Administration et Politique : Le Pouvoir sans Surveillance

Weber utilise ce concept pour décrire un type de domination basé sur des règles impersonnelles et objectives appliquées par des fonctionnaires qualifiés.

Le droit créé par l'administration est basé sur des règles abstraites et générales applicables à tous.

On observe des compétences spécifiques et un savoir-faire particulier chez les agents de l'administration.

Un processus qui consiste à appliquer des méthodes et des règles rationnelles à l'organisation du travail.

L'administration est un moyen de fournir des services publics et de répondre aux besoins de la société.

L'administration est constituée d'un ensemble d'organes et de personnes qui travaillent ensemble pour remplir ses fonctions.

L'administration dispose du pouvoir de prendre des décisions unilatérales qui s'imposent aux citoyens, sans la nécessité d'un jugement préalable.

L'administration peut fonctionner de manière autonome par rapport au pouvoir politique, ce qui peut entraîner un risque de bureaucratisation.

L'administation centrale est située à Paris et a pour rôle de définir les orientations et politiques publiques générales.

Des services déconcentrés sont présents dans chaque département et région afin d'assurer une application locale des politiques publiques.

Le périmètre de l'administration française a connu une croissance significative depuis la fin du 18e siècle, passant de quelques ministères à plus de 40 aujourd'hui.

L'administration française est organisée hiérarchiquement, avec des niveaux de pouvoir bien définis : secrétaire général, direction générale, sous-direction, bureau.

Les établissements publics, comme Pôle Emploi, ont un rôle spécifique et une personnalité morale de droit public. Ils sont sous la tutelle du ministère de tutelle, mais jouissent d'une certaine autonomie.

Certaines autorités administratives sont indépendantes du pouvoir politique, comme l'Autorité de sûreté nucléaire, et leurs membres ne sont pas révocables.

Des organes extérieurs à l'administration, comme l'Office national des forêts, peuvent être mis en place pour exercer des activités spécifiques.

Des structures d'interface comme le secrétariat général du gouvernement, les cabinets ministériels, ou les délégations interministérielles, facilitent la coordination entre les différents services de l'administration.

La fonction publique française se caractérise par un statut généralisé, offrant un emploi à vie aux agents publics et assurant ainsi la stabilité et la compétence de l'administration.

Le statut des fonctionnaires français repose sur des principes clés : la garantie d'emploi et d'évolution professionnelle, la soumission au principe hiérarchique et au devoir de réserve, et la mise en place d'un statut unique.

La fonction publique est divisée en trois catégories : encadrement, application, exécution. Elle peut également être divisée en trois fonctions : l'État, les collectivités territoriales, et les hôpitaux.

Un corps regroupe des fonctionnaires régis par un statut particulier et partageant des missions et des modes de recrutement communs. Il existe des milliers de corps dans la fonction publique française.

Les corps de la fonction publique sont hiérarchisés en fonction de l'ancienneté et des compétences. Chaque corps comporte plusieurs grades correspondant à des niveaux de responsabilités et de rémunérations.

L'accès aux corps de l'administration se fait généralement par concours. Les corps les plus prestigieux attirent les meilleurs talents et offrent des avantages spécifiques.

La réforme de la fonction publique vise à moderniser le système et à rendre la fonction publique plus ouverte et plus performante. Elle s'attaque notamment au système des corps et des concours.

L'ENA, l'École Nationale d'Administration, a été supprimée et remplacée par l'INSP, l'Institut National du Service Public. Le classement de sortie de l'ENA a également été supprimé, et les corps de l'administration ont été fusionnés en un seul corps d'administrateurs d'État.

La fonction publique est caractérisée par l'emploi à vie et une structure hiérarchique qui crée un système d'élite. Les grands corps, comme ceux des fonctionnaires de l'État, occupent des positions de pouvoir et influencent les décisions politiques.

La distinction entre l'administration et la politique est théorique : l'administration a le devoir de respecter la neutralité politique et de servir l'intérêt général, mais la réalité est plus complexe. La frontière entre les deux domaines est souvent poreuse, avec des exemples d'interconnexion entre les fonctionnaires et la politique.

Les fonctionnaires sont tenus de respecter un devoir de discrétion, c'est-à-dire de garder confidentielles les informations auxquelles ils ont accès dans leur fonction.

L'interpenetration entre l'administration et la politique devient de plus en plus forte depuis la Seconde Guerre mondiale. Le pouvoir exécutif a pris une importance accrue, conduisant à une interaction plus étroite entre les deux domaines.

La présence de fonctionnaires en politique était marginale aux débuts de la République. Avant la Ve République, la proportion de fonctionnaires parmi les députés était faible, et ils avaient moins de pouvoir dans le gouvernement. Cependant, avec la Ve République, et surtout sous Mitterrand, la proportion de fonctionnaires en politique a significativement augmenté.

Le secteur public est devenu une source importante de recrutement pour le personnel politique. De nombreux parlementaires et membres du gouvernement ont des antécédents professionnels dans la fonction publique. La « fonctionnarisation » de la vie politique est une question de débat, car elle met en question la distinction entre ces deux sphères.

L'ascension politique autrefois suivait un chemin vertical, commençant par des mandats locaux, puis des mandats parlementaires et finalement des postes au gouvernement. Avec la Ve République, on observe une évolution : les fonctionnaires accèdent directement à des postes de pouvoir au sommet, et la légitimité politique se concentre davantage au centre.

La nomination de nombreux postes dans la fonction publique se fait sur décision des politiques. Le président de la République a le pouvoir de nommer des milliers de personnes dans des postes de fonction publique. Les élections et les alternances de gouvernement influencent la composition de l'administration.

Les cabinets ministériels sont souvent considérés comme des tremplins pour les fonctionnaires, leur permettant d'acquérir de l'expérience politique et de gravir les échelons plus rapidement. Cette politisation des carrières administratives s'accélère lorsque les fonctionnaires acceptent des missions auprès de ministres.

L'éloignement entre les agents de la fonction publique et le vote de gauche est une tendance observée. Les agents de la fonction publique sont de plus en plus susceptibles de voter au centre ou à l'extrême-droite..

La fonction publique française perd de son attractivité auprès des jeunes générations. Les études et les carrières dans le secteur privé, notamment dans le monde des affaires, sont de plus en plus attractives.

L'idée que la fonction publique est dominée par une élite d'administrateurs, appelée "énarchie" ou "technocratie", est une vision simplificatrice. Le nombre de haut fonctionnaires dans les institutions politiques est en réalité limité.

Les fonctionnaires de haut niveau, notamment ceux qui sortent des grandes écoles comme l'ENA, sont aujourd'hui davantage attirés par le monde des affaires et par le secteur privé. Ils développent souvent des liens avec les entreprises et explorent des opportunités professionnelles dans des domaines comme la finance et le conseil.

Le pentouflage est un phénomène qui consiste à favoriser les relations entre la fonction publique et les entreprises privées. Les entreprises qui vivent de la commande publique peuvent influencer les décisions des fonctionnaires, et les fonctionnaires peuvent ensuite se retrouver à travailler dans le secteur privé.

Le rétropentouflage désigne le retour de personnes ayant travaillé dans le secteur privé vers la fonction publique. Ce phénomène renforce l'interpenetration entre ces deux domaines.

Emmanuel Macron est un exemple de l'évolution de la fonction publique. Il a étudié à l'ENA, travaillé dans le secteur privé, avant de revenir dans la fonction publique et d'occuper des postes ministériels, puis de devenir président de la République.

L'administration française a fait l'objet de nombreuses réformes ces dernières décennies. Les gouvernements successifs se sont engagés à moderniser et à transformer l'administration pour répondre aux défis de la société.

Le projet de modernisation de la fonction publique lancé par le gouvernement de Michel Rocard à la fin des années 1980 a été un tournant majeur dans l'histoire des réformes de l'administration française. Avec la mise en place de plateformes de guichet, l'administration a cherché à simplifier l'accès aux services et à améliorer leur efficacité

La LOLF (Loi organique relative aux lois de finances) a réorganisé l'architecture budgétaire de l'État en France, passant d'un budget uniforme à un système axé sur des missions et des programmes, afin d'améliorer l'efficacité et la performance de l'administration.

La RGPP (Révision générale des politiques publiques) mise en œuvre sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait pour objectif d'améliorer la performance de l'administration, notamment en fusionnant des corps et en rationalisant les structures.