Introduction à la géopolitique

Introduction à la géopolitique

• La complexité de la situation mondiale rend l'étude de la géopolitique ardue.
• La rapidité de l'information nuit à la connaissance globale du monde contemporain.
• Pour Gérald Araud, il faut identifier les constances et chercher la structure sous-jacente aux événements, au-delà des faits apparents et du tumulte d'informations.
• Il est nécessaire de considérer le temps long, l'histoire pour comprendre le monde actuel.
• Pour Raymond Aron, il faut étudier des fragments du réel et chercher les rapports entre eux, car on ne peut appréhender l'histoire dans sa totalité.
• Les phénomènes complexes ne peuvent être expliqués par un seul facteur.
• Il n'y a pas d'homogénéité dans les pôles de puissance.
• Chaque pôle de puissance est divisé sur nombreuses questions comme le G7, la zone Indo-Pacifique et le Sud Global.
• Il existe une forme d'unité clanique: l'Indo-Pacifique contre les Routes de la soie et le Sud Global contre l'Occident, mais elle ne traduit pas la réalité.
• La société internationale baigne-t-elle dans l'état de nature ou constitue-t-elle une véritable communauté?
• Thomas Hobbes a analysé le contraste entre l'ordre étatique interne et le désordre interétatique.
• Au niveau national, un pacte social instaure un pouvoir qui détient le monopole de la contrainte et assure la sécurité des citoyens.
• Au niveau international, aucun pacte social n'est possible entre États souverains, la force seule régit leurs rapports.

Les enjeux de puissance et conflits

• La configuration des rapports de force est centrale à la compréhension du monde.
• Il faut connaître le nombre d'États capables d'interférer dans les relations internationales et leurs interactions, que ce soit sur les plans militaire, économique, idéologique ou scientifique.
• Les ressources diplomatiques, politiques, économiques, militaires et humaines sont à prendre en compte.
• Il faut aussi prendre en compte l'imaginaire politique et idéologique des grandes puissances et des puissances régionales, qu'elles soient puissantes ou qu'elles se pensent comme telles.
• En 2023, les conflits armés impliquant les forces de l'État et/ou des groupes rebelles sont en cours dans de nombreux pays.
• La permanence des crises au Moyen-Orient et les conflits en Afrique font partie des facteurs de déstabilisation mondiaux.
• Les fragilités structurelles croissantes liées au réchauffement climatique, aux déplacements de populations et aux vagues migratoires contribuent aussi à la déstabilisation.
• L'augmentation des flux de toute nature à l'échelle mondiale est un facteur aggravant.
• L'apparition de nouvelles menaces inclut : le terrorisme international, les programmes militaires nucléaires de la Corée du Nord et de l'Iran, l'émergence des puissances militaires russe et chinoise.
• L'apparition de nouveaux espaces de conflictualité englobe : l'espace numérique, l'espace et la haute mer.

La Chine et les nouvelles routes de la soie

• Dès le début du 21e siècle, le centre du monde s'est déplacé vers l'Asie, popularisant les termes d'Asie-Pacifique.
• Victorin Lurel soulignait en 2013 que le Pacifique jouerait un rôle géostratégique majeur au 21e siècle, orchestrant la marche du monde.
• En 1978, Deng Xiaoping prend le pouvoir dans une Chine au bord du désastre économique.
• Le niveau de vie de la population chinoise était alors 20 à 30 fois inférieur à celui des Chinois de l'extérieur.
• Deng Xiaoping a rapidement élaboré une nouvelle doctrine autour de zones économiques spéciales ouvertes aux capitalistes étrangers, mais sous contrôle chinois.
• Il a mis en place des joint-ventures (entreprises mixtes sino-étrangères) pour favoriser les transferts de technologies vers la Chine.
• La Chine bénéficie d'investissements étrangers et recourt à des emprunts, notamment auprès des États-Unis.
• En 1996, la Chine est devenue un véritable aimant pour les entreprises occidentales, devenant la première destination des investissements directs internationaux après les États-Unis.
• Malgré sa croissance économique, la Chine représente le plus vaste marché du globe.
• Entre 1980 et 1998, le pays a connu une croissance annuelle supérieure à 10%.
• Les investissements étrangers ont augmenté de plus de 20% entre 1996 et 1997, dépassant les 20 milliards de dollars.
• Sous Mao, les investissements étrangers étaient de seulement 1,8 milliard de dollars en 1979.
• Ils dépassaient 50 milliards de dollars en 1998, à l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping.
• La Chine a également accordé plus d'attention à la gouvernance mondiale, s'impliquant davantage dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
• En 2013, le président Xi Jinping a lancé le concept des Nouvelles Routes de la Soie (Belt and Road Initiative, BRI).
• En 2015, la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) a été lancée à Pékin, regroupant aujourd'hui 80 pays.

La zone Indo-Pacifique

• Les États occidentaux ont envisagé une stratégie internationale à la hauteur du défi, d'où l'Indo-Pacifique.
• Le concept d'Indo-Pacifique a été utilisé pour la première fois en 2007 par le Premier ministre japonais Shinzo Abe devant le parlement indien, évoquant un espace dans la stratégie du QUAD (Quadrilateral Security Dialogue).
• Le récit des quatre fondateurs (États-Unis, Japon, Australie et Inde) se résume au respect des normes, à un caractère inclusif d'un Indo-Pacifique libre et ouvert, à l'ouverture à l'ASEAN, à la liberté de navigation et à un ordre international libéral.
• L'aspect militaire est également important dans l'Indo-Pacifique.
• Il n'y a pas d'homogénéité entre les États fondateurs de l'Indo-Pacifique.
• Les États fondateurs de l'Indo-Pacifique ont des interprétations divergentes sur les normes, la géostratégie et l'économie.
• L'approche économique de la zone Indo-Pacifique présente des incohérences, notamment avec les trois projets économiques suivants: CPTPP, IPEF et RCEP.
• CPTPP: Le Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership.
• IPEF: L'Indo-Pacific Economic Framework for Prosperity.
• RCEP: Le Partenariat économique régional global est un accord de libre-échange.
• Une approche française de la zone Indo-Pacifique a été présentée par le président Macron à New Delhi en mars 2018, mettant en avant l'axe Paris-New Delhi-Canberra, rendu possible par la présence de la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis et Futuna, la Réunion et Mayotte.
• Le président Biden est revenu avec une politique de surpuissance qui a nui à l'ambition de la France dans la zone Indo-Pacifique.
• Suite a la création du AUKUS (Australie, Royaume-Uni, États-Unis) le15 Septembre 2021, les États-Unis ont convoqué le QUAD.
• L'éviction de la France a suscité la fureur du gouvernement car c'est une atteinte à son image de puissance.
• La France a été ici oubliée dans une logique de surpuissance.

Tiers monde ou Sud global

• Selon Stéphane Rozès, les dirigeants du Sud global cherchent à se moderniser sans s'occidentaliser et à établir un nouvel ordre international à leur mesure.
• Ce n'est pas une alliance, mais plutôt une coalition d'États autoritaires ou démocratiques avec des intérêts divergents.
• Les pays du Sud développent une diplomatie planétaire.
• Ils sont au premier rang des négociations climatiques, comme illustré par la COP28 de Dubaï.
• Les pays dit du Sud global jouent un rôle clé dans les crises, comme le rapprochement Iran-Arabie saoudite orchestré par la Chine.
• Ils refusent d'appliquer les sanctions contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine et tentent de médiation entre les deux pays.
• L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar ou l'Égypte jouent un rôle central dans les négociations entre Israël et le Hamas concernant la libération des otages et des trêves à Gaza.
• Selon Chagnollaud, les autorités politiques des pays du sous-développement ont souvent été les premiers artisans de leur non-développement ou de leur régression économique.
• Le développement rapide des pays émergents a été rendu possible par l'intervention des gouvernements.
• Les pays émergents on favorisé l'ouverture des économies nationales aux capitaux étrangers, tout en adaptant les structures internes aux transformations économiques.
• L'État a été le maître d'œuvre de la modernisation par une politique industrielle volontariste: choix des filières à développer, orientation sélective des crédits, amélioration des infrastructures.

Les BRICS

• L'élargissement actuel des BRICS est une manifestation d'une politique de multi-alignement de la part de pays qui contestent l'ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale.
• Ces pays souhaitent défendre leurs intérêts nationaux sans s'aligner sur le groupe occidental ou sur l'axe Pékin-Moscou.
• Les BRICS se développent sans cesse.
• Lors de leur 15e sommet à Johannesburg en août 2023, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Iran, l'Argentine, l'Égypte et l'Éthiopie ont rejoint les BRICS.
• Les BRICS représentent 46% de la population mondiale et 25% de la production mondiale, se présentant comme une alternative au G7 et au G20.
• Les BRICS regroupent plus du tiers de la richesse mondiale et assurent la suprématie sur le marché des hydrocarbures depuis l'entrée de l'Arabie saoudite, des Émirats et de l'Iran.