Histoire du sport moderne en France

• Ce cours est une introduction à l'histoire du sport moderne en France, du XIXe siècle à nos jours.
• Le semestre comprend 10 cours magistraux et 10 heures de travaux dirigés.
• L'assiduité sur Moodle est impérative. L'UE est 2.1 L1 Histoire du sport (Histoire sport S2).

Buts de l'enseignement

• Comprendre les événements, les acteurs, les dates et les idées clés de l'histoire du sport en France.
• Comprendre les influences sociales, politiques et économiques sur le sport au XXe siècle.
• La capacité à examiner et à contextualiser des documents historiques.

Objectifs d'apprentissage

• Être capable d'organiser votre travail sur la base des cours et des exercices.
• Être capable de restituer des connaissances précises et contextualisées sur l'histoire du sport.
• Être capable de décrire, de contextualiser et d'analyser des documents d'archives.

Méthodes D'évaluation

• 33% de la note finale est basée sur un QCM de mi-session portant sur les 5 premiers cours magistraux.
• 33% de la note finale basée sur un exercice d'analyse de documents TD 5 entièrement rédigé
• 33% de la note finale est basée sur un QCM de fin de semestre portant sur l'ensemble des 10 cours magistraux.

Plan général du semestre

• Le cours porte sur l'histoire du sport français de 1870 à 2000.
• Le cours portera sur les sujets suivants :
• La nation et le muscle : une double greffe gymnastique et sportive (1870-1914)
• Naissance et essor du sport-spectacle (1903-1938)
• Le sport dans la matrice des pouvoirs, entre initiatives étatiques et combats idéologiques (1919-1939)
• Du gouvernement de Vichy au boom démographique (1940-1958)
• La France gaullienne, à la recherche de la compétitivité sportive (1958-1969)
• Libéralisation et démocratisation du sport dans les années 1970 (1968-1984)
• Le sport de masse vers la mondialisation (1981-2000)
• La genèse du coaching sportif et le métier d'entraîneur en France : regards historiques (1930-1991)
• Zoom sur le processus de sportivisation de l'EPS (1936-1975)
• Institutionnalisation du handisport en France et à l'international (1945-1990)

Bibliographie indicative

• Liste de livres et d'articles sur l'histoire du sport en France.
• "Le sport en France. Une approche politique, économique et sociale." de P. Arnaud.
• "Les politiques sportives. Éléments de sociologie historique." de J-P. Callède.
• "Sport, société et culture en France – du XIXe siècle à nos jours." de P. Clastres et P. Dietschy.
• "L'histoire du sport, l'histoire des sportifs – Le sportif, l'entraîneur, le dirigeant." de J-M. Delaplace.
• "L'histoire en mouvements, le sport dans la société française (XIXe - XXe)." de R. Hubscher.
• "Histoire du sport, XIXe XXe siècles." de D. Lejeune.
• "Histoire des sports." par T. Terret.
• "Histoire du sport." de T. Terret.
• "Histoire du sport en France. Du Second Empire au régime de Vichy." de P. Tétart.
• "Histoire du sport en France. De la Libération à nos jours." de P. Tétart.
• "Sports et loisirs: une histoire des origines à nos jours." de L. Turcot.

L'impossible definition du sport

• Moyen-Âge – XIXe siècle : « desport » ou « disport » – distraction, amusement – jeux traditionnels comme la soule, la paume et la croche.
• Période 1850-1900 : codification des jeux anglais (harmonisation des règles et des institutions), dépenses musculaires, engagement compétitif, liberté d’initiative et loisirs des élites.
• 1894-1930 : Pierre de Coubertin décrit le sport comme le culte volontaire et habituel de l’effort musculaire intensif, appuyé sur le désir de progrès, pouvant aller jusqu’au risque.
• 1930-1970 : G. Magnane décrit le sport comme une activité de loisir dont la dominante est l’effort physique, participant à la fois du jeu et du travail, pratiquée de façon compétitive, comportant des règlements et des institutions spécifiques.
• 1970-1990: C. Pociello note une diversification du phénomène sportif et des modalités de pratique, sur des bases ludiques et anti-compétitives (surf, escalade, jogging, etc.)
• 1970-1990 : Allen Guttmann décrit 7 critères du sport : sécularisation, égalité dans la compétition, spécialisation des rôles, rationalisation des techniques, structuration bureaucratique, quantification et quête du record.
• Une définition consensuelle du sport est une activité récréative, hygiénique ou compétitive, dans un cadre réglementé et codifié, et dans une potentielle compétition visant au minimum l'égalité des conditions de performance.

CM 1 : La nation et le muscle : une double greffe de gymnastique et de sport (1870-1914)

• La diffusion de la gymnastique et la naissance du sport sont liées à la fin du XIXe siècle et aux racines de la République en France.
• Les promoteurs voulaient « rebronzer » la jeunesse nationale après la défaite de 1870 contre la Prusse et former le « citoyen soldat » qui échoua lors de la bataille de Sedan.
• Il y un vaste mouvement d’acculturation aux nouvelles normes culturelles et politiques en France, structurant la vie urbaine dans une société industrielle.
• Les exercices du corps, différenciés selon les classes sociales, deviennent un levier important : la mise en place d’une éducation physique obligatoire à l’école, des lieux de sociabilité autour de clubs sportifs et le rayonnement français lors de rencontres internationales.

La gymnastique

• Nationalisation des masses et citoyenneté républicaine.
• Contexte : stigmates de la défaite de 1870 et enracinement de la IIIe République.
• Obligation scolaire : le décret Duruy du 3 février 1869 (collège et lycée) et la loi George du 27 janvier 1880 (primaire).
• Gymnastique scolaire : rigueur du travail corporel, leçon et rationalité (appui scientifique).
• Enjeu patriotique : former le futur « citoyen-soldat » et création des bataillons scolaires en 1882.
• Enjeu sanitaire : hygiénisme et lutte contre la « dégénérescence de la race » et le surmenage scolaire.
• En dehors de l’école, les sociétés conscriptives proposent une préparation militaire par la gymnastique et le tir. Un exemple est l’USGF, crée par Eugène Paz en 1873 (250 000 membres en 1907).
• Gymnastic officiel vs cloisonnement du sport aux élites.

Les sports comme la conscience de l’espace national (montagne, littoral, campagne, etc.)

• A partir de 1870, les Alpes sont devenues le « terrain de jeu de l'Europe », ce qui a créé le Club alpin français en 1874 et le Concours international des sports d'hiver à Montgenèvre en 1907
• Essor des sports aquatiques : l’invention de la plage « à la française » et les gymnases nautiques de Paris (1883) et de Lille (1889). Paul Blache fonde le « Libellule » en 1898.
• Vélocipédie : la bicyclette de Lawson débute en 1885 et connait un boom en 1890 (50 000 bicyclettes vendues) et en 1907 (2 millions de bicyclettes vendues) pour symbolisées la mobilité. Il y a 1390 véloces-clubs en 1895.
• L'élite traverse le territoire national. Les classes sociales intermédiaires ont accès au vélo.

La naissance des premières institutions portées par les élites et le développement du dogme de l’amateurisme

• Georges de Saint-Clair, secrétaire général du Racing Club, élabore un code de l’honneur pour les sportifs en 1884.
• La règle de l’amateurisme interdit de prendre part à une course publique, ou de concourir pour un prix en espèces ou avec des professionnels, ou d’être professeur ou moniteur salarié d’exercices physiques. Cela sert à la distinction sociale et à l’entre-soi des élites.
• Pierre de Coubertin : un réformateur social et un pédagogue. Les objectifs consistent à « rebronzer la jeunesse de France » par les sports et à former les élites aux défis industriels, commerciaux et coloniaux.
• Création de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) en 1887 – 35 clubs affiliés en 1893 et 222 en 1900. Essor des institutions (Loi 1901) et développement des fédérations affinitaires comme la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France.
• Les institutions sportives bénéficient du soutien d'influents promoteurs et des lois républicaines.

Première diplomatie sportive à fort caractère symbolique

• Les chefs de file sportifs français ont joué un rôle indispensable dans la structuration des institutions internationales, notamment les Jeux olympiques.
• Du 16 au 23 juin 1894, le Congrès international de la Sorbonne a été organisé par l’USFSA sur le front commun de l’amateurisme.
• Jeux olympiques modernes : Pierre de Coubertin (secrétaire général de l’USFSA) a fait approuver le principe du rétablissement des JO afin de faire consensus entre l’héritage grec, les gymnastes et les sportifs.
• Création du Comité international olympique (CIO) avec des élites et des pédagogues recrutés par cooptation (parrainage). Démétrios Bikélas a été le premier président.
• Les idées de Piere de Coubertin : président du CIO de 1896 à 1925, il voulait des olympiades itinérantes et pacifiques, avec un courant libéral et humaniste. Il a été écarté de l’organisation des JO de Paris en 1900.
• Fondation de l’internationalisme sportif dans le cadre de l’institution et de la compétition olympiques.

Développement des fédérations internationales et ambigüité de l’esprit sportif

• Plusieurs Fédérations internationales ont été créées : le cyclisme en 1900, le football en 1904, la natation en 1908, l’athlétisme en 1912, etc.
• L’activisme a permis aux dirigeants français René Lacroix de rejoindre la Fédération internationale d’escrime et Henri Wallet de rejoindre la Fédération internationale de tennis (1913). Robert Guérin (1904-1906) et Jules Rimet (1920-1954) sont devenus présidents de la FIFA.
• L’internationalisme sportif est ambivalent : il y a à la fois une amitié entre les nations et des symboles nationalistes comme l’Ode à la Paix (1912) et le drapeau olympique (1914). Le sport devient une préparation aux conflits comme Coubertin l’indique dans son Essai de psychologie sportive (1913).
• Le sport avait-il un pouvoir pacifiste ? Malheureusement, la Première Guerre mondiale a commencé en août 1914.