Le Califat: Titulature et Investiture

Le Califat : Titulature et Investiture

• Le calife prend ses distances avec ses sujets, adoptant une sacralisation et une cour impériale fastueuse inspirées des modèles sassanides et byzantins.
• Le calife se nomme "successeur de l’envoyé de Dieu" (khalifat Rasul Allah) et "commandeur des croyants" (Amir al-Mu’Minin).
• Le calife désigne son successeur (héritier présomptif) de son vivant, choisi au sein de sa famille, sans obligation que ce soit son fils.
• L'absence de règle fixe pour la succession devient un facteur de crise.
• La Bay’a (serment d'allégeance), accompagnée d’un cérémonial, valide la désignation du futur calife.
• Les juristes exigent que le calife soit de condition libre et possède toutes ses capacités intellectuelles et physiques.
• Le calife détient le pouvoir souverain et théoriquement, il n'existe qu’un seul calife.
• Le calife a l'obligation de défendre le territoire de l’islam contre les menaces extérieures.
• Le calife possède le pouvoir temporel, lui permettant de lever des impôts légaux : la Zakat (aumône légale pour les musulmans), le kharay (impôt foncier), et la jiziya (contribution des non-musulmans pour l’entretien de l’armée et de l’empire).
• Le calife détient également l’autorité religieuse, portant le titre d’imam pour la guidance spirituelle de la communauté.
• Lorsqu'il accède au pouvoir, le calife prend dorénavant un surnom de règne faisant référence à sa relation à Dieu.
• À partir du IXe siècle, les califes adoptent des surnoms se terminant tous par le mot "Allah".
• À partir du IXe siècle, le calife perd son pouvoir d’origine divine et son éminence dans le domaine religieux avec la montée en puissance des oulémas.
• Le rôle du calife se transforme en une autorité régulant les affaires temporelles et l'application de la loi islamique.

Cérémonial et Insignes du Pouvoir

• Les coutumes et traditions sassanides sont imitées.
• Le calife vit retiré dans les palais, entouré de sa famille et protégé par des gardes rapprochés constitués d’esclaves.
• Le calife communique avec l’extérieur grâce à ses services administratifs (vizir).
• Les insignes du pouvoir sont : un trône en or, une couronne en or, un sceau, un sceptre, et un manteau.

L’Administration de l’Empire Abbasside

• Le vizirat : chef de l’administration.
• Le vizirat est mis en place sous les Omeyyades, avec une prolifération de bureaux de contrôle (Diwan).
• Apparition d’un bureau central pour l'impôt foncier, ainsi que des bureaux des confiscations, des dépenses, du trésor califal, de la poste, de la chancellerie et du sceau.
• Ces bureaux sont dirigés par des grands secrétaires persans, juifs ou chrétiens.
• Le vizir reçoit une délégation de pouvoirs, incluant un droit de révocation.
• La famille iranienne des Barmakides joue un rôle puissant.

Les Barmakides : Une Grande Famille de Vizirs

• Il s'agit de Persans arabisés, originaires du nord de l’Afghanistan actuel.
• Khalid Ibn Barmak fut secrétaire du calife Assafa, responsable du bureau de l’armée et de l’impôt foncier, puis vizir, avant d’être évincé sous le calife Al-Mansour.
• Khalid Ibn Barmak fut également gouverneur de la région de Farce puis du Tabaristan.
• Yahya, le fils de Khalid, fut précepteur du jeune calife Al-Rashid, chef de la chancellerie en 779 et vizir dans les années 780, restant en fonction pendant 17 ans, associant ses deux fils à son pouvoir.

L’Armée : Professionnalisation des Combattants

• La conquête du Maghreb et de la Perse conduit à la création de bataillons mawalides commandés par leurs propres chefs.
• L’impôt remplace le butin dans le financement de la guerre.
• Progressivement, l’organisation tribale est abandonnée sous les Abbassides.
• Les califes abbassides manquent de confiance envers les unités de l’armée, jugées trop indisciplinées et parfois inefficaces.

Le Recrutement des Esclaves Soldats Turcs

• À partir de 830, les califes achètent massivement des esclaves militaires en dehors du monde islamique, surtout en Asie centrale.
• Ces esclaves, appelés Mamelouks (la chose possédée) ou Khoulam, sont convertis à l’islam pendant leur formation militaire.
• Ils rejoignent la garde du calife et se répandent dans l’armée.
• Des tensions émergent entre les milices turques et les habitants, ce qui pousse le calife à fonder une nouvelle capitale.
• À partir de 961 à Samarra, des chefs de la garde turque et de hauts dignitaires deviennent tellement influents qu’ils nomment eux-mêmes les califes. – Ceci marque la fin des grands califes, la fin de l’aristocratie militaire et la fragilisation de l’État central.

L’Intermède de Samarra (836-892)

• Sous les règnes d’al-Mu’tasim et d’al-Mutawakkil.
• Samarra est une ville située à 100 km de Bagdad, longée par le Tigre, fondée en 836.
• La cour, l’administration et l’armée y sont transférées pendant cette période.
• La ville possède des quartiers réservés aux différentes factions turques de l’armée.
• La ville se développe et s'étend sous les différents califes qui construisent de nouveaux palais et des noyaux urbains.
• Cet intermède voit la mise sous tutelle des califes et une anarchie à partir de 861.
• La ville est complètement abandonnée en 892, ne laissant subsister que le tracé fantomatique des rues et des édifices.
• Bagdad redevient la capitale.