Introduction à l'anthropologie

Introduction à l'anthropologie

• Les disciplines de sociologie et d'anthropologie sont apparues en même temps.
• Certains auteurs ont travaillé sur les deux disciplines.
• Les deux disciplines rivalisent pour imposer leur légitimité dans un milieu académique hostile.
• L'anthropologie s'intéresse à la façon dont les gens sont différents, tant physiquement qu'intérieurement.
• Des travaux contemporains alimentent les confusions entre ces deux disciplines.
• Pierre BOURDIEU, sociologue et philosophe, a écrit Anthropologie de l'État.
• L'intérêt de Bourdieu pour cette matière a commencé lorsqu'il a écrit Sociologie de la pauvreté en 1968.
• Ce livre est devenu un ouvrage d'anthropologie qui développe la différence de place dans la société entre les hommes et les femmes.

Étymologie et objectif de l'anthropologie

• Le mot anthropologie vient du grec "antropos" (= l'homme) et "logos" (= discours).
• L'anthropologie est l'étude de l'homme et de l'être humain.
• L'anthropologie se situe dans le champ d’enregistrements du SHS (Science Humaines et Sociales).
• Elle se consacre à l'étude des phénomènes culturels dans leur diversité liée à l'espèce humaine dans son unité essentielle.
• Les philosophes et historiens pensent que l'homme est un phénomène culturel.
• La culture fait référence à la musique, la littérature, la poésie, le théâtre, l'art plastique, la peinture, la sculpture, la danse, le cinéma et le voyage.
• En anthropologie, la culture est bien plus que la création esthétique.
• L'alimentation, les vêtements, la science font aussi partie de la culture.
• Chaque pays entretient un rapport spécifique au droit, à la justice, à la science, à la religion et à l'éducation.

Manifestations de la culture

• Des cultures de certains pays se retrouvent dans d'autres.
• Un jean, d'origine américaine, est porté dans le monde entier.
• Selon Edward B. Tylor, fondateur de la culture, la culture est un ensemble complexe incluant les savoirs, les croyances, l'art, les mœurs, le droit, les coutumes et toute disposition ou usage acquis par l'homme vivant en société.
• Définition : La culture est l'ensemble des traits distinctifs, matériels, spirituels et affectifs qui caractérise une société (ex: loi, école, vie spirituelle).

Différences entre sociologie et anthropologie

• La sociologie est centrée sur l'étude des groupes et des individus socialement déterminés.
• Elle s'intéresse à la question de la culture et la considère comme un élément macro-social qui unit les membres d'une société.
• La culture se transmet de génération en génération.
• Les sociologues voient la culture comme une façon de penser conforme aux attentes d'une société donnée, comme se faire la bise ou être à l'heure.
• Une distinction souvent faite attribue l'étude des sociétés occidentales "civilisées" à la sociologie et celle des cultures "primitives" à l'anthropologie.
• Cette division est une dichotomie caricaturale et occidentalo-centrée.
• Cette vision de la réalité est dominée par des normes de référence occidentales.
• Les sociétés dites primitives seraient inférieures aux sociétés dites civilisées.
• Toutes les sociétés, sur tous les continents, ont des formes de civilisation différentes.
• Toutes les sociétés ont une mémoire et un passé, même si cela repose sur une culture orale.
• Aucune société n'est plus cultivée qu'une autre.
• Pendant longtemps, les anthropologues ne s'intéressaient pas aux sociétés contemporaines.
• Les anthropologues travaillent sur des sociétés plus restreintes que les sociologues, mais cela est inexact.
• Les anthropologues étudient des questions vastes touchant à la société dans son ensemble, par exemple, le rapport à la nature.

Accent disciplinaire

• L'anthropologue se concentre sur les cultures liées à un peuple dans son ensemble et cherche ce qui spécifie les phénomènes humains.
• Les sociologues étudient davantage les inégalités et les quantifient.
• Les anthropologues insistent moins sur ce sujet et davantage sur ce qui est commun à une population.
• Les anthropologues utilisent des méthodes qualitatives plutôt que des statistiques, mais ce n'est pas toujours le cas.
• Pour C. Lévi-Strauss, l'anthropologie est une source originale de connaissance plutôt qu'une source de particularité.
• Elle se distingue par sa particularité méthodologique et s'appuie sur l'observation participante pour comprendre la communauté étudiée.
• L'anthropologie aborde les relations entre les individus et l'espace de manière plus sensible et intime que la sociologie.
• Ce manque d'intimité de la sociologie est lié à son principe d'extériorité par rapport à l'objet d'étude.

Rapport entre Nature et Culture

• L'anthropologie a fondé une réflexion originale et riche entre la nature et la culture.
• La philosophie oppose souvent les deux, valorisant la culture par rapport à la nature.
• La nature est associée aux tendances animales, tandis que la culture est associée au domaine humain.
• La nature est dite vierge et donnée, contrairement à la culture, dite pleine et créée.
• L'anthropologie souligne la fausseté de cette opposition.
• Philipe Descola dénonce la tendance des hommes occidentaux à se mettre en position de surplomb par rapport à la nature et aux non-humains.
• Pour l'humanité moderne et les philosophes, la nature est malléable à l'infini selon nos désirs.
• Descola s'intéresse aux Auchuans, peuple indien vivant entre le Pérou et l'Équateur, qui considèrent la forêt comme un espace planté plutôt que comme un espace vierge.
• Ce peuple sélectionne les plantes depuis 12 000 ans.
• La nature a été entropisée, c'est-à-dire travaillée et modelée par les êtres humains, donc socialisée.
• Selon cette perspective, il faut renoncer à l'idée que le civilisé est un autre homme que le primitif ; chacun est civilisé à sa manière.
• Les êtres modernes sont animés par des forces naturelles qu'ils contrôlent et que l'on appelle les instincts.
• Les animaux sont dotés de ces instincts, mais ils les maîtrisent, ce qui veut dire qu'ils sont civilisés car ils sont domestiqués et désauvagés.
• P. Descola considère que les Auchuas nous encouragent à faire un effort d'animisme, c'est-à-dire à voir un Dieu dans toute chose (plantes, animaux) pour penser les rapports entre les humains et les non-humains.
• Le passage de la nature à la culture renvoie à une règle universelle que l'on retrouve dans toutes les cultures.

Contexte socio-historique d'émergence de la discipline: civilisés contre barbares

• L'anthropologie opère un décentrement essentiel par rapport au préjugé de l'anthropocentrisme, soit le fait que l'espèce humaine est au centre de l'univers.
• Les humains utilisent des critères comme l'intelligence et l'avantage numérique pour se croire supérieurs aux animaux, ce qui est discutable.
• Il existe des versions plus locales de l'anthropocentrisme comme l'occidentalo-centrisme ou l'eurocentrisme.
• Il s'agit du fait de défendre l'idée de la supériorité de l'Occident et des valeurs de l'homme blanc.
• Cette idée risque d'induire une conception raciale et raciste du monde, menant souvent à l'extermination ou au génocide de populations dites inférieures.
• On peut citer les Indiens d'Amérique et l'hypocentrisme du Japon dans les années 30 comme exemples.
• Appréhender le monde à partir d'un ensemble de références culturelles que l'on considère comme dominantes crée une distinction entre "nous" et "les autres", entre "nous les civilisés" et "eux les barbares".
• Cette tendance se retrouve très tôt dans l'histoire, même chez les philosophes et les intellectuels.
• Les religions monothéistes ont tendance à imposer leur vision du monde.
• Entre le XVIe et le XVIIe siècle, les découvertes en astronomie ont poussé les savants à rejeter le géocentrisme au profit de l'héliocentrisme.
• Durant cette époque, l'humanisme, philosophie déployée au XVIe siècle, a posé l'humain comme étalon de toutes choses.
• L'humanisme affirmait qu'en dehors de l'humain, il n'y a pas grand chose, entraînant la perte de valeur de tout ce qui l'entoure (animaux, nature).
• La pensée occidentale insiste sur la supériorité spirituelle et intellectuelle de l'humain.
• Au XVIIe siècle, René Descartes considérait l'animal comme une machine.
• L'homme serait un concepteur de la nature qu'il aurait le droit de transformer à sa guise.
• Le mot étranger, celui qui n'est pas de ma communauté, de mon pays ou de ma famille, renvoie à l'idée d'une extériorité en latin "extraneus".
• On oppose les internes (nous) aux étrangers.
• Le mot barbare renvoie à l'idée d'étranger et désigne tout ce qui n'est pas de son usage.
• Dans l'Antiquité, est barbare ce qui est différent, ce qui a une autre culture, parle une autre langue, a des moeurs plus vulgaires et reste au-delà du pays qui est le nôtre.
• En sociologie, le mot barbare est une étiquette ou un stigmate porteur d'un regard négatif.
• Ce mot a été utilisé par les Occidentaux contre les Africains (durant l'esclavage), les Asiatiques et les Océaniens.
• Entre le IIIe et le VIIe siècles, l'Europe a subi de grandes invasions par ceux qu'elle appelait elle-même barbares, terme utilisé pour nommer les tribus germaniques.
• À l'époque moderne, la colonisation et les génocides ont conduit à se demander qui est le barbare.
• C'est pourquoi l'anthropologie s'intéresse aux barbares, car l'étiquette dont ils sont affublés éclaire des rapports conflictuels entre les peuples ainsi que les représentations mobilisées.
• Elle rejette toute légitimité à la barbarisation qui consiste à transformer quelqu'un en le considérant comme barbare.
• L'anthropologie rappelle que les peuples peuvent avoir des cultures de formes très différentes qui ne doivent pas être évaluées sur la base de notre propre système de valeur.
• Elle rappelle le droit à l'unité de l'espèce humaine et le droit à la diversité culturelle.

Historicisme, évolutionnisme et occidentalocentrisme

• L'anthropologie s'intéresse à la philosophie de l'histoire de GFW HEGEL, auteur des "Principes de la philosophie de l'histoire".
• Hegel avait une vision historiciste de l'histoire humaine, laquelle était conçue comme une succession d'étapes vers des états toujours plus aboutis.
• Hegel établit un parallèle entre l'histoire humaine et l'évolution de l'individu en considérant que l'histoire humaine progresse vers un état de civilisation intellectuelle.

Étapes de l’évolution de l’Histoire Humaine

• Le Monde oriental : référence à la préhistoire, où l'homme est barbare, les mœurs sont violents, la société est patriarcale et les familles reposent sur l'homme.
• Il y avait peu de technique et peu de liberté.
• Le Monde grec : correspond à l'adolescence et est marqué par l'émergence de la notion de liberté, bien que de manière partielle car il y avait l'esclavage.
• Monde romain : les romains étaient conscients de ce que pouvait être la liberté et considéraient qu'elle était universelle et que l'on était tous égaux.
• Le monde germanique : correspond à l’âge adulte et s’étend à partir du XVIe siècle, il est donc caractéristique de la liberté, d’un progrès spirituel, de la démocratie et du raffinement des mœurs.
• Des progrès scientifiques comme de l’électricité, le train et aussi les armes, sont visibles
• Hegel pensait que la marche vers la civilisation nécessiterait du progrès.
• Selon lui, le moteur de l'espoir est ce qu'il nomme l'Esprit, un esprit humain qui s'incarne dans chaque étape de l'histoire.
• Marx considérait que les rapports de production antique, fondés sur l'esclavage, étaient le moteur de l'espoir.
• Pour MARX, l'avenir était une révolution qui allait mener à une société socialiste, soit une rupture du capitalisme qui serait une phase transitoire vers le communisme.