La Révolution Industrielle : Une Notion Évolutive

La Révolution Industrielle : Une Notion Évolutive

• La notion de Révolution Industrielle (RI) apparaît au XVIIIe siècle, utilisée dès 1799 par Louis-Guillaume Otto.
• Divers auteurs du début du XIXe siècle, comme Sismondi, Say et Saint-Simon, l'emploient également.
• L'influence d'Adolphe Blanqui et, plus tard, de Karl Marx, contribue à sa diffusion.
• L'idée atteint la Grande-Bretagne tardivement, après la publication posthume des "Lectures on the Industrial Revolution" d'Arnold Toynbee (1884).

Perceptions Précoces de la RI

• Initialement, la RI était liée à des évènements visibles : innovations techniques, développement des usines, essor du secteur cotonnier anglais.
• Elle était perçue comme une mutation brutale en Angleterre entre 1780 et 1830.
• Des analyses plus approfondies ont ensuite été menées, incluant des aspects négligés tels que la demande, l'agriculture, les services, et les changements sociaux et juridiques contemporains.
• Les transformations démographiques ont été identifiées comme un résultat important de la RI, comme pour les révolutions du Paléolithique et du Néolithique.

Approches de la RI : Une Lecture Traditionnelle Limitée

• La RI a souvent été étudiée à travers les innovations, assimilée à une série d'inventions transformant la production et la consommation.
• Cette approche, bien que permettant des séquences d'étude, est limitée.
• Les secteurs anciens ne disparaissent pas car de nouveaux secteurs émergent. L'exemple du charbon illustre cette évolution ; la production mondiale atteignait son sommet en 2013/2008.
• La définition des différentes phases (1ère, 2ème, 3ème RI) a évolué avec le temps et les avancées économiques mondiales, influençant la réinterprétation du passé.
• La 3ème RI des années 1980, centrée sur la chimie, l'aéronautique et l'électronique, a été réévaluée. Les NTIC se sont imposées comme plus générales et plus influentes que le seul secteur électronique.
• Il est question de l'Angleterre et de la pertinence de sa RI par rapport à d'autres pays (France, Espagne, Chine, Inde).
• La primauté de l'Angleterre est expliquée par sa centralisation politique, la protection des droits de propriété, la tolérance religieuse et politique et un système financier et bancaire modernisé de 1689 à 1720 ainsi que l'essor de l'alphabétisation et de la culture technique.
• Le modèle d'Acemoglu et Robinson souligne l'importance des institutions par rapport aux innovations techniques.

La Révolution "Inexistante"

• La difficulté d'identifier précisément le moment clé de la RI est soulignée par des théories des années 1950.
• Rostow propose un modèle uniforme de développement, incluant la RI comme étape vers une société de consommation. Le "décollage" serait détectable par une augmentation sensible du taux d'investissement et de croissance économique.
• Gerschenkron conteste l'uniformité du modèle, soulignant l'influence des leaders sur les suiveurs et leur capacité à adopter les technologies des leaders. Cela se traduit par une accélération de l'industrialisation ("big spurt" ou "great spurt") statistiquement mesurable.
• Les travaux de comptabilité nationale montrent, pour l'Europe, une accélération progressive et pas forcément linéaire de la croissance économique du XVIIIe au XXe siècle. Les pays en développement ont connu des ruptures plus brutales de croissance. La Chine, par exemple, a connu une rupture entre 1976 et 1979.
• Les estimations de croissance économique à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle sont régulièrement révisées à la baisse.

Un Regard Gradualiste

• Une approche gradualiste sur la RI s'impose, et certains proposent de laisser tomber cette expression (Crafts, 1985).