CM01 - Montesquieu PDF
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Géraldine Lepan
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These notes provide an overview of Montesquieu's work, focusing on his philosophical and political ideas from a 18th-century perspective. They include references to key concepts and arguments.
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Montesquieu Géraldine Lepan - Philosophie morale et politique du XVIII.\ Séminaire récurrent (une fois par mois -- « La nature des Lois ») - 07/11(Lundi 16h30/19h30) - S1 : - [Lettres Persane] (éd. introduction et annotation par **Jean Starobinski ;** ed. **Catherine Volpilhac**)...
Montesquieu Géraldine Lepan - Philosophie morale et politique du XVIII.\ Séminaire récurrent (une fois par mois -- « La nature des Lois ») - 07/11(Lundi 16h30/19h30) - S1 : - [Lettres Persane] (éd. introduction et annotation par **Jean Starobinski ;** ed. **Catherine Volpilhac**) - [L'Esprit des lois] (ed. Classique Garnier, avec introduction et annoté de Robert Deraté, 2T) - S2 : - [Dissertations sur les romains] - X +-----------------------------------------------------------------------+ | [[I.] [Éclairage sur l'œuvre de Montesquieu] | | 1](#%C3%A9clairage-sur-l%C5%93uvre-de-montesquieu) | | | | [[A.] [La redécouverte de MONTESQUIEU] | | 2](#la-red%C3%A9couverte-de-montesquieu) | | | | [[1.] [Une raison de son absence : ROUSSEAU VS | | MONTESQUIEU] | | 2](#une-raison-de-son-absence-rousseau-vs-montesquieu) | | | | [[2.] [Une autre raison de son absence : Montaigne le | | Républicain] | | 3](#une-autre-raison-de-son-absence-montaigne-le-r%C3%A9publicain) | | | | [[B.] [Vie privée et voyages] | | 3](#vie-priv%C3%A9e-et-voyages) | | | | [[C.] [Voyage en Angleterre : c'était mieux | | avant ?] | | 4](#voyage-en-angleterre-c%C3%A9tait-mieux-avant) | | | | [[II.] [Introduction] 5](#introduction) | | | | [[A.] [Les *lois* en rapport dans un rapport à la | | *nature*] | | 5](#les-lois-en-rapport-dans-un-rapport-%C3%A0-la-nature) | | | | [[B.] [Ouvrages & études notables] | | 9](#ouvrages-%C3%A9tudes-notables) | | | | [[1.] [Dissertations sur la politique des Romains et sur | | la Religion (1716)] | | 9](#dissertations-sur-la-politique-des-romains-et-sur-la-religion-171 | | 6) | | | | [[2.] [« Lettres persanes » (1721, roman | | épistolaire)] | | 9](#lettres-persanes-1721-roman-%C3%A9pistolaire) | +-----------------------------------------------------------------------+ Éclairage sur l'œuvre de Montesquieu ==================================== **MONTESQUIEU** est un auteur qu'on ne lit pas beaucoup (comparé à **ROUSSEAU**, **VOLTAIRE**, etc.). Il y a une immensité de son corpus, un caractère désordonné dans ses ouvrages, un certain nombre de thèses connus, etc. Internet : « [[dictionnaire Montesquieu ]](https://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/fr/accueil)» (**Catherine Volpilhac**, présentation des œuvres, dictionnaire, etc.), « corpus et œuvre de Montesquieu » - Bibliographie : - [Le vocabulaire de Montesquieu], Collection Ellipses. - **Céline SPECTOR**, [Montesquieu : liberté, droit et histoire]. - **Céline SPECTOR**¸ [Montesquieu Les Lettres Persanes -- de l'anthropologie à la politique] \[sur les [Lettres Persanes]\]. - **Céline SPECTOR,** [Servitude et empire -- Montesquieu Des Lettres Persanes à l'Esprit des Lois], Poche, 2024, collection de la bibliothèque de Philosophie. - **Bertrand BINOCHE**, [Introduction à De l'esprit des Lois]. - [Lumière] (revue n°40, 2022) \[consacré aux [Lettres Persanes]\] - **Jean STAROBINSKI**, [Montesquieu], Seuil, reed. 2024 ; [Le nouveau Montesquieu] - Auteurs qui ont lu **MONTESQUIEU** pour contribuer à leurs propres systèmes / Philosophie : - **Emile DURKHEIM**, [Montesquieu et Rousseau, précurseur de la science sociale] : - Lie **MONTESQUIEU** et en fait le précurseur de la *sciences positives des sociétés* -- par analogie à la *science des phénomènes physique*. C'est un éclairage intéressant pour savoir comment **MONTESQUIEU** est lu début XX^e^. C'est une forme de sociologue avant l'heure : il fait une phénoménologie des sociétés qui existent, et en fait des lois. - La tendance précédente faisait de MONTESQUIEU un auteur conservateur. Cela aboutit à une relative mise en retrait. **MONTESQUIEU** pâti de son écart théorique avec **ROUSSEAU** : il est un penseur de la monarchie -- non de la souveraineté populaire. La redécouverte de MONTESQUIEU ------------------------------ ### Une raison de son absence : ROUSSEAU VS MONTESQUIEU On trouve plusieurs étapes dans la (re)découverte de **MONTESQUIEU**. - Pendant plus d'un siècle, il était opposé à **ROUSSEAU** : révolutionnaire qui annonce la révolution dans l'Emile, penseur de la souveraineté populaire, pourfendeur de la représentation politique. - **MONTESQUIEU** est appréhendé à l'inverse comme conservateur, réformateur... Il se plaît à dire qu'il ne faut envisager de bouleversement dans une société qu'en tremblant. On l'a appréhendé par sa défense de sa *monarchie tempérée* où le pouvoir arrête le pouvoir par la disposition des choses -- plutôt que le mirage d'une démocratie (ou république) qui ne convient plus aux états modernes. **MONTESQUIEU** a en vue les cité grecques et Rome. Il en vient à dire que c'est une forme politique qui ne convient plus aux états modernes, car la *vertu politique* ne règne plus. Dans une France révolutionnaire, il y a eu une prise rousseauiste de **MONTESQUIEU** : il est vu comme rétrograde, conservateur -- cherchant a comprendre ce qui est plutôt que comprendre ce qui doit être (i.e. fondé une société juste). On trouve une coïncidence entre les dates de publication des œuvres de **MONTESQUIEU** et **ROUSSEAU** : - [L'Esprit des lois] (1748), - [L'Emile] / [Contrat Social] (1762) : pour **ROUSSEAU**, l'illustre **MONTESQUIEU** n'a pas été jusqu'au bout et fait défaut dans son approche. Pour lui, il se contente de dire ce qui est, sans prescrire aux hommes ce qu'ils doivent devenir ([Emile], L. V). **DURKHEIM** montre qu'on cesse d'opposer **ROUSSEAU** et **MONTESQUIEU**. Ce qui va les réunir est une conception du « *tout social* » : la société est un ensemble cohérent où tout se tient, et où les lois n'ont d'efficace que si elle s'appuie sur mœurs qui arrive à les soutenir. **MONTESQUIEU** a quelque chose à nous dire sur la façon dont les sociétés fonctionnent : c'est un tout cohérent et intelligible, régit par des lois. Il y a une intelligibilité et une rationalité du réel. **MONTESQUIEU** est comparé à **Newton** par ses contemporain -- car il arrive à établir les lois du monde morale. ### Une autre raison de son absence : Montaigne le Républicain Une autre raison peut expliquer la relative méconnaissance de **MONTESQUIEU**. Il a exprimé des thèses qui a fait qu'on l'a souvent rangé dans le camp des républicains. Dans les [Lettres Persanes], il raille les mesures financières qui sont prises de son temps. - Le principe du gouvernement républicains est la *vertu politique*, c\'est-à-dire l'amour de l'égalité et de la patrie. **MONTESQUIEU** dit que c'est une sorte d'abnégation, d'oubli de soi-même au profit de la collectivité à laquelle on appartient. Les *anciens* étaient capables de cette *vertu politique*. - A l'inverse, les *modernes* agissent sur un autre principe. Les grands états modernes sont régis par l'intérêt, l'appât du gain -- témoignant l'exemple anglais. Vie privée et voyages --------------------- **MONTESQUIEU** (1689-1745) sera nommé plus tard le « *penseur de l'état de droit* ». Il est né à MONTESQUIEU, lieu dans lequel il avait son château. Il est baron (« baron de MONTESQUIEU ») et sera envoyé à Paris dans un collège, puis il fera ensuite des études de droit à l'Université de Bordeaux pour enfin devenir Président à Mortier au Parlement de Bordeaux. Il a donc une formation de juriste, appartient à la noblesse. Il reçoit une solide formation en droit romain. Il épouse une femme, est assez volage, etc. Il est reçu à l'Académie des Lettres et des Beaux-Arts de Bordeaux. Là-bas, il va prononcer en 1716 la [Dissertation sur la politique des romains dans la Religion]. Il a une vie assez mondaine, fréquente les salons (notamment ceux de Madame X). En 1728, il part faire un tour de l'Europe. Il espérait recevoir une mission de diplomate qu'il n'a finalement pas obtenue. Pour autant, il a voyagé pendant 3 ans à Vienne, au Pays-Bas, en Italie, etc. - **Vienne,** - **Pays-Bas,** - **Italie** : découvre l'Art, notamment la sculpture. Venise est soi-disant une République, et **MONTESQUIEU** en ressort en disant que Venise est devenu une « misérable aristocratie ». - **CAllemAllemagne** : il découvre les cours allemands. - **Hongrie** : visite les mines... Il emmagasine une culture, et va se poser des questions : comment les gouvernements gouvernent-ils leurs sociétés ? etc. Voyage en Angleterre : c'était mieux avant ? -------------------------------------------- - **Angleterre** (voyage de 18 mois) : va bousculer ses conceptions sur le monde, la *liberté*. C'est une véritable révélation. Il partage ce constat avec Voltaire (pense que c'est l'un des pays les plus libres qui soit sur Terre). C'est une *monarchie*, mais une *monarchie tempérée*. C'est un pays où l'on a tué le roi : l'Angleterre a tué Charles I en 1749 ; on a trouvé la révolution de 1788 qui a chassé Jacques II. L'Angleterre, malgré ce passé proche de violence (témoignage dans l'œuvres de **HOBBES**) est un pays présente une agitation et un désir d'un affrontement des partis. La *liberté* est sans cesse défendu. L'Angleterre va aussi devenir le pays de la tolérance religieuse (notamment après les écrits de **J. LOCKE**). L'Angleterre est une nation commerçante, le pays de l'*individualisme libérale*. L'expérience anglaise a amené à faire penser à **MONTESQUIEU** que d'autres formes de la société peuvent exister dans les temps modernes sous une autre forme que dans les *républiques antiques*, appartenant à l'*individualisme* et l'*appât du gain*. Par son éloge de l'Angleterre, **MONTESQUIEU** prend position dans la *querelle des anciens et des modernes*. C\'est-à-dire que l'on peut acter que les *sociétés antiques* ont existés, et c'est donc une preuve du fait que cela peut exister et fonctionner. On peut notamment dire que le commerce à des *vertus pacificatrices*. **VOLTAIRE** dit que l'on vit bien mieux dans les sociétés modernes, que dans les sociétés gréco-romaines où l'on avait en vue que la guerre, où l'individu était sacrifié (société violente, etc.) (cf. « apologie du doux commerce ») **MONTESQUIEU** dit que l'intérêt personnel peut guider les hommes modernes comme dans les sociétés antiques (par d'autres mobiles), mais l'on a perdu la grandeur d'âme. On a un « *rapetissement de nos âmes* », car l'on est plus capable d'assujettir son intérêt particulier à l'intérêt commun. « Le commerce guérit des préjugés destructeurs et c\'est presque une règle générale que, partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce ; et que partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces. Qu\'on ne s\'étonne donc point si nos mœurs sont moins féroces qu\'elles ne l\'étaient autrefois. Le commerce a fait que la connaissance des mœurs de toutes les nations a pénétré partout : on les a comparées entre elles, et il en a résulté de grands biens »\ - **MONTESQUIEU**, [De l\'esprit des lois], XX, Ch. 1 \[texte ci-dessus mis en avant par les idéologues du libéralisme. Chez les modernes (dans la querelle des anciens et des modernes), on trouve la nécessité de l'échange\]. L'*esprit de commerce* à un effet favorable sur les nations : le commerce produit la paix. En échangeant avec des nations éloignées, on apprend 'autres manières d'être et d'agir, on apprend d'autres systèmes de lois et de mœurs. L'autre système est de favorisé l'absence de guerre pour que chacun y gagne : plus on commerce, et moins il y a de guerre, et plus il y a de paix. Si le commerce favorise la paix entre les nations, il aiguise chez les individus un *esprit de commerce*, aiguise l'*intérêt particulier* (« *esprit de chicane* » -- on calcul de manière mesquine toute chose). Il ne résout jamais la tension. Il y a l'idée que nos actions sont viles d'un point de vue moral. *Deux modèles de sociétés pour **MONTESQUIEU*** ------------------------------------------------------------------------------------------------------ --------------------- **Modèle gréco-romain** (expérience ambivalente des cités grecques et romaines, Aristote et Cicéron) Expérience anglaise La *monarchie tempérée* d'Angleterre est une alternative à la dégénérescence sous la *monarchie absolue* de **Louis XIV** (1715 -- monarchie sans frein). **MONTESQUIEU** est un critique de la monarchie absolue et de la période de la régence qui commence après la mort de Louis XIV. Cf. **Louis ALTHUSSER**, [Montesquieu : la politique et l'histoire], Quadrige, 1992 (reed. 2003) Introduction ============ Les *lois* en rapport dans un rapport à la *nature* --------------------------------------------------- Cf. **Catherine Volpilhac Auger**, [Montesquieu, Biographie], Folio, 2017 On peut aborder **MONTESQUIEU** en faisant de lui un penseur qui promeut une « *philosophie active* », dont les grecs ont été porteur (**PLATON**, **ARISTOTE**), qui s'intéressent à la *loi des cités* dans leurs plus grande diversités, pour y déceler une causalité --souvent inaperçues des acteurs historiques. Dans chacun de ces ouvrages, **MONTESQUIEU** écrit un [Traité des lois]. Sa thèse est que les hommes sont gouvernés par diverses sortent de lois, celles-ci obéissant à un régime de causalité spécifique. **CICÉRON**, auteur fétiche de **MONTESQUIEU**, composé un traité des lois ([De Finibus]) On trouve notamment : - Des **lois** **morales**, - Des **lois** **religieuses**, - Des **lois** **politiques** : des lois qui fondent le rapport entre le gouvernant et les gouvernées, - Des **lois** **civiles** : le *droit privé* régit le rapport des individus entre eux au sein d'une cité, - Des **lois régissant les rapports entre les nations elle-**même (le « *droit des gens* »). Toutes ces lois correspondent aux différents aspects de l'existence qui demande une régulation. Une des manières d'appréhendé la richesse du corpus de **MONTESQUIEU** est d'abord de dire qu'il fait une forme de Phénoménologie de toutes les sortes de loi qui s'impose aux hommes (anachronique), que les hommes le sachent ou non, qui régulent leurs comportements ou non. Il s'agit d'en exhiber la raison. Ainsi, ces lois renvoient à une *rationalité* ou une *intelligibilité* du réel, une légalité universelle. On peut subsumer la multiplicité de ces règles sous une loi générale : « *l'esprit des lois* » (cf. **Jean DOMAT**, auteur de [Des lois civiles dans leurs ordre naturel]). En étant de plein pied avec les réalités historiques et géographique, il s'agit de capter la rationalité de l'ordre et du réel, de chercher « *les raisons des maximes* » par lesquelles chaque nation se gouverne. Il cherche d'expliquer scientifiquement, à la manière de **NEWTON**, la forme et la matière. Ainsi, il faut ramener la *diversité des lois* au rapport complexe qu'elle entretienne avec la *nature*. Diversité des lois ↔ Nature Cet effort de découvrir la rationalité du réel (faisant possiblement de l'histoire une forme de « science nouvelle »), cela va à l'encontre de plusieurs conceptions de l'histoire que récuse **MONTESQUIEU**. « J'ai d'abord examiné les hommes, et j'ai cru que, dans cette infinie diversité de lois et de mœurs, ils n'étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies. J'ai posé les principes, et j'ai vu les cas particuliers s'y plier comme d'eux-mêmes ; les histoires de toutes les nations n'en être que les suites ; et chaque loi particulière liée avec une autre loi, ou dépendre d'une autre plus générale. \[\...\] Je n'ai point tiré mes principes de mes préjugés, mais de la nature des choses. » \*\*\ - **MONTESQUIEU**, [De l'esprit des lois], préface, §3-§4 « Les lois dans la signification la plus étendue sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses. » \*\*\ - **MONTESQUIEU**, [De l'esprit des lois], I. (« Des lois en général »), Ch. 1 (« Des lois dans le rapport qu'elles ont avec les divers êtres »), §1 « C**e n'est pas la fortune qui domine le monde**... Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques qui agissent dans chaque monarchie, l'élèvent, la maintiennent. ou la précipitent. \[\...\] » XXX décadence Derrière la succession d'événements que conduit l'histoire, **MONTESQUIEU** pense 2 choses, excluant : - Le hasard, - La fortune, - Le scepticisme, qui ferait de l'histoire le théâtre de la folie et la méchanceté des hommes. L'histoire ne doit pas être appréhendé d'un point de vue *sceptique* qui en ferait un chaos inintelligible (l'approche pyrrhonienne ou sceptique est récusée). - Un point de vue de l'histoire théologiquement guidé par la *providence* : ce n'est pas l'histoire de **BOSUET**. Il y a une causalité sous-jacente : on peut considérer les lois dans le rapport qu'elles entretiennent, avec un certain nombre de paramètre (moraux et physique), que le titre complète [De l'esprit des lois] possède -- à savoir [De l'esprit ou du rapport que les lois doivent avoir dans la constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, la religion, le commerce, etc.] L'épigraphe, utilisé par **MONTESQUIEU** comme l'originalité de son projet, est « *un enfant naît sans mère *». [L'esprit des lois] est comme une entreprise apparemment indéfinie des différentes lois qui gouvernent les nations et les hommes, dans le rapport qu'elles entretiennent (moraux, physique). On a souvent interprété cette épigraphe à un renvoi à la jeunesse de **MONTESQUIEU**. En réalité, c'est une métaphore de son entreprise même. C'est une entreprise de recensement de toutes les règles, usages et coutumes qui règlemente la vie de l'homme intelligent, ainsi que l'effort d'en rendre raison par des principes auquel les faits et les cas particuliers se plie comme d'eux-mêmes. Avant l'esprit des lois, est-ce que **MONTESQUIEU** a déjà la définition de la loi comme rapport nécessaire dérivant de la nature des choses ?\ Toute son œuvre est-elle déjà vu dans une structure relationnel donné ? **MONTESQUIEU** va dire que : - Les hommes sont *libres*, - Ce n'est pas la liberté des hommes qui va permettre d'expliquer le cours de l'histoire. Les hommes sont soumis à des lois qui sont susceptible d'être reconnus dans « *l'esprit des lois* ». La contingence apparente des événements peut être ramené à la nécessité du rapport entre différentes variables. Il peut y avoir une explication pluricausale, permettant de rendre compte des lois et des coutumes, aussi étrange soit-elle -- celles-ci étant appréhendés comme des faits sociaux au sein d'histoires pluriels. **MONTESQUIEU** a reçu une formation classique et c'est un cartésien. Il s'agit d'appliquer au monde historique le rationalisme que **DESCARTES** et **NEWTON** ont appliqué au monde physique. Il s'agit de se référer aux faits sociaux, économiques et historique, pour en produire une analyse en rendant compte par un déterminisme causal. On trouve une particularité des différents peuples et usages qui est irréductible. C'est ce que **MONTESQUIEU** appelle « *l'esprit général* » : chaque nation en possède un. Celui-ci est un mixte de forces hétérogènes, à savoir le climat, la religion, les lois, les maximes de gouvernement, les exemples des choses passées, les mœurs et les manières. Quand on change un de ces paramètres, on modifie l'ensemble des autres paramètres. Ainsi, on trouve une « *chaine invisible* » liant l'ensemble des éléments, produisant un tout intelligible et cohérent. On trouve un esprit propre à chaque nation, faisant que les lois qui conviennent à un peuple ne conviennent pas à un autre. L'Angleterre pour lui n'est pas un modèle : c'est un exemple (du fait que la *liberté politique* est encore possible). Si l'on peut subsumer l'infini des lois des mœurs des hommes, alors on peut considérer les lois générales d'une nation comme un fait social. Toute société est un *fait social intelligible *: il y a une *cohérence interne* des sociétés, faisant leurs esprits généraux, et concourant à donner leurs physionomies particulières. La prétention de **MONTESQUIEU** est de fonder une connaissance objective des sociétés -- expliquant la réappropriation des sociologue (Durkheim, etc.). Dans le 1^er^ chapitre des lois, il s'agit de comprendre l'esprit des lois, cherchant l'âme des lois par une méthode. **MONTESQUIEU** dit lui-même qu'il ne fait pas de la *jurisprudence* : 2'07 Il y a chez **MONTESQUIEU** le rapport entre les *lois positives* (institué par les hommes). **MONTESQUIEU** dit que l'homme va chercher les lois posées par les hommes (normatives, prescriptives), dans le rapport qu'elles ont avec les *lois du monde physique* (descriptives, explicatives). Question majeure :\ les lois instituées par les hommes présentent le même degré de nécessité que les lois du monde physique ? L'homme, en tant qu'il est sujet de *passion* et à l'*erreur*, il viole souvent les lois qu'il fait : celui-ci est un facteur de désordre par rapport aux lois positives. La difficulté du Chapitre I est d'aborder les différentes normes de lois (lois naturelles, lois positives, etc.). Chez **MONTESQUIEU**, il y a un parti pris *juste naturaliste* : il y a une *loi naturelle*, immuable et universelle, au nom de laquelle Roxane ([Lettres Persanes]) se suicident pour dénoncer la violence d'une loi positive d'Usbek (voir thème de la révolte contre la tyrannie et l'oppression d'Usbek). « Avant qu'il y eût des êtres intelligents, ils étaient possibles ; ils avaient donc des rapports possibles, et par conséquent des lois possibles. Avant qu'il y eût des lois faites, il y avait des rapports de justice possibles. Dire qu'il n'y a rien de juste ni d'injuste que ce qu'ordonnent ou défendent les lois positives, c'est dire qu'avant qu'on eût tracé de cercle, tous les rayons n'étaient pas égaux. »\ - **MONTESQUIEU**, [L'Esprit des lois], Livre I, Ch. I. - Ch. 1 -- contre le sceptique, les pyrrhoniens, etc. - Ch. 2 -- contre **HOBBES** sur 2 points. - Celui-ci défend une thèse anthropologique où l'homme est mauvais par nature (« *L'homme est un loup contre l'homme* »). Remontant à l'état de nature, **MONTESQUIEU** dit que l'idée de la *domination* est une idée complexe : l'homme naturel est un homme bon, et possède une idée de la *justice* -- thèse que l'on retrouvera chez **ROUSSEAU**. - **HOBBES** dit dans le chapitre XIII du [Léviathan] que **MONTESQUIEU** connait le fait qu'avant d'avoir des lois, il n'y avait ni juste ni injuste. Le juste et l'injustice naissent avec la société civile : la justice est ce que le souverain énonce et commente sous la forme d'une loi. Ainsi, juste/injuste sont des conventions sociales, absent naturellement (pas de propriété à l'état de nature). **MONTESQUIEU** récuse le « *conventionnalisme* » (dit aussi le « *positivisme* » de **HOBBES**) selon lequel il n'y a de juste/injuste que ce que commande les lois positives. → Voir « loi de sparte » pour **HOBBES** (vole de l'enfant). - Pour **HOBBES** la « loi » est arbitraire : c'est l'arbitre du souverain. C'est elle qui créer la distinction entre le juste et l'injuste. L'originalité de **MONTESQUIEU** est d'examiner ce problème de la loi et de l'esprit de la loi à travers différents types d'énonciation, à travers des essais politique, une fiction, etc. [Les Lettres Persanes] est la fiction la plus connus de **MONTESQUIEU**, ayant une grande renommée en Europe. On dit parfois que c'est lui qui a appris aux autres de faire des lettres un style à part entière. Toutes ces œuvres peuvent être appréhendé comme des manière de provoquer la pensée à propos de différents types de lois qui régissent nos comportements. « Je ne justifie pas les usages, mais j'en rends les raisons. »\ - **MONTESQUIEU**, [Esprit des lois], Ch. 16 Ouvrages & études notables -------------------------- ### Dissertations sur la politique des Romains et sur la Religion (1716) En 1716 paraît la [Dissertations sur la politique des romains sur la religion]. Dedans, il est sous l'influence de **MACHIAVEL** et **Pierre BAEL**. Comme **Machiavel**, il souligne la supériorité de la *religion des païens* sous la *religion chrétienne* : la religion des romains était une religion politique. Ainsi, il interprète la religion non comme une révélation, important au salut de notre âme et révélant une transcendance, mais il dit plutôt que la religion a une fonction politique. La grandeur des romains était d'instrumentalisé la religion. Pour lui, les romains ont fait une religion pour l'Etat (et non l'inverse). Le contenu du livre va être largement repris dans [L'esprit des lois]. Pour lui, la religion remplis une *fonction civique* -- la religion s'impose comme un jouc au peuple et serve sa cité. Les grands législateurs utilisent la puissance divine et invisible pour contrôler le peuple. Ainsi, la *religion* devient utile à l'*Etat*. Le texte n'hésite pas à dire qu'il y a des bienfaits dût à la superstition -- alors même que la religion nous fait délaisser les intérêts terrestres pour une vie dans l'au-delà (la religion chrétienne est censée nous dirigé vers un autre monde). L'intérêt de Rome est qu'elle laisse aux vaincus leurs religion et par-là, s'attire la non-agression des peuples qu'elle a vaincu. Il dit que chez les païens, il y avait de la tolérance -- **MONTESQUIEU** est un penseur de la tolérance. Ainsi, la religion doit servir les desseins politiques, choses qu'elle a sût faire à Rome. ### « Lettres persanes » (1721, roman épistolaire) Les [Lettres Persanes] est une *satire morale*, mais aussi une chronique de l'actualité de son temps : - Dégénérescence de la *monarchie française* sous le règne de Louis XIV ; - Décentrement ethnographique car fin de l'européocentrisme ; - Opposition de 2 cultures (asiatique et européenne) et de 2 religions ; - Retournement ironique : on découvre Paris et l'Europe avec le regard de 2 persans qui s'aventurent dans des climats barbares. Les mœurs et les lois françaises sont critiqués à l'aide du regard de deux étrangers. - C'est aussi un manifeste pour la tolérance ainsi qu'une anticipation des thèses de l'esprit des lois (Doit-on lire les Lettres Persanes (1721) avec la même analyse qu'il fera plus tard en 1748). On trouve aussi : - La mise en place de certains schémas comme le *despotisme orientale* (Chine / Perse), - Le *despotisme monarchique* de Louis XIV, - La critique de la colonisation, la condition des femmes. On trouvera chez **MONTESQUIEU** le droit au suicide (cf. suicide de Roxane qui préfère se suicider plutôt que continuer à obéir à la règle qui prévaut). 1734 : devait constituer un chapitre de l'Esprit des lois, mais il jette finalement les bases de sa science nouvelle de l'histoire politique.