Construction et évolution du patrimoine

Construction et élargissement de la notion de patrimoine

• La notion actuelle de patrimoine est le résultat d'une lente construction sociale et politique, évoluant depuis l'Antiquité.
• Initialement, le patrimoine désignait l'héritage familial, mais au XIXe siècle, il s'élargit pour inclure le bien commun d'une société, reconnu pour sa valeur historique ou symbolique.
• La patrimonialisation, ou la décision de protéger et valoriser ce bien commun, peut susciter des débats et des conflits politiques.
• La Révolution française a marqué une étape importante dans la construction de la notion de patrimoine en France, transformant celui-ci en héritage collectif.
• En 1790, l'Assemblée Constituante ordonne l'inventaire des biens du clergé et de la noblesse.
• Le patrimoine englobe des bâtiments exceptionnels tels que forteresses, châteaux, cathédrales, abbayes et des collections d'œuvres d'art.

Évolution des institutions et de la perception du patrimoine

• Les élites nobiliaires et bourgeoises collectionnaient des objets rares dès la Renaissance, exposant parfois leurs cabinets de curiosité au public.
• Aux XVIIIe et XIXe siècles, les premières institutions nationales dédiées à la conservation du patrimoine sont créées, telles que les Archives nationales et le Louvre en France, et le British Museum en Angleterre.
• L'historien et homme politique François Guizot associe le patrimoine aux « monuments historiques », une vision qui persiste jusqu'au XXe siècle.

Élargissement progressif du patrimoine

• À l'époque contemporaine, l'intérêt croissant des citoyens élargit progressivement la notion de patrimoine.
• La mobilisation de l'opinion publique est due aux dommages de la Seconde Guerre mondiale, au manque d'entretien des bâtiments et à la pollution urbaine.
• En 1964, un inventaire général des monuments et des richesses artistiques est mis en place, recensant tous les biens d'intérêt culturel, historique ou scientifique dans chaque région.
• Les Journées du patrimoine sont créées en France en 1984 à l'initiative de Jack Lang, alors ministre de la culture.
• L'événement, initialement d'une seule journée, s'étend et devient européen en 1985, sous l'impulsion du Conseil de l'Europe.
• En 1999, l'Union européenne s'associe à l'événement, renommé « Journées européennes du patrimoine » à partir de 2000.
• Actuellement, les Journées sont organisées dans 50 pays signataires de la Convention culturelle européenne, avec un thème particulier annuel mettant en valeur la dimension européenne.

Enjeux de la création du « patrimoine mondial » de l'UNESCO

• L'UNESCO contribue à la sauvegarde du patrimoine de l'humanité tout en renforçant certaines inégalités entre les régions du monde
• Face aux destructions causées par les conflits mondiaux, la nécessité de protéger les sites et monuments hérités du passé se diffuse mondialement.
• L'UNESCO, créée en 1946, a pour mission d'instaurer la paix par la coopération en matière d'éducation, de science et de culture.
• La coopération internationale pour la protection du patrimoine se met progressivement en place sous l'égide de l'UNESCO.
• La Convention de 1972 pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de l'UNESCO propose de mobiliser la communauté internationale pour protéger et valoriser des biens culturels et naturels.
• La conscience d'un patrimoine commun à l'humanité et la volonté de le protéger collectivement contribuent à établir la paix dans le monde.

Processus de patrimonialisation et ses effets

• À l'origine, la patrimonialisation concernait des sites historiques ou des bâtiments anciens.
• Des exemples incluent le Mont Saint Michel, le palais et le parc de Versailles et la cathédrale de Chartres, parmi les premières inscriptions sur la liste de l'UNESCO.
• La patrimonialisation s'étend ensuite aux paysages ruraux et urbains.
• La ville brésilienne de Brasilia (1987) et la ville française du Havre (2005) figurent également sur cette liste.
• Depuis 2021, Nice est inscrite comme « ville de villégiature d'hiver de Riviera ».
• À partir de 2003, la notion de patrimoine mondial s'élargit avec la Convention de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
• Ce nouveau classement inclut près de 400 pratiques ou expressions culturelles, y compris des traditions gastronomiques régionales.
• Actuellement, 1223 biens matériels, culturels et naturels sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, répartis dans 168 États parties.
• L'Amérique du Nord et l'Europe concentrent le plus grand nombre de ces biens.
• L'inscription sur la liste de l'UNESCO peut renforcer l'attractivité d'un site, entraînant une mise en tourisme, une production accrue de richesses et stimulant le développement économique local.
• Elle permet également la rénovation et la conservation de monuments anciens, ainsi que la protection de sites naturels grâce aux subventions débloquées.
• Cependant, la reconnaissance internationale peut entraîner un surtourisme, accentuer les inégalités entre pays, créer des tensions avec les populations locales et intensifier la concurrence entre les États.