurait être question pour les Grecs de définir tout soin par extension du modèle médical du soin. Le contraire semble vrai : le sens médical du soin s'est détaché sur fond d'une compréhension plus globale du soin. »* Selon **Guchet**, la médecine ou art de soigner était **un acte de [sollicitude]**, appelée **[l'*Epiméléia*]*** *; La ***thérapéia* est la pratique pour mettre en œuvre l'*épiméléia***. Il n'y a pas forcément d'opposition soin -- technique, la médecine est de toute façon devenue technique donc opposer technique et éthique ne sert à rien. Il faut chercher à les harmoniser. *« Il était entendu que thérapéia, au sens restreint du terme, ne devait jamais perdre ses attaches avec épiméléia. Par ailleurs, aussi bien thérapéia qu'épiméléia concernaient une multiplicité d'êtres : des humains, des dieux, des vivants non humains, des choses inertes -- mais non à proprement parler la nature prise comme un tout. » (Guchet*) Aristote fait la distinction entre épistémè et techè : - **[Epistémè]** : mode de connaissance qui vise [ce qui est universel], [nécessaire] et [non sujet au changement. ] - **[Technè]** : disposition à **produire** accompagnée de [règle], qui implique [une connaissance] visant [à changer qqch], et qui s'applique à des choses **individuelles et contingentes**. La technique peut être vue comme une **forme de connaissance à visée concrète**. Au sens de technè, la médecine relève de la technique pour Aristote or ce n'est pas tout le temps le cas **l'objectivité** deviendra de plus en plus importante au fur et à mesure que les connaissances du corps s'accroissent. L'objectivité reste tout de même un fantasme dans le domaine de la médecine, chose inatteignable. Le médecin grec possède la **[technè iatriké]** au sens où il connaît la [nature essentielle de ce à quoi il s'applique (l'organisme)]. La technè relève par conséquent d'une con**naissance des essences et des causes**, mais aussi de la faculté **d'appliquer ces connaissances** à des contextes d'intervention [toujours singuliers] -- ce qui exige de **l'expérience**, **[empeira]**. Aristote prend d'ailleurs *l'exemple de la médecine *: *« Le médecin, qui soigne un malade, ne guérit pas l'homme... il guérit Callias, Socrate, ou **tel autre malade affligé du [même mal]**... Il s'ensuit que, si le médecin ne possédait [que la notion rationnelle], sans posséder aussi l'expérience, et qu'il connût l'universel [sans connaître également le particulier dans le général], il courrait bien des fois le **risque de se méprendre dans sa médication** ».* La médecine n'est pas une activité consistant à appliquer machinalement des connaissances scientifiques. Elle est cette forme très particulière de connaissance qui consiste en la **capacité d'appliquer** les [règles générales] avec **[justesse]**, de [façon **appropriée**], à des situations **[toujours singulières]**. *« La médecine est une technè tout à fait unique et spéciale au sens où elle est, avec l'activité du pâtre, la seule de toutes les technai qui ait un rapport essentiel au soin. » X. Guchet* Pour les Grecs, la **médecine est thérapie** (*thérapéia*) = forme de **soin** [et] **technique** (*technè*) = forme de **connaissances** qui [visent l'efficacité], le [particulier]. Le médecine doit savoir **décliner sa connaissance sur le cas particulier** d'où l'idée que la médecine objective ne peut pas vraiment exister. Il s'agit **d'évaluer la situation** pour appliquer les connaissances [de manière appropriée et juste] (dosage des médicaments, donner les bons diagnostics). La médecine, en tant que technique, c'est la seule qui ait un rapport au soin. La relation technique -- soin est déjà dès l'antiquité très étroite (retrouvée chez Hippocrate avec le soin de la personne et des techniques de soin (médicaments, régimes...). 5. **[Galien]** Il réalise des **expériences sur les animaux** qui lui permettront d'observer les [fonctions du rein] et de la [vessie]. Il identifie [7 paires de nerfs crâniens]. Il tente d'expliquer le [contrôle des muscles par les nerfs] qui partent de la moelle épinière. Il montre que le cerveau [contrôle la voix] et que les [artères transportent le sang], réfutant une croyance vieille de 4 siècles selon laquelle elles transporteraient de l'air. En outre, il décrit les [valvules du cœur] et constate les différences de structure entre les artères et les veines, sans pourtant expliquer correctement les fonctionnements de la circulation, pensant à tort, que le [foie est l'organe central de l'appareil circulatoire] et que le sang [part du foie vers la périphérie] du corps. Il donne aussi des **descriptions remarquables des maladies** comme le [choléra, la rage ou la tuberculose pulmonaire]. Le **[galénisme]** (doctrine médicale) reprend la théorie d'Hippocrate des [4 éléments fondamentaux] (air, terre, eau, feu) dont les [4 qualités physiques] (chaud, froid, humide, sec) **influent sur les 4 humeurs** du corps (sang, bile, pituite, atrabile). Ces dernières déterminent **4 tempéraments physiologiques : sanguin, flegmatique, mélancolique, colérique**. La santé lui provient du [bon équilibre et des justes proportions] de ces humeurs, tandis que la [maladie résulte de leur déséquilibre]. A l'inverse de la thérapeutique d'Hippocrate, celle de Galien se fonde sur la **prescription de remèdes** [opposant les humeurs et les qualités] du traitement = **[loi des contraires]**. Les **plantes médicinales** occupent une place de choix dans sa pharmacopée. Galien [maintient un mépris pour la chirurgie] qui marquera longtemps la médecine. Il poursuit l'approche hippocratique au sens où il **se centre sur l'observation** (dissection de cadavre d'animaux). A travers [l'observation des singes], il parvient à décrire l'anatomie humaine en identifiant les *nerfs*, le *contrôle des muscles* par les nerfs, le *transport du sang* par les nerfs, les *structures* du cœur... En commettant des erreurs (circulation du sang faussée pendant de longues années). Il reprend la théorie des humeurs d'Hippocrate. La question de Galien, c'est *pourquoi est-ce qu'on vit ?* les corps sont animés, il y a **une âme insufflée par un dieu.** Il trouve le [succès auprès des autorités religieuses]. Il attribue l'essence même de la vie à une **force occulte, *pneuma***, qui se manifeste sous 3 formes, siégeant respectivement dans le [cœur] et les [artères], dans le [cerveau] et dans le [foie]. Il est convaincu de **l'existence d'un dieu unique**, créateur du corps humain. Ce qui incitera l'Eglise catholique à [soutenir sa doctrine, à l'ériger au dogme] jusqu'à la Renaissance. Plusieurs aspects : **[objectivant]** (Hippocrate, Galien), **[institutionnel]** (pas juste une connaissance mais aussi une profession qui amène la transmission du savoir), notions [parallèles] de **technique et de soin**, réflexion **éthique** qui naît avec la médecine (Hippocrate). 6. **[Moyen Age : charité et professionnalisation]** Au départ, la culture chrétienne voit la maladie (*infirmitas*) comme le **signe d'un péché** qui constituait aussi une **possibilité de salut, de santé**. Il fallait néanmoins [la gagner avec difficulté] suivant le [modèle du Christ]. Le Christ nous enseigne que le corps **peut servir à atteindre le salut**. Il indique au malade la **valeur de la souffrance et de la patience silencieuse** en tant que [médicaments de l'esprit]. Le statut de la médecine reste ambigu, Dieu seul peut sauver le malade. Le [soin du corps] est incertain et va en quelque sorte [à l'encontre de la volonté divine]. Au 12^e^ siècle, *infirmitas* laisse place à la **miséricorde**, considérée dès lors comme naturelle. La **charité** commence à être organisée et cela revient de facto à **créer des hôpitaux et diffuser la médecine** (grande quantité de malade à observer). La médecine devient un **don de Dieu** qui donne à l'homme la **capacité de connaître l'organisme**. Il a aussi donné **aux herbes les vertus thérapeutiques** que le médecin doit étudier. Fort de la valeur maintenant **reconnue à la science du corps**, le médecin peut recevoir une [rétribution] pour les acteurs thérapeutiques accomplis. La médecine et la santé étant fondamentalement considérées comme des dons de Dieu, on ne devrait [pas pouvoir les vendre], mais le médecin, bénéficiaire du don des talents : **[intelligence et capacité]** à étudier, a [l'obligation morale] de les faire fructifier par des **[études rigoureuses et approfondies]**. S'il demande donc à être payé, ce n'est pas pour le résultat obtenu : savoir, guérison (médiateur de Dieu) mais **pour la préparation et le travail** qui lui ont donné du zèle (s'appliquer à la tâche) et de la fatigue.