Modèle Keynésien et Intervention de l'État

L'Intervention de l'État dans le Modèle Keynésien

• Le modèle keynésien justifie l'intervention de l'État par l'existence d'un équilibre de sous-emploi.
• L'équilibre initial se manifeste lorsque l'offre est égale à la demande sur le marché des biens et services.
• L'intervention de l'État introduit trois nouvelles variables : les dépenses gouvernementales (G), les prélèvements fiscaux (T) et les transferts sociaux (R).

Détermination du Revenu d'Équilibre

• Le revenu d'équilibre (Y) est déterminé par l'équation Y = D, où D représente la demande globale.
• La demande globale est définie comme la somme de la consommation (C), de l'investissement (I) et des dépenses gouvernementales (G), soit Y = C + I + G.
• La fonction de consommation est exprimée par C = cYd + C0, où c est la propension marginale à consommer et Yd est le revenu disponible.
• Les variables exogènes incluent l'investissement (I0), les dépenses gouvernementales (G0), les taxes (T0) et les transferts (R0).
• Le revenu disponible est défini comme Yd = Y - T0 + R0.
• La fonction de consommation devient alors C = c(Y - T0 + R0) + C0.
• Le revenu d'équilibre peut être exprimé par Y = [C0 - c(T0 - R0) + I0 + G0] / (1 - c).
• En termes d'injections et de fuites, l'équilibre de ressource-emploi s'écrit Y = C + I + G et Y = C + S + T*, où T* représente les impôts nets de transferts.
• À l'équilibre, les injections (I + G) doivent être égales aux fuites (S + T*), ce qui implique que G - T* (déficit public) doit être égal à S - I (secteur privé).
• Si G - T* est négatif, le déficit doit être comblé par le secteur privé via l'emprunt d'État, principalement auprès des ménages.

Explications de l'Équilibre de Sous-Emploi

• L'équilibre économique sur le marché des biens et services ne garantit pas un équilibre de plein emploi, où tous les facteurs de production sont utilisés.
• Le niveau d'équilibre dépend du revenu des ménages, de l'investissement, des dépenses publiques et de la propension marginale à consommer.
• Le niveau de plein emploi correspond à un niveau de revenu qui permet d'utiliser tous les facteurs de production disponibles, y compris le travail.
• Le niveau d'emploi dépend de facteurs économiques de court terme, tandis que le plein emploi dépend de facteurs démographiques, éducatifs et socio-économiques.
• Trois cas peuvent se présenter : un revenu d’équilibre inférieur au plein emploi, un revenu d’équilibre supérieur au revenu de plein emploi, un revenu courant égal au plein emploi.
• En cas de revenu d'équilibre inférieur au plein emploi, il existe un écart déflationniste. Il faut augmenter la demande globale, généralement en augmentant l'investissement ou les dépenses publiques.
• Si le revenu d'équilibre est supérieur au revenu de plein emploi, il y a un excès de demande qui entraîne une augmentation des prix en raison de l'incapacité d'augmenter la production à court terme. Une politique de réduction de la demande globale, comme la réduction des dépenses publiques, est nécessaire.
• La situation optimale mais exceptionnelle est lorsque le revenu courant est égal au plein emploi.

Implications du Système Keynésien

• Keynes critique l'hypothèse classique du plein emploi comme situation d'équilibre naturelle
• Le chômage involontaire est lié à une demande globale insuffisante, contrairement à la vision classique.
• L'investissement privé peut être insuffisant pour compenser une faible consommation due à une efficacité marginale du capital trop faible ou un taux d'intérêt trop élevé.
• L'État doit intervenir si les agents privés ne parviennent pas à assurer le plein emploi.
• Le sous-emploi est chronique pour trois raisons : la consommation augmente moins vite que le revenu, le taux d'intérêt est trop élevé par rapport aux anticipations de profit des entreprises, et il existe une tendance à la baisse de l'efficacité marginale du capital.
• La situation normale de l'économie est le sous-emploi, lié à une demande globale insuffisante (C + I).
• La consommation est déterminée par la fonction de consommation et la propension marginale à consommer.
• L'investissement dépend de l'efficacité marginale du capital et du taux d'intérêt. Ce dernier tend à être élevé et l'efficacité marginale du capital a tendance à baisser sur le long terme.

Politique Éonomique

• Pour résoudre le sous-emploi chronique, Keynes préconise l'intervention de l'État par le biais de la politique économique.
• La demande effective est la cible de la politique économique.
• L'État peut agir sur la demande effective grâce à la politique monétaire (agir sur le taux d'intérêt) et à la politique budgétaire (agir via le budget de l'État).
• Cette légitimation de l'État contraste avec la vision classique, qui préconise la baisse des salaires pour réduire le chômage.

La Politique Budgétaire

• La politique budgétaire ajuste les dépenses et les recettes de l'État pour réguler l'économie et atteindre le plein emploi.
• Elle a une action contracyclique, visant à contrer le cycle économique.
• En expansion, elle cherche à baisser la demande globale, tandis qu'en récession, elle vise à l'augmenter.
• Les stabilisateurs automatiques permettent une action contracyclique sans intervention directe, car les budgets publics tendent à enregistrer des excédents en période d'expansion.
• Les recettes de l'État (TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés) sont proportionnelles à l'activité économique.
• Les dépenses dépendent moins de l'activité économique.
• En cas de croissance, les recettes augmentent, tandis que les dépenses augmentent moins, ce qui ralentit l'activité économique.
• En récession, les recettes diminuent, ce qui stimule l'activité économique.
• Le budget de l'État a un rôle de stabilisateur économique, atténuant les phases de récession et ralentissant les phases d'expansion.

Instruments de la Politique Budgétaire

• L'État dispose de trois moyens d'action : la modification des dépenses publiques, des impôts et des transferts.
• Une modification des dépenses publiques (Delta G0) entraîne une variation de la demande globale (Y = C + I + G + Delta G0).
• Le multiplicateur de dépense publique est de 1 / (1 - c), le même que le multiplicateur d'investissement, ce qui rend la politique de dépense publique efficace si l'investissement privé est insuffisant.
• Augmenter les dépenses publiques stimule l'activité économique de la même manière que l'investissement privé, avec le même multiplicateur.
• Une augmentation des dépenses entraîne une hausse du revenu, et une baisse des dépenses entraîne une baisse du revenu, amplifiées par l'effet multiplicateur.
• L'ampleur de l'effet multiplicateur dépend de la propension marginale à consommer (pmc). Plus la pmc est élevée, plus l'effet multiplicateur est important.

Politique Fiscale

• Une réduction des impôts (Delta T0 < 0) augmente le revenu disponible des ménages et donc la consommation.
• Le multiplicateur fiscal est de -c / (1 - c), montrant que toute réduction d'impôts a un effet expansionniste.
• Une augmentation des impôts a un effet récessionniste en diminuant le revenu et la consommation.
• Le multiplicateur de dépense publique est toujours supérieur au multiplicateur fiscal, rendant la politique de dépense publique plus efficace.

Théorème d'Haavelmo

• Si l'État mène en même temps une politique de dépense publique et une politique fiscale du même montant (Delta G0 = Delta T0).
• L'impact de cette politique sur le revenu est donné par Delta Y = [Delta G0 / (1 - c)] + [-c * Delta T0 / (1 - c)].
• Le multiplicateur de budget équilibré est de Delta Y / Delta G0 = 1, montrant que l'intervention de l'État n'est jamais neutre et que l'importance du budget a un effet expansionniste
• Plus le budget est élevé, plus cet effet multiplicateur est important.

Modification du Niveau des Transferts

• Une modification du niveau des transferts (Delta R0) influence le revenu disponible des ménages.
• Le multiplicateur de transfert est de Delta Y / Delta R0 = c / (1 - c), montrant comment le niveau de transfert influence le revenu disponible pour les ménages.
• Les ménages réagissent à une augmentation des transferts comme à une augmentation de leurs revenus, en consommant une partie et en épargnant l'autre.
• Le multiplicateur de dépense publique est toujours plus efficace que le multiplicateur de transfert.
• Une augmentation simultanée des transferts et des impôts pourrait réduire les inégalités en ciblant les ménages les plus pauvres avec les transferts et les ménages les plus riches avec les impôts.

Le Paradoxe de Keynes

• Le paradoxe de Keynes est lié au fait que la propension marginale à consommer et l'investissement sont trop faibles, entraînant un sous-emploi.
• Il peut exister une demande effective insuffisante pour que l'augmentation de l'emploi s'arrête avant le plein emploi.
• Plus une société est riche, plus l'écart entre la production de plein emploi et la production courante est grand.
• Les sociétés pauvres ont une propension marginale à consommer plus élevée et nécessitent un supplément d'investissement pour combler le vide.
• Pour susciter une augmentation de l'emploi, des modifications bien plus importantes sont nécessaires dans une société riche.
• Plus une société est riche, plus elle porte en elle les conditions de son appauvrissement.
• La norme dans les économies développées est le sous-emploi en raison de l'incapacité d'embaucher toute la main-d'œuvre disponible. Il faut l'intervention de l'État, notamment par la politique budgétaire, pour sortir de ce sous-emploi chronique.

Conclusion et Synthèse Théorique

• L'intervention de l'État, par la politique budgétaire, permet de sortir l'économie du sous-emploi chronique en compensant l'insuffisance des dépenses privées (consommation et investissement) par une augmentation des dépenses publiques.
• Le mécanisme de relance fonctionne selon lequel toute dépense est un revenu.
• On identifie 3 multiplicateurs : dépenses publiques, dépenses fiscales et transferts.

Multiplicateur de Dépense Publique

• La dépense publique engendre des revenus (salaires, profits) qui sont ensuite consommés et épargnés selon la propension marginale à consommer.
• Les entreprises peuvent développer leurs investissements, menant à une nouvelle distribution de revenus.
• L'importance de l'augmentation des revenus dépend de la propension marginale à consommer et de la faiblesse de l'épargne.
• Les dépenses publiques supplémentaires déclenchent un processus cumulatif par lequel se multiplie chaque euro supplémentaire injecté dans le circuit économique.

Multiplicateur de Dépense Fiscale

• La diminution des recettes relance l'activité.
• Le multiplicateur fiscal mesure l'accroissement du revenu découlant d'une modification des impôts.
• Ce multiplicateur est plus faible que le précédent car une partie du revenu supplémentaire est épargnée avant de se traduire en dépense supplémentaire.
• L'impact de cette baisse des impôts sur l'activité économique est supérieur à la « dépense fiscale » consentie par l'État.
• La théorie keynésienne propose une théorie de déficit spending en cas de récession économique.

Endogénéisation des Variables Instrumentales

• Si les taxes sont une variable (T = tY + T0), avec « t » le taux marginal d’imposition, cela impactera le Y.
• La fonction C devient C = c(Y - tY - T0) + C0, ce qui donne Y = [ c(Y - tY - T0) + C0 + I0 + G0].
• DeltaY / DeltaG0 = [ 1 / 1- c + ct ] < [ 1 / 1 - c ]; l’impact d’une politique de dépense publique est plus faible lorsque le taux d'imposition est fonction du revenu.
• Toute augmentation du revenu va entraîner une augmentation des impôts, ce qui affaiblit l'effet de relance sur l'activité.

La Conclusion du Multiplicateur Fiscal

• y’ = [C0 - c(T0+ DeltaT0) + I0 + G0] / [1-c+ct].
• DeltaY = Y’ - Y = [-cDeltaT0/ 1 - c+ ct]; DeltaY/DeltaT0 = [-1/1-c+ct].
• Le multiplicateur fiscal exprime l'augmentation du revenu et de la production découlant d'une modification des prélèvements opérés par l'Etat sans que le montant de dépense de l'Etat soit modifié.
• Cette variation de la fiscalité joue un rôle stabilisateur, les impôts contribuant à lisser les fluctuations du revenu.
• En conclusion, les prélèvements opérés par l'État apparaissent comme des fuites du circuit économique, tandis que les dépenses apparaissent comme des injections supplémentaires.
• L'analyse keynésienne souligne l'effet de la politique budgétaire sur les variations de la demande globale.
• Un accroissement des dépenses et du déficit budgétaire permettent de lutter contre le chômage.

L’offre

• L’offre crée sa propre demande. La monnaie n’est demandée que comme intermédiaire des échanges.
• Les économies tendent vers le plein emploi et la monnaie n’est qu’un intermédiaire des échanges.
• Critique de la théorie quantitative de la monnaie