Génocide des Juifs et des Tsiganes

Histoire et Mémoires du Génocide des Juifs et des Tsiganes

• Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques libèrent les survivants d'Auschwitz-Birkenau.
• Entre 5 500 000 et 6 000 000 de Juifs et 250 000 Tsiganes ont été exécutés ou torturés en raison de leur origine.
• L'histoire du génocide des Juifs et des Tsiganes s'inscrit dans la mémoire collective.

Se souvenir : Lieux de Mémoire du Génocide des Juifs et des Tsiganes

• L'extermination des Juifs et des Tsiganes commence en 1941 sur le front de l'Est, réalisée par des groupes spéciaux appelés Einsatzgruppen.
• Les Juifs sont regroupés dans des ghettos à Lodz et Varsovie.
• Dès 1942, avec la Solution Finale, le génocide devient industriel dans des centres de mise à mort comme Treblinka, Chelmno, Belzec, Sobibor, Majdanek et Auschwitz.
• À la fin de la guerre, les Nazis cherchent à effacer les preuves de ces atrocités.
• En novembre 1943, les centres de mise à mort de Treblinka, Sobibor et Belzec sont liquidés.
• Himmler ordonne la destruction des fours crématoires d'Auschwitz en novembre 1944.
• Auschwitz devient un musée en 1947, symbolisant les atrocités contre les populations civiles.
• La spécificité du génocide des Juifs et des Tsiganes n'est pas toujours reconnue immédiatement après la libération des camps.
• La mémoire du génocide est initialement peu entendue et intégrée dans un cycle de violences générales faites aux civils, avec de nombreux rescapés qui ne souhaitent pas témoigner : « Le grand silence » (Annette Wieviorka).
• Des voix s'élèvent après la guerre et des lieux de mémoire sont créés.
• Un monument est inauguré à Varsovie en avril 1948 pour commémorer le soulèvement du ghetto.
• Le mémorial du martyr juif inconnu est créé à Paris en 1953.
• Une partie des Juifs libérés migrent vers la Palestine pour échapper aux persécutions européennes.
• En 1947, plus de 4000 rescapés s'entassent sur l'Exodus, défiant les autorités britanniques pour débarquer en Palestine.
• La mémoire de la Shoah devient un élément de la mémoire nationale d'Israël.
• En 1953, la loi sur le souvenir des héros et des martyrs est votée, créant l'institut Yad Vashem pour collecter des témoignages et honorer ceux qui ont aidé les Juifs.
• La mémoire de la Shoah prend de l'importance à partir des années 1970, surpassant celle des combattants de la Seconde Guerre mondiale.
• Willy Brandt, chancelier allemand, initie une politique de repentir et s'agenouille devant le monument du ghetto de Varsovie en 1970.
• La Shoah devient centrale dans les programmes scolaires à travers le monde.
• Des plaques commémoratives, monuments et mémoriaux apparaissent dans les lieux de déportation et d'exécution grâce aux associations de déportés et aux États.
• De nombreux monuments sont inaugurés pour le 60e anniversaire, comme le mémorial commémorant le massacre des Juifs au bord du Danube à Budapest et le mémorial aux Juifs assassinés d'Europe à Berlin, inauguré le 8 mai 2005.
• Auschwitz demeure le principal lieu de commémoration, attirant plus de 2 millions de visiteurs en 2018.
• Les enjeux mémoriels en France tournent autour de la responsabilité de l'État français sous Pétain dans la Shoah.
• Robert Paxton démontre la collaboration du régime de Pétain et sa participation à la déportation des Juifs dans les années 1970.
• Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de l'État français dans la déportation lors d'un discours en 1995 devant le monument du Vel d'Hiv.
• Un mémorial de la Shoah est inauguré à Paris en 2005, rappelant l'identité des 76 000 Juifs déportés de France.
• La Cité de la Muette à Drancy, lieu de transit pour près de 63 000 Juifs, est également un important lieu de mémoire en France.
• Un monument commémoratif est inauguré à Drancy en 1976, un wagon du souvenir y est installé en 1988, et un mémorial de la Shoah est inauguré en 2012.
• Les Tsiganes ont été persécutés pour des raisons raciales par le régime nazi.
• Les Nazis considéraient les Tsiganes comme « racialement inférieurs ».
• Les populations tsiganes et roms sont internées en France dès 1940, sous l'impulsion des troupes allemandes dans la zone occupée, et du gouvernement de collaboration interne dans la zone libre.
• Environ 30 000 Tsiganes ont été enfermés dans 27 camps en France de 1940 à 1946.
• Près de 250 000 Tsiganes sont morts, soit 34% de la population tsigane d'Europe.
• Les Einsatzgruppen ont éliminé méthodiquement les Tsiganes à l'Est de l'Europe, tandis que dans le reste du continent, ils étaient envoyés dans des centres de mise à mort.
• Un mémorial aux victimes du massacre de Szczurowa est inauguré en Pologne en 1956.
• L'Allemagne ne reconnaît sa responsabilité dans le génocide des Tsiganes qu'en 1982.
• Un mémorial aux Sinti et aux Roms d'Europe assassinés est inauguré à Berlin en 2012.
• L'historien Emmanuel Filhol contribue à raviver la mémoire de l'internement des Tsiganes en France.
• En 2016, François Hollande a reconnu la responsabilité de la France dans l'internement des nomades.
• Un monument commémoratif a été dévoilé à Montreuil-Bellay, site du plus grand camp d'internement de Tsiganes en France pendant la Seconde Guerre mondiale.

Juger les Criminels Nazis après Nuremberg

• Les Alliés conviennent d'organiser un tribunal pour juger les dignitaires nazis (Procès de Nuremberg).
• La dénazification de la société allemande devient une priorité, visant à extraire le nazisme de la société suite à la conférence de Postdam.
• Des procès militaires sont organisés par les Alliés contre les criminels de guerre et les responsables des camps.
• La Guerre Froide change les enjeux, avec une volonté d'impliquer les populations allemandes dans la dénazification.
• Une loi amnistie 300 000 nazis prisonniers en 1947.
• Le chancelier Adenauer prononce une amnistie pour les peines légères en 1954.
• Malgré tout, des procès rappellent les limites de la dénazification.
• En 1958, 10 membres des Einsatzgruppen sont condamnés lors du procès d'Ulm.
• Le service central d'enquête sur les crimes nationaux-socialistes de Ludwigsburg est créé.
• Simon Wiesenthal fonde un centre de documentation à Vienne pour traquer les criminels de guerre nazis en fuite.
• Adolf Eichmann, organisateur de la Solution Finale, est enlevé en Argentine par les services secrets israéliens en 1960.
• Jugé à Jérusalem pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, il est condamné à mort.
• Le procès d'Eichmann marque un tournant dans la mémoire du génocide, le procureur israélien transformant le procès en leçon d'histoire avec 111 témoins.
• Le procès, filmé, est considéré comme le Nuremberg du peuple juif et permet aux survivants de la Shoah de témoigner.
• De nombreux procès permettent de mettre en lumière les mémoires de la Shoah et les paroles des déportés après le procès Eichmann.
• Les procès de Francfort (1963-1965) jugent 22 anciens surveillants d'Auschwitz.
• Une loi de 1964 rend imprescriptible les crimes contre l'Humanité en France.
• Klaus Barbie, arrêté en Bolivie grâce aux époux Klarsfeld, est jugé en France pour les rafles de Juifs.
• Le procès pour crimes contre l'Humanité s'ouvre en 1987 et devient un moment de mémoire.
• Klaus Barbie est condamné à la prison à vie.
• Maurice Papon est condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l'Humanité.
• Le procès de Josef Shütz en 2021 souligne les difficultés de juger les crimes après 70 ans.

Témoigner : Le Génocide dans la Littérature et le Cinéma

• De nombreux témoignages écrits furent retrouvés dans les ruines des ghettos ou des camps de la mort.
• Ces témoignages sont conservés dans les musées et les mémoriaux comme Yad Vashem ou le Mémorial de la Shoah.
• Les premiers témoignages d'ampleur à être édités connaissent divers succès.
• Le Journal d'Anne Franck raconte la vie d'une jeune néerlandaise cachée à Amsterdam et est publié par son père, devenant un succès traduit dans plus de 70 langues.
• Si c'est un homme de Primo Levi est édité en 1947 en Italie, mais ne sort de l'anonymat qu'à sa réédition en 1958.
• Elie Wiesel publie La Nuit en 1958, racontant la déportation de sa famille et les conditions de vie dans les camps.
• Après la parole des déportés, Art Spiegelman publie Maus en 1980, une bande dessinée racontant les événements vécus par son père à Auschwitz.
• Jonathan Littell publie Les Bienveillantes en 2006, suscitant la polémique mais recevant des prix prestigieux.
• Les premières images de la Shoah sont des documentaires, dont les premiers films sont projetés lors du procès de Nuremberg.
• Alain Resnais réalise Nuit et Brouillard en 1956, dénonçant le système concentrationnaire nazi, mais sans spécificité du génocide juif et tsigane.
• La série Holocaust est produite en 1977 et bouleverse la vision de la Shoah.
• Le film Shoah de Claude Lanzmann présente des témoignages de rescapés pendant près de dix heures.
• La Vie est belle de Roberto Benigni suscite de nombreuses critiques, mais son succès est immense.

Conclusion

• Les questions mémorielles ont été construites autour des témoignages des déportés.
• La spécificité des génocides est démontrée lors des grands procès comme celui d'Adolf Eichmann en 1961.
• Un vaste travail de reconnaissance est mis en œuvre, avec des témoignages et des procès mémoriels.
• Le génocide des Tsiganes a longtemps été dans l'ombre, mais leur mémoire est de plus en plus entendue grâce aux travaux d'historiens et aux associations de déportés.