Porn Studies: société et perspectives

• Le cours porte sur les pornographies et la société, et plus particulièrement sur la perspective des porn studies.
• Présenté par Simon Corneau, ce cours est le Septième du programme SEX1911.

Plan de la présentation

• Origines théoriques du paradigme des porn studies.
• Présentation des porn studies.
• La prémisse de base des porn studies.
• L'importance des porn studies et la pornographisation du social.
• L'importance des changements et des avancées technologiques.
• La pornographie, la hiérarchie et les classes sociales sont abordées.
• Arguments de défense du matériel pornographique.
• Analyse concrète dans le courant des porn studies.
• Critiques potentielles de l'approche des porn studies.

Pornographie et postures paradigmatiques

• La pornographie est perçue comme une pratique par les féministes radicales anti-pornographie, elle est considérée comme une violence sexiste qui opprime les femmes.
• La pornographie est vue comme un discours par les féministes pro-pornographie ou pro-sexe, elle est perçue comme libérant et célébrant la sexualité et comme étant une source d'information et de plaisir.
• La pornographie est considérée comme pratique culturelle de consommation (porn studies); elle est diverse et mérite d'être analysée et étudiée de manière critique.

Origines théoriques du paradigme des porn studies

• Le paradigme des études pornographiques découle des courants philosophiques post-structuraliste, queer et foucaldien.
• La morale profite à un groupe qui détient le pouvoir de la promulguer.
• Distinction marquée entre bien/mal, bon/mauvais.
• Foucault analyse la généalogie des discours pour voir leur utilité pour soutenir la moralité et le pouvoir (médical, religieux, légal...).
• La sexualité est un concept créé dans le but d'encadrer et de catégoriser les comportements entre normal/anormal, pathologique/typique.
• Les discours du pouvoir créent des comportements dits « naturels » versus d'autres dits « pervers ». Judith Butler reprend la pensée de Foucault (Gender Trouble) et les discours s'inscrivent dans une matrice hétérosexiste et sexiste, matrice qui se répète et se perpétue.
• Des discours transgressifs se situent aux pourtours de la matrice car le pouvoir n'est pas centralisé mais diffus.
• Aux pourtours de la matrice se situent des discours transgressifs, en marge permettant d'occuper des lieux sociaux non prévus par les discours régulateurs.
• L'existence de ces lieux utopiques permet de lutter contre l'oppression.
• On existe via les discours et par son corps et on performe certains discours pour en créer de nouveaux et pour renverser le sens et la morale.
• Le discours pornographique peut donc reproduire certains pouvoirs, mais aussi les modifier, les critiquer et les contester.
• La sexualisation de la culture reflète l'éclatement et la multiplication des discours sur le sexe et la multiplicité des discours engendre une normalisation des représentations sexuelles.
• Normalisation de la présence de la sexualité dans la sphère médiatique.
• La sexualisation normalise certaines pratiques.
• La convergence pornomédiatique permet une multiplication des discours, mais reproduit aussi des discours dominants en créant une impression de nouveauté.
• L'avantage éthique des études pornographiques est qu'elles conçoivent le sujet en quête de connaissance et dans une logique de diversité.
• L'usager peut évaluer par lui-même et produire ses propres significations.
• Pour le sujet, il s'agit de décider de son propre désir, et donc d'écarter les pratiques qui lui paraissent mauvaises sans qu'on lui dise ce qui est bon ou non.
• On parle ici d'un sujet individuel qui fait ses choix, qui apprend et explore ses désirs.
• Les études pornographiques mettent l'accent sur les expériences des individus dans un climat discursif offrant une diversité de corps et de pratiques.
• Les études pornographiques proposent de regarder les pratiques marginalisées et leur place dans la matrice (au centre, en marge...) et comment les discours peuvent être utiles.
• Les études pornographiques considèrent la pornographie comme instrument de lutte, de contestation et d'appropriation politique et individuelle.

Linda Williams : Hardcore: Power, Pleasure and the << Frenzy of visible » (1999)

• Texte fondateur pour le courant des porn studies.
• Texte est traduit en français dans Vörös (2015).
•   Williams enseigne aux Film Studies, à l'université Berkeley en Californie.
• Une des pionnières dans l'étude de la pornographie comme genre cinématographique, comme produit culturel et dans l'établissement de cours sur les porn studies dans le milieu académique.
• Williams introduit, en débutant, la pensée de Foucault (Histoire de la sexualité).
• Les connaissances sur le sexe se déclinent selon 2 modèles: Ars erotica et Scientia sexualis.

Ars erotica

• Un savoir sur la sexualité qui use de l'expérience du corps et de ses plaisirs.

Scientia sexualis

• Un savoir sur la sexualité décidé par les pouvoirs, science, par les discours qu'on tient sur la sexualité.
• Ce savoir cherche les vérités sur le sexe via les instances de pouvoir (médecine, droit, psychologie ET la pornographie) qui organisent et classifient le sexe en fonction du normal/anormal et du déviant/typique.
• Williams soutient que le hardcore cinématographique fait partie de la scientia sexualis en ce sens qu'il produit des savoirs sur le corps et le plaisir.
• À la suite de l'arrivée de la photographie, le désir d'en savoir toujours plus sur le corps s'élabore.
• Les avancées technologiques permettent de faciliter ce savoir.
• Williams définit « frénésie du visible » comme étant le savoir-plaisir et produit par la scientia sexualis via les technologies du visible.
• Le désir de voir et de découvrir des corps de manière détaillés est associé au plaisir.
• La pornographie nous montre plusieurs formes de sexualités pouvant normaliser ce qui était considéré comme pervers.
• « Principe de visibilité maximale » : Gros plans, ensemble de positions sexuelles, de pratiques diverses cherchant à savoir, de manière obsessionnelle, à travers l'enregistrement voyeuriste de l'orgasme involontairement confessé, la "chose" elle-même.
• La fonction narrative est parfois mince et est plus difficile à appliquer en ce qui concerne l'orgasme féminin.
• Il est important de garder en tête que le plaisir est différent pour plusieurs et si le hardcore est vu comme un site de pouvoir; là où il y a pouvoir, il y a résistances.
• Il n'y a pas de norme unique pour tout le monde et il peut y avoir prolifération de sites de résistance et si le hardcore est un instrument répétitif du patriarcat, la résistance existe si la résistance existe via d'autres formes de pornographie.
• Les porn studies souhaitent documenter le savoir/pouvoir/plaisir à travers toutes formes de pornographie.

Porn Studies

• Les porn studies découlent principalement des Media Studies et des Cultural Studies;
• Le but vise à se sortir de la pensée binaire engendrée par la Sex Wars qui rend difficile de penser la pornographie autrement.
• Les porn studies se sortent des débats en considérant les mésententes sur les impacts d'usage et critique le modèle simpliste du lien entre représentations (exposition) et comportements (effets).
• Priorisation et privilégie une perspective interdisciplinaire..
• Changement de paradigme qui place la pornographie dans son contexte culturel et l'examine dans un contexte de développements technologiques rapides.
• Pour mieux comprendre le lien entre médias, technologies et sexualité car plusieurs croient que ces derniers sont inutiles.
• Les porn studies rendent explicite l'importance de tenir compte de plusieurs types de pornographie, ce qu'elles représentent et leurs auditoires.
• Abandon d'une vision homogène qui analyse de manière critique les pornographies sans toutefois les critiquer en bloc.
• Il est inutile d'établir une distinction simpliste entre mainstream (commerciale) et alternative, et toute représentation peut faire l'objet d'analyse critique.
• Rôle important de rendre compte du rôle de la pornographie sur nos pratiques sexuelles, sur le plaisir sexuel, et sur l'identité.
• Changement d'agenda de recherches sur la pornographie pour la considérer comme une forme de divertissement.
• L'importance de documenter comment la pornographie est intégrée dans nos vies quotidiennes et dans les divers usages est souligné.
• On présuppose que les lectures des diverses pornographies sont fluides et multiples (il important de ne pas penser que toute pornographie est mauvaise).
• On observe une reconnaissance accrue du plaisir sexuel féminin et de l'agentivité sexuelle féminine; et l'apparition des porn studies comme paradigme de recherche coïncide avec l'usage accru chez les femmes.
• La pornographie est un produit qui circule librement.
• Il est important de se sortir de la dichotomie haut/bas ainsi que la distinction culturelle hiérarchique.
  • On voit entre autre la haute culture comme de l'art qui fait appel à l'intellect, au travail, à la raison et à l'esthétisme.
  • La basse culture est vue comme la pornographie qui fait appel aux bas instincts, à la passion, à la saleté, au désordre, au corps et au plaisir. Les porn studies analysent toutes formes de représentations sexuelles sans à priori moraliste ou élitiste.
• La pornographie en tant qu'objet d'étude est plus respectable lorsque traitée sous l'angle du problème social.
• Le courant des porn studies souhaite ce sortir de cette lunette pour l'analyser comme forme culturelle complexe.
• Il est important d'éviter de la considérer comme bonne ou mauvaise.
• Met l'accent sur la multiplicité des textes (pris au sens large), des contextes et de la diversité des publics et qu'elle occupe une place importante dans l'espace culturel actuel.
• On est en présence d'un des études qui considèrent également le contexte local, géographique, et l'accès.
• Ces études tentent de mieux comprendre les différences de pouvoir, le statut de divers groupes et leurs expériences avec la pornographie mettent l'accent sur son usage, ses modes de production.
• Il est important de se sortir d'un discours de danger en mettant l'accent sur comment le corps, la technologie et le soi sont représentés et expérimentés dans nos sociétés contemporaines.
• Puisque les revenus générés par la pornographie sont énormes, il y a lieu de penser que plusieurs personnes en font usage.
• Le courant des porn studies part de cette prémisse disant qu'elle fait partie de la culture, elle est populaire et prolifique et qu'il est temps de l'étudier en sortant des cadres binaires qui semblent dépassés.
• Souligne qu' il ne faut pas le nier la controverse mais que l'étudier dans ce contexte.
• Elle n'est plus le fait unique d'un usage privé mais qu'elle est fait désormais partie du domaine public rendant son accès facile.
• Elle nous dit quelque chose sur l'histoire de nos sociétés, sur le climat culturel ambiant et c'est pourquoi elle mérite sa place dans les milieux universitaires et qu'il faut arrêter de la considérer comme un genre bas.
• Analyser ce qu'elle nous dit et comment elle le dit.
• Constate une légitimation de la perspective avec le lancement du périodique Porn Studies en 2014.
• Le périodique Porn Studies (2014) fut la cible de polémiques lors de sa création.
  • Dines accuse le périodique de faire la promotion de la pornographie et d'encourager/soutenir l'industrie.
• Pétition accusant l'équipe éditoriale de ne pas représenter tous les points de vue.

Prémisse de base

• Il faut analyser la spécificité du matériel étudié,il faut éviter des jugements de valeur et il faut partir d'une position de curiosité sans maitrise ou de connaissance catégorique sur la pornographie.
• La pornographie est un matériel qui ne présuppose pas de maitrise ou de connaissance catégorique sur ce qu'elle engendre, ou ce qu'elle peut faire.
• Le changement de paradigme va donc considérer l'importance de se distancer d'une vision de la pornographie comme problème ou comme cause de problèmes interpersonnels et individuelle.
• Il s'agit d'accepter sa présence dans un climat social ouvert, transparent, sexualisé, diversifié et progressiste et d'utiliser une lentille permettant de questionner ses significations et ses divers contextes de réception.

Porn studies et pornographisation du social

• Les publications, magazines, la télévision, la publicité, la mode, la musique, les vidéos...font de plus en plus appel aux codes pornographiques.
• La culture contemporaine occidentale est saturée de sexualité et les discours sur la sexualité sont sur la scène publique.
• Une lunette de la société du spectacle ainsi qu'un paradigme dans lequel l'auditoire contemporain est considéré comme un objet de consommation et de loisir.
• Les usagers sont narcissiques, consuméristes et motivés par la poursuite individuelle du plaisir et l'expression de soi prime.

Importance des changements et des avancées technologiques

• La pornographie mobilise et profite des technologies qui sont nécessaires à son développement.
• L'accessibilité des technologies ouvre divers niches et marchés.
• Les anxiétés et inquiétudes à la pornographie ne sont pas nouvelles: À chaque avancée technologique, les mêmes craintes reviennent.
• Énorme explosion de types de pornographie qui appellent à une meilleure compréhension et il importe de ne pas analyser la pornographie comme un phénomène uniforme.

La pornographie, la hiérarchie et les classes sociales

• La pornographie offense les convenances corporelles et sexuelles soutenant les distinctions de classe.
• Elle transgresse les bonnes manières, la pudeur, la dignité, l’effacement des instincts corporels et leur sublimation en un comportement policé.
• La pornographie mérite études et analyses critiques sérieuses comme produit culturel.
• La culture est hiérarchisée: Opéra, théâtre, galeries d'art, symphonies, Télévision publique, Feuilletons télévisés, parc d'amusement, films pour adolescents, télé réalité et finalement, à la base, la pornographie.
• La hiérarchie sexuelle distingue le cercle vertueux de rubin et ses limites extérieurs: relation stable, même génération, pas de pornographie vs hors mariage ou avec pornographie

Arguments de défense du matériel pornographique

• Les pays capitalistes où les genres sont égalitaires et la pornographie permise, témoignent des taux de violence les plus bas.
• La montée des droits des femmes permet la la participation des femmes dans l'offre pornographique.
• Il existe une pornographie féministe pour les femmes.
• Plusieurs défendent le droit à la femme d'être agente de sa sexualité, d'expérimenter(droit au plaisir), et que la pornographie est de l'empowerment.
• L'industrie n'est plus dominée par les hommes.
• Une plus grande acceptation et tolérance de la diversité (diminution des pensées homophobes).
• Un accès facilité à des types de pornographie qui valident une diversité de pratiques, de corps et tombent les barrières.
• Plusieurs études démontrent que le discours anti-pornographie est en tendance inverse.
• La tendance inverse au féminisme anti-pornographie tend à prouver que plus la porno est accessible, plus l'incidence criminelle baisse(depuis les année 80), il y a donc corrélations.
• Que la pornographie produise un désir sexuel n'est pas un problème en soi mais il faut bien contextualiser l'usage et les modèles.
• Il est prouvé que même avec la pornographisation, les pays occidentaux rapportent mieux les sexualités criminelles.
• La porno n'est qu'un effet parmi d'autre: Les pays ou les communautés sont ouverts, ont moins de religiosité dominante, plus propices aux droits des femmes etc. Un environnement social moins empreint de valeurs religieuses dominantes et de valeurs patriarcales crée un climat propice à la progression des droits des femmes et des attitudes sociales plus ouvertes et tolérantes.
• il faut garder en tête que si la causalité n'est pas prouvée (peut être misogyne) un contrôle de la pornographie est un jugement moral et que la porno va à l'encontre de ce que nous sommes mais si la porno est un effet parmis d'autres (ne justifie pas sa restriction).
• Que la majorité des gens en font usage et rien ne se passe.

Analyse concrète dans le courant des porn studies

• Recherches sur les aspects économiques liés à la pornographie
• Regard de l'intérieur l'industrie.
• La pornographie comme travail du corps et de ses plaisirs.
• On analyse le plaisir charnel lié à l'usage ainsi que ce que la pornographie nous apprend sur le corps.
• On analyse: Celebrity porn » et sex-tapes
• Ne s'intéresse pas à la distinction entre erotisme et pornographie et aux distinction entre le bien et le mal.
• Accent sur les divers auditoires: Les goûts et les publics sont divers.
• Regard critique sur les «textes» : leur aspects, leurs aspect charnel et leur technicité.
• Les affects(aspects incarnés): la pornographie fait appel aux sensations(physique, sensuelle et sexuelle) qui engenre des émotions(leurs intensité), des dérangements et des réactions viscérales.
• On analyse également: La résonance, Certaine images (pour certains seulement) ainsi que les mouvements des affects.

Critiques potentielles de l'approche des porn studies

• Danger d'être considérée comme trop près de l'industrie, d'en faire la promotion et de la défendre sans critiques.

• Met l'accent sur le matériel en marge au détriment d'un matériel plus facilement accessible(quotidien).

• Les arguments de défense de la pornographie peuvent être interprétés comme pro-pornographie.

• Examen du 28 février 2025 (9h30), portant sur les notes de cours 2 à 7(inclusivement) et vaut 40% de la note finale.

  • Les lectures ne sont pas à l'examen ainsi que 54 questions au total.
  • Questions: court/moyen développement(nommer, expliquer, exposerr...
  • Compléter les phrases suivantes en nommant le concept approprié.
  • Associez les affirmations avec la posture paradigmatique à ce qui est approprié.