Technique et travail

• La technique et le travail sont essentiels à la survie et au confort de l'humain.

Technique

• La technique est une méthode de pensée ou de fabrication visant l'efficacité, provenant du grec "teckné" (fabrication matérielle).
• Dans l'Antiquité, la technique était dépréciée, le travail manuel étant considéré inférieur au travail intellectuel.
• À partir du XVIIe siècle, la technique est revalorisée pour son rôle dans le progrès scientifique.
• La technologie est l'application de la méthode scientifique pour améliorer le confort ou la performance humaine. Deux objets sont liés à la technique : les outils (inanimés, dépendant de la force humaine) et les machines (animées, automatisées). La technique permet de dépasser les contraintes de la nature.
• Un rêve prométhéen suppose que la technique peut progresser à l'infini, permettant à l'humanité de dépasser les lois de la nature et de tout créer.
• L'humain travaille contrairement aux animaux, car il agit sans suivre son instinct et doit faire des efforts pour concevoir des idées techniques.
• L'utilisation de la technique nécessite que l'humain travaille, ce qui le libère d'une nature potentiellement dangereuse.
• La technique permet de réduire la souffrance au travail.
  • Descartes oppose les connaissances pratiques qui transforment l'existence aux théories pures.
  • Le savant doit connaître les lois de la nature pour créer des objets techniques.
  • Léonard de Vinci s'est inspiré de l'anatomie des oiseaux pour concevoir les premières machines volantes.
  • L'humain n'est pas maître de la nature, mais il peut l'utiliser pour diminuer la souffrance au travail et améliorer sa conservation.
  • Avec l'agriculture, l'humain n'est plus obligé d'utiliser son corps comme pour la cueillette, et peut utiliser des machines pour rendre la terre fertile.
• Pour Aristote, la technique pourrait supprimer le travail.
  • L'esclave, selon Aristote, mène une vie animale car il ne peut exercer sa raison, contraint au travail manuel.
  • Aristote envisage des machines capables de réaliser toutes les activités, offrant à l'humain un temps libre infini pour le divertissement, la politique et la culture.
  • Cette vision est problématique à l'époque moderne où le travail est lié au salariat.
  • L'introduction des machines dans le travail peut diminuer le savoir-faire individuel, car la machine effectue le travail de qualité.
• La technique rend l'homme dépendant de ses désirs en créant de nouveaux besoins.
• Rousseau compare l'homme sauvage et l'homme civilisé, notant que l'homme sauvage utilise son corps comme instrument, capable des mêmes actions que l'homme civilisé.
• L'homme civilisé, cependant, dépend des outils et ne pourrait pas réaliser des efforts physiques sans eux.
• Les outils artificiels donnent à l'homme civilisé une puissance supérieure à celle de la nature, source d'injustices sociales comme la colonisation où les peuples autochtones ne pouvaient rivaliser avec les armes des colons.
• La technique libère du travail en réduisant les efforts physiques ou intellectuels, mais Rousseau argumente qu'elle fait perdre à l'homme civilisé sa liberté naturelle en le rendant incapable de faire travailler son propre corps.
• La technique augmente la production et la consommation.
  • La technique change la relation à ce qui est fait.
  • La technique enferme dans une plus grande production et une surconsommation, car les machines accélèrent la fabrication et le marketing devient une technique pour inciter à l'achat.
  • Baudrillard considère qu'il y a un dressage de l'humanité qui n'épargne aucune activité.
    • Baudrillard est un philosophe français du XXe siècle qui analyse les modes de communication et les activités socio-économiques dans les structures capitalistes.
  • La production obéit à la même logique que la consommation.
  • Au XIXe siècle, les travailleurs indépendants des campagnes ont été forcés d'aller dans des usines pour être exploités par les patrons.
  • La société de consommation du XXe siècle est un moment où les individus sont forcés de désirer.
  • Le conformisme social montre que l'individu fait du plaisir une obligation.
    • Si l'individu n'accumule pas les plaisirs ou les expériences inédites, il sera jugé comme asocial.
  • Les mentalités ne pourront pas évoluer dans une économie capitaliste.
  • Le capitalisme est pris dans une contradiction
    • Il a la capacité de produire plus avec l'usage des machines et le travail à la chaîne.
    • Il est nécessaire d'écouler en permanence les produits fabriqués, d'où l'usage de la publicité et du marketing pour créer des besoins.
• Le progrès technique peut être une forme d'aliénation.
  • L'aliénation est la dépossession de soi par un autre.
  • Hegel considérait que le travail est une forme d'aliénation, car l'humain transforme un matériau naturel à son image, aliénant ainsi la nature pour créer un monde culturel.
  • Marx reprend le terme d'aliénation pour démontrer que le travail ne libère pas toujours l'humanité et peut même lui faire perdre sa nature si elle est exploitée.
  • Marx est le fondateur du communisme, une théorie opposée au capitalisme qui promeut un bien collectif et l'équité pour satisfaire les besoins de chacun.
  • Dans le capitalisme, la lutte des classes entre le patronat et le prolétariat prouve que l'équité n'est pas assurée, car certains s'enrichissent en exploitant le travail des autres.
  • La société communiste abolirait le travail et le salariat, car la nécessité du travail est liée à l'augmentation des inégalités socio-économiques.
  • Marx présente différentes formes d'aliénation dans le travail, qui sont l'expression d'une dépossession de soi dans l'activité.
  • L'essence humaine, définie comme le développement des facultés intellectuelles et physiques, peut être perdue à cause de certains types de travail.
  • L'aliénation est bien la "perte" de cette essence humaine, car l'ouvrier ne peut pas exercer sa pensée.
  • Marx observe une opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel dans les usines, où le patronat réfléchit à l'organisation du travail tandis que le prolétariat est un simple exécutant.
  • Les ouvriers répètent des opérations simples qui les empêchent d'inventer ou d'affirmer leurs personnalités.
  • Le corps est également aliéné, car l'ouvrier doit répéter des gestes mécaniques qui empêchent la liberté de mouvement.
  • Le travail est de plus en plus rapide, obligeant l'ouvrier à s'adapter au rythme des machines sans avoir le temps de se reposer, ce qui le rend malheureux.
  • L'ouvrier ne se reconnaît pas dans l'activité qu'il réalise, car le travail est vécu comme une contrainte pour survivre, et non comme un moyen d'affirmer sa personnalité.
  • L'ouvrier se contente de satisfaire ses besoins primaires en dehors du travail, réduisant son existence à une condition animale sans loisir.
  • L'humain sacrifie la totalité de son existence, sa vie n'étant plus qu'une série de souffrances qui le réduit à un être vide, incapable d'affirmer ses facultés de vivant.
  • Contrairement à l'ouvrier, l'artisan peut affirmer son essence dans l'activité car il conçoit et pense l'œuvre avant de la fabriquer, mettant en avant son savoir-faire technique.
  • De plus, l'artisan est le propriétaire économique de son travail, tandis que l'ouvrier travaille sur une marchandise qui ne lui appartient pas, ce qui constitue une aliénation économique où le travail appartient au patronat et l'ouvrier est lui-même une marchandise.

Division technique du travail

• Adam Smith, philosophe anglais du XVIIIe siècle, est un des premiers penseurs du libéralisme.
  • Le libéralisme repose sur la libre circulation des marchandises et la liberté individuelle d'accumuler des richesses.
• Smith justifie le libéralisme par quatre principes :
  • L'humain a continuellement besoin des autres et est donc naturellement sociable.
  • L'humain est naturellement égoïste et cherche à satisfaire ses désirs en étant efficace dans son travail.
  • Chaque individu cherche à s'enrichir pour atteindre un confort qui le rendra heureux.
  • Si chaque individu travaille pour son intérêt économique, la société s'enrichira, favorisant le bien collectif.
• Smith utilise la manufacture d'épingles comme exemple pour illustrer les avantages du libéralisme.
  • Le passage de l'atelier à la manufacture augmente la richesse d'une nation grâce au travail à la chaîne, qui permet de produire plus.
• Pour Smith, la technique ne libère pas de la nécessité de travailler et ne permet pas l'affirmation de la personnalité dans le travail.
  • Elle donne une liberté économique : grâce aux machines et à l'organisation scientifique du travail (OST), l'ouvrier gagne un salaire et le patron s'enrichit, enrichissant la société.

Mythe de Prométhée

• Le mythe est un récit qui raconte l’origine d’un sentiment, d’une activité humaine ou d’un évènement naturel.
• Platon utilise des mythes pour expliquer la condition humaine.
• Le mythe de Prométhée permet de comprendre l’intérêt de la technique pour l’humanité.
• La situation initiale du texte est le récit de la création de la Terre et des espèces vivantes.
• Les dieux donnent un matériau pour chaque animal et demandent aux Titans de leur distribuer des qualités leur permettant de survivre.
• Épiméthée assure le principe d’équité dans la distribution des attributs, un animal ne pouvant posséder toutes les qualités réunies.
• Chaque être aura ses propres armes pour attaquer et se défendre : un prédateur, s’il a la force s’opposera à une proie qui aura la vitesse.
• Le principe de l’équité doit aussi s’appliquer à la protection contre les conditions climatiques extrêmes et à l’équilibre entre l’alimentation et la fécondité.
• Épiméthée oublie de distribuer des attributs à l’humain, le rendant l’être vivant le plus faible.
• Épiméthée vole alors la technique aux dieux afin que l’humanité puisse fabriquer des outils pour survivre.
• Épiméthée est puni pour avoir rendu l’humain tout puissant, provoquant un déséquilibre dans la nature.

Travail

• Travail : Vient du latin "tripalium" (instrument de torture).
• Dans la Bible, le travail est associé à une punition, nécessaire à la survie mais accompagné de souffrance.
• Le travail est une contrainte, l'objectif étant extérieur à l'activité. Le plaisir se trouve dans la consommation.
• Nécessité naturelle (survie) et socio-économique (éviter d'être perçu comme paresseux ou exploiteur).
• L'idée de contrainte peut être nuancée : pas d'humanité sans travail, besoin de travailler même si la survie n'est plus un enjeu.
• Le travail permet de développer les facultés intellectuelles et physiques.
• Le travail, si choisi par passion, permet l'affirmation de la personnalité.