Motivation et enseignement de l'hygiène

Motivation et enseignement de l'hygiène

• Réaliser correctement un soin dentaire nécessite de s'intéresser aux conséquences de la maladie, tandis que motiver à l'hygiène permet d'agir sur les causes.
• L'explication et la motivation du patient sont essentielles pour le succès à long terme du soin bucco-dentaire.

Objectifs pédagogiques

• Comprendre les principes régissant la relation praticien/patient et l'importance de la motivation :
• Connaître le matériel nécessaire pour un contrôle efficace de la plaque et de son utilisation
• Prérequis : Maîtriser la pathogénie des maladies parodontales et carieuses.

Introduction : Définitions

• La motivation correspond à un intérêt spontané pour une tâche spécifique.
• Dicker et Chestin soulignent que la motivation est souvent inconsciente et irrationnelle.
• Elle implique de changer les habitudes et de créer un besoin, comme celui de se brosser les dents pour une sensation de bien-être.

Types de stimulation

• Interne (sensation de bouche saine)
• Externe (en lien avec l'environnement)
• Il est difficile de motiver une personne sans espoir; le praticien se concentre donc sur l'information et l'instruction.
• La motivation englobe l'ensemble des forces et des facteurs déterminant l'action et le comportement d'un individu pour atteindre un objectif ou réaliser une activité.

Pyramide des besoins (Maslow, 1943)

• Besoins physiologiques (base) : manger, dormir, hygiène.
• Besoin de sécurité : ne pas craindre pour sa vie.
• Besoin d'appartenance : être intégré à un groupe.
• Besoin d'estime : reconnaissance.
• Besoin de s'accomplir : se sublimer (sommet).
• La motivation à l'Hygiène Bucco-Dentaire (HBD) est indispensable avant tout acte odontologique, mais souvent négligée par les praticiens qui pensent qu'elle dépend du patient et de ses habitudes.

Importance de la motivation

• La motivation est importante meme si elle est non remuneree (mais peut l'etre)
• Elle est fondamentale pour garantir le confort du travail en permettant de travailler dans une bouche saine pour des soins de qualité.
• Elle constitue une étape préopératoire essentielle qui s’inscrit déjà dans le traitement actif.

Plan thérapeutique

• Elle permet une action sur le contrôle de la plaque et l'inflammation.
• La pérennité des actes thérapeutiques dépend de l'investissement du patient.
• Le praticien doit expliquer au patient son rôle actif, car 80% du travail se fait à la maison.
• Pour atteindre cet objectif, une motivation à l'HBD bien conduite est primordiale, car il faut changer un comportement et convaincre le patient.

Buts de la motivation

• Transmettre un message basé sur l'expérience, les techniques et le respect des contraintes psychiques.
• Responsabiliser le patient sans le culpabiliser passe par l'enseignement, l'information et l'implication.

Les Différents Acteurs

• Le praticien doit être motivé par des motivations conscientes (humanitaire, scientifique, socio-économique) et inconscientes (désir de voir et savoir).
• Il doit connaître les techniques et leurs évolutions.
• Clarté du langage : Adapter son discours, vulgariser.
• Explications sérieuses.
• Rythme adapté des informations : Généralement un petit message à chaque séance : régulièrement.
• Déculpabilisation.
• Sérieux.
• À l'écoute.

Rôles du praticien :

• Informer le patient sur le diagnostic, l'évolution de son état dentaire avec ou sans traitement, la thérapie conseillée et ses modalités d'application
• Informer aussi sur : les bénéfices attendus, les inconvénients (rétractation gingivale, apparition de « trous noirs » et sensibilité au collet), les risques éventuels, les chances de succès, le coût prévu et les alternatives thérapeutiques.

Le Patient

• Il est au centre du processus, et il faut cerner ses motivations.
• Différentes attitudes possibles : parent (sachant), adulte (responsable), enfant (stressé).
• Trois types : ceux qui consultent pour rester en bonne santé, ceux pour se faire soigner et ceux qui fréquentent rarement les cabinets dentaires (phobie, coût).
• Le patient doit devenir un co-thérapeute actif.

La Famille (entourage)

• Elle peut être une aide précieuse à la motivation, mais il faut être attentif aux adolescents pour l'implication des parents
• Possibilité de le voir seul, le traiter comme un adulte

L'Assistante

• Un cabinet sur deux travaille avec une assistante en France.
• De meilleurs résultats sont constatés sur la motivation grâce à la relation patient-assistante et la valorisation de l'assistante.
• Souplesse des directives :
  • Élimination de la plaque
  • Plusieurs méthodes de brossage
  • Plusieurs brosses...

L'Hygiéniste

• Profession non reconnue en France.
• En Suisse, par exemple des formations de 3 ans existent.

La relation avec le patient repose sur 3 points : RSE (Respect, Sincérité, Empathie)

Respect

• Traiter le patient avec respect signifie ne pas juger sa personne, ne pas avoir de préjugés et reconnaître ses efforts.

Sincérité

• La sincérité est essentielle pour établir une relation de confiance.

Empathie

• L'empathie est fondamentale pour une bonne communication basée sur la Volonté d'écoute, la curiosité et la patience.

L'Alliance Thérapeutique

• La collaboration entre patient et thérapeute, le lien affectif et l'accord sur les objectifs du traitement.
• Attitude du praticien requiert : Clarté du langage, explications sérieuses, rythme des informations et déculpabilisation.

Évolution du rapport praticien patient :

• Autrefois : attitude paternaliste
• Aujourd'hui : attitude autonomiste.
• Le praticien doit : Dire, Montrer, Faire, ressentir.
• Le praticien doit avoir des explications sérieuses, clarté du langage : Notion de terrain , patient à risque, la plaque devient dangereuse avec le temps, composition de la flore.

Modèles

• Autrefois : Modèle paternaliste (Nossintchouk, Rozencweig, Marzano).
• Aujourd'hui : Modèle autonomiste.
• Le principe de base du nouveau modèle est le droit du patient à exprimer sa volonté.
• L'évolution de la société occidentale favorise le libre arbitre et l'individualité.

Devant une manipulation de l'information, le thérapeute a le devoir d'expliquer au patient sa pathologie et les possibilités thérapeutiques, afin de le laisser choisir.

• La communication est ainsi un devoir légal.

Mise en évidence de la plaque et moyen de motivation

A. Pathogénie des maladies parodontales

• 4 conditions pour développer une parodontite :
  • Présence de bactéries pathogènes
  • Absence de bactéries protectrices
  • Environnement dento-gingival défavorable
  • Défaillance de l'hôte

B. Relation plaque-pathogène

• Schéma qui peut servir de support pour expliquer au patient

Moyens audio visuels

• Les démonstrations avec explications permettent de retenir 90% des informations, contre 10% pour la lecture, 20% pour l'audition et 30% pour la vision seule.
• Vision et audition combinées : 50%, faire = montrer en bouche : 75%.

D. Microscopie

• La microscopie est un bon moyen de motivation. Le patient va visualiser la microflore bouger et être plus marqué. Outil de communication.

E. Tests génétiques (PST®)

• Le test PST identifie les patients avec un génotype IL1 (médiateur de l'inflammation) particulier, ce qui peut augmenter le risque de maladie parodontale, mais uniquement pour les populations caucasiennes.
• Ne se fait quasi plus.

F. Tests bactériens

• Ils sont intéressants pour suivre l'évolution de la masse bactérienne.
• ; Microscopie, Tests génétiques et Tests bactériens : JOSEPH ne conseille pas car ça ne change pas le TIT ; Explications des 3 parties D, E et F données à l'oral.

Personnaliser la motivation

• Adapter en fonction de l'âge : 8-12 ans (parents), 12-14 ans (esthétique), adolescents (opposition), adultes (40-55 ans : habitudes, >55 ans : plus difficile).
• Douleur (peu pérenne), patient envoyé par un autre praticien, entourage, argent (moins motivé si gratuit), optimisme, valoriser les efforts, méfiance vers la parodontologie.

Techniques de communication

• Importance de la communication non verbale, de la pression psychologique, du conditionnement lié au plaisir, de la technique crible, etc.
• Façon de parler, manière de se tenir, apparence, mouvements de la tête/mains/yeux, expression du visage, contact corporel, proximité, sons (rires…).
• En termes de communication 7% passent par par le language verbal.

Les 3V :

• Le non verbal influe à 93%, dont 55% via la communication visuelle et 38% via la communication para-verbale (ton, intonation, rythme).
• Mieux vaut un geste qu'un long discours. La pression psychologique peut déclencher de l'angoisse et ne fonctionne pas à long terme.

Conditionnement lié au plaisir

• Il faut rechercher un certain plaisir et attirer l'attention du patient sur le confort et le bien-être qui résultent des soins et Responsabiliser le patient La technique du crible doit adapter le traitement au comportement du patient.

La méthode DESC

• Description, effet, solution adaptée, conséquence (raisonnement et logique).
• La méthode comprend : Description de la situation (exemple : gingivite), Effets de la situation (lien entre tartre et inflammation), Solution (motivation à l'hygiène), Conséquences (patient responsabilisé).

Autres methodes

• « Le pied dans la porte » (demande peu coûteuse suivie d'une plus coûteuse).
• « Porte au nez » (proposition inacceptable, puis proposition raisonnable).

Psychologie du contrôle de plaque

• Il faut éviter d'accuser, d'effrayer, d'intimider ou de blesser, et être attentif aux réactions du patient.
• Après avoir valorisé son action, il devient possible d'indiquer comment améliorer les résultats.

Conclusion :

• La motivation et la maintenance sont la clé de la réussite, d'ou Le besoin de remotiver régulièrement. Redonner instruction et conseils, mais pas toute l'explication.
• Par qui l'EHB? Praticien, Assistante, Hygiénistes.
• Une bonne première séance devrait durer 45min à 1h et comprendre examen, anamnèse, bilan radiologique et prescription.
• Lors de la deuxième séance, il faut localiser la plaque, donner des explications, montrer comment visualiser la plaque et choisir la brosse, puis expliquer la technique et les faces proximales.

Évaluer la situation

• Il faut faire le point sur l'hygiène, les facteurs comportementaux (alcool, tabac), la dextérité manuelle, la motivation et la nutrition.
• Morphologie des faces proximales (papilles, bridges, restaurations...).
• Le révélateur de plaque est un outil utile, tout comme le brossage (manuel ou électrique) avec une petite tête.

Techniques de brossage

• Adapter les techniques aux patients, et utiliser le fil ou les brossettes pour les faces proximales.
• Utiliser : frotter, sans forcer, ni flotter.
• Passer le fil : 45cm, enrouler, pincer, 2cm nécessaire, mouvement de va et vient, en forme de C.

Autres moyens à utiliser:

• Bain de bouche, solution avant brossage( Ne dispense pas du brossage)
• Dentifrices Fluocaril 250
• Hydropulseurs : fausse impression de propreté
• Chewing gum: si à midi si on ne peut pas se brosser les dents

X. Conclusions

• Motiver est difficile, l'EHB( Education hygiène bucco-dentaire) ne s'arrête pas au brossage (conseils diététiques et de santé)
• Sans plaque pas de résultats
• Responsabiliser et Informer le patient
• Le maître mot -> A l'esprit critique sur la prise en charge
• Et le tout dès la première séance
• S'adapter aux rythmes du patient
• Réadapter les brossettes au fur et à mesure du traitement