HGGSP Axe 2 Liberté ou Contrôle de l'Information PDF

Summary

This document discusses the theme of information control and freedom of the press in France from the late 19th century to the present day. It examines the relationship between democracy and political power with regards to information and the constraints encountered during times of conflict.

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Thème 4 : s'informer avec les médias Axe 2 : liberté ou contrôle de l'information, un débat politique fondamental Introduction : Le triomphe des Médias de masse (presse écrite, radio, TV, internet) surtout à partir du milieu du XIX°s et du XX°s. à nos jours a accentué leur poids dans la diffusi...

Thème 4 : s'informer avec les médias Axe 2 : liberté ou contrôle de l'information, un débat politique fondamental Introduction : Le triomphe des Médias de masse (presse écrite, radio, TV, internet) surtout à partir du milieu du XIX°s et du XX°s. à nos jours a accentué leur poids dans la diffusion de l'information vers les citoyens. Ils contribuent donc de plus en plus à la formation et à l'expression d'une opinion publique éclairée. Se pose donc la question de leur contrôle par les pouvoirs politiques et économiques qui cherchent à les influencer, en particulier en période de crise ou de guerre. Quels liens la démocratie et le pouvoir politique entretiennent-ils avec la liberté de l’information en temps de paix et en quoi les périodes de guerre rendent difficile l’exercice de la liberté de la presse face à la propagande de l’État ? I. Démocratie et liberté de l'information en France de la fin du XIX°s. à nos jours 1. La naissance d'une opinion publique éclairée par les Médias à la fin du XIX°s Sous la III° République (1870-1940) en France, la démocratie est devenue indissociable de la liberté d'informer. Le suffrage universel (1848 = SU masculin) reflète largement l'opinion publique générale et donc pour voter les citoyens doivent être informés par des médias indépendants du pouvoir politique pour faire leur choix. Entre deux élections, les médias entretiennent les débats contradictoires nécessaires à une démocratie vivante et participative. La loi du 29 juillet 1881 renforce cet âge d'or de la liberté de la presse en la protégeant de toute attaque des pouvoirs politique et judiciaire (sauf en cas de diffamation) : c'est la naissance d'une presse écrite d'opinion (elle affiche une ligne politique explicite) et d'information (elle prétend être la plus neutre possible pour toucher tous les publics) qui vont s'illustrer particulièrement lors de l'affaire Dreyfus (1894-1906) entre les journaux dreyfusards et les antidreyfusards (voir Jalon 1, p226-227). 2. Une crise démocratique et des médias (1914-1945) La guerre de 1914-1918 va remettre en cause la liberté de la presse (voir partie II), mais surtout la crise économique des années 1930 (Krach de 1929 aux EU) affaiblit la démocratie française en suscitant des affaires politico-financières liées à des scandales de corruption (Ex : l'affaire Staviski en 1934). Une presse populaire, surtout d'extrême-droite, va exploiter ces affaires et jouer alors un rôle majeur dans la montée de l’antiparlementarisme et de l'antisémitisme (rôle des ligues fascistes) qui va déboucher sur la manifestation du 6 février 1934 ( échec d'une attaque du palais Bourbon pour renverser la République). La défaite française de mai-juin 1940 et l'occupation allemande mettent fin provisoirement à la liberté de l'information (voir partie II). 3. Une renaissance des médias et une évolution du rapport à l’État entre 1945 et nos jours A la Libération du pays en 1944-1945, la liberté de la presse est rétablie en France par le général De Gaulle et le GPRF (Gouvernement Provisoire de la République Française). Certains journaux ayant collaboré sont sanctionnés ou interdits et l'AFP est créée en 1944 ( voir Jalon 2, p228-229). La presse écrite se développe et se diversifie avec des journaux quotidiens ou régionaux (Sud- ouest, Midi-libre), des magazines (le Nouvel Observateur, l'Express) et une presse nationale d'informations de qualité (Le Monde). Mais ce renouveau n'empêche pas la concurrence de plus en plus forte de la radio et de la TV qui deviennent les médias dominants dans les années 1950-1960. A ce titre, leur influence sur l'opinion publique devient telle que l’État décide de leur imposer son monopole avec la création en 1964 de l'ORTF (Office de Radiodiffusion- Télévision françaises) qui les soumet à la censure du gouvernement (ministère de l'information) à la différence de la presse écrite qui reste plus libre. Pour échapper à ce contrôle d'état , des radios diffusent depuis l’étranger comme Europe 1 , RTL (Radio Télé Luxembourg) ou RMC (Radio Monte-Carlo à Monaco) qui ainsi rendront plus librement compte des événements de Mai 1968 ( révolte étudiante) où l'ORTF est fermement condamnée dans la rue. En 1974, elle est supprimée par Valéry Giscard D'Estaing et le ministère de l'information également, puis en 1982 François Mitterrand décrète que « la communication audiovisuelle est libre » en France ( radios libres privées → NRJ, RFM , Radio Nova et multiplication des chaînes TV privées et indépendantes→ Canal +, la 5 puis la 6, etc...). Le service public d'information ( chaînes de Radio France → France Inter, France Info, France culture ou de France télévision → France 2 et 3 , France 5 et Arte) dépendait en partie financièrement de la redevance publique de l’État, mais elle a été supprimée en 2022 ce qui pose le problème du financement des chaînes publiques et un risque sur la qualité des émissions, ainsi que sur l'influence de la publicité (fonds privés). La liberté de l'information est garantie par le CSA ( Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, 1989) qui est un organisme de contrôle indépendant du gouvernement : garantie du pluralisme politique, protection contre les lobbies financiers, contrôle de la nomination des dirigeants du service public d'information, surveillance du contenu diffusé en fonction des valeurs de la République. Il est remplacé en 2022 par l'ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et du numérique). Malgré une grande liberté, les médias traditionnels subissent une crise avec la concurrence du numérique ( voir cours précédents) et surtout le contrôle de plus en plus important des grandes entreprises qui les possèdent ( Ex : Dassault qui possède le Figaro ou le groupe Bolloré qui prend le contrôle de Havas publicité, Canal +, Cnews et Europe 1), ce qui met en danger la neutralité du contenu des informations qu'ils diffusent ( dépendance financière, influence politique et économique sur leur ligne éditoriale, autocensure pour ne pas critiquer leurs dirigeants ou leurs intérêts financiers). Ex : en 2024, C8 a été exclue de la TNT par l'ARCOM pour non respect du pluralisme politique (en réaction à ce qu'il considère comme de la « censure », le groupe Bolloré a décidé de sortir le groupe Canal + de la diffusion pr la TNT) Cette évolution des médias en lien avec la crise de la démocratie actuelle ( méfiance envers les hommes politiques, montée des extrêmes à droite et à gauche, hausse de l'abstention, surtout chez les jeunes) renforce la défiance de plus en plus de français envers les médias et les journalistes ( 69% en 2019 pensent qu'ils ne sont pas indépendants et qu'ils mentent, contre 56% en 1993). Cette défiance favorise la diffusion des informations sur les réseaux sociaux qui sont censés être plus libres, interactifs et participatifs, malgré les nombreuses infox. II. Médias et informations en période de guerre de 1914 à nos jours 1. Le contrôle des Médias lors des deux Guerres Mondiales (1914/1918-1939/1945) Lors des guerres les gouvernements veulent contrôler la diffusion de l'information pour des rasions de sécurité nationale et pour maintenir le moral des civils à l'arrière du Front : ils utilisent alors les médias comme moyens de propagande pour diffuser leur idéologie et justifier leurs choix politique et militaire. En 1914-1918, la guerre totale doit mobiliser pour la Victoire finale tous les moyens militaires mais aussi financiers, industriels, culturels, humains et technologiques. Les médias dans ce cadre total sont soit censurés par le gouvernement, soit diffusent des mensonges grossiers sur les batailles et l'armement de l'ennemi ( « bourrage de crâne ») ou bien s'autocensurent par patriotisme pour ne pas démoraliser les familles, ce qui questionne les journalistes, tiraillés entre leur devoir d'informer et celui de soutenir leur pays. Lors de l'Occupation (1940-1944), le contenu des journaux , de la radio et du cinéma est sous le contrôle absolu des allemands et de Vichy (Pétain), comme le montre radio Paris (« radio Paris ment, radio Paris est allemand » était un slogan de la Résistance pour la dénoncer). La censure et la propagande raciste et antisémite sont partout en France. Seules la radio de Londres (BBC) et la presse clandestine de la Résistance vont essayer au prix de tous les dangers (arrestation, torture, exécution, déportation) de maintenir une information libre pour contrer la propagande nazie et celle des collaborateurs français ( Ex : Combat, Libération). 2. La presse lors des guerres coloniales et de la guerre froide (1945-1989) Lors des guerres coloniales de la France à partir de 1945, comme la guerre d'Indochine (1947-1954) et surtout la guerre d'Algérie (1954-1962), les médias vont diffuser en grande majorité la vision politique des gouvernements successifs qui est de garder à tout prix l'empire colonial français après l'humiliation de la défaite de 1940. En Algérie la presse appelle les membres du FLN indépendantiste des « rebelles » ou des « terroristes », elle passe en grande majorité sous silence les actions contestables de l'armée française ( la torture, les bombardements de civils, l'utilisation de Napalm, les massacres) et elle affirme que « l'Algérie est française. L'opinion publique va longtemps penser qu'il n'y a pas de guerre en Algérie mais une simple opération de pacification et de police (→ il faudra attendre une loi de 1999 pour parler officiellement de « la Guerre d’Algérie » en France). Mais malgré tout une partie de la presse écrite, qui échappe au monopole de l'ORTF, va dénoncer cette guerre meurtrière et inutile qui envoie à la mort des milliers de jeunes appelés français pour une cause perdue et qui trahit les valeurs de la République ( articles critiques dans Le Monde, L'Express, Témoignage chrétien). Lors de la Guerre froide, la presse américaine va jouer un grand rôle pendant la guerre du Vietnam (1964-1973) dans l'évolution de l'opinion publique américaine. Après avoir soutenu au début une « guerre juste » contre « l'empire du mal communiste » , elle va contribuer en partie à la défaite des EU (articles, photos, reportages TV) en dénonçant les massacres et en faisant de ce conflit la première guerre de l'Histoire médiatisée en direct (voir Jalon 3, p230 à p233).

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