Chapitre 1 - Cours 1 - Révo fr et Empire PDF
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Manuel Hatier
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This document is a chapter about the French Revolution and Empire. It discusses the events of the French Revolution and the concepts of nation and revolution. The period covered is from 1789 to 1815.
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Thème 1 : L’Europe face aux révolutions Chapitre 1 : La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation Problématique : Comment les événements révolutionnaires et l’Empire ont-ils transformés la France de l’Ancien Régime ? Le program...
Thème 1 : L’Europe face aux révolutions Chapitre 1 : La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation Problématique : Comment les événements révolutionnaires et l’Empire ont-ils transformés la France de l’Ancien Régime ? Le programme propose de montrer « l’ampleur de la rupture révolutionnaire avec l’Ancien Régime, et les tentatives de reconstruire un ordre politique stable ». La période à étudier s’étend de 1789 à 1815. Cours 1 – La nation en révolution (1789-1792) Problématique : Comment la France est-elle devenue une nation souveraine et unifiée ? Notions clés : La révolution est un changement brutal de régime politique par le soulèvement de la population ou d’une partie de celle- ci. A distinguer d’une révolte/émeute qui est un soulèvement inabouti. La nation est un peuple qui a la conscience d’être uni par une histoire, une langue et une culture communes. L’Etat désignant le territoire politique, l’Etat-nation est donc une nation disposant de son propre Etat. Mais il existe aussi des Etats comprenant plusieurs nations comme des nations sans Etats. Source pour aller plus loin : Ancien Régime - LAROUSSE Introduction A l’aube de 1789, la France traverse une grave crise. Une crise financière avec un budget en déficit. Cette crise est aggravée par l’engagement militaire de la France aux côtés des insurgés américains luttant pour leur indépendance. C’est à l’occasion de cette guerre d’indépendance (1775-1783) qu’un jeune officier de 19 ans, le Marquis de la Fayette s’illustre côté franco-américain. Une crise économique. La production agricole, déjà touchée par de mauvaises récoltes de blé (principale denrée alimentaire) de 1773 à 1775, provoque des révoltes (« guerre des farines » en 1775). La situation est aussi grave au début de l’année 1789 où de nouveaux les mauvaises récoltes font grimper les prix alors même que les chômeurs des campagnes viennent grossir le nombre de pauvres en ville. Par ailleurs, la production industrielle de textile en France ne parvient pas faire face à l’invasion du textile anglais à la suite du traité de libre-échange (Traité Eden-Rayneval de 1786) signé avec la Grande-Bretagne. Celui-ci profite surtout aux Anglais car les manufactures françaises peu modernes ne parviennent pas à lutter contre la concurrence anglaise. Des milliers d’ouvriers sont mis au chômage. Une crise sociale. Les frustrations dans les villes et les campagnes à l’égard de la noblesse et du clergé sont vives dans la catégorie du Tiers état. La noblesse et le clergé sont deux ordres dits privilégiés : emplois réservés dans l’armée et l’administration ou encore droits seigneuriaux pour les nobles, perception de la dîme pour l’Eglise qui pèse sur les populations alors même que ces deux ordres sont exemptés du paiement de la « taille » (impôt direct). Face à ces crises multiples, le roi de France, Louis XVI souhaite avant tout rétablir les finances du royaume en levant de nouveaux impôts. Il doit pour cela convoquer les états généraux du royaume. A – Le bouleversement de 1789 1. La formation de l’Assemblée nationale constituante Le 5 mai 1789 s’ouvrent les états généraux à Versailles. Etats généraux : Assemblée des représentants (députés) des trois ordres convoqués par le roi dans des conditions exceptionnelles (crise, guerre) sous l’Ancien Régime. Pour préparer sa consultation des états généraux, le roi demande à ses sujets de lui faire connaître leurs revendications à travers les cahiers de doléances (60 000). Dans chaque paroisse, chaque ordre recueille les principales critiques de ses membres et désigne un député. Deux aspects de cette assemblée sont critiqués par le tiers état : - 578 députés du tiers état représentent près de 96% de la population française alors que 291 députés du clergé et 270 députés nobles représentent deux ordres en minorité. - De plus, le vote final se fait par ordre et non par tête… le tiers état se retrouve isolé. Manuel Hatier 2019 Une tension se créée entre le roi et les députés du tiers état qui veulent des réformes politiques concrètes. Le 17 juin, ils se proclament « Assemblée nationale ». Extrait du film La Révolution française de Robert Enrico et Richard T. Heffron Le 20 juin 1789 : Serment du jeu de Paume - Chronologiquement : le 1er des événements révolutionnaires. - Symboliquement : Une opposition des députés de l'Assemblée nationale (assemblée de députés représentant la nation) nouvellement constituée à l'occasion d'une réunion lors des Etats généraux (refus de "se disperser" alors que le roi l'avait ordonné, c'est un acte de rébellion contre l'autorité royale. Désormais, le pouvoir politique est exercé par cette assemblée qui se donne pour mission d'établir une "Constitution" (un texte de nature juridique qui fixe l'organisation politique d'un Etat). => D'où son nom à l'époque : Assemblée nationale constituante. Le 27 juin, le roi tolère l’existence de cette assemblée à laquelle se joignent des députés du clergé et de la noblesse. La souveraineté n’appartient plus seulement au roi mais à l’Assemblée qui représente la nation, le peuple, ainsi, la monarchie absolue n’existe plus. L’Ancien régime est révolu. Jacques-Louis David, Le Serment du Jeu de Paume ; Le Serment du Jeu de Paume à Versailles le 20 juin 1789, XVIIIe siècle, Musée national du Château de Versailles L'HISTOIRE PAR L'IMAGE | Le Serment du Jeu de paume 2 – Le soulèvement du peuple La prise de la Bastille le 14 juillet 1789 Soutenant leurs députés, le peuple parisien craint une reprise en main par la force du roi. La foule s’empare de fusils et de canons à l’hôpital militaire des Invalides le matin du 14 juillet et se rend alors La prise de la Bastille du 14 juillet 1789 vers la prison de la Bastille sensée stocker de la poudre à canon. Cette prise de la Bastille est fêtée comme un symbole car il Prise de la Bastille et arrestation s’agissait d’une prison royale où certains détenus y ont été envoyés du gouverneur M. de Launay, le par lettres de cachet, outil de l’arbitraire royal (ex : Voltaire 14 juillet 1789, Anonyme, Musée emprisonné 11 mois en mai 1717 puis 2 semaines en avril 1726 pour ses national du château de Versailles écrits). C’est aussi à cette occasion qu’est créée la Garde nationale (armée de citoyens bénévoles chargée de maintenir l’ordre à Paris). La Grande Peur dans les campagnes (mi-juillet – août 1789) : Enfin, dans les campagnes une rumeur prétend que les seigneurs font appel à des brigands pour détruire les récoltes. En réponse, les paysans s’attaquent aux châteaux de leurs seigneurs et brulent les titres des droits seigneuriaux. La Grande Peur de l’été 1792, Anonyme, 1792, Musée Carnavalet Paris. 3 – La fin de l’absolutisme et de ses privilèges Face aux violences, les députés nobles proposent puis font voter à l’Assemblée nationale dans la nuit du 4 août l’abolition des privilèges, des droits seigneuriaux et de la dîme. Estampe de la séance du 4 août par Charles Monnet, Paris, BnF, département des estampes et de la L’abolition des privilèges, gravure anonyme, 1789 photographie. Enfin le 5 octobre 1789, des femmes de Paris se rendent à Versailles pour réclamer du pain et pour obliger le roi à contresigner les décrets sur l’abolition des privilèges et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Avec des émeutiers, elles ramènent la famille royale à Paris au palais des Tuileries. B - La construction d’une nouvelle France (1789-1791) 1 - La souveraineté nationale, (des libertés… mais aussi des limites) La première constitution La souveraineté qui était autrefois dans les mains d’un roi absolu est désormais dans celle de la nation qui en délègue l’exercice à une Assemblée nationale. En effet, l’Assemblée nationale constituante de 1789 fait voter la première Constitution française le 13 septembre 1791. Le pouvoir politique est partagé entre entre : - Louis XVI (appelé « roi des Français » qui possède le pouvoir exécutif à vie, nomme des ministres et dispose d’un droit de véto sur les décisions de l’Assemblée) - l’Assemblée législative élue possédant le pouvoir législatif. C’est une assemblée de 745 députés élus pour 2 ans qui propose, discute et vote les lois, décide du montant de l’impôt. On parle non plus d’une monarchie absolue mais d’une monarchie constitutionnelle car limitée par une Constitution. La reconnaissance des libertés fondamentales Des libertés sont instaurées telles que la liberté d’expression avec la fondation des clubs qui sont des associations dont les membres se réunissent régulièrement pour débattre de sujets politiques (Ex : Club des Jacobins, club des cordeliers). Ceux-ci traduisent aussi la liberté de réunion et d’association. Club des Jacobins (1789 – 1794), le plus célèbre des clubs aussi appelé Société des Amis de la Constitution. Une contribution élevée pour accéder à ce club fit de celui-ci le club de la bourgeoisie (avocats, médecins, savants…). Parmi les personnalités politiques notables : La Fayette, Mirabeau ou Robespierre. Ce club était le lieu privilégié des réflexions des partis des Girondins et des Montagnards Club des cordeliers (1790 – 1794), fondé à Paris et aussi appelé Société des Amis des Droits de l’Homme et du Citoyen. Proche du peuple et de ses difficultés, il compta des orateurs célèbres (Danton, Marat, Desmoulins) et des membres principalement issus des milieux populaires (artisans, boutiquiers). Club des Feuillants (1791-1792), issu d’une scission dans le club des Jacobins. Considéré comme plus modéré et proche de la monarchie constitutionnelle. On peut ajouter la liberté de presse avec la multiplication des journaux politiques de toutes tendances et la liberté de culte. Il y a cependant des limites… L’Assemblée législative est surtout composée de bourgeois aisés défendant leurs intérêts face aux catégories sociales les moins aisées. En effet, pour se présenter comme député il faut s’acquitter d’un impôt appelé le « cens ». De plus, le suffrage est censitaire et indirect car seuls 4,3 millions d’électeurs appelés « citoyens actifs » (hommes de plus de 25 ans pouvant payer 3 livres de cens) élisent des « grands électeurs » qui éliront à leur tour les députés. On comprend que les plus pauvres, les moins de 25 ans, les esclaves des colonies françaises et les femmes sont exclus du fonctionnement politique du pays et donc de la « citoyenneté » en 1791. Des femmes comme Manon Roland ou Olympe de Gouges s’engagent cependant en faveur de la révolution et cherchent à se faire entendre. 2 – La réorganisation de la France Des réformes administratives, économiques, judiciaires mais aussi des tensions sociales Les députés de l’Assemblée nationale font des réformes pour dessiner une nouvelle France dans les domaines suivants : Administratif : Création de nouvelles circonscriptions avec la suppression des provinces d’Ancien régime pour diviser le territoire français en 83 départements (eux-mêmes divisés en « districts », « cantons » et « communes »). Judiciaire : Elections de juges et création de jurys citoyens chargés de juger les crimes. Economique : Libéralisation des échanges dans le pays avec la suppression des douanes intérieures et la liberté d’entreprise. Le décret Allarde de mars 1791 abolit les corporations et instaure la liberté d'entreprendre : « Il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera bon ». Dans cette optique, la loi Le Chapelier de du 14 juin 1791, votée par l'Assemblée constituante française, interdit la reconstitution de toute association professionnelle : « Les citoyens d’un même état ou profession, les entrepreneurs, ceux qui ont boutique ouverte ne pourront, lorsqu’ils se trouveront ensemble, se nommer ni présidents, ni secrétaires, ni syndics, tenir des registres, prendre des arrêtés ou délibérations, former des règlements sur leurs prétendus intérêts communs. » Cette loi révolutionnaire est bienvenue à l'origine car elle met fin aux dérives corporatistes de l'Ancien Régime : protection des nantis, entraves à l'épanouissement professionnel des ouvriers et compagnons. Financier : Face à l’urgence de rétablir les comptes et éviter la faillite du pays, les biens du clergé sont nationalisés en novembre 1789. Cette confiscation des terres de l’Eglise décidée par l’Assemblée nationale en fait des « biens nationaux ». Afin de vendre ces biens, une monnaie appelée « assignat » reposant sur la valeur de ces biens fut émise et pouvait être achetée par des particuliers. Religieux : Le 12 juillet 1790, la Constitution civile du clergé est proclamée : les clercs sont obligés de jurer fidélité à la nation. Les prêtres et les évêques sont désormais élus et perçoivent un salaire. Le Pape ne peut plus investir les évêques et condamne cette réforme. À cette réorganisation s’ajoute la création de symboles (cocarde puis drapeau tricolore, bonnet phrygien, arbres de la liberté). La fête nationale du 14 juillet correspond à la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 célébrée au Champ de mars, à l’occasion de laquelle Louis XVI prête serment à la nation et à la loi. Cette fête de la Fédération semble montrer une union nationale entre le roi et son peuple, ainsi qu’une adhésion du peuple au nouveau régime. C -La fin de la monarchie constitutionnelle et la guerre 1 – La montée des oppositions De plus, les nobles refusant la révolution ont commencé à fuir dès 1789 dans les monarchies voisines, ce sont les « émigrés ». Ils propagent des idées contre-révolutionnaires et pressent les souverains étrangers à l’intervention. Les clercs qui acceptent de prêter serment envers cette Constitution civile du clergé sont appelés « prêtres constitutionnels » (ou « prêtres jureurs ») mais ceux qui s’y refusent et suivent le Pape sont appelés « réfractaires ». Enfin, si le roi Louis XVI accepte le principe d’une Assemblée nationale compétente dans la gestion des finances, il lui refuse pourtant la souveraineté nationale tout comme il rejette la Constitution civile du clergé. Se sentant prisonnier au palais de Tuileries, le roi décide de fuir en compagnie de sa famille la nuit du 20-21 juin 1791 pour rejoindre un général qui lui est resté fidèle et alors stationné en Lorraine. Il est néanmoins reconnu puis arrêté à Varennes dans la nuit du 21-22 juin, d’où le nom de cet épisode marquant : « La fuite de Varennes ». Ramené aux Tuileries avec sa famille, cette fuite marque une rupture d’une partie des Parisiens et des Français qui ne lui accordent plus sa confiance. => C’est l’éveil d’une nouvelle idée chez certains : la République. 2 – La guerre affaiblit la monarchie Le 20 avril 1792, l’Assemblée législative déclare la guerre à l’empire d’Autriche. L’Autriche, rejointe par le royaume de Prusse envahit rapidement la France. La crainte pour la sécurité de la famille royale en 1792 et le risque de contagion révolutionnaire dans leurs Etats poussent les monarchies européennes à intervenir en France. Les révolutionnaires déclarent alors que « la patrie est en danger ! » ce qui provoque l’arrivée des gardes nationales des villes de province (les « fédérés ») pour défendre Paris. Une colonne de fédérés Marseillais monte à Paris en chantant l’hymne « Chant de guerre pour l’armée du Rhin » créé par l’officier Rouget de l’Isle en 1792 : elle est alors renommée « La Marseillaise » mais elle ne deviendra hymne national qu’en 1795. Dans un document que l’on a appelé » Le manifeste de Brunswick », le commandant de l’armée prussienne, le duc de Brunswick, menace le 25 juillet 1792 d’anéantir Paris et les révolutionnaires en cas de violence contre le roi et sa famille. 3 – La chute du roi (août 1792) et l’explosion des violences En réaction, le 10 août 1792, les sans-culottes parisiens (catégorie populaire composée d’artisans et commerçants) aidés des fédérés assaillent le palais des Tuileries défendu par 900 gardes-suisses. Ils s’emparent du roi et de sa famille qui seront conduits le 13 août à la prison du Temple. Le 11 août 1792, l’Assemblée nationale prévoit la création d’une nouvelle assemblée sous le nom de « Convention nationale » et qui, sera élue au suffrage universel. Cependant, l’armée française perd des batailles et ne parvient pas à empêcher l’avancée des Prussiens arrivant par le nord-est (Verdun est prise début septembre) et qui menace directement Paris. La panique s’empare des révolutionnaires qui s’en prennent alors aux royalistes et contre-révolutionnaires emprisonnés : ces massacres dans les prisons entre le 2-7 septembre sont appelés les massacres de Septembre et firent environ 1300 morts à Paris (150 en province). Dans le même temps, du 2 au 19 septembre, ont lieu les élections législatives au suffrage universel masculin portant au pouvoir 749 députés appelés désormais « Conventionnels ». Mais contre toute attente, l’armée française remporte une victoire militaire décisive contre les Prussiens le 20 septembre à Valmy. Ces derniers battent en retraite et à la suite de cela. La Convention proclame la République le 22 septembre 1792. La prise des Tuileries, cour du Carrousel, J. Bertaux, 1793.