Summary

This chapter provides an overview on the arts of ancient Egypt, focusing on the historical context of the Nile River and its significance to civilization. It details the chronology of ancient Egyptian societies, along with their beliefs on the afterlife and burial practices. The document further explores architectural and artistic conventions of the era.

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20 Chap. 3 Regards sur les arts de l’Égypte pharaonique ____________________________________________________________ Pays du Nil et du soleil : Hérodote (historien grec du 5e siècle B.C.) note que les prêtres égyptiens définissent leur pays comme "un don du Nil". Le Nil est un fleuve aux crues fe...

20 Chap. 3 Regards sur les arts de l’Égypte pharaonique ____________________________________________________________ Pays du Nil et du soleil : Hérodote (historien grec du 5e siècle B.C.) note que les prêtres égyptiens définissent leur pays comme "un don du Nil". Le Nil est un fleuve aux crues fertilisantes (limon). Sans le Nil, l'Egypte ne serait qu'un immense désert; il apparaît comme un miracle aux populations qu'il nourrit. A l'époque pharaonique, on ignore les sources du Nil et on ne connaît pas les mécanismes des crues. Le Nil, fleuve nourricier est divinisé sous le nom de Hâpy Issu des massifs pluvieux du Centre et de l'Est Africain, ce fleuve parcourt plus de 6.700 km. Les sources du Nil resteront mal connues jusqu’aux missions d’exploration menées dans la deuxième moitié du 19e siècle.26 Le Nil Blanc provient des lacs équatoriaux et le Nil Bleu des neiges d'Ethiopie. Confluent à Khartoum. Son niveau s'élevait naturellement en juin (avant la construction du barrage d'Assouan) et charriait les eaux boueuses en juillet. Les Egyptiens organisent l'irrigation, creusent des canaux, élèvent des digues. Le paysage égyptien impressionne par sa netteté: désert /bande fertile/ NIL / bande fertile / désert. La zone fertile est réduite à environ 30.000 km2 (+/- la Belgique). 2. Chronologie : Þ Période pré-dynastique (4.000 à 3.000 B.C.): Epoque où les premiers habitants se regroupent en petits royaumes : les nômes. Peu à peu les nômes se constituent en un royaume du nord et du sud. Vers 3.000 B.C., le roi du sud (Haute Egypte) conquiert les provinces du nord (Basse -Egypte). C'est l'unification sous l'autorité d'un seul souverain, Narmer. L'institution pharaonique assure une autorité forte et centralisée. * palette de Narmer - 40 cm - musée du Caire Þ Ancien Empire (3.000 à 2.260 B.C.) (3e à10e dynastie): Période d'apogée: 4e et 5e dynasties. Capitale: Memphis. Epoque des pyramides. Mise au point du premier système d'écriture. Þ Première période intermédiaire Période de troubles ; crise politique, économique et sociale. Déclin de l'autorité pharaonique. 26 https://www.lexpress.fr/culture/livre/le-nil-aux-sources-du-mystere ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 21 Þ Moyen Empire (2.050 à 1.750 B.C) (11e à 17e dynastie): Période d'apogée: 11e et 12e dynastie. Capitale: Thèbes Expansion territoriale. Þ Deuxième période intermédiaire Période de troubles ; invasions de populations asiatiques, les Hyksos. Þ Nouvel Empire (1.580 à 1.080 B.C.) (18e à 25e dynastie): Période d'apogée: 18e et 19e dynastie. Capitale: Thèbes. Les Hyksos sont chassés. Expansion territoriale. Floraison artistique. Révolution amarnienne: Aménophis IV instaure une religion monothéiste fondée sur l'adoration du soleil (Aton); il se fait appeler Akhénaton, installe sa capitale à Tell-el- Amarna. Retour au polythéisme sous Toutankhamon. Þ Basse Epoque A partir du premier millénaire l'Egypte se morcelle. Epoque de déclin. Domination de l’empire perse achéménide à partir de 525 B.C. 3. La vie après la mort : Pour les anciens Egyptiens, la mort est un passage ; au-delà les attend un monde où ils espèrent séjourner auprès des dieux. Les défunts commencent un long et périlleux périple dans le monde inférieur : le Douât. Afin de les aider à accomplir ce voyage, le Livre des Morts est déposé dans leur tombe, accompagné de nourriture et d’un mobilier funéraire, gage d’une belle vie dans l’au-delà. Selon les traditions égyptiennes, l’homme se compose d’un corps physique et d’une âme. Comme l’âme risque de quitter le corps physique, on procède à la momification. Au cours de la momification, les poumons, le foie, l’estomac et les intestins sont prélevés. On les conserve dans les vases canopes à l’effigie des 4 fils protecteurs du dieu Horus. Selon Dimitri Laboury, égyptologue à l’Université de Liège, « Le corps est comme un vêtement où habite le bâ. Le bâ, un des éléments constitutifs de l’être humain, est capable de passer du monde des vivants à l’au-delà. Au moment de la mort, le bâ, sous la forme d’un oiseau, vient s’incarner dans la statue façonnée à son image. » Ces statues sont vivantes ! les dégrader revient à s’en prendre directement au pouvoir d’un être humain. Objectif : en neutralisant le bâ, on le tue (symboliquement) car pour les Égyptiens, tout ce qui est représenté existe. « Toutefois, on ne casse pas n’importe quoi », souligne Dimitri Laboury. ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 22 Selon les observations des spécialistes, dans 95 % des cas on s’attaque aux mains (en tant qu’organe d’action de tout être humain), à l’uræus (ce cobra trônant au front des pharaons et symbole de pouvoir), mais aussi au nez : « Le nez est l’organe qui prend le souffle de vie – casser le nez, c’est priver la source de vie », résume l’égyptologue. Comme si on étouffait l’âme du défunt à l’intérieur de la statue. 27 4. Architecture : Dans l’Egypte ancienne, l'architecture ne sert pas seulement de cadre de vie mais elle est aussi au service des dieux et des morts. Pour les défunts, il convient d’élever un tombeau, édifice indispensable à la survie. La demeure d’éternité abrite le corps du défunt soigneusement conservé par embaumement. Par le décor et des rites réguliers, le défunt possède tout ce dont il a besoin pour revivre agréablement. La tombe lui permet d'accéder à l'au-delà ce qui pour l'ancien égyptien est la récompense suprême. La notion d'immortalité est la clé de voûte de la civilisation égyptienne. Le pharaon, dieu vivant sur terre, seul maître du pays et des hommes, est l'initiateur de toute création architecturale. Les monuments sont réalisés sur ordre ou par faveur du pharaon qui seul dispose des ressources et des moyens nécessaires. L'architecture funéraire et religieuse est bien conservée contrairement à l'architecture civile. Les architectures funéraires et religieuses sont réalisées en pierre afin de durer l'éternité alors que les architectures civiles sont faites de briques crues (mélange de terre et de fibres végétales) et de bois, matériaux périssables. L'inondation annuelle (crue) en déposant le limon du Nil fournit au maçon la matière la plus courante, l'argile moulée en briques séchées au soleil. Le bois est rare (excepté le palmier-dattier). Des cités anciennes ont disparu sous des villes nouvelles ou sont enfouies sous les sables. L'Egypte est un pays de pierre : au nord, on trouve le calcaire servant à la finition des pyramides, au sud, les grès pour la construction des temples. Dans la région d'Assouan, on trouve les granites. 4.1. Architecture funéraire: 1. mastaba / 2. pyramide / 3. tombe hypogée 1. mastaba premier type de tombeau qui apparaît en Egypte; composé d'une chapelle funéraire, d'un serdab (pièce destinée au double), d'un puits (comblé après les funérailles) et d'une chambre funéraire contenant le sarcophage. 27 https://www.beauxarts.com/grand-format/pourquoi-les-statues-egyptiennes-ont-elles-si-souvent-le- nez-casse/ ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 23 Les nécropoles sont toujours situées sur la rive des morts c'est-à-dire la rive ouest (soleil couchant) et se composent d'une multitude de mastabas construits en pierre et disposés très régulièrement (exemple de la nécropole de Saqqarah). 2. pyramide A la 3e dynastie, l'architecte Imhotep réalise la première pyramide d'Egypte, la pyramide à degrés de Saqqarah pour le pharaon Djeser. A l'origine la pyramide de Djeser, il y a un mastaba construit sur un puits profond où se trouve une chambre funéraire. Progressivement, le mastaba se transforme en une succession de mastabas de plus en plus exigus pour devenir une pyramide à 6 degrés. Véritable escalier permettant à l'âme royale de s'élever vers le ciel, la pyramide de Saqqarah se trouve au milieu d'un vaste ensemble architectural (550m x 280m) entouré d'un mur d'enceinte (10m de Ht) On accède à l'intérieur par 1 seule porte (1 sur 14 est sculptée ouverte) et par une longue nef à colonnes. Autour de la pyramide, de nombreuses constructions sont destinées à la survie du pharaon et aux lieux de culte. Le complexe de Saqqarah est un simulacre destiné à l'au-delà. Toutes les constructions sont pleines, massives. Dès la 4e dynastie, on évolue vers la pyramide vraie. * pyramide rhomboïdale de Houni à Dashour, * pyramide de Snefrou à Meidoum. L'ensemble des *pyramides de Guizeh - Chéops, Kephren, Mykerinus - représente l'apogée de ce type de construction. Ici, l'idée solaire (faisceau de rayons solaires se répandant sur la terre) l'emporte sur l'idée plus concrète d'escalier. Il semble qu'il y ait eu de la part des constructeurs un désir réel de constituer un ensemble: non seulement ces pyramides valent par elles-mêmes mais leur groupement relance constamment le mouvement d'élévation et renforce leur symbolisme. Guizeh est situé exactement à l'ouest du Caire actuel, juste à la pointe du delta à l'endroit où se rejoignent la Haute et la Basse Egypte. *Pyramide de Chéops, 1 des 7 merveilles du monde antique, la plus majestueuse. Hauteur 145m pour 225m de côté, elle occupe une surface de plus de 5 ha. En même temps que le sentiment d'appel vers le ciel, cet édifice est d'une extrême simplicité. A l'intérieur, on a voulu empêcher l'accès à la chambre funéraire et perfectionner le système de la voûte. Chambre prévue à 3 emplacements différents ; souterraine d'abord puis à 21m au-dessus du sol puis à un niveau supérieur de la grande galerie. ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 24 La chambre funéraire est surmontée de 5 espaces de décharges puis d'une voûte à double versant. *Pyramide de Kephren, plus haute que celle de Chéops et inclinaison des faces plus rapide. Usage du granit rose (symbole du soleil levant) plus important (soubassement). *Pyramide de Mykérinus complète harmonieusement l'ensemble, est beaucoup plus petite (66m de ht). La pyramide est rarement isolée dans le paysage. Elle est associée aux temples funéraires : le temple d'en-bas (réservé à l'accueil du cortège) et le temple d'en-haut (lieu de culte) reliés par une rampe d'accès couverte Cet ensemble se complète de pyramides plus petites (pour la sépulture des reines ou des princes) et de mastabas. Le *sphinx (être hybride mi-homme, mi-lion = image divine et royale par excellence) est l’un des symboles les plus forts de l’Egypte ancienne. Garant de la bonne marche de l’univers, il veille personnellement, tous les matins, au lever du soleil, moment magique de la naissance du Monde. Il est le « Gardien de l’Horizon ». 3. tombe hypogée Au Nouvel Empire, les pharaons sont ensevelis sur la rive des morts de Thèbes, capitale religieuse de l'Egypte. Leurs tombes sont creusées dans la vallée des Rois et des Reines. Dès la 6e dynastie, la préférence va à la tombe hypogée creusée à flanc de rocher dont le plan perpétue la division tripartite du mastaba avec la chapelle, le puits et le caveau. Le plan est en forme de T renversé. Les parois sont entièrement recouvertes de peintures de scènes de la vie quotidienne (tout ce qui est représenté existe) et de symboles lié au Livre des Morts 4.2. Architecture du temple : Sanctuaire grandiose, véritable "maisons des dieux", le temple prend sa forme définitive au Nouvel Empire. Son plan révèle un aménagement de l'espace très hiérarchisé. Le temple est un modèle ordonné du cosmos et les rites qui s’y déroulent permettent de le perpétuer. Par les cultes rendus et les offrandes offertes, il s’agit de s’assurer que le soleil se lèvera tous les matins du monde. Quelle qu'en soit l'ampleur, il est généralement protégé par une enceinte assez haute qui l'isole du monde extérieur et garantit le caractère sacré du lieu. Un temple est toujours surélevé pour être à l'abri des crues du Nil. ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 25 Un temple se compose d’une succession d’espaces hiérachisés et des mêmes éléments : - allée pavée (dromos) bordée de sphinx - portail monumental (pylône) composé de 2 tours en plan incliné cernées d'une corniche et d'un tore, éléments classiques de l'architecture égyptienne, empruntés à l'architecture traditionnelle de briques crues. Ces éléments de créent des zones d’ombres qui visuellement « stabilisent « l‘architecture qui a tendance à se dissoudre sous les rayons du soleil. Des mâts portant banderoles ou oriflammes peuvent s'encastrer dans ces massifs. 2 obélisques, longs blocs de pierre quadrangulaire à la base qui s'élèvent en s'affinant pour se terminer en pointe sont placés à l'entrée du temple et représentent un hommage à Ré, le dieu du soleil. Recouverts d'hiéroglyphes retraçant les hauts faits du fondateur du temple, ils sont la matérialisation de deux rayons de soleil. Des statues colossales se dressent également devant les pylônes. - grande cour à ciel ouvert bordée d'un portique à colonnes où se déroulent les fêtes annuelles auxquelles le peuple est autorisé à assister. (unique lieu réservé au public) - vestibule - salle hypostyle - entrée du sanctuaire proprement dit, le naos De part et d'autre, de petites chambres servent de lieux d’offrandes. Le temple apparaît comme une succession de salles accolées les unes aux autres. Au rétrécissement progressif des espaces intérieurs correspond une élévation décroissante. De même, au fur et à mesure que l'on pénètre dans le temple, l'obscurité se fait de plus en plus grande. Les Egyptiens n'utilisent pas le système de la voûte mais celui de la plate-bande qui consiste à assurer la couverture par des dalles posées sur des supports. Or, la faible portée de ces dalles exige de nombreux supports. L’espace intérieur est occupé par plusieurs rangées de colonnes dont les chapiteaux sont l'objet d'un traitement esthétique original d'inspiration végétale. colonne lotiforme représente une fleur de lotus fermé colonne campaniforme représente une fleur de papyrus ouverte ressemblant à une cloche renversée. colonne palmiforme représente des feuilles de palmier évasées. Le temple est une architecture construite pour l'éternité (, aspect monumental). * temple d'Amon à Karnak, étude de la salle hypostyle avec ses 134 colonnes et ses claustra (fenêtres à claire-voie). Dans cet édifice monumental, deux types de colonnes sont utilisés: les colonnes trapues papyriformes à fleur fermées (bas-côtés) et les colonnes hautes payriformes à fleur ouverte, symbole d'épanouissement (nef centrale). ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 26 * temple de Louxor situé sur la rive orientale du Nil, il est relié au temple de Karnak par une voie processionnelle de sphinx (disparue aujourd'hui). * temple d'Hatshepsout à Deir-el-Bahari où on accède au naos par deux terrasses bordées de portiques avec rampes axiales. Exemple grandiose d'intégration au paysage. * temple de Ramses II à Abou Simbel : sous Ramses II l'architecture se caractérise par des proportions grandioses, surhumaines. A Abou Simbel, les 4 colosses dominent de leurs 20m le temple rupestre. Lors de la construction du barrage d'Assouan, ce temple a été démonté puis remonté (1963/1968). 5. Sculpture: Art au caractère religieux et funéraire, la sculpture doit imiter la vie, elle doit donner à l'âme un corps supplémentaire, un double où elle retrouve un asile impérissable dans le cas où le corps de chair malgré les précautions de la momification viendrait à se dissoudre dans le néant. La sculpture est remarquable par son sens de la réalité et de la vie. L'idéalisation s'unit au sens du réel. Dans l’Egypte pharaonique, tout ce qui est représenté existe en lien avec le concept d’immortalité. Œuvres analysées : * Djeser (IIIème dynastie), * Rahotep et Nefert (IVème dynastie), * Kephren (IVème dynastie), * triade Mykerinus, Hathor et un nôme d'Egypte (IVème dynastie), * scribe accroupi (début de la Vème dynastie). Le Louvre -Paris Oeuvres sculptées dans des pierres dures (diorite, basalte, schiste). A l'Ancien Empire, les volumes sont puissamment synthétiques, le modelé toujours précis, l'artiste possède un sens de l'observation intensément réaliste. La sculpture se réfère toujours à un cadre géométrique. Frontalité, verticalité absolue des figures, les bras sont collés le long du corps. Une jambe est placée en avant pour la stabilité de l'oeuvre, les pieds sont posés à plat sur le sol. Hiératisme : sculptures empreintes d'une grande tension intérieure, attitudes rigides. Vêtements toujours d'une grande simplicité. Regard fixe légèrement le dessus de l'horizon, toujours intense; il est l'expression de la vie intérieure. Tous ces caractères contribuent à donner à la sculpture son plein épanouissement. Représentation d'êtres tendus dans une dimension de dépassement. Le pharaon est représenté sans âge, au maximum de sa puissance vitale. Il porte généralement le « Pschent », couronne double formée par l’enchâssement de 2 ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 27 couronnes distinctes ; la « blanche » symbolisant la Haute - Égypte et la « rouge » symbolisant la Bass-Égype (delta du Nil). Les pharaons sont considérés comme des demi-dieux, incarnant le dieu Horus de leur vivant. D’autres symboles leurs sont associés : Nekhbet pour la Haute-Égype représenté par un vautour et Ouadjet pour la Basse-Égype représenté par un cobra.28 Au Moyen Empire et surtout au Nouvel Empire, la sculpture acquiert charme, élégance, grâce des formes et du modelé. Sculpture plus fine, apparence plus humaine, plus sensible. Développement de la sculpture féminine. Modelé plus lisse. 6. Peinture-relief : 6.1. Conventions de représentation des traits humains : - pas de profondeur dans le rendu de l'espace = espace plan - décomposition intellectuelle du corps humain pour obtenir une représentation maximale du corps suivant le principe l’aspective : tête de profil, oeil de face, épaules de face, jambes de profil. Le système de pensée des Égyptiens reposait sur l’idée d’une répétition sans fin des cycles naturels. Ainsi, par exemple, les scènes sur les parois des temples ou les décors des tombeaux n’ont pas pour fonction de représenter un moment réel mais d’assurer à travers l’image une perpétuation des cycles. Dès lors, l’aspective peut associer plusieurs points de vue dans la représentation d’un même personnage, alors que dans la vision naturelle, nous n’en avons qu’un seul. Cette forme de construction (et non de représentation) de l’image n’a pas besoin de recourir à la 3e dimension.29 Selon Elena Oulié, l’aspective « peut ainsi regrouper plusieurs moments d’une même histoire dans une image unique, qui, elle, se lit en un seul instant ». Ce type de représentation permet de figurer le mouvement en incorporant la présence de tous les membres du corps. - visage sans expression qui ne participe pas à l'action. - perspective morale (dimensions des personnages proportionnelles à leur importance). - division des parois en registres. 6.2. Thèmes : Scènes de cultes funéraires mais aussi scènes de la vie quotidienne de façon à replacer le défunt dans le contexte de sa vie de tous les jours (représentation d'animaux, scènes de chasse, de pêche, de travaux agricoles). 6.3. Techniques : Relief (technique du méplat) ou peinture (technique de la fresque). Pour la fresque, les artistes appliquent sur la paroi (pierre ou bois) un enduit fait d'une chaux blanche. 28 https://www.pour la science/la-zeroieme-dynastie-egyptienne 29 https://www.beauxarts.com/grand-format/pourquoi-les-egyptiens-representaient-ils-les-visages-de-profil/ ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 28 Dessin est tracé à la couleur rouge; le trait léger est parfois corrigé par le pinceau. On utilise un liant afin de faire adhérer ces mélanges au support. Le liant est une solution à base de gomme arabique, de blanc d'oeuf. Œuvres analysées : * mastaba de Ty (chasse à l'hippopotame), * oies de Meidoum. Les scènes se caractérisent par leur vivacité et leur rythme. Elles nous apprennent beaucoup sur la vie quotidienne (sens de l'observation et naturalisme). - Disposition en registres. - Harmonie des formes et couleurs finement nuancées. 7. Arts décoratifs: Découverte de très nombreux objets d'art mobilier. Le climat sec de l'Egypte a permis de conserver la plupart de ces objets. Objets en bois !, albâtre, pâte de verre. Bijoux en or, en argent incrusté de pierres semi-précieuses, mobilier (lits, fauteuils, chars) en bois incrusté d'ébène, d'ivoire. 8. Période amarnienne / Nouvel Empire: La période d'Amarna marque une rupture profonde avec le passé. A la tête de ce bouleversement, le pharaon Aménophis IV qui changera volontairement son nom « Akhénaton » en accord avec sa réforme. Son épouse est Nefertiti. La réforme d'Akhénaton est fondée sur la religion. En opposition à la toute puissance du clergé d'Amon, Akhénaton tente de faire basculer la religion traditionnelle de l'Egypte basée sur un polythéisme vers un monothéisme centré sur la figure d'Aton, disque solaire, dieu unique, créateur, maître de l'univers, source d'ordre et de justice. Akhénaton quitte la capitale traditionnelle établie à Thèbes et crée une nouvelle capitale à Tell-El-Amarna, le long du fleuve en aval de Thèbes dans un endroit vierge de toute occupation. Tous les édifices construits à Tell-El-Amarna seront détruits par les successeurs d'Akhénaton qui rétabliront l'ordre et la religion traditionnels. L'art connaît également un changement radical. Les sculpteurs remplacent l'idéalisme par un réalisme systématique tantôt expressionniste, tantôt maniériste (déformation, allongement, stylisation). Représentation d'une méditation intérieure, d'une douceur rêveuse, mélancolique mais aussi d'une certaine inquiétude. Pharaon souvent représenté dans des scènes de la vie quotidienne jouant avec ses filles, embrassant son épouse. Sculptures féminines particulièrement grâcieuses et élégantes. Oeuvres analysées : ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 29 * statue osiriaque d'Akhénaton * buste en calcaire peint de Nefertiti * tête de Nefertiti en quartzite * bas-relief d'Akhénaton et Nefertiti. 9. Tombe de Toutankhamon: Toutankhamon succède à Akhénaton. Son règne ne dure que quelques années. Il meurt à l'âge de 19 ans. Son règne marque une période de transition, de restauration sous l'influence du puissant clergé d'Amon-Ré qui privilégie la ville de Thèbes et s'efforce d'effacer le souvenir de l'époque amarnienne. Fait exceptionnel dans l'histoire de l'Egypte ancienne, la tombe de Toutankhamon et ses trésors sont redécouverts en 1922 par un archéologue anglais, Sir Howard Carter. Située dans la vallée des Rois (Louxor) – rive gauche du Nil, cette tombe a livré de nombreux témoignages de l'art mobilier (env. 5.000 objets !) et cela malgré 2 pillages. Tombe très petite composée de la chambre funéraire et de la chambre aux trésors. La momie est protégée par un masque en or, 3 sarcophages de forme anthropomorphe et 3 catafalques qui contiennent les vases canopes. 10. L'apport de l'architecture égyptienne : Tout au long des siècles et jusqu’à aujourd’hui, le génie des proportions, la qualité de la taille des pierres, la stabilité des constructions, l'harmonie entre le tout et ses parties ont largement questionné l’histoire de l’art. Le sphinx, la statue colossale, l'obélisque vont inspirer les artistes de la Grèce et de Rome avant de fournir des modèles aux styles renaissance, baroque, néo-classique. La campagne d'Egypte de Napoléon Bonaparte en 1798 fera naître une mode à l'égyptienne qui marquera l'architecture directoire et empire en France puis en Europe dans la première moitié du 19e siècle. 11. L’égyptomanie : Phénomène unique dans l’histoire de l’art occidental qui décrit la fascination pour la culture pharaonique. L’égyptomanie se développe au début du 18e s., sous l’influence de Winckelmann, théoricien du néo-classicisme. A l’époque des Lumières, l’Antiquité est un modèle de références. L’Égypte est associée à l’exotisme de l’Orient.30 La campagne d’Égypte de Bonaparte (1798-1801) confirme cet intérêt pour les arts égyptiens qui envahissent les arts décoratifs. L’égyptomanie est alors associée au style Empire. En 1922, en pleine période Art Déco, la découverte du tombeau de Toutankhamon relance la mode de l’égyptomanie. 30 https://www.marcmaison.fr/architectural-antiques-resources/egyptomanie ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25 30 Cette tendance se poursuit jusqu’à nos jours… la pyramide du Louvre à Paris (1989), le Luxor Hotel (1993) à Las Vegas. 12. Héliopolis : « la ville du soleil » (1905) aux origines belges Construire une ville nouvelle au milieu du désert tel était le rêve utopique d’Edouard Empain (1852-1929), industriel belge spécialisé dans la construction ferroviaire. Devenue réalité au début du 20e s., la ville située au nord-est du Caire privilégie l’espacement du bâti et l’aménagement de nombreux espaces verts.31 Sorte d’oasis, reliée au Caire par un train électrique (10 km), la cité nouvelle compte de nombreuses architectures de style éclectique : - l’Heliopolis Palace Hotel (1910) à l’époque le plus grand hôtel du monde devenu le siège de la présidence à l’époque du président Moubarak, - basilique catholique, copie réduite de Sainte-Sophie de Constantinople où sera inhumé dans la crypte le baron Empain, - « villa hindoue », d’inspiration khmer, extravagant palais destiné à l’usage personnel du baron. Construit suivant le procédé révolutionnaire à l’époque , du béton armé. Ce patrimoine est aujourd’hui menacé par un gigantesque projet auto-routier. 13. références bibliographiques : LANGE, K., L’Egypte, Paris, HIRMER,M., OTTO, E., DESROCHES-NOBLECOURT, C., 1968 YOYOTTE, J., Les Trésors des pharaons, Genève, Skira, 1968 SUREDA, J., Les premières civilisations, Histoire Universelle de l'Art, Tome 1, 1989 Larousse, 31 https://books.openedition.org/pufr ISALT – bloc 3 – Art et Culture – mdustin – 2024/25

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