Contexte des Années 1830 - Alfred de Musset (PDF)
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Ce document explore le contexte socio-politique français des années 1830, et met en lumière le rôle d'Alfred de Musset dans le mouvement romantique. Il analyse également la pièce "On ne badine pas avec l'amour" en examinant son contexte historique et littéraire.
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Le contexte des années 1830 1) Le contexte socio-politique La première partie du XIXe siècle est une période très tourmentée ; c’est ainsi que se succèdent le Consulat, l’Empire de Napoléon Ier, la Restauration, la Monarchie de Juillet, et la Seconde république. Cette instabilité politiq...
Le contexte des années 1830 1) Le contexte socio-politique La première partie du XIXe siècle est une période très tourmentée ; c’est ainsi que se succèdent le Consulat, l’Empire de Napoléon Ier, la Restauration, la Monarchie de Juillet, et la Seconde république. Cette instabilité politique s’accompagne d’une forte industrialisation et d’un essor considérable des villes. Le mouvement romantique naît de ces profondes transformations politiques et sociales qui bouleversent toute l’Europe. 2) Le rôle capital de Musset au sein du mouvement romantique - La vie d’Alfred de Musset (1810-1857) Biographie à faire : - Un poète et un dramaturge singuliers - Dramaturge : il écrit des comédies, mais aussi des drames, et des proverbes ; il se libère des règles de la dramaturgie classique, comme les écrivains romantiques (abandon de la règle des trois unités, mélange des genres et des registres). La Nuit vénitienne (1830) ; Les Caprices de Marianne (1833) ; Fantasio (1834) ; Lorenzaccio (1834) - Les héros de Musset, souvent des débauchés et des idéalistes, sont profondément humains et sont des doubles de lui-même, écartelés entre des tensions contradictoires. - Poète : il excelle dans le lyrisme, en exprimant sa solitude et sa douleur, et en explorant la part sombre de lui-même.Contes d’Espagne et d’Italie (1829) ; Rolla (1833) ; Les Nuits (1835). - Analyse du titre : « On ne badine pas avec l’amour » On + présent de vérité générale > dimension proverbiale, pièce dont on doit tirer un enseignement moral Badiner : plaisanter, prendre à la légère > Idée que plaisanter avec l’amour peut avoir des conséquences tragiques. Cela fait directement référence à l’intrigue de la pièce. - Thèmes abordés dans l’œuvre et chers à Musset: - Les rapports hommes-femmes : l’amour existe-t-il vraiment ? jusqu’où peut-on jouer avec les sentiments ? - Le pouvoir : au sein de la communauté (baron), de l’argent, entre personnages - La religion : elle est tournée en dérision par Musset (personnage de Bridaine, curé ivrogne ; personnage de Dame Pluche, vieille fille bigote, critique par Perdican des idées de Camille, héritées de son séjour au couvent). 3) Les représentations et la réception de la pièce - Conformément aux principes établis par Musset dans Un spectacle dans un fauteuil, ses pièces sont publiées, mais non représentées sur scène, dans la mesure où elles sont destinées à être lues. En effet, les moyens scéniques du XIXe siècle sont assez limités, et certains éléments relatifs aux lieux et aux décors, rendent très difficiles la mise en scène des pièces de Musset. - C’est ainsi qu’On ne badine pas fut d’abord publiée (en 1834 et en 1840), et ne fut représentée qu’en 1861, à la Comédie française, soit 4 ans après la mort de Musset. Etant donné la forte attaque du clergé qu’elle contenait, certains passages furent censurés ou réécrits par Paul de Musset, le frère d’Alfred, en vue de cette représentation. Celle-ci remporta un succès mitigé. - Le texte d’origine ne fut ensuite joué qu’en 1917, et a fait l’objet depuis de multiples mises en scène différentes. Elle fait partie du répertoire de la Comédie française. 4) Eléments autobiographiques On ne Badine pas avec l’Amour, II, 5 - Alfred de Musset Lettre de George Sand à Alfred de Musset Venise, 12 mai 1834 Non, mon enfant chéri [...] Ces trois lettres ne sont pas Le dernier serrement de main de l'amant qui te quitte C'est l'embrassement du frère qui te reste PERDICAN Ce sentiment-là est trop beau, trop pur et trop doux Sais-tu ce que c'est que des nonnes, malheureuse fille ? Elles qui te Pour que j'éprouve jamais le besoin d'en finir avec lui représentent l'amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu'il y a Que mon souvenir n'empoisonne aucune des jouissances de ta vie pis encore, le mensonge de l'amour divin ? Savent-elles que c'est un crime Mais ne laisse pas ces jouissances détruire et mépriser mon souvenir qu'elles font, de venir chuchoter à une vierge des paroles de femme ? Ah ! Sois heureux, sois aimé, comment ne le serais-tu pas ? Mais garde-moi dans un petit coin secret de ton coeur comme elles t'ont fait la leçon ! Comme j'avais prévu tout cela quand tu t'ès Et descends-y dans tes jours de tristesse arrêtée devant le portrait de notre vieille tante ! Tu voulais partir sans me Pour y trouver une consolation ou un encouragement serrer la main ; tu ne voulais revoir ni ce bois, ni cette pauvre petite fontaine Aime autant qu'on maltraite qui nous regarde tout en larmes ; tu reniais les jours de ton enfance ; et le Aime pour tout de bon masque de plâtre que les nonnes t'ont plaqué sur les joues me refusait un baiser Aime une femme, jeune et belle de frère ; mais ton coeur a battu ; il a oublié sa leçon, lui qui ne sait pas lire, et Et qui n'ait pas encore aimé Ménage-la, et ne la fais pas souffrir tu es revenue t'asseoir sur l'herbe où nous voilà. Eh bien ! Camille, ces femmes Le coeur d'une femme est une chose si délicate ont bien parlé ; elles t'ont mise dans le vrai chemin ; il pourra m'en coûter le Quand ce n'est pas un glaçon ou une pierre ! bonheur de ma vie ; mais dis-leur cela de ma part : le ciel n'est pas pour elles. Je crois qu'il n'y a guère de milieu Et il n'y en pas non plus Dans ta manière d'aimer CAMILLE Ton âme est faite pour aimer ardemment Ni pour moi, n'est-ce pas ? Ou pour se dessécher tout à fait Tu l'as dit cent fois PERDICAN Et tu as eu beau t'en dédire Rien, rien n'a effacé cette sentence-là Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux Il n'y a au monde que l'amour qui t'ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont Qui soit quelque chose menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, Peut-être m'as-tu aimée avec peine méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, Pour aimer une autre avec abandon vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où Peut-être celle qui viendra T'aimera-t-elle moins que moi les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de Et peut-être sera-t-elle plus heureuse fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux Et plus aimée de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, Peut-être ton dernier amour souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le Sera-t-il le plus romanesque et le plus jeune bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J'ai Mais ton coeur, mais ton bon coeur, ne le tue pas je t'en prie souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui Qu'il se mette tout entier dans tous les amours de ta vie Afin qu'un jour tu puisses regarder en arrière et dire comme moi ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. ” "J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois... mais j'ai aimé" Il sort.