CM - Approche socio des phénomènes sociaux contemporains PDF
Document Details
Uploaded by Deleted User
Tags
Summary
Ce document présente un résumé d'un cours sur les approches sociologique et anthropologique des phénomènes sociaux contemporains. Il introduit les différentes disciplines, et explique la distinction entre sociologie et anthropologie, en mettant l'accent sur les outils et les techniques utilisés.
Full Transcript
Présentation : - “axe” fil conducteur = socio-anthropologie de la famille - 6 chapitres : chap 1 = approche sociologique et anthropologique avec une dimension sociale et culturelle de la famille (→ famille pas juste une donnée naturelle) chap 2 = qu’est-ce que la famille ? →...
Présentation : - “axe” fil conducteur = socio-anthropologie de la famille - 6 chapitres : chap 1 = approche sociologique et anthropologique avec une dimension sociale et culturelle de la famille (→ famille pas juste une donnée naturelle) chap 2 = qu’est-ce que la famille ? → avec le principe de famille fondé sur 3 types de liens (alliance (= mariage), filiation, germanité (= frères/cousins)) chap 3 = liens d’alliance ; en comparant avec différentes sociétés chap 4 = liens de filiation ; en comparant avec différentes sociétés chap 5 = liens de germanité ; en comparant avec différentes sociétés CHAPITRE 1 : approche sociologie & anthropologique - disciplines qui sont jumelles/voisines car elles s’intéressent à l’Homme en société → leur objectif est de comprendre la vie en société MAIS elles ne sont pas non plus identiques elles sont nées dans la deuxième moitié du XIXe (“nées” CAD qu’on a commencé à les enseigner, à publier des livres dessus etc) DONC à ce moment-là leur objet est différent : les anthropologues travaillent sur les sociétés dites traditionnelles/lointaines/ exotiques/“primitives” (CAD qu’elles étaient considérées comme plus simples et moins développées etc) // les sociologues s’intéressent à nos sociétés européennes “modernes” et à ce moment on est en révolution industrielle donc il y a des bouleversements car il y a une industrialisation + urbanisation + des changements de mode de vie (ce qui fait peur à l’époque) etc - aujourd’hui il n’y a plus autant de sociétés/tribus recluses (même si certains documentaires le disent) et nous sommes dans une ère de globalisation - il y a la question de l’altérité CAD que fait l’autre ? celui qui est loin ? celui à côté de chez moi ? - la frontière est donc devenue perméable entre sociologie et anthropologie MAIS elles restent bien 2 disciplines différentes car elles sont longtemps restées séparées notamment quant aux questions que les spécialistes se sont posées (qui étaient donc différentes) - ethnologie//anthropologie = même discipline MAIS leur utilisation dépend des pays etc ethnos (grec) = ethnies → donc l’ethnologie s’intéressent surtout aux groupes différents au sein de l’humanité (→ peut y avoir des spécialistes de certaines civilisations) => particulier vers général anthropos (grec) = l’Homme → donc l’anthropologie est plus la science de l’Homme (→ spécialistes qui essaient d’avoir plus de connaissances générales sur l’Homme) => général vers particulier => mêmes démarches mais pas même signification/branches de recherche Lévi-Strauss : trois étapes hiérarchisées d’une même démarche = ethnographie (= recueil de données) → ethnologie (= synthèse analytique des questions qu'on s'est posées sur un sujet ; on analyse les matériaux) → anthropologie (= on se décolle des données/matériaux et on les compare avec d'autres à l'échelle humaine => on produit des connaissances sur l'Homme) /!\ tous les ethnologues ne se considèrent pas anthropologues et vice-versa - 2 difficultés majeures : 1) quand on veut étudier une société alors qu’on appartient déjà à une société (et souvent même on appartient à la société qu’on étudie) alors on a donc des aprioris sur les connaissances/croyances/clichés/idées sur le sujet → Durkheim (fondateur de la sociologie française) dit “si on est sociologue on doit lutter contre les pré-notions” CAD les idées toutes faites qu’on a sur un sujet sans avoir travaillé dessus CAD qu’il faut faire un travail objectif grâce à des études/enquêtes empiriques (croire//savoir) ; il voulait montrer le poids de la vie sociale sur les individus et a donc travaillé sur le suicide grâce à un travail d’enquêtes avec des statistiques dans les sociétés européennes de son époque et va comparer les données (âge, sexe, religion, classe sociale etc…) et va réussir à démontrer que la vie sociale a bien un impact sur les individus 2) ethnocentrisme : quand les personnes se comportent différemment on va rapporter ça à ce qu'on connaît → cela amène donc à juger car ils ne font pas comme nous (mépris//encensement) => on juge car on ne comprend pas très bien MAIS il est impératif de changer de grille culturelle et d’aller vers le relativisme culturel CAD accepter la complexité de chaque culture → l’ethnocentrisme n’est pas du racisme car racisme = dire qu’il y a des races + que certaines seraient supérieures et d’autres inférieures + que génétiquement certaines seraient plus ou moins dotées d’attributs que d’autres - pour faire ces recherches/travaux il faut des outils/techniques/méthodes : → méthodes quantitatives = sources chiffrées, statistiques (notamment utilisées par les sociologues) => soit ils prennent des chiffres déjà publiés (Insee) soit ils produisent eux-mêmes les données dont ils ont besoin (-> exs faire des échantillons aléatoires ou représentatifs) → méthodes qualitatives = observation participante (créé par l'anthropologue Malinowski) CAD aller sur le terrain et “arrêter d’étudier de loin” & arrêter d’utiliser les travaux de seconde main CAD les témoignages d’autres gens etc → observation participante = immersion ; découvrir une population de l’intérieur avec leur vision de leur monde => c’est une rupture épistémologique CAD une rupture avec les méthodes habituelles et c’est donc un changement de construction des connaissances - l’observation participante est devenue la marque de fabrique de l’anthropologie (les sociologues se sont aussi emparés de ça), elle a pour but de créer le débat : comment on fait pour faire une observation participante ? → Malinowski dit qu’il faut être dedans sans vraiment y être => cependant il est difficile de participer et d’observer en même temps Jeanne Favret Saada est une ethnologue qui a fait une étude sur la sorcellerie en France et a fait immersion en Mayenne : pendant 6 mois elle n’a rien eu à relever (les gens disaient que oui il y en avait mais c’était toujours dans la région d’à côté etc) et finalement un jour un couple est venu la voir pour lui raconter les malheurs qui leur arrivait et ont finit par dire “nous sommes ensorcelés” → elle va comprendre qu’ils sont venus la voir pas parce qu’elle est ethnologue mais parce qu’ils ont pensé qu’elle pouvait les désensorceler → elle finit par accepter => elle dit qu’elle n’arrive pas à observer quand elle est dedans et n’arrive à prendre des notes d'observation qu’à posteriori de la participation et donc elle dit que l’observation participante à la Malinowski ne marche pas ; certains ont finit par dire qu’ils faisaient eux de la participation observante - parfois les situations d’immersion peuvent être dangereuses - c’est un travail différent de celui d’un reporter car l’anthropologue s’immerge pendant vraiment longtemps etc (finit par connaître la population etc) - école de Chicago = courant en sociologie où les chercheurs se sont intéressés aux sujets interurbains ou aux ethnies etc → ce sont des petits terrains donc ils ont pu d’emblée adopter la méthode des anthropologues - les entretiens : directifs = c’est moi qui dirige, non-directifs = j’ai un sujet je le lance et je laisse parler, semi-directifs = je laisse le plus possible la personne parler mais je pose quand même des questions etc /!\ ces méthodes ne sont pas exclusives les unes des autres : elles sont complémentaires et chiffrées et peuvent être contradictoires donc il est bien de comparer - démarche inductive = d’abord je récolte des matériaux puis je les analyse puis j’ai une théorie - quand on fait de la sociologie ou de l’anthropologie on a en général 1 ou 2 ou 3 domaine(s)/champ(s) d’application maximum CAD qu’on ne peut pas être compétent sur TOUS les sujets CHAPITRE 2 : qu’est-ce que la famille ? - c’est une question difficile car le terme de “famille” est polysémique - la première définition est souvent les “ liens de sang” mais ça ne marche pas tout le temps : adoption, beau-frère/belle-sœur => on peut construire la famille → lien d’alliance - une autre définition régulière est “ce sont des gens qui vivent ensemble”/ une maisonnée : oui mais non, ça peut mais pas toujours donc on appelle les personnes qui vivent sous le même toit un “groupe domestique” car ça peut être parents/enfants mais aussi colocataires ou célibataire OU ALORS une famille mais avec des résidences différentes : parents séparés, grands enfants partis faire leurs études… - il y a aussi la question de la frontière CAD jusqu’où je vais pour définir qui est ma famille, où s’arrête la famille, est-ce que les personnes décédées font toujours partie de la famille… => d’une société/époque à l’autre ça dépend : la famille est variable selon la culture => les principes sur lesquels sont définis la famille ne sont pas universels → les formes de la famille sont variables, les règles de filiation ou d’alliance sont variables => il y a une variabilité selon les époques rien qu’en France : aujourd’hui ce qui domine chez nous c’est la famille conjugale (= parents et enfants) (→ pas forcément une forme récente de famille -> exs le Moyen-Age) mais pendant les guerres féodales les enfants se protégeaient et retournaient chez leurs parents même s’ils étaient déjà mariés - les Nuer (texte Françoise Héritier TD), les Na de Chine - notion de famille-souche = quand 3 générations sont sous le même toit (en général grands-parents, parents, enfants) → remarqué notamment dans le Sud de la France - il faut référer la famille au contexte économique etc => la famille est une donnée universelle MAIS elle a une forme variable, il faut donc dépasser l’ethnocentrisme et mettre tous les modèles de famille rencontrés sur un pied d’égalité sans jugement de valeur - aussi, la famille est culturel ; ce n’est pas un fait de nature => c’est un phénomène artificiel CAD que socialement on construit notre famille → si c’était naturel alors ça serait pareil partout + la famille remplit des fonctions sociales (dont 2 beaucoup étudiées en sociologie & en anthropologie : la socialisation (= intériorisation de normes et de valeurs tout au long de la vie) + la solidarité (= aides économiques, coup de main, aides de garde d’enfants à aide matériel mais surtout don de temps)) => les sociétés reposent sur cette institution fondamentale qu’est la famille - tous les rapports sociaux sont compris en terme de parenté → d’où l’obsession des anthropologues sur le sujet de la famille - la famille permet de survivre : coopération, entraide… -> exs Lawrence Marshall va étudier les Bochiman qui vivent en bande et où chaque bande a sa portion de territoire et sur laquelle elle a tous les droits, il raconte que si à un moment il n’y a plus assez de ressources pour se nourrir alors on peut aller voir chez le voisin MAIS seulement si quelqu’un a un parent dans cette bande sinon il faut aller voir ailleurs → ici les liens de parenté sont une question de vie ou de mort - la parenté crée une unité ; une ressemblance etc et détermine avec qui on va entretenir ses relations de confiance (ci-dessus : coopération, entraide…) - démographie = étude de la population (→ indices démographiques ci-dessous) - 1960/70 “crise de la famille” : on se marie de moins en moins et ceux qui le font c’est tardivement (vers la trentaine en moyenne), augmentation du divorce donc mise en place de lois pour cadrer tout ça (loi de 1975 = consentement mutuel du divorce), taux de célibat qui a tendance à augmenter, baisse de la fécondité et familles nombreuses moins fréquentes CAD moins d’enfants par femmes // familles recomposées qui augmentent et aussi les familles monoparentales => ces indices font dire qu’il y a une crise de la famille → oui mais non : le mot crise sous-entend qu’avant ça allait mieux (on peut le penser à titre individuel CAD que ça peut être notre opinion mais ce n’est pas scientifique) & oui ces indices sont réels mais ne serait-ce pas plutôt une transformation ? => aujourd’hui on a donc plusieurs normes qui sont admises & malgré ces transformations la famille est toujours un lieu de socialisation et de solidarité - 3 types de liens qui structurent la famille : → alliance (= mariage) → filiation (= parents-enfants à descendance entre générations) → germanité (= frères/sœurs/cousins) (& germanité affine (= beaux-frères/sœurs)) CHAPITRE 3 : les liens d’alliance - alliance → mariage CAD union socialement reconnue ; ce qui officialise une relation entre des individus - quelques sociétés ne sont pas forcément organisées sur le mariage -> exs les Na de Chine => le mariage est une institution importante dans l’immense majorité des sociétés - dans beaucoup de sociétés il y a une importance du mariage qu’on peut mesurer avec la répulsion que ces sociétés ont pour le célibat -> exs Rome Antique, Incas ; répulsion pour plusieurs raisons notamment la survie - dans notre société le célibat n’est pas un handicap énorme mais il y a quand même une certaine pression sociale -> exs si à partir d’un certain âge on est toujours célibataire - les enjeux du mariage → créer une réciprocité entre les conjoints mais aussi créer des réseaux de parenté très larges (liens sociaux + juridiques + économiques etc) donc le mariage va bien au-delà du couple -> exs îles Trobriand (Malinowski) le mariage permet une autorisation de la procréation (les enfants hors mariage sont mal vus) => le mariage déclenche des droits & des obligations etc MAIS ils dépendent d’une société à une autre + il permet de structurer les sociétés et donc il n’est pas seulement de l’ordre de l’intime → le fait de penser que ce n’est qu’une histoire de sentiments est très récent (avant il y avait des mariages arrangés etc) même si ça n’est pas qu'une histoire de sentiments le mariage est aussi une histoire de transactions notamment 2 : la dot & la compensation matrimoniale → dot = représente des biens qui sont donnés par la famille de la femme à la famille du mari en cas de mariage => du coup dans les sociétés qui pratiquent la dot il n’est pas très bon d’avoir plein de filles car le mariage devient alors très coûteux + la dot n’est pas la même selon le statut social → compensation matrimoniale = (“bride price” en anglais) représente des biens qui sont donnés par la famille du mari à la famille de l’épouse mais ce n’est pas une histoire d’achat mais de compensation CAD qu’il s’agit de compenser le fait que l’homme prenne une femme => si la résidence est patrilocale alors c’est là que le groupe de la femme est privé d’une femme qui peut travailler ou donner des enfants à cette tribu etc donc c’est là qu’il faut compenser et donc la compensation varie -> exs les Bochiman le jeune marié va vivre chez le père de sa femme pendant quelques temps jusqu’à ce qu’il ait au moins 2 ou 3 enfants mais dans sa famille quelqu’un lui garde sa place et il ne revient qu’ensuite dans sa famille avec ses enfants et sa femme donc il a compensé pendant un certain temps - résidence patrilocale = le couple s’installe du côté de la famille du mari/groupe/tribu donc femme privée de sa famille - résidence matrilocale = famille de la femme donc homme privé de sa famille - résidence néolocale = couple s’installe chez lui dans une nouvelle résidence qui n’est ni du côté de la famille de la femme ni de celle du mari => ces histoires de transactions sont donc culturelles - les formes du mariage peuvent varier : mariage monogame entre homme & femme est celui qu’on retrouve le plus quantitativement → c’est la norme mais cette norme évolue, mariage monogame unisexe, mariage polygame CAD plusieurs individus se marient entre eux (personne qui se marie avec plusieurs autres simultanément) (→ mariage primaire puis mariage secondaire qui se cumule au premier et donc n’élimine pas le premier etc) - 2 formes de polygamie : → polygynie = homme qui se marie avec plusieurs femmes (plus répandus -> exs Nayar en Inde etc) chaque épouse à un statut social reconnu d’épouse justement et pas 1 épouse & les autres sont les maîtresses souvent sororales CAD que souvent l’homme épouse des sœurs → polyandrie = femme qui se marie avec plusieurs hommes (-> exs Nuer du Soudan) (lié au nomadisme des hommes et permet à la femme d’avoir un homme à la maison) souvent fraternelle/adelphique CAD que souvent la femme épouse des frères => attribution des enfants par ordre dans la fratrie & cas extrêmement rares où il peut y avoir les 2 (polygynie + polyandrie) - un homme qui épouse plusieurs femmes du coup prive les autres hommes de femme → c’est donc une histoire de statut économique + politique etc -> exs Haoussa au Nigéria → témoigne d’une grande puissance ; c’est honorifique - la polygamie n’est pas reconnue en France - il existe d’autres types de mariage dans le monde : -> exs mariage entre femmes chez les Nuer du Soudan mais ce n’est pas une union homosexuelle (CAD qu’il n’y a pas de sexualité entre les 2 femmes) => cette union est pour les femmes qui n’ont pas encore procréées et qui ont donc un certain âge donc elle a la possibilité d’épouser une femme de façon tout à fait légale mais du coup dans sa société elle devient un homme donc elle devient le mari de la femme qu’elle épouse, elles ne partagent pas le lit conjugale et celle considérée comme une femme a le devoir d’avoir des amants pour avoir des enfants qui seront ensuite donc considérés comme les enfants de la femme stérile qui est devenue l’homme/mari (pour nos sociétés c’est la PMA ou la fécondation in-vitro etc mais eux n’ont pas tout ça donc c’est leur technique mais finalement nous aussi on peut avoir des techniques de ce type avec une mère porteuse pour les couples homosexuels par exemple) -> exs mariage fantôme chez les Nuer du Soudan => épouser un mort mais un mort sans descendance ; la femme se marie avec le frère du mort par exemple et ensuite ils ont des enfants mais “légalement” elle est mariée avec un mort et ses enfants sont ceux du mort → la préoccupation est toujours de donner une descendance à quelqu’un qui n’en a pas eu (ici que pour les hommes) => comment on créer une descendance/continuité quand on n’a pas accès à la PMA comme dans les pays européens par exemple ? - ce sont des choix arbitraires culturels pris par différentes sociétés → différent géographiquement et historiquement - 2 autres formes de mariages = lévirat et sororat : → lévirat = femme doit se remarier avec le frère de son mari défunt → sororat = (inverse du lévirat) homme doit se remarier avec la sœur de son épouse défunte => ces pratiques s’expliquent par les contrats d’alliance entre les groupes → on s’allie avec un groupe de parenté avant de s’allier avec un individu spécifique - cela pose la question des interdits et donc de l’inceste (spécificité humaine → pas ce genre d’interdits chez les animaux) => est-ce que c’est bien universel ? - Rodney Needham a trouvé que c’était abusif de dire que c’était universel et pense que ce n’est pas universel ces interdits → il va montrer que selon les sociétés les punitions sont tellement larges que ça peut aller juste du regard désapprobateur à la mise à mort donc il dit qu’on ne peut pas tout mettre dans le même panier il va aussi se pencher sur le vocabulaire qu’on utilise en fonction des sociétés CAD que dans certaines on utilise des mots que nous on a traduit par inceste mais est-ce que c’était vraiment ça (→ fait de traduire par “inceste” est une volonté très occidentale pour justement universaliser cette notion) MAIS ce discours relève de l’exception chez les anthropologues - même si ce n’est pas universel la forme varie, la force varie (= punition), la façon dont on le désigne varie, la sanction en fonction des membres concernés varie, mais aucune société n’échappe à cet interdit (CAD qu’aucune société ne dit “chacun fait ce qu’il veut”) - les interdits sont plus souvent sur les relations parents-enfants ou frères-sœurs MAIS il y a des sociétés qui ont accepté voire encouragé ce genre de relation -> exs Egypte antique - parfois des sociétés ont instauré des lois écrites et parfois ce sont seulement des mœurs CAD que ça ne se fait pas point - en France il y a une dissociation entre relations (non réglementées) et mariages (réglementés) => d’où vient cet interdit de l’inceste ? / pourquoi ce besoin d’interdit de l’inceste ? : - occidentalement la question est réglée par la biologie CAD pour éviter les dégénérescence génétique → c’est une explication mais pas suffisante - Lévi-Strauss : thèse Les structures élémentaires de la parenté (1947), il affirme que la biologie ne peut pas être l’explication car comment ont pu se rendre compte les gens des sociétés où l’écriture n’existe pas (donc pas de registre) que certaines relations étaient consanguines et donc donnaient des dégénérescences il y aurait une explication psychologique sur la répulsion instinctive pour ceux qui seraient trop proches de nous qu’il balaye aussi car que fait-on des sociétés où on peut épouser ses frères-sœurs voire aussi certaines sociétés où frères-sœurs ne vivent pas ensemble ? donc d’où vient cette aversion ? sa théorie tourne autour de l’exogamie CAD que pour lui les sociétés ont instauré cet interdit pour obliger à aller chercher son conjoint plus loin/à l’extérieur pour créer du lien social et il dit même que dans le mariage ce n’est pas tant le fait de se trouver une femme mais de se créer des beaux-frères (conserver lien d’alliance, donc femme = sorte de bien qu’on s’échange pour créer du lien) l’interdit de l’inceste marque un point de passage entre homme de nature à homme de culture → endogamie = épouser quelqu’un de son propre groupe social → exogamie = épouser quelqu’un à l’extérieur de son propre groupe social - précision : → cousins parallèles = enfants des sœurs de la mère ou enfants des frères du père => dans certaines sociétés ils sont considérés frères-sœurs avec nous → cousins croisés = enfants des frères de la mère ou enfants des sœurs du père => dans certaines sociétés on encourage les mariages avec eux - MAIS la théorie de Lévi-Strauss a fait débat : Françoise Héritier : considérée comme l’héritière de Lévi-Strauss, elle va dans le même sens que lui mais va montrer que sa théorie n’est pas complète, dans Les deux sœurs et leur mère elle veut montrer que Lévi-Strauss n’a pas montré tous les types d’incestes (premiers types et deuxièmes types) elle dit que l’inceste de premier type ce sont les personnes qui ont liens de sang (frères-sœurs, mère-fils etc) et l’inceste de deuxième type (homme-sœur de son épouse, homme-épouse de son frère etc) et elle dit donc que ce serait aussi intéressant de travailler sur l’inceste de deuxième type (chose que n’a donc pas fait Lévi-Strauss) elle a travaillé auprès des Samo du Burkina Faso et dit que quand un mariage à lieu entre 2 lignages/clans différents (qui n’ont aucun liens) alors ce type d’union ne peut pas se reproduire pendant plusieurs années et donc elle dit que la théorie de Lévi-Strauss ne marche pas ici elle va se pencher sur la façon dont les sociétés conçoivent les échanges de fluides (CAD gestation et reproduction) -> exs les Samo qui pensent que ce sont les 2 adultes qui participent à la fabrication de l’enfant et chacun apporte des choses précises (homme = sang, souffle, esprit / femme = chair, os) ; dans leur imaginaire les individus sont composés de 8 couches de sang : 4 du père et 4 du corps de la mère qui lui viennent elle-même de son propre père ; Françoise Héritier voit que pour que l’individu soit composite il ne faut pas qu’ils lui apportent des choses trop semblables et c’est pour ça qu’il ne faut pas mélanger les lignées pendant un certain temps à la suite de cette union ; elle dit qu’il y a 2 catégories (semblable // différent) ce qui reprend l’idée de Lévi-Strauss sur le fait que l’humain pense par catégories souvent en opposition => pour elle c’est ce qui explique l’interdit de l’inceste (-> exs l’homme ne peut pas coucher avec la sœur de sa femme car dans ce cas les 2 femmes vont avoir un contact avec des fluides corporels par le biais d’un partenaire commun) Maurice Godelier : anthropologue français, pas d’accord avec Lévi-Strauss et Françoise Héritier, Métamorphoses de la parenté où il se sert de son expérience chez les Baruya il va dire que tous les mariages ne sont pas des ouvertures à l’autre (-> exs les Egyptiens qui se marient entre frères/sœurs & d’autres sociétés qui pratiquent ça) et que nous avons trop tendance à lier la relation entre mariage et sexualité (=> règles catholiques CAD pas de sexualité hors mariage) donc pour lui il faut apprendre à dissocier et donc que la question de l’inceste est d’abord question de sexualité et pas forcément de mariage il explique que ces interdits ont été posé car à la base la sexualité est asociale car elle créer de la jalousie/concurrence etc donc cela ne pacifie pas les relations sociales et que donc pour ne pas que les choses bougent alors les sociétés ont décider de règlementer la sexualité → donc les interdits de l’inceste visent d’abord à règlementer & pacifier et c’est ce qui fait que ça débouche sur des règles au niveau du mariage => comment ça se passe aujourd’hui chez nous ? - mariage homosexuel : ¤ évolution récente (loi du 17 mai 2013) “mariage pour tous” ¤ droits et devoirs dans le mariage (les règles sont les mêmes pour tous les mariages) ¤ question de la parentalité des couples homosexuels ¤ ceci a fait de la France le 9ème pays européen et le 14ème au monde à adopter cette loi ¤ ce n’est pas la loi qui créer le mariage homosexuel → la loi est posée à la suite d’une pression/demande sociale ¤ l’évolution est liée à une évolution des mœurs car avant c’était négatif et maintenant c’est plus accepté (dépénalisation), les législateurs ont donc aussi consulté des sociologues et anthropologues parce que peut-être que pour eux c’est quelque chose qu’ils avaient déjà vu dans d’autres sociétés qu’ils ont étudié => en effet finalement pour l’ethnologie cette situation n’est pas complètement nouvelle -> exs les Nuer c’est pas de l’homosexualité mais il y a quand même existence d’un mariage entre 2 femmes -> exs des Azandée du Soudan qui ont un mariage homosexuel mais complètement différent CAD qu’ils sont polygames enfin surtout polygynes donc du coup souvent les jeunes hommes ne trouvent pas de femmes très tôt (même jusqu’à la trentaine) car elles sont déjà mariées donc en attendant ils vont contracter un mariage homosexuel et c’est une union reconnue même si elle est temporaire ; ces unions sont sexuelles mais temporaires et il n’est donc pas question de parentalité => Nuer = parentalité mais pas sexualité / Azandée = sexualité mais pas parentalité ¤ donc en 2013 pour la première fois on a connecté les 2 → ça a créé des débats car cela chamboule nos repères culturels sur le mariage et donc sur les alliances + on construit quelque chose de nouveau sur lequel on n’a pas d’exemples /!\ donc les unions hétérosexuelles sont tout sauf naturelles ! → ce sont des constructions sociales et culturelles - choix du conjoint : ¤ pas mal d’enquêtes depuis les années 1950 ¤ les sociologues se demandent si on rencontre vraiment notre conjoint par hasard et est-ce que c’est qu’une histoire de sentiments ? ¤ place du hasard mais hasard quand même maîtrisé en amont au niveau social ¤ avant le mariage était économique + devait durer toute la vie + était une histoire de nom & de statut social etc ¤ le mariage arrangé est moindre aujourd’hui mais c’est récent (Montaigne “un bon mariage, s’il en est, refuse la compagnie et conditions de l’amour”) donc avant mariage & sentiment amoureux n’allaient pas ensemble mais aujourd’hui on pense que ça va ensemble (=> aujourd’hui c’est l’intérêt de l’individu qui prime) ¤ mises en scène en littérature notamment (XIXe = révolution romantique) ; évolution dans les pratiques avec la possibilité de mariages d’amour MAIS souvent entre 2 personnes d’un même milieu → XIXe = salariat avec la révolution industrielle donc le salariat permet à l'individu de devenir plus autonome/indépendant de sa famille donc on commence à réfléchir à l’autonomie du couple ¤ l’Etat commence à interférer dans l’éducation des enfants (école obligatoire, laïque, publique) donc il s’immisce dans les histoires de famille & a un rôle de protection sociale etc => l’individu est indépendant de sa famille mais dépendant de l’Etat ¤ aujourd’hui les sociologues se demandent si n’importe qui peut épouser n’importe qui → ils montrent que non ce n’est pas qu’une histoire de hasard et que non n’importe qui n’épouse pas n’importe qui ¤ la règle est souvent qu’on a tendance à épouser son semblable sur le plan social donc il y a toujours une forme de contrainte sociale Alain Girard : lance en 1959 une première enquête sur l’homogamie (= épouser son semblable) et montre qu’en matière de choix du conjoint il y a une forte homogamie sociale + culturelle (même niveau de diplôme) + géographique - cette enquête est prolongée par Michel Bozon et François Héran : ils disent qu’il n’y a pas de hasard & que le coup de foudre entre personnes différentes est un mythe + montrent que l’homogamie persiste et c’est d’autant plus fort dans les catégories supérieures ou catégories populaires mais un peu moins vrai dans les classes moyennes car souvent les individus sont en mobilité sociale ils constatent des situations de couples qui ne viennent pas d’un même milieu mais appellent ça l’hétérogamie structurelle (= hétérogamie liée à la structure des emplois CAD que la structure est genrée dans certains métiers -> exs plus d’hommes ouvriers que de femmes donc vont voir ailleurs) ils expliquent qu’ils vont souvent voir ailleurs dans la catégorie sociale la plus proche immédiatement en dessous donc ce n’est pas une vraie hétérogamie car elle est forcée et en plus on cherche quelqu’un pas similaire mais très proche sur le plan géographique ça a changé car dans les années 1950 on va à côté de chez soi mais dans les années 1980 on a une mobilité résidentielle plus importante donc une exogamie géographique qui se met en place mais en revanche il persiste une homogamie géographique et il y a toujours une homogamie culturelle - le paysage des rencontres à quand même changé : dans les années 1950 on rencontre le conjoint au travail ou chez des amis / en 1980 on a des loisirs qui émergent et qui prennent plus de place ce qui a diversifié le paysage des rencontres (-> exs club de handball, club poterie…) mais donc comment ça se fait qu’il n’y ai pas eu un brassage social ? → ils l’expliquent par : 1. triangle des rencontres = (voir google) dans chaque coin du triangle ils mettent une catégorie sociale (classes populaires, catégories supérieures d’un POV économique, catégories supérieures d’un POV intellectuel) → les classes populaires disent rencontrer le conjoint à la fête foraine ou dans le métro ou au centre commercial → les catégories supérieures d’un POV économique disent rencontrer le conjoint à une fête de famille ou entre amis → les catégories supérieures d’un POV intellectuel disent rencontrer le conjoint dans des lieux réservés comme l’université ou un concert de musique classique => montrent que selon les milieux on ne fréquente pas les mêmes endroits => donc le marché matrimoniale est segmenté => donc pas la même probabilité de rencontrer la même personne 2. catégories du jugement amoureux = goûts = Desrosières “on a de goût l’un pour l’autre que si on a les mêmes goûts”, goûts et dégoûts communs, Bourdieu dit que les goûts et dégoûts viennent de notre éducation => donc si on a les mêmes goûts et dégoûts c’est que souvent on vient du même milieu 3. stratégies matrimoniales = plus ou moins conscientes selon les milieux, (texte TD Pinçon-Charlot) - aujourd’hui de plus en plus de rencontres en ligne (texte TD Marie Bergström) ce qui a beaucoup changé la façon dont on rencontre notre conjoint avant il y avait l’imaginaire que les gens sur les sites de rencontres y allaient car c’était un peu le dernier recourt donc il y avait une forme de honte MAIS aujourd’hui c’est devenu une pratique massive & socialement plus accepté + il y a une multiplication des sites plus ou moins larges (les “niches” sont plus petits ; avec une claire recherche d’un semblable) => est-ce que les sites les plus larges ont vraiment ouvert et favorisé un brassage social ? non : ils fabriquent toujours de l’homogamie MAIS les modalités ont changé + le processus de sélection a changé etc (texte TD Marie Bergström) - idée de grille d’interprétation sociale CHAPITRE 4 : Les liens de filiation Introduction : - filiation = transmission de la parenté ; savoir qui descend de qui - consanguinité = savoir qui partage du sang avec qui ; il n’est pas universel de dire qu’on se transmet du sang -> exs les Na de Chine pensent qu’on transmet de l’os (“gens de l’os” = pour nous ce qu’on appellerait nos “consanguins”) - qui sont nos consanguins ? -> exs suis-je consanguin avec mes cousins ? => où est la frontière ? tout est relatif aux époques & aux sociétés (CAD qu’on n’établit pas tous les mêmes frontières donc ça ne peut pas être universel) - ce qui intéresse les anthropologues c’est de savoir comment chaque société tranche sur la question => il faut considérer que les consanguins d’une société sont ceux qui sont désignés par eux-mêmes comme tels (donc comme toujours il faut se détacher de ses prioris et normes) - biologiquement nous on pense que c’est 50/50 mère/père mais il y a d’autres sociétés où on pense que c’est le père qui fait tout ou à l’inverse la mère qui fait tout donc il faut se référer à l’imaginaire de chaque société - distinction consanguins/alliés → chez certaines sociétés c’est primordial de distinguer mais par exemple pas tant chez nous -> exs chez nous “oncle” = frère du père ou frère de la mère ou conjoint de la sœur de la mère ou conjoint de la sœur du père => ça prouve que pour nous faire la distinction n’est pas vraiment important/crucial - chaque société construit son mode de filiation avec ses propres critères - parfois on créer de la filiation fictive mais qui compte tout autant que de la parenté biologique → adoption = parenté fictive même si chez nous on le transforme en consanguinité dans notre imaginaire (notamment avec la création de l’interdit de l’inceste), parrainage = un parrain et une marraine qui interviennent dans une forme de large parenté de l’enfant et à qui revient la garde de l’enfant si les parents décèdent ou autre (notamment avec la création de l’interdit de l’inceste) -> exs idée de parrainage très importante en Amérique latine notamment => la consanguinité n’est pas une donnée naturelle → la “consanguinité sociale” est une construction culturelle ; inceste du 2ème type de Françoise Héritier - on se fiche donc des liens de sang mais on se demande juste qui on va désigner comme étant notre consanguin ⇓ ¤ chez nous on a l’habitude de considérer qu’un enfant descend aussi bien de son père que de sa mère (50/50) donc que les grand-parents maternels et paternels sur un pied d’égalité = système indifférencié → ce système n’est pas universel & où beaucoup de sociétés pensent qu’on ne descend que de l’un ou que de l’autre = sociétés de filiation unilinéaire CAD qu’on ne pense qu’une lignée (soit la descendance ne se fait que par la mère (matrilinéaire) soit que par le père (patrilinéaire)) - la filiation détermine à qui/quel groupe on appartient, le statut social, les devoirs/obligations qu’on a envers notre mère ou père, le nom, l’héritage → filiation patrilinéaire = (-> exs les Nuer du Soudan) → filiation matrilinéaire = (-> exs les Na de Chine) (on pensait que c’étaient des sociétés matriarcales mais pas du tout → en fait les cas où les femmes ont le pouvoir sont très rares voire inexistants) -> exs les Na de Chine pratiquent la matrilinéarité stricte CAD qu’ils ont un système de parenté sans père ni mari (pas de paternité → dans leur vocabulaire il n’existe pas de termes pour dire “père” ou “mari”) donc l’enfant vit dans le groupe de sa mère donc dans une maisonnée avec la grand-mère et en fait tous ces enfants donc il y a aussi les oncles (seuls hommes même s’ils ne vivent pas avec les femmes avec qui ils ont des enfants (ni donc ses enfants)) + il n’y a pas de mariages ; la sexualité se passe dans l’institution appelée “la visite” => 2 types de visites : visite furtive et visite ostensible > visite furtive = homme qui rend visite à une femme (mais femme décide s’il rentre ou pas et peut même être à l’origine de la demande grâce à des codes) peuvent d’ailleurs être plusieurs à se présenter et c’est l’homme le plus persuasif qui rentre ; et donc l’homme doit partir avant le lever du jour car on considère que la maisonnée n’a pas à être au courant (donc il passe juste la nuit) > visite ostensible = même personne qui vient régulièrement donc peut rester le matin ou apporter des cadeaux etc donc sorte de relation plus durable mais il ne vit pas ici + ne veut pas dire que c’est une relation exclusive (chez les Na la valeur de fidélité n’existe pas et l’idée de jalousie est très mal vue → pas de notion d’exclusivité) ; les enfants qui naissent on ne se demande pas qui est leur père car de toute façon ce sont les enfants de la femme donc elle va les garder dans sa maison => dans tous les cas même si on sait qui est le père, il n’aura aucun droit sur les enfants ; ce sont les oncles qui sont une figure d’autorité masculine = relation avunculaire => l’hommes n’élève pas ses enfants mais ceux de ses sœurs => et pour l’nterdit de l’inceste ? → il est universel donc il existe mais il ne concerne pas les pères ou potentiels demi-frères mais il concerne seulement la lignée maternelle ; interdit de l’oncle maternel peut mener à une peine de mort → on ne parle pas de sexualité devant son oncle, pas de télévision où il y aurait une scène de sexe etc -> chez eux l’héritage est collectif et pas individuel comme nous → ça reste dans la même maisonnée -> l’effet de la mondialisation peut modifier la vision de certains individus et donc parfois un couple peut vouloir vivre ensemble mais dans ces cas-là ce couple doit partir et alors la famille est fragilisée - d’autres systèmes de filiation : filiations bilinéaires CAD que les 2 lignages remplissent des fonctions complémentaires mais différentes → bilinéaires parallèles = fille hérite de la mère / fils hérite du père → bilinéaires croisés = fille hérite du père / fils hérite de la mère -> exs Margareth Mead a étudié les Mundugumor (en Océanie) → ils pratiquent la filiation en corde CAD les mères transmettent à leurs fils qui transmettront à leurs filles etc / les pères transmettront à leurs filles qui transmettront à leurs fils etc… -> les filles n’appartiennent qu’au clan du père / les fils n’appartiennent qu’au clan de la mère => une mère n’appartient pas à la même corde que sa fille / un père n’appartient pas à la même corde que son fils -> ils sont polygames et surtout plutôt polygynes (même si pas tous) (l’homme peut avoir ici jusqu’à 6 ou 7 épouses) sortes d’enclos où l’homme est avec ses filles et chaque femme est avec ses fils et donc en plus les fils sont entrainés à défier leur père pour défendre leur mère ce qui créer des tensions avec le père => toujours pas de normes naturelles dans les filiations donc c’est bien des décisions collectives sociales ! - les anthropologues se sont penchés sur l’idée d’imaginaire dans l’ordre des choses d’une société ou d’une autre -> exs chez les Trobriandais, dans l’imaginaire collectif, la mère tombe enceinte quand un ancêtre de son clan veut revenir parmi les siens et donc l’homme ne fait que nourrir le fœtus à travers différents rapports et son sperme n’a rien à voir au niveau biologique mais c’est simplement ce qui le nourrit ; filiation matrilinéaire -> exs chez les Baruya (Maurice Godelier), dans l’imaginaire collectif, la femme n’est pas considérée comme la génitrice des enfants CAD qu’elle n’est qu’un réceptacle pour l’enfant car c’est l’homme qui fabrique le fœtus avec l’aide du Soleil ; filiation patrilinéaire => tout interdit de l’inceste dépend de cet imaginaire - chez nous c’est la science qui a le dernier mot (on va jusqu’à des tests de paternité etc) donc pour nous il y a la vérité biologique qui domine mais du coup pas chez tout le monde - chez nous notre système de filiation est dit indifférencié : parenté reconnue des 2 côtés sans faire de différences selon le sexe ; liens de sang ; autant de liens de consanguinité avec notre père qu’avec notre mère (pareil pour grands-parents ou oncles/tantes ou cousins) ; on appartient autant aux 2 familles donc autant de droits et devoirs de chaque côtés (pareil pour héritage) ce qui n’empêche pas d’avoir des différences/préférences affectives mais ça n’a aucun lien il y a quand même un domaine où on a une préférence patrilinéaire c’est dans la transmission du nom de famille (même si ça change) ; loi de 2005 = avant c’était automatique que l’enfant porte le nom de son père mais suite à cette loi c’est devenu comme on veut (nom mère ou nom père ou les deux et dans l’ordre qu’on veut) système exclusif CAD 2 parents pas plus (et avant c’était 1 père & 1 mère) → cette norme d’exclusivité n’est pas universelle et cette norme à des conséquences sur les pratiques adoptives chez nous avant surtout on pratiquait l’adoption dans le secret et c’était la norme mais les psychologues ont alerté sur le traumatisme que ça créer de découvrir à l’âge adulte qu’on a été adopté ; il y a toujours un certain secret avec secret sur les parents notamment accouchement sous X → pourquoi ce secret ? car aujourd’hui on pratique essentiellement l’adoption plénière CAD qu’on rompt définitivement le lien entre enfant et géniteurs en créant un nouvel extrait de naissance sur lequel ses parents sont ceux qui l’ont adopté de façon officielle donc il change d’identité/de filiation donc on créer une fiction/histoire sur la naissance naturelle => en France le plus important c’est les adoptants mais finalement on est attachés à l’aspect biologique donc on créer un nouvel acte de naissance => indifférencié, exclusif, indivisible - la médecine fait des progrès rapides dans le domaine de la procréation + contraception etc ce qui apporte des changements dans nos repères culturels de filiation -> exs l’insémination artificielle avec les “banques de sperme” donne plusieurs cas : homme qui dépose son sperme mais qui l’utilise lui-même avec sa compagne (FIV), mari stérile donc on a recourt à un donneur → cette conception fait alors intervenir 3 parents ce qui bouscule nos repères donc avant don de sperme était anonyme mais ça a changé récemment (loi bioéthique de 2021 qui n’entre en vigueur qu’en 2022) pour qu’à sa majorité l’enfant puissent avoir accès aux données identifiantes ou non du donneur ; mais on ne cumule pas les parents car l’enfant n’a accès qu’à ses 18 ans donc on protège le couple et on reste sur l’idée de 2 parents seulement -> exs Gestation Médicalement Assistée car infertilité peut être féminine : pose des problèmes pour l’accepter car maternité liée à l’accouchement donc qui est la mère (celle qui accouche ou celle qui donne ses ovocytes ?) et dans la loi est mère celle qui accouche → donc GPA interdite en France (Grossesse Pour Autrui) mais du coup des couples vont le faire à l’étranger et reviennent avec leurs enfants mais on ne pouvait pas inscrire les enfants jusqu’en 2013 et la mère était la mère porteuse => ces techniques médicalement assistées posent des questions - aussi les mœurs évoluent → l’homosexualité par exemple, le PACS, le célibat (famille monoparentale), le divorce donc des familles recomposées (donc peut aller jusqu’à 4 figures parentales mais pas 4 parents “beaux-parents”) -> exs chez les Samo du Burkina Faso toutes les familles sont recomposées (étudiés par Françoise Héritier) => question du réseau éducatif complexifié par ces changements CHAPITRE 5 : les liens de germanité - germanité = relations entre frères/sœurs donc descendants d’un même groupe (pour notre système) ; par extension on parle de cousins germains qui sont les enfants descendants de chacun des frères/sœurs - ces relations ont moins été exploré que les autres liens (que ce soit par les sociologues ou les anthropologues) car c’est quelque chose qui pose moins de questions juridiques notamment -> exs il n’y a pas de textes qui disent qu’on a des devoirs/obligations entre frères/sœurs - la relation frère/sœur est souvent ramenée à de la consanguinité/des liens de sang ; c’est un lien que nous pensons comme lien naturel (Agnès Martial a mis en évidence la force du lien de sang et dit qu’on pense le lien frère/sœur comme indéfectible) → loi de 1996 (suite à une journée des droits de l’enfant où des enfants ont été invité à l’Assemblée Nationale pour créer des textes de loi) pour éviter au maximum la séparation des frères/sœurs dans le cas d’un placement ou d’une séparation (divorce) des parents => avant d’ailleurs les frères/sœurs séparés ne se retrouvaient jamais - cette idée est partagée dans l’adoption internationale ou aussi l’insémination artificielle (CAD qu’on a recourt au même donneur si possible) - réductionnisme biologique = réduire ce lien sous la notion biologique → ça a des limites = liens de sang sont importants mais pas trop non plus CAD qu’on pense que les germains doivent quand même être un peu différents => la germanité ne doit pas être la naissance de l’identique - les naissances de vrais jumeaux peuvent souvent être problématiques dans beaucoup de sociétés et considérées comme une anomalie -> exs les Mofu-Diamaré du Nord du Cameroun étudiés par Vincent Jeanne-Françoise montrent que la naissance de jumeaux est à la fois incroyable et redoutée car elle représente un seul être en 2 personnes donc ils sont censés posséder des pouvoirs (bénéfiques = augmenter les récoltes “enfants divins” / néfastes = peuvent rendre aveugles un individu qui les traiterait de façon inégale et pourrait aussi faire disparaître un de leur géniteurs) ; pendant longtemps on a noyé ces enfants à la naissance mais ça ne se fait plus aujourd’hui mais on va leur donner un traitement spécial (= on les pose au sol et on attend quelque heures pour qu’un spécialiste baisse leurs pouvoirs maléfiques et souvent le spécialiste a lui-même été géniteur de jumeaux) => prouve que quand 2 individus sont trop similaires on est souvent mal à l’aise - plusieurs systèmes concernant comment traiter les frères/sœurs → sociétés qui traitent frères/sœurs soit de manière égalitaire soit de manière inégalitaire -> exs d’une île grecque appelée Karpathos où Bernard Vernier est allé étudier un système inégalitaire et montre que 2 paramètres s’emboitent = rang de naissance & sexe, ici les aînés héritent ; l’aîné garçon hérite en lignée paternelle d’un patrimoine indivisible ; la fille aînée hérite d’un matrimoine CAD patrimoine en lignée maternelle indivisible et avec celui-ci elle va pouvoir se marier (dot) ; le cadet garçon doit émigrer ailleurs pour se marier ; la cadette fille va rester : soit un membre de la famille sans héritier a assez d’argent pour lui faire une dot et se marier / soit elle reste mais n’a aucun héritage et est donc réduite au célibat et donc survit chez sa sœur aînée en tant que domestique - chez nous la norme est égalitaire donc sans distinction ni de sexe ni de rang de naissance - germanité affine = relations avec beaux-frères/belles-sœurs (texte Nicolas Jonas sur CEL avec plus de détails) : Germanité affine de 1er ordre = conjoints de nos frères/sœurs Germanité affine de 2ème ordre = frères/sœurs de notre conjoint Germanité affine de 3ème ordre = conjoints des frères/sœurs de notre conjoint - il y a des logiques dans les relations qu’on noue avec eux : notion de service très sexuée = homme plutôt tâche manuelle / femme plutôt tâche domestique ; différenciation sexuée aussi des donataires (= à qui on rend service) et Nicolas Jonas montre qu’on a beaucoup plus tendance à la matrilatéralité donc femme privilégie services à germains affins du 1er ordre et homme suit donc services à germains de 2ème & 3ème ordre donc toujours ceux de sa femme => grande majorité - la matrilatéralité est liée à plusieurs choses : dans notre société on ne socialise pas les filles de la même façon que les garçons et encore plus dans les milieux populaires (on pousse garçons à prendre autonomie et moins filles) ; quand il y a divorce majoritairement c’est la femme qui perd en économie donc elle va avoir recourt à une solidarité familiale qui vient bien de sa propre famille (sorte de filet de sécurité) ; kinkeenping = idée que dans notre société les femmes sont celles qui sont tenues d’entretenir les liens familiaux (François de Singly “orchestration familiale”) => peut créer des tensions car on est dans une société égalitaire normalement donc il ne devrait pas y avoir ces différences → plaisanterie permet de dégonfler les conflits