Epidémiologie des cancers PDF
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Université de Tlemcen
2024
Dr Belhadj
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This presentation covers cancer epidemiology. It discusses the different factors related to cancer such as frequency, age, sex, geographical distribution, and the natural evolution of the disease. The presentation also details the origins of cancer data, tools, and types of epidemiological studies including descriptive, analytical, and experimental approaches.
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EPIDÉMIOLOGIE DES CANCERS COURS 4 ÈME ANNÉE MÉDECINE ANNÉE UNIVERSITAIRE 2024-2025 24/09/2024...
EPIDÉMIOLOGIE DES CANCERS COURS 4 ÈME ANNÉE MÉDECINE ANNÉE UNIVERSITAIRE 2024-2025 24/09/2024 DR BELHADJ MAITRE ASSISTANTE EN ONCOLOGIE MÉDICALE CLCC TLEMCEN PLAN DU COURS Introduction Intérêt de la question La carcinogénèse Épidémiologie des cancers Épidémiologie descriptive Épidémiologie Analytique (facteurs de risque) Épidémiologie expérimentale conclusion INTRODUCTION- DÉFINITION Le cancer est une cause majeure de morbidité et mortalité. Pour la planète prise dans son ensemble, il a été responsable en 2018 de 18 millions de nouveaux cas (ou cas incidents) et de 9,6 millions de décès. L’épidémiologie: c’est l’étude de la fréquence des maladies dans les populations humaines des différents facteurs intervenant dans l’apparition et l’évolution des maladies En cancérologie, il s’agit d’une discipline essentielle dont les buts sont multiples: 1) Aider la recherche clinique et fondamentale 2) Faire bénéficier la population de mesures de dépistage et prévention 3) Permettre aux états d’établir une planification sanitaire Elle est répartie en 3 étapes successives: Descriptive Analytique expérimentale INTÉRÊT DE LA QUESTION Fréquence élevée La survenue d’un cancer est la résultante d’une lente cascade d’événements (carcinogénèse) Ces événements sont la conséquence de facteurs appelés facteurs de risque Ces relations de cause à effet pourraient être mis en évidence grâce aux enquêtes épidémiologiques CARCINOGÉNÈSE, PROCESSUS MULTI ÉTAPES Au cours de la vie cellulaire, l’ADN est soumis à des agressions qui peuvent résulter d’erreurs de réplication ou d’agents extérieurs comme des agents génotoxiques carcinogènes. A l’état normal ces altérations de l’ADN sont immédiatement réparées par des mécanismes spécialisés. Dans de rares cas où les gènes de réparation sont altérés, la mutation génique persiste ouvrant potentiellement la voie à la formation d’une tumeur La majorité des cancers sont dits sporadiques car ils surviennent de façon isolée au sein d’une famille. Dans certaines familles une altération génétique est contenue dans l ’ADN des cellules germinales (gamètes), et peut donc être transmise par le porteur à sa descendance (cas héréditaires). Les individus qui en ont hérités sont dits porteurs d’une prédisposition génétique au cancer. Cette mutation est présente dans toutes les cellules, à la fois germinales et somatiques de l’individu qui en a hérité. Ainsi toutes ses cellules somatiques ont déjà franchi à la naissance, une première étape dans le processus de transformation cancéreuse. EPIDÉMIOLOGIE DES CANCERS ÉPIDÉMIOLOGIE DESCRIPTIVE Elle fait appel à l’utilisation des indicateurs de santé permettant d’apprécier l’état de santé de la population Elle étudie: La fréquence,l’age,le sexe La distribution géographique Catégories de sujets atteints Évolution naturelle de la maladie ORIGINES DES DONNÉES Certificats de décès Registres régionaux ou nationaux des cancers Registres hospitaliers Registres d’autopsies OUTILS Taux de mortalité et de létalité TAUX DE MORBIDITÉ Incidence:nombre de nouveau cas observes durant une periode de temps pour une population donnee Taux brut d’incidence: Taux standardisé tient compte des tranches d'âge, et utilise une population de référence qui est la population mondiale qui comprend 100000 habitants, LA PRÉVALENCE La prévalence: Variation selon l'âge Variation selon le sexe (sex- ratio) Variation géographique Variation dans le temps LA SURVIE La survie globale: temps entre randomisation et le décès, utilise la courbe de Kaplan- Meier La survie sans récidive: applicable en cas de traitement adjuvant La survie sans progression: temps entre la randomisation et la progression tumorale ÉPIDÉMIOLOGIE ANALYTIQUE Elle vise à étudier les relations existantes entre l'exposition à des facteurs de risque et la survenue de maladies. Elle permet de formuler des hypotheses de relation entre un facteur de risque et un type de cancer. Le principal facteur de risque de développer un cancer est l’âge ! Parmi les facteurs de risque, on peut distinguer les facteurs « extrinsèques » (ou exogènes) et les facteurs « intrinsèques » (ou endogènes). Les facteurs de risque « extrinsèques » ne sont pas liés directement à l’individu mais à son environnement (par exemple la pollution, le tabagisme passif, une activité professionnelle particulière) Les facteurs de risque « intrinsèques » sont propres à l’individu (par exemple son hérédité, son âge, son sexe, son comportement…). La connaissance de ces facteurs permet cependant de définir des populations dites « à risque » qui peuvent être dépistées précocement, on réalise alors une action de prévention secondaire. Facteurs génétiques 5 % des cancers sont héréditaires La connaissance de facteurs génétiques, qu’il s’agisse de vrais gènes de prédisposition (par exemple BRCA 1, BRCA 2 pour le cancer du sein) ou l’existence de polymorphismes génétiques peut permettre d’envisager un dépistage de populations à risque dans un cadre de prévention secondaire voire dans certains cas des actions de prévention primaire (chimio-prévention, chirurgie prophylactique). Les cancers héréditaires les plus fréquents comprennent certaines formes de cancer du côlon, de cancer du sein, de cancer de l’ovaire, de cancer de la prostate, de cancers médullaires de la thyroïde et de rétinoblastomes. Facteurs de risque comportementaux Environ 43 % des cancers et 35 % des décès par cancer résulteraient de l’exposition à des facteurs de risque évitables (tabac, alcool, obésité…) Le tabac est le premier facteur de risque évitable de mortalité précoce par cancer, dans le monde. Il tue près de 6 millions de personnes chaque année, soit près de 10 % de la mortalité mondiale (dont 600 000 par tabagisme passif). La fumée de tabac contient plus de 7 000 composés chimiques, dont plusieurs dizaines sont reconnus comme cancérogènes (regroupés en plusieurs classes parmi lesquelles les hydrocarbures polycyliques aromatiques – « les goudrons » –, les n-nitrosamines et les amines aromatiques). Le « coût social » du tabac est estimé à 120 milliards d’Euros chaque année, en France La durée d’intoxication tabagique ainsi que la quantité consommée influent sur le risque de développer un cancer. Après l’arrêt de la consommation, l’incidence du cancer du poumon diminue, puis reste stationnaire rejoignant pratiquement celle des non-fumeurs après 10 à 15 ans. Le tabagisme passif augmente également le risque de développer un cancer du poumon. L’ALCOOL L’alcool est la deuxième cause de mortalité évitable par cancer. L’évaluation de la consommation d’alcool est difficile (notamment du fait d’une sous- déclaration des consommateurs) L’alcool a été responsable, toutes maladies confondues, de 41 000 décès en 2015, dont plus de 16 000 décès par cancer. La consommation d’alcool augmente le risque de développer un cancer dans 7 localisations : bouche, pharynx, larynx, oesophage, côlon-rectum, sein et foie. Parmi les cancers attribuables à l'alcool, le cancer du sein est le plus fréquent (près de 8 000 cas). Le risque de cancer augmente quel que soit le type de boisson alcoolisée consommée et de manière linéaire avec la dose, sans seuil en dessous duquel le risque serait nul : même une consommation faible augmente le risque. Plusieurs mécanismes favorisant le développement des cancers sont évoqués : irritation chronique de la muqueuse ; dissolution dans l’alcool de certains carcinogènes ; carences nutritionnelles entraînant un déficit en antioxydants, etc. ALIMENTATION, ACTIVITÉ PHYSIQUE On estime que 20 à 25 % des cancers sont imputables aux comportements alimentaires. Les facteurs nutritionnels qui augmentent le risque de cancer sont : la consommation d’alcool, le surpoids et l’obésité, la consommation de viandes rouges et de charcuteries, la consommation de sel et d’aliments salés, la consommation de compléments alimentaires à base de bêtacarotène. Au contraire, réduisent le risque de cancer : l’activité physique, la consommation de fruits et légumes , la consommation de fibres alimentaires et l’allaitement. Les facteurs environnementaux Les agents physiques (rayonnements, ondes, etc.) ; Les agents chimiques (métaux et leurs formes chimiques, composés organométalliques et organiques, nanomatériaux, résidus de médicaments, pesticides) ; Les agents biologiques (toxines, virus). Leur étude est difficile et sujette à controverses. On estime que 5 à 10 % des cancers seraient liés à des facteurs environnementaux. Ces agents sont présents dans l’atmosphère, l’eau, les sols ou l’alimentation, dont l’exposition est subie. Ils peuvent être générés par la nature elle même, la société ou encore le climat. Cas des radiations ionisantes : l’exposition peut être professionnelle, accidentelle (tchernobyl), militaire (bombes), diagnostique (imagerie), ou encore thérapeutique (radiothérapie). Rayonnement solaire L’exposition solaire importante (bronzage naturel ou lampe à UV) augmente la fréquence de survenue des cancers cutanés (cancers épithéliaux et mélanomes) notamment chez les sujets à peau claire , Les UVB, mais également les UVA sont carcinogènes. Le mélanome connaît une augmentation d’incidence très importante (+ 7 % par an, 6 000 nouveaux cas/an) alors qu’il s’agit d’un cancer grave (taux de létalité de près de 40 %). LES EXPOSITIONS PROFESSIONNELLES Les 8 principaux produits chimiques cancérogènes, mutagènes rencontrés en milieu de travail sont, par importance décroissante : les gaz d’échappement diesel, les huiles minérales entières, les poussières de bois, la silice cristalline, le formaldéhyde, le plomb et ses dérivés, l’amiante et les phtalates ; FACTEURS DE RISQUE INFECTIEUX Les principaux agents infectieux en cause sont : les sous-types 16 et 18 du papillomavirus humain (HPV 16 et 18) qui sont responsables de la quasi totalité des cancers du col de l’utérus. Ils sont également associés à d’autres cancers plus rares de la sphère anogénitale (vagin, vulve, pénis, anus) ainsi qu’à des cancers de la cavité buccale, de l’oropharynx et du larynx ; les hépatites virales chroniques B et C qui sont à l’origine d’environ un tiers des cancers du foie. l’infection de la muqueuse gastrique par Helicobacter pylori qui est responsable de près de 80 % des cancers de l’estomac. ÉPIDÉMIOLOGIE EXPÉRIMENTALE Le chercheur intervient sur le statut d’exposition des sujets. Il peut intervenir sur le ou les facteurs d’exposition, le moment d’exposition, les personnes exposées. 1)Prospective : mesure de l'exposition avant l'apparition de la maladie: exposition =======> maladie? non exposition =======> maladie? 2) Rétrospective : recherche de l'exposition après constat (ou non) de la maladie: malades =======> exposition? non malades =======> exposition? LES ÉTUDES CAS TÉMOINS Deux groupes de sujets vont être comparés : Des sujets malades : « les cas » Des sujets non malades : « les témoins » Le recueil d’information est toujours rétrospectif dans ce cas. Les groupes sont ensuite comparés. Les cas et les témoins doivent être choisis dans la même population. Les caractéristiques du groupe « témoin » doivent être les plus proche possible du groupe « cas ». La seule différence observable entre les groupes devrait être théoriquement l’absence de signes de la maladie. Toujours rétrospective: soit à visée exploratrice: plusieurs hypothèses testées; soit à visée analytique: cherchant à affiner une hypothèse unique (et complétant souvent une démarche initiale exploratoire). LES ÉTUDES COHORTES Une cohorte est un groupe de sujets suivis dans le temps. Les études de cohortes sont également appelées études exposés / non exposés. En pratique, deux groupes sont établis : les sujets exposés au facteur de risque les sujets non exposés au facteur de risque Les deux groupes vont être suivis (études longitudinales) puis comparés entre eux. Le plus souvent prospective (on mesure la fréquence de la maladie après avoir classé les sujets en 2 groupes: exposés et non exposés); Plus rarement rétrospective, CONCLUSION Le cancer est une maladie grave malgré les progrès thérapeutiques, Les études épidémiologiques ont permis de confirmer les relations de cause à effet entre certains facteurs et la survenue de cancers ex: tabac et cancer du poumon L’épidémiologie moderne a besoin pour progresser de soutien des fonds publics, afin de pouvoir identifier des facteurs de risque pour pouvoir les éradiquer et établir des programmes de dépistage nationaux, La prévention et le dépistage joueraient un rôle important dans la réduction de l’incidence du cancer.