Collection Soins Infirmiers - Problématique du Suicide en France - PDF
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Université de Caen Normandie
Dr Anca-Cristina Roulland et Isabelle Blandamour
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Summary
This document provides an analysis of the problem of suicide and the evolution of health policies in France. It covers topics such as different types of suicide, epidemiology of suicide in different countries and regions, and the importance of the intervention of medical care workers
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Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie Problématique du suicide et évolution des politiques de santé en France Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland ,...
Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie Problématique du suicide et évolution des politiques de santé en France Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland , , Médecin psychiatre - Praticien hospitalier Centre hospitalier spécialisé Le Bon Sauveur Relecture et validation : ] Perrine Brazo , , ] Professeur des universités – Praticien hospitalier Service de psychiatrie de l'adulte au CHU de Caen Hervé Menaut , Cadre formateur à l’IFSI de l'Aigle Cette ressource fait l'objet d'une relecture et d'une validation par l'ensemble des contributeurs (universitaires, cadres formateurs, intervenants extérieurs) référents pour cette UE. ] ] ] Homicide / suicide (Voltaire 1739 « Du suicide ou de l’homicide de soi-même ») Acte suprême de liberté / acte de faiblesse (renoncement)? Le suicide est perçu différemment selon les cultures : , , , , « mort honorable » dans l’Antiquité acte criminel pour la chrétienté (concile de Braga vers 561) pêché ou crime pour l’Islam issue honorable face à des situations perçues comme trop honteuses ou sans espoir (Japon ) Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Préambule 3 ] ] ] ] Suicide altruiste (par excès d’intégration) Suicide égoïste (par défaut d’intégration) Suicide anomique (par défaut de régulation) Suicide fataliste (Sati en Inde, esclaves, prisonniers) (par excès de régulation) Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Typologie du suicide (E. Durkheim) 4 ] ] ] ] ] ] ] Suicidé Suicidant Suicidaire Tentative de suicide Idéation suicidaire Crise suicidaire Équivalent suicidaire Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Glossaire 5 Épidémiologie du suicide ] En Europe (2006) les pays les plus touchés : Lituanie, Russie, Biélorussie, Slovénie, Hongrie Parmi les pays de l’OCDE : , , ] les taux les plus élevés : Japon (32 985 cas en 2009) et France (10 700 cas en 2005) les taux les plus faibles : Italie, Grèce, Portugal, Espagne, GB et États-Unis 815 000 personnes se sont suicidées dans le monde en 2000 Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU ] 6 ] ] Douze régions ont des taux supérieurs d’au moins 15 % à la moyenne nationale (grand quart NO de la France, dont le taux le plus élevé est en Bretagne) Quatre régions sont en dessous de la moyenne nationale (Alsace, Midi-Pyrénées, Corse et IDF) Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU En France 7 ] ] ] ] Les hommes se suicident plus que les femmes Le suicide touche tous le monde, sans distinction de « classe » sociale Plus à risque : retraité(e)s, divorcé(e)s, veuf(ve)s, sans enfant, célibataires La plupart des suicidés souffrent de troubles psychologiques Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Populations touchées 8 ] ] ] 1re cause de mortalité chez les 25 - 34 ans 2e cause de mortalité (après les AVP) chez les 15 - 24 ans Le taux de suicide augmente très nettement avec l’âge, notamment chez l’homme, où il devient jusqu’à 6 fois supérieur au taux moyen Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Le suicide par tranche d’âge 9 ] Pour un taux de 17,1 suicides pour 100 000 habitants dans la population générale ce dernier est de : , , , 32 pour les 75-84 ans de 44 pour les 85-94 ans de 38,8 chez les plus de 95 ans, selon les chiffres de l'Institut national de recherche médicale (Inserm). Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Chez les personnes âgées en France 10 Selon l’INSERM en 2005 en France 10 713 décès par suicide dont : , ] 567 décès annuels chez les 15-24 ans (5,3%) dont : , , ] 439 hommes (4,1% des suicides) 128 femmes (1,2% des suicides) 6478 décès annuels chez les 30-59 ans (60,5%) dont : , , ] 73% d’hommes 27% de femmes 4774 hommes (44,6% des suicides ) 1704 femmes (15,9% des suicides) 3 639 décès annuels chez les plus de 60 ans (33,9%) dont : , , 2595 hommes (24,2% des suicide) 1044 femmes (9,7 % des suicides) Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU ] 11 Modalités de décès par suicide Les plus fréquents : , , , , ] pendaison (45 % des DC en 2004), les armes à feu (15 %), prises de médicaments (16 %), précipitations dans le vide (8 %) Les modalités différent en fonction des régions : plus de pendaisons dans le nord, plus d’armes à feu dans le sud Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU ] 12 ] ] Chez les 15-24 ans, les suicides sont réalisés le plus souvent par des moyens violents, principalement par pendaison ou armes à feu, en particulier chez les garçons. Les filles, en dehors de la pendaison, ont souvent recours à l’intoxication et au saut d’un lieu élevé. Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Le suicide chez les jeunes est souvent violent 13 ] ] ] ] ] Le suicide, priorité de santé publique depuis 1998 (programme de prévention du suicide) Stratégie Nationale d’actions face au suicide en 2000, pour une durée de 5 ans Plan Santé Mentale Loi introduisant les facteurs psycho-sociaux dans le code du travail (reconnaissance du suicide comme accident du travail) Cadre médico-légal pour la procédure de déclaration de décès Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Politiques de santé pour faire face au suicide 14 Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie Le modèle de crise Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland , , Médecin psychiatre - Praticien hospitalier Centre hospitalier spécialisé Le Bon Sauveur Relecture et validation : ] Perrine Brazo , , ] Professeur des universités – Praticien hospitalier Service de psychiatrie de l'adulte au CHU de Caen Hervé Menaut , Cadre formateur à l’IFSI de l'Aigle Cette ressource fait l'objet d'une relecture et d'une validation par l'ensemble des contributeurs (universitaires, cadres formateurs, intervenants extérieurs) référents pour cette UE. ] ] ] ] ] La personne est submergée par les émotions La tension émotive provoque un épuisement des ressources cognitives Elle n’arrive plus à trouver des solutions à ses difficultés La perception de la réalité est embrouillée Elle se centre sur des solutions inadaptées Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Reconnaître l’état de la crise 3 Comment désamorcer une crise suicidaire avant la phase aiguë ou le passage à l’acte La progression de la crise : État de crise État de vulnérabilité Désorganisation Récupération État d’équilibre Temps Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Phase aiguë - Passage à l ’acte 4 ] ] ] Un modèle conceptuel qui correspond à une période définie dans le temps, offre un appui théorique à une intervention d’urgence Ce modèle ne saurait se substituer à des modèles théoriques de la psychopathologie Il est important d’éviter de placer toutes les personnes en crise dans la même catégorie diagnostique et offrir un traitement unique Dr A-C. ROULLAND, I. BLANDAMOUR © CEMU Cadre théorique et limites de crise 5 Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie La crise suicidaire Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland , , Médecin psychiatre - Praticien hospitalier Centre hospitalier spécialisé Le Bon Sauveur Relecture et validation : ] Perrine Brazo , , ] Professeur des universités – Praticien hospitalier Service de psychiatrie de l'adulte au CHU de Caen Hervé Menaut , Cadre formateur à l’IFSI de l'Aigle Cette ressource fait l'objet d'une relecture et d'une validation par l'ensemble des contributeurs (universitaires, cadres formateurs, intervenants extérieurs) référents pour cette UE. ] ] ] Période où, pour un sujet donné, le suicide devient une solution pour mettre fin à sa souffrance actuelle Cette période marquée par la souffrance et la tension dure souvent de 6 à 8 semaines Une tentative de suicide peut survenir : après, la crise est encore présente et le risque de récidive élevé Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Crise suicidaire 3 Modèle de la crise suicidaire ? Solution Solution ? ? Solution Suicide Solution Solution Solution Suicide Suicide Solution Recherche active de solutions Suicide Flash messages indirects Idées fréquentes Baisse d’estime de soi Rumination Messages verbaux Cristallisation Plan suicidaire Recherche de moyens Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Solutions inefficaces ou inadéquates 4 L’intervention de la crise Objectif : , ] L’intervention vise un retour à l’équilibre par : l’expression des émotions, la compréhension cognitive des événements qui ont mené à la crise (recadrage cognitif) et l’apprentissage de nouvelles habilités de résolution de problème Comment désamorcer ? , , , Évaluation du potentiel suicidaire Formulation de la crise Arrêt du processus auto-destructeur Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU ] 5 ] ] La personne en crise suicidaire peut être empressée et motivée à recevoir de l’aide afin de réduire son niveau d’angoisse L’intervention doit être immédiate puisqu’elle se situe à un moment ou l’individu est ambivalent, impulsif et fait preuve de rigidité cognitive Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Intervention immédiate 6 ] ] ] ] 1. Établissement d’un lien de confiance entre l’intervenant et la personne suicidaire 2. Évaluation rapide et efficace du Risque, de l’Urgence et de la Dangerosité (RUD) du scénario suicidaire 3. Évaluation du facteur précipitant 4. Encourager l’exploration et l’expression des émotions afin de diminuer la détresse Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Stratégies et séquences d’intervention 7 ] ] ] ] 5. Formulation de la crise 6. Briser l’isolement, soutenir la famille et les proches, et mettre en place des structures de protection auprès de la personne suicidaire 7. Arrêt du processus autodestructeur et établissement d’ententes avec la personne suicidaire afin d’assurer un suivi, du moins à court ou à moyen terme 8. L’après-crise Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Stratégies et séquences d’intervention 8 ] 1- Identifier et préciser avec la personne suicidaire les éléments positifs de sa vie qu’elle n’est plus en mesure de percevoir elle-même ] 2- Rechercher des ressources adéquates et accessibles qui correspondent aux besoins de la personne suicidaire Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Offrir des alternatives valables consiste à 9 ] 3- Planifier des démarches simples et réalistes que la personne peut entreprendre et dont elle peut rendre compte ] 4- Accompagner et soutenir la personne suicidaire pour qu’elle évite des échecs difficiles Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Offrir des alternatives valables consiste à 10 ] ] ] ] Aborder les émotions et les valider Poser des questions ouvertes et éviter les pourquoi Suivre le rythme de la personne Aborder directement les intentions suicidaires , , , ] ] « Est-ce que vous souffrez au point de vouloir vous suicider ? » « Est-ce que vous avez pensé à la manière dont vous pourriez vous suicider ? » « Avez-vous décidé quand ? » Intervenir sur le dernier événement (le facteur précipitant) et ne pas être obnubilé par l’idée de trouver une solution Évaluer et réévaluer le degré de tension de la personne Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Rappel des principes d’intervention 11 Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie Évaluation du potentiel suicidaire Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland , , Médecin psychiatre - Praticien hospitalier Centre hospitalier spécialisé Le Bon Sauveur Relecture et validation : ] Perrine Brazo , , ] Professeur des universités – Praticien hospitalier Service de psychiatrie de l'adulte au CHU de Caen Hervé Menaut , Cadre formateur à l’IFSI de l'Aigle Cette ressource fait l'objet d'une relecture et d'une validation par l'ensemble des contributeurs (universitaires, cadres formateurs, intervenants extérieurs) référents pour cette UE. ] ] ] L’évaluation du potentiel suicidaire permet de déterminer le degré de perturbation de l’individu afin d’instaurer une intervention appropriée L’évaluation comprend celle du risque, de l’urgence et de la dangerosité Pour des fins cliniques, le potentiel suicidaire peut s’évaluer selon qu’il est faible, moyen ou élevé Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Triple évaluation du potentiel suicidaire 3 ] ] L’évaluation du risque permet de considérer les éléments du passé pouvant influencer la survenue du décès par suicide dans les 2 ans à partir des facteurs individuels, familiaux, psychosociaux C’est une estimation à partir des connaissances de l’épidémiologie sur les facteurs de risque et de protection vis à vis du suicide et non des tentatives de suicide Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Évaluation du risque suicidaire 4 Facteurs prédictifs du suicide Au niveau familial ATCD de maltraitance Abus de substances ATCD de troubles psychiatriques et de suicide Cohésion des liens Individu Le rapport à autrui dans la société Intégration sociale, travail, religion, culture, loisirs Facteurs de stress Deuils, séparations, abandons, difficultés financières, judiciaires Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Au niveau personnel Troubles mentaux Tentatives de suicide Abus d’alcool / drogues Sexe masculin Difficulté à gérer le stress Impuissance/perte d’espoir Impulsivité/agressivité Maladie physique 5 ] ] ] Les syndromes dépressifs : le risque est d’autant plus grand que le tableau est celui d’une dépression mélancolique, surtout dans les formes avec des idées d’autoaccusations délirantes ou dans les formes anxieuses les troubles unipolaires exposeraient plus au risque suicidaire que les troubles bipolaires. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Conduites suicidaires et troubles psychiatriques (Pr Walter, adsp, déc. 2003) 6 ] ] Le risque est accru si la séméiologie dépressive comporte la présence d’une agitation anxieuse, d’une insomnie grave, d’un repli sur soi, d’une perte de plaisir (anhédonie), d’un sentiment de désespoir et si l’évolution de la maladie dépressive est récente. Enfin une comorbidité associant anxiété et/ou conduites addictives et des conditions de vie dominées par l’isolement sont des facteurs aggravants. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Dépression et suicide 7 ] ] Dans la schizophrénie, le risque suicidaire est toujours présent (10 % des schizophrènes décèdent par suicide), soit à la phase initiale de la maladie (bouffée délirante aiguë inaugurale), soit à la phase d’état (prise de conscience de la psychose), soit lors d’une phase dépressive (dépression post-psychotique). Dans les délires chroniques non schizophréniques, les conduites suicidaires sont moins fréquentes. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Suicide et psychose 8 ] ] ] Il parait utile de distinguer les équivalents suicidaires (overdose toxicomaniaque ou conduites d’alcoolisation massives aboutissant au coma éthylique) et les tentatives de suicide. Ces dernières surviennent électivement lors d’un état confusionnel par absorption massive ou à l’occasion d’une dépression et/ou d’une crise aiguë d’angoisse liées au sevrage. Enfin, la comorbidité alcoolique augmente le risque dans les autres maladies psychiatriques, essentiellement par effet désinhibiteur. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Dans les troubles addictifs 9 ] ] ] Deux types de personnalités pathologiques sont particulièrement impliqués, la psychopathie et les états limites. Les psychopathes se caractérisent par leur impulsivité, leur intolérance à la frustration, leur impossibilité à différer la satisfaction, leurs conduites addictives (alcool, toxiques), qui sont autant de facteurs favorisant le passage à l’acte. Les sujets ayant un état limite ou borderline ont fréquemment des angoisses d’abandon, des effondrements dépressifs les rendant particulièrement vulnérables aux conduites suicidaires. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Suicide et troubles de la personnalité 10 ] ] C’est une évaluation clinique de la probabilité de décéder dans les 48 heures Elle se fonde sur : , , , ] ] ] l’idéation suicidaire et son intensité l’absence d’alternative autre que le suicide le scénario suicidaire et l’imminence du passage à l’acte, Faible : pense au suicide, pas de scénario précis Moyen : scénario envisagé, mais reporté Élevé : planification claire, passage à l’acte prévu pour les jours à venir Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Évaluation de l’urgence suicidaire 11 ] Il s’agit de l’étape où la personne a ses premières idées suicidaires ; elles sont : , , ] soit diffuses (ex. : idée de mort, idée d’être poussé accidentellement devant le bus, etc.) soit plus précises, mais très brèves et non ruminées. Nous retrouvons également les personnes qui ont déjà pensé au suicide sans toutefois y penser actuellement. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU 1 – « Flashs » ou idéations suicidaires 12 ] La personne dit penser au suicide quelques fois par semaine. La personne y pense, se pose des questions, envisage cette possibilité de plus en plus sérieusement, mais n’est pas encore obsédée quotidiennement par ce choix Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU 2 – Pensées suicidaires occasionnelles 13 ] La personne pense au suicide régulièrement, « chaque jour, je me réveille en me demandant si cela vaut la peine de continuer à vivre, si je ne serais pas mieux mort » Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU 3 - Pensées suicidaires fréquentes 14 ] ] La personne a décidé que le suicide est la seule solution ou que c’est l’option principale À ce stade, la personne mentionne qu’elle ne sait pas exactement comment elle va le faire et à quel moment elle va le faire. Il manque un ou des éléments de la planification. (Où, quand, comment, avec quoi ?) Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU 4 – La planification du suicide est en cours 15 ] La personne a le projet de passer à l’acte au-delà de 48 heures. La personne a en main le moyen qu’elle a choisi ou a accès à ce moyen Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU 5- La planification du suicide est complète au delà de 48 heures 16 ] La personne a le projet de passer à l’acte dans les 48 heures. La personne a en main le moyen qu’elle a choisi ou a accès à ce moyen. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU 6 - La planification du suicide est complète dans les 48 heures 17 ] ] ] La personne a le projet de passer à l’acte immédiatement Le moyen retenu est immédiatement disponible En cas d’appel téléphonique, par exemple, menace de tenter durant l’appel ou immédiatement après avoir raccroché Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU 7 - La planification du suicide est complète et immédiate 18 ] ] La personne a mis en œuvre son plan d’action (ex. : a absorbé des médicaments, a commencé à s’auto mutiler...) À ce stade, l’intervention médicale est nécessaire et il est important de se rappeler que l’intervenant n’a pas à évaluer ou à juger, lui-même, de la létalité du moyen utilisé. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU 8 – La tentative de suicide est en cours de réalisation 19 ] ] Évaluer la dangerosité du scénario suicidaire : létalité du moyen et son accessibilité Si l’accès au moyen est facile et immédiat, il faut considérer la dangerosité comme extrême et agir en conséquence Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Évaluation de la dangerosité du scénario suicidaire 20 Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie Prise en soins du sujet suicidant Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland , , Médecin psychiatre - Praticien hospitalier Centre hospitalier spécialisé Le Bon Sauveur Relecture et validation : ] Perrine Brazo , , ] Professeur des universités – Praticien hospitalier Service de psychiatrie de l'adulte au CHU de Caen Hervé Menaut , Cadre formateur à l’IFSI de l'Aigle Cette ressource fait l'objet d'une relecture et d'une validation par l'ensemble des contributeurs (universitaires, cadres formateurs, intervenants extérieurs) référents pour cette UE. ] L’intervention de l’infirmier(ère) peut s’effectuer sur divers plans : , , , , , Promotion de la santé Prévention Intervention en situation de crise Réadaptation Postvention Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Niveaux d’intervention infirmière / prévention du suicide 3 ] ] ] ] Le suicide engage la responsabilité du soignant. Toute tentative de suicide traduit une situation de détresse. Les soignants doivent toujours être attentifs. L’écoute du patient est essentielle. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Le soignant / tentatives de suicide 4 ] L’entretien avec la personne doit permettre un recueil d’informations le plus complet possible afin d’évaluer les modalités et l'urgence des interventions : , ] ] décomposer et analyser la menace suicidaire en trois composantes : les facteurs de Risque, l’Urgence de la menace, la Dangerosité du scénario suicidaire = RUD Chacune de ces trois dimensions : risque, urgence, dangerosité est évaluée séparément Selon trois degrés d'intensité : , Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Évaluation de la crise suicidaire faible, moyen ou élevé. 5 Évaluation du risque suicidaire RISQUE : Les facteurs de RISQUE suicidaire , , ] ] antécédents familiaux et personnels de suicide maladies psychiatriques sévères, en particulier les troubles de l'humeur, l'alcoolisme, les schizophrénies. Le fait de présenter un trouble psychiatrique constitue un important facteur de risque suicidaire. Si l'existence d'un trouble psychiatrique est un facteur de risque primordial, il n'est pas nécessairement un facteur suffisant. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU ] 6 ] ] C'est dans ces cas que les facteurs de vulnérabilité et précipitant (événements de vie, inter relations avec l'environnement familial…) jouent un rôle déterminant dans le passage à l'acte suicidaire. Dans la semaine qui précède, on retrouve souvent de nombreux conflits interpersonnels, de l'hostilité ou de la violence, et chez les adolescents des conflits disciplinaires ou des circonstances s'accompagnant de forts sentiments de déception, de rancœur, d'humiliation ou d'injustice. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Évaluation du risque suicidaire 7 Évaluation de l’urgence URGENCE : L'URGENCE de la menace suicidaire deux éléments doivent être pris en compte : , l'existence d'un scénario suicidaire et l'absence pour le sujet d'une alternative autre que le suicide. , l'urgence doit être évaluée comme "faible" en l'absence d'un scénario construit, "moyenne" si un scénario existe, mais que sa date de réalisation est éloignée ou imprécise, "élevée" s'il existe une planification précise ou une date arrêtée pour les jours suivants Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU ] 8 ] ] DANGEROSITÉ : La DANGEROSITÉ létale du moyen suicidaire Doivent être évaluées la dangerosité mortelle du moyen considéré et son accessibilité : , Si l'accès au moyen est facile et/ou immédiat, la dangerosité doit être évaluée comme "élevée" • l'intervention doit alors être immédiate et viser, en priorité, à empêcher l'accès à ce moyen. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Évaluation de la dangerosité 9 ] ] ] ] L’infirmier a un rôle important. Sa disponibilité, son écoute, sa présence rassurante, sa surveillance accrue permettent au patient d’exprimer son mal-être, d’établir une relation d’aide et de confiance dont le caractère thérapeutique peut prévenir le passage à l’acte. Ne jamais banaliser une TS ou des idées suicidaires, même en cas d’antécédents de nombreuses TS. Le soignant doit se méfier de sa propre lassitude face aux TS répétitives. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Prise en soins / tentatives de suicide 10 Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie Crise suicidaire : principes et techniques d’entretien Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland , , Médecin psychiatre - Praticien hospitalier Centre hospitalier spécialisé Le Bon Sauveur Relecture et validation : ] Perrine Brazo , , ] Professeur des universités – Praticien hospitalier Service de psychiatrie de l'adulte au CHU de Caen Hervé Menaut , Cadre formateur à l’IFSI de l'Aigle Cette ressource fait l'objet d'une relecture et d'une validation par l'ensemble des contributeurs (universitaires, cadres formateurs, intervenants extérieurs) référents pour cette UE. ] ] ] ] ] Chaque entretien est un acte de création Unique et non duplicable en raison des engagements réciproques et des données collectées en un temps limité Le premier entretien permet de collecter des données essentielles d’autant que les possibilités thérapeutiques existent Il est déterminant dans l’engagement thérapeutique du patient L’entretien est le fondement de toute intervention en santé mentale Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Généralités 3 ] ] ] ] ] ] Recueillir une base de données cliniques Développer une compréhension évolutive et empathique du patient Réaliser une évaluation clinique dont découlera une tentative de diagnostic Établir un engagement profond du patient dans une relation thérapeutique Définir et établir cadre et plan thérapeutiques appropriés Diminuer l’anxiété du patient Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’entretien permet de : 4 ] ] Un entretien est un dialogue verbal et non-verbal entre deux participants, dont les comportements réciproques affectent le style de communication, résultant en un pattern spécifique d’interaction. La compréhension du patient permet de définir ses peurs, ses souffrances et ses souhaits. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’entretien clinique 5 ] ] ] ] ] Situation actuelle et évaluation des signes cliniques Histoire personnelle du patient (éducation et intégration sociale, relations familiales, travail, amis, loisirs, conditions de vie etc.) ATCD psychiatriques personnels et /ou familiaux (santé mentale), ATCD somatiques (santé physique) RUD Diagnostic et cadre thérapeutique Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU « Domaines » de l’entretien 6 Vision globale des domaines « visités » lors de l’entretien Vie sociale, amis, intérêts Vie affective Santé mentale Loisirs Travail Vie familiale Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Santé physique 7 ] ] ] ] ] Se rendre disponible Être empathique et à l’écoute, poser plutôt des questions « ouvertes » Bien explorer un domaine avant de passer à un autre Faire préciser des détails si les propos sont généraux Respecter la proxémique selon la taille de la bulle d’intimité de chacun Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU « Petits » conseils 8 ] Le contact visuel est établi ] Une ambiance de collaboration s’installe ] Les informations nécessaires à l’intervenant sont apportées spontanément par la personne Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Comment savoir si l’entretien se déroule bien ? 9 ] ] ] ] ] ] Pas de contact visuel Le patient se ferme et se replie sur soi De l’agressivité s’installe Le patient s’épuise L’intervenant ne retient pas les informations et les demande plusieurs fois La frustration s’installe de part et d’autre Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Comment savoir si l’entretien se déroule mal ? 10 Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie La crise suicidaire de la personne âgée Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland , , Médecin psychiatre - Praticien hospitalier Centre hospitalier spécialisé Le Bon Sauveur Relecture et validation : ] Perrine Brazo , , ] Professeur des universités – Praticien hospitalier Service de psychiatrie de l'adulte au CHU de Caen Hervé Menaut , Cadre formateur à l’IFSI de l'Aigle Cette ressource fait l'objet d'une relecture et d'une validation par l'ensemble des contributeurs (universitaires, cadres formateurs, intervenants extérieurs) référents pour cette UE. ] ] Pour le sujet âgé comme pour l’adolescent, il serait conféré au geste suicidaire un statut à part en le rapportant à un phénomène de crise lié à une période de l’existence caractérisée par une dynamique psychologique originale. Chez le sujet âgé, on parlera de crise du vieillissement s’accompagnant de modifications de la relation aux autres, d’altérations physiques et psychologiques et d’un flou de l’identité sociale. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU La crise suicidaire de la personne âgée « Le suicide de la personne âgée » M. WALTER, Psychiatre, Praticien hospitalier, CHU Brest, D. LABOURET, CHU Brest 3 ] ] ] Les travaux épidémiologiques insistent surtout sur les différences entre les gestes effectués par des sujets âgés et ceux réalisés par des sujets plus jeunes en soulignant le risque de mort. Le taux de suicide augmentent ainsi nettement après 65 ans. Les sujets âgés se suicideraient plus que les autres et leur taux de « réussite » serait nettement supérieur. La France détient un record au sein de l’Europe pour les taux de suicide des hommes âgés de + de 75 ans. La situation est identique pour les femmes mais à un niveau beaucoup plus faible. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Spécificité épidémiologique 4 ] ] Moyens utilisés : radicaux et généralement efficaces Pendaison, arme à feu, précipitation dans le vide sont les plus fréquentes. Par ailleurs, la fragilité de l’état somatique pourrait favoriser l’issue fatale. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Moyens spécifiques du suicide chez la personne âgée 5 ] Dégradation sociale : la marginalisation sociale progressive du fait du passage abrupt du statut du sujet productif à celui de retraité, de l’isolement familial et de la diminution des ressources financières. On peut en rapprocher l’institutionnalisation, facteur supplémentaire. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Facteurs de risque suicidaire chez la personne âgée 6 ] Dégradation physique : le vieillissement somatique peut s’aggraver du fait de maladies invalidantes, chroniques ou douloureuses. Certaines atteintes physiques, motrices ou sensorielles ont un retentissement psychopathologique notable. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Facteurs de risque suicidaire chez la personne âgée 7 ] Dégradation psychique : , Importance du phénomène dépressif, souvent masqué par des plaintes algiques ou fonctionnelles. ] Raptus anxieux en réaction à des situations de crise. ] Alcoolisme Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Facteurs de risque suicidaire chez la personne âgée 8 ] La spécificité de la crise suicidaire du sujet âgé est à rapprochée d’un raté du processus de vieillissement = suite de renoncements nécessitant différentes formes de désinvestissement. ] Au-delà des phénomènes concrets (ruptures, deuils, isolement, atteintes corporelles), c’est dans les ratés de ce « lent travail de vieillir », dans l’impossibilité de ce travail de deuil qu’il faut rechercher les conditions de possibilité du passage à l’acte suicidaire. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Spécificité psychodynamique 9 Spécificité psychodynamique 3 situations différentes de ce deuil impossible ] 1- Rupture de l’étayage Décalage important entre la réalité présente et l’idéal , ] coexistence d’une profonde dévalorisation de soimême et d’une reviviscence des souvenirs du passé, qui peut être limitée voire annulée par la présence d’un autre qui par son regard bienveillant conforte le sujet dans une image non dévalorisée de lui-même, en étant le garant de n narcissisme l’acte suicidaire lors d’une rupture de cette relation = conséquence de la disparition du regard de l’autre, support du narcissisme du patient. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU ] 10 ] 2- Deuil impossible d’objets narcissiques = « plutôt mourir que de ne plus pouvoir » Travail de deuil qui se heurte à des obstacles insurmontables = il est très difficile au sujet de perdre certaines représentations particulièrement investies de lui-même et abandonner certains investissements narcissiques , ] discours avec retour constant sur le passé l’acte suicidaire = alternative au deuil impossible d’une image de soi support de valorisation narcissique Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Spécificité psychodynamique 11 Spécificité psychodynamique 3- « Le travail du trépas » = « pourquoi vivre puisque je vais bientôt mourir » Ces sujets sont dans une situation proche de celle des mourants. La question n’est pas le passé (travail de deuil partiellement opéré) mais l’avenir et la mort , le sujet souhaite s’engager alors avec une personne de son entourage dans une dernière relation d’attachement l’acte suicidaire exprime le décalage entre cette appétence relationnelle intense, dernier pallier avant l’acceptation de la mort et l’impossibilité réelle de trouver un objet qui puisse être le support d’un tel investissement. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU ] 12 Principes thérapeutiques de prise en charge Classique et indispensable prévention primaire : , , ] Différentes mesures sociales éviter l’isolement et la solitude Nécessaire dépistage et traitement systématique des troubles dépressifs Attitude psychothérapeutique : , Après un geste suicidaire, la personne âgée a besoin d’un interlocuteur privilégié (tiers extra-familial), support d’un accompagnement et d’une restauration narcissique = aide/travail de deuil de certains aspects de soi-même. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU ] 13 Collection Soins infirmiers Une production du Université de Caen Normandie La crise suicidaire chez l’adolescent Dr Anca-Cristina ROULLAND et Isabelle BLANDAMOUR Auteurs : ] Isabelle Blandamour , ] Cadre formateur à l'IFSI de Cherbourg Anca-Cristina Roulland , , Médecin psychiatre - Praticien hospitalier Centre hospitalier spécialisé Le Bon Sauveur Relecture et validation : ] Perrine Brazo , , ] Professeur des universités – Praticien hospitalier Service de psychiatrie de l'adulte au CHU de Caen Hervé Menaut , Cadre formateur à l’IFSI de l'Aigle Cette ressource fait l'objet d'une relecture et d'une validation par l'ensemble des contributeurs (universitaires, cadres formateurs, intervenants extérieurs) référents pour cette UE. ] ADOLESCENCE = Accès à la pensée formelle qui permet : , , , toutes sortes de spéculations des jeux intellectuels l’exploration des possibilités : • de se donner la mort • de tenter de garder une maîtrise sur elle • de jouer avec la mort de soi dans des conduites à risques Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’Adolescence « Étude et prise en charge des conduites suicidaires » Conduites suicidaires à l’adolescence : Dr SQUILLANTE. Intervention CHU BREST 3 « Grandir est par nature un acte agressif et confronte l’adolescent au fait qu’il doit éprouver ses conflits avant d’en trouver la solution » (WINNICOTT) Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’adolescence 4 ] ADOLESCENCE = ni maladie, ni crise. , ] C’est un passage, une étape fondamentale de la vie (80% des jeunes la vivent sans trouble majeur) ADOLESCENCE = période de transformation , , , sociale familiale biologique Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’adolescence 5 Au niveau psychique : 1. Irruption de la sexualité, de pulsions nouvelles, de transformations du corps quête de son identité Anxiété-conflits internes-défenses : ] - Ascétisme au niveau du corps - Intellectualisation au niveau de la pensée Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’adolescence 6 2. Processus de séparation, d’autonomisation/images parentales Sentiment de perte - Deuil Anxiété conflits internes défenses : - Opposition révolte systématique pour lutter contre la dépendance - Attachement excessif à un substitut parental adulte ou à un groupe d’appartenance Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’adolescence 7 3. Narcissisme : nécessité de s’investir soi-même, de s’aimer, éprouver de l’estime, en relation à l’investissement dont on a été l’objet dans l’enfance Plaisir de s’aimer, de se trouver beau Souffrance/limites que la réalité met face à l’inflation narcissique Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’adolescence 8 ] Les assises narcissiques permettent : , , Un établissement satisfaisant de la relation à l’autre Un juste équilibre vers l’autonomie : capacité à être seul, à se soutenir soi-même, investissement de soi, confiance, sentiment de continuité identité Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’adolescence 9 4. Tendance à l’agir Conflits internes évitement = nécessité d’évacuer à l’extérieur cette tension interne Troubles du comportement : fugues, violences, conduites auto agressives = mise en acte de quelque chose du côté de la rupture, de la séparation qui n’arrive pas à être mentalisé (en écho à l’attitude générale de la société qui valorise l’action, l’image, l’immédiateté). Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU L’adolescence 10 ] Relation de dépendance vers des objets extérieurs (« bandes », sectes…) ] Refus des relations interpersonnelles avec égocentrisme excessif ] Souffrance dépressive/perte des investissements œdipiens, de la dépendance aux parents Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Défaillances possibles 11 ] Relation de dépendance dans des manifestations addictives : toxicomanies, troubles des conduites alimentaires ] Geste suicidaire Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Défaillances possibles 12 ] ] La tentative de suicide = réponse soudaine et brutale avec impossibilité d’accepter un compromis, de mentaliser le conflit Geste suicidaire = moment d’anxiété massive face à la réalité du devenir adulte Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Approche psychopathologique du geste suicidaire chez l’adolescent 13 ] ] Vulnérabilité = fragilité des assises narcissiques (difficultés à faire face aux processus de séparation, individuation, autonomisation) Place du corps sexué dans l’acte suicidaire : réactivation de l’hostilité œdipienne, impossibilité d’accepter le remaniement de son image et un corps sexué pour toujours Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Approche psychopathologique du geste suicidaire chez l’adolescent 14 ] ] Autre élément fondamental/fonctionnement psychique des adolescents = sensibilité à la perte la TS est alors une sorte de défense à la peur de trop perdre. Dans la TS, ce n’est pas vraiment la mort qui est recherchée mais la rupture, la distance qui sont visées par ce geste. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Approche psychopathologique du geste suicidaire chez l’adolescent 15 ] Un évènement extérieur souvent minime fait écho à une tension interne l’angoisse est insupportable et déclenche le passage à l’acte dans une problématique de la rupture/séparation Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Approche psychopathologique du geste suicidaire chez l’adolescent 16 Si les assises narcissiques permettent des investissements d’objets variés, alors la crise entraine une souffrance supportable et aménageable Si le narcissisme est défaillant et la relation d’objet est négative, alors l’angoisse déborde et le passage à l’acte suicidaire devient possible Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Face à la problématique de la perte et de la séparation 17 ] ] ] Une TS chez un adolescent n’est jamais une conduite anodine Elle ne doit jamais être banalisée Le risque principal est la prolongation d’une souffrance psychique qui s’exprime fréquemment par une récidive suicidaire Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Principes de prise en charge des adolescents suicidants 18 ] Il faut systématiquement rechercher, identifier et traiter une pathologie psychiatrique sous-jacente. ] En cas de TS, une triple évaluation somatique, psychologique et sociale doit être réalisée systématiquement. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Principes de prise en charge des adolescents suicidants 19 ] ] La prise en charge des adolescents suicidants doit reposer sur des principes fondamentaux de travail en équipe pluridisciplinaire, de stabilité et de disponibilité de l’équipe et du cadre thérapeutique, de continuité des soins, de souplesse et d’adaptation individuelle de la prise en charge. L’évaluation psychologique doit commencer le plus précocement possible, en général dans les 24 heures qui suivent l’admission Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Principes de prise en charge des adolescents suicidants 20 ] Les objectifs de l’entretien initial sont : , , , le recueil des premières plaintes psychiques, l’étude du contexte de la crise, la recherche d’une éventuelle pathologie psychiatrique et des signes de gravité pouvant faire craindre une récidive à court terme. Dr Anca-Cristina ROULLAND, Isabelle BLANDAMOUR © CEMU Principes de prise en charge des adolescents suicidants 21