Cours de Civilisation Française XVIIe siècle PDF
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Université de Zagazig
DR. Racha Farouk
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This document is a study of French civilization in the 17th century. It discusses important historical events, political figures, cultural aspects, and the evolution of the French monarchy. The document is organized by important historical periods, highlighting key individuals and factors.
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Coors de Giwilisatioa Fraaçaise HVII'siècle ke siècle Le XVIIe siècle commence le 1” janvier 1600 et finit le 31 décembre 1700. En France, les historiens font commencer le XVIIe siècîe avec l'assassinat du roi Henri IV en 1610 et le font terminer avec l...
Coors de Giwilisatioa Fraaçaise HVII'siècle ke siècle Le XVIIe siècle commence le 1” janvier 1600 et finit le 31 décembre 1700. En France, les historiens font commencer le XVIIe siècîe avec l'assassinat du roi Henri IV en 1610 et le font terminer avec la mort de Loui» XIV en 1715. L’évolution du pouvoir royal de Henri IV à Louis XIV : vers la monarchie absolue Le règne d'Henrï IV se place sous le signe de la réconciliation et de la paix civile retrouvée: l'Edit de Nantes (1598) permet aux protestants de pratiquer Ieur culte librement à l'intérieur du royaume, il Ieur (1) donne aussi le «ontrôle total de certaines villes. Par ailleurs, Henri I'v’ s'emploie à renforcer le pouvoir royal, affaibli par la montée en puissance des nobles et l'autonomie des communes. Il rétablit, avec son ministre Sully, la collecte des impôts et crée de nouvellestaxes qui renflouent les caisses de l'Etat. L'activité culturelle et alistique peut reprendre, elle est marquée par l'émergence du style baroque, dans l'architecture, les lekres, la musique et les arts. Céke tendance, qui apparaù comme une sorte de récréation après les longues souPrar:ces des guerres, refuse les règles (2) établies, prône la libelé et la fantaisie et meme une certaine démesure dans le cadre d'une exécution toujours raffinée et décorative. Le règne du populaire Henri IV ùnit brutalement, en 1610: il est assassiné par Ravaillac, un catholique, qui a été sévèrement puni pour ce crime dont il n'a jamais réyélé les motifs. Louis XIII etRichelieu A la mort d'Henri IV, le royaume de France entre dans une nouvelle régence, l'héritier du trône, Louis XIII, étant trop jeune pour gouverner. C'est Marie de Médicis, sa mère, qui assure la transition jusqu'en 1617. Fervente catholique, elle (3) cherchera toujours, meme après la ñn de sa régence, à exercer son influence sur le roi. C'est elle qui impose à Louis XIII, en 1624, un homme habile et rusé, Richelieu, qui devient chef du cabinet du roi. L'alliance entre le roi et le cardinal de Richelieu dure piès de vingt ans, produisant une sole de monarchie bicéphale jusqu'alors inédite en France. Richelieu est toujours resté ùdèle à Louis XIII et tout en s’aRachant à renforcer le pouvoir autour de la personne du roi, il 5’employait à renforcer le sien. Les prérogatives accordées aux protestants par l'Edit de Nantes ont été immédiatement diminuées: en 1628, à la suite du siège de La Rochelle, un traité de paix retire aux protestants Ieurs vill”es foxiùées, tout en Ieur laissant Ieur droit de culte. La noblesse française est aussï visée : Richelieu impose aux nobles des devoirs d'obéissance, de respect et de services envers le monarque. Pour renforcer l'Etat et lui assurer des ressources, Richelieu encourage le commercef développe la marine. L'empire colonial français se renforce : l'embouchure du Saint La'urent au” ”Canada accueille de nouveaux colons, des villés sont fondées au Sénégal et à Madagas€:ar. Richelieu crée les postes d'intendants, représentants du roi dans les provinces et (5) dont.. la mission. est multiple: survei.ller la répartition de l'impôt, veiller sur les tribunaux.et l'ordre..çivil; ils.sont.égale.ment , , ” charges. üe develop;ier le commerce, l'industrie.et l’î;gricuIture”. Ces.intendants. ” continueront à jouer un rôle.essentiel pou'r le pays jusqu'à la fin du 18e.siècle.... La vie «ultüreI.I». et.a:rtistq,ue conna:it u.n fort:regain au cours du rèqne: de lou:is XIII. Richelieu fonde en.1636 l'Académie française, gardienne jusqu’a aujourd'hui de ”” ”.. ” ” la langue et des.lettres; au. t§e atre, g e nre dominant dans un leesiecle.très soucieux de I'aRitude et du paraître,’Pierre Corn»ille’. ”.,.. , ’ ’” ’ ’ ” ’”.’,.'. (1606-1684) s illustre par des tragedies aux ,.. ”.. formes régulières inspirées du ”monde (d) médiéval ou antique (Le Cid, 1637; Horace, 16ö0; Polyeuc!e, 1642). L'humanisme de la Renaissance se prolonge par ailleurs dans la littérature philosophique et dfidées, folenient préoccupée par la recherche d'une pensée rationnelle: René Descales (1596-1650) définit les conditions d'une analyse scientifique qui s'écarte des croyances et des dogmes dans le Discours ôe la f'ñéthode (1637). Le tandem royal folement ancré au sommet de l'Etat semblait prêt à continuer dans l'au-delà: Richelieu meurt en décembre 1642, et Lcuis XiII meurt à son tour quelques yois plus tard, en mai 1643. (7) AlamofdeLouisXIIIen 1643,Louis XIV n'a que 5 ans. Anne d'Autriche, la régente, choisit comme conseiller, l'ltalien le cardinal Mazarin (que Richelieu avait désigné et formû pour lui succéder). Cet habile diplomate sait par la douceur et la fermeté imposer sa politique: absolutisme à l'intérieur, grandeur royale à l'extérieur. Mazarin poursuit la politique de négociation de Richelieu et donne la çaix à la chrétienté. Peu scrupuleux, il menait un train royal, tandis que le jeune roi vivait sans aucun faste. (8) L'armée °spagnole (encourag°c par la mort de Louis XIII) avait envahi le nord de la France. /'1ais gráce à de grands géüéraux, Condé (duc d'Enghien) et Turenne, I'armée espagnole est écrasée à Rocroi en 1643. Pour la premiÀre lois, la terrible infanterie espagnole est anéantie. Puis, les nombreuses victoires françaises contre I'Autriche amenèrent l'Empereur à demander la paix. Le traité de Westphalie fut signé en 1648 ; la France reprenait l'Alsace. li assurait une longue paix à l'Europe et mit frein à la tentative d'hûgémonie de la maison d'Autriche. (9) La France solait avec une autONté folifiée : ses frontiÀres étaient désormais solides et la puissance impériale était aPaiblie. f*Iais ce traité était l'équivalent de l'édit de Nantes: il reconnaissait l'existence du calvinisme (en plus du luthérianisme), l'Empereur perdait la souveraiceté sur toute l'Allemagne. II fallait encore combattre l'Espagne au sud, mais la Fronde empêcha la France d'agir. (Le vainqueur de Rocroi s'était allié à eux, parce qu'iI était contre Mózarin ) Alliée aux Anglais, la France ”” gagna sur les Espagnols, mais elle dut livrer Dunkerque promis aux Anglais. (10) La France signa avec les Espagnols Ie traité de.« Pyrénées en 1659. Elle recevait le Roussillon, la Cerdagne, l'Alois et différentes places du norö. Pour empêcher l'Espagne d'être dangereuse (surtout par son union avec I'Autriche), on promit de marier Louis XIV avec l'aînée des infantes d'Espagne, Marie- Thérèse. (L'empereur ne pourrait épouser que la seconde). Desormais, le pays prépondérant en Europe n'est plus l'Espagne, mais la France. Fronde t648- La Fronde oarlementaire (elle dura 3 mois). Le Parlement, qui jusque lù enregistrait les édits royaux, sous le prétexte de protester contre l'augmentation des taxes occasionnées par la guerre demanda la suppression des intendants dévoués au roi pour avoir le droit de s'opposer à la levée d'un impôt nouvea La régente Anne d'Autriche ùt arrêter les meneurs du Parlement. Mais les parlementaires provoquèrent une émeute dans Paris (1648). Sous la menace, (bloquée dans le Palais-Royal) la régente et l'1azarin ùrent relâcher les prisonniers et le jeune roi (9 ans) dut être amené précipitamment à Saint Germain en Laye (château glacial où il dut coucher sur la (12) paille) pour échapper aux Frondeurs qui voulaient s'emparer de lui. Louis XIV n'oublia jamais cetîe humiliation de la royauté et ce fut une des raisons pour lesquelles il ùt bâtir Versailles, loin des remous de la foule parisienne. Une véritable guerre éclata : Condé et les troupes royales bloquèrent Paris. On négocia, reine céda, la paix de Reuil mit fin à la Iune en 1649. Fronde es Princ lui succéda. Le Prince de Condé réclama argent, honneurs, gouvernements, insulta la régente et Mazarin, qui le fit arrêter. (Il. traitait MaZarin de « gredin de Sicile »). Il avait comme (13) alliûs un celain nombre de grandes dam°s, d'où le caractère frivole de cette jeune fronde. Les deux Frondcs s'allierent ensuite. On trouvait donc d'un côté l’armée royale et Turenne, et de l'autre, l'armée des Princes et Condé (libéré). Condé s'installe à Paris, mais, devenu odieux à la population, il doit s'exiler aux Pays Bas. Le jeune Louis XIV reprend Paris, le pouvoir royal est renforcé, Condé est condamné à mort par contumace. Les autres frondeurs sont dmprison«és ou exilés. Le Parlement se soumet. (14J Mort de Mazarin 1661 Quand le premier ministre meul, le jeune roi l'a toujours Iaissé diriger le pays avec sa mère et les princes du sang. On attend donc juste de lui qu'il nomme un successeur. A aucun moment on ne se demande «si», mais uniquement «par qui» il remplacera Mazarin. Dès le lendemain, le jeune Louis XIV réunit ie conseil d'En Haut, incluant nombre de hauts personnages : des princes du sang, des ecclésiastiques de haut rang, des chefs militaires. Alors que tous s'attendent à ce qu'il désigne un successeur à Mazarin parmi eux, il les prend tous de court en (15) congûdiant la plupaX d'entre eux définitivement ct en annonçant qu'il gouver«era par lui-même sans nommer de premier ministre. Dehors les princes, les éveques, les cardinaux et les maréchaux. Il ne garde auprès de lui que quelques secrétaires d'Etat. Pour beaucoup, c'est la douche froide. Perscnne ne croit qu'il tiendra longtemps, et çu'il changera d avis quand il sera fatigué de « faire l'important ». L’Etat duro au:tie s I*IaIgré les guerres et la Fronde, la France de 1661 apparaît ccmme un pays r*iche de ses hommes et de leur travail. (16) hie: Avec près de 20 millions d'habitants, la France est la première puissance démographique européenne, Mais la vie y reste fragile, et la mortalité foie: sur deux enfan% nés, un seul parvient à l'âge adulte. Parfois le tribut versé à la mot se fait plus lourd encore. Les crises démographiques - celle de 1661-1664, au moment de l'avènement, celle de 1ô93-1694, ou encore le tragique hiver 1709-1710 -, provoquées par les famines, la cherté du grain mauvaises récoltes et aux épidémies, constituent l'envers douloureux du décor louis-quatorzien. (17) Mais, après les crises, la ré«upération s’eÑectue rapidemeat, et les riisères ne sëvissent ças toujours de la mëm° manière dans !es provinces. Le pays, qui a satisfait aux Lourdes exigences fiscales de Richelieu puis de l'ñazarin, peut encore supporter le poids des güerre» de Louis XIV. Economie: La richesse de la France, principalement agricole, profite davantage aux rentiers du sol - seigneurs et clergé - qu'à la paysannerie (85 % de la population), qui pretiçue une asriculturevivrière, céréaiière pour l'essentiel, profondément dépendante du milieu naturel eț souPrant de łourds handicaps (peu ou pas d'engrais, bétail réduit, échanges médiocres). Quant au commerce extérieur, il connaît un’ essor assez général au XVIIe siècle, qui s'accélère dans les années 1660, sous la houlette de Colbert, et qui contribue à stimuler une industrie rurale, notamment textile. Seconds par rapport à l'agriculture, /zommerce extérieur et industrie n'en” sont pas pour autant secondaires. Leur développement prépare, malgré les guerres et les difficultés liées à la récession générale du XViIe Siècle,la croissance du siècle suivant. (t9) Le rčgne de Louis XIV (parfois appelé Louis le Grand) est l'un des plus longs de l'histoirc de France: cinquante-quatre ans de règne personnel, de 1661 à 1715. II est ïden!ifié à l'apogée de l'absolutisme monarchiquc, au triomphe du classicisme illusiré par Versailles, et au rayonnement de !a civilisatiori française, celle du «Grand Siècle», hors de ses frontières. Pourtant, le «siścle de LouÏs XIV», qui commença dans les troubles de la Fronde, mêla sans cessc les splendeurs de !a gloire du Roi-SoleiI aux lourdes raisères du peuple. (20) Et la France de Louis le Graod ne se montra pas toujours adaptée aux formidables exigences d'une personnalité dont la politique visait à obtenìr l'obéissance à l'intérieur et la suprématie à l'extérieur. Une.nsissance a††end Louis Dïeudonné, qui naît le 5 septembre 1638 à Saint-Germain-en- Laye, est désiré depuis longtemps. L'union du roi Louis XIIî et de la reine Anne d'Autricher Onsacrée ex 1615, n'avait en ePet toujours pas donnś d'hérìtier au trone de France. (21) Louis n'a yas r:irïç ans lorsque son père meurt, le 14 mai 1643, quelques mois seLilement ayrès le décès du «principal ministre», le cardinal de Richelieu. Anne d'Autriche, devenue régente, fait appel à la collahoratïon d'un proche da cardinal, Mazarin, le parrain du jeune roi, qui contribue étroitement à son éducation politique. L’éducation du roi L'éducation du futur Louis XIV n'e›ît pas négligée, méme.«i l’expérience compte parfois plus pour lui çue les livres. De sa mère, espagnole, il reçoit le goût d'une certaine magniùcence, le sens d'une étiquette rigoureuse, la pratique d'une dévotion appliquée - Iongtemps conciliée avec les appétits profanes et les plaisirs de la chair. Mazarin lui apprend les intrigues européennes, l'ai d'acheter les consciences e! de gouverner, le rôle, enfin, des mariages diplomatiques. ar la Fronde Les désordres de la Fronde lui enseignent plus encore: chassé de Paris à dix ans par la Fronde parlementaire, voyageant ensuite dans des provinces, rebelles ou ùdèles, il retire de ces épreuves la «onviction qu'il faut u«e autorité (û3) monarchique sans palage, d'une pat, une méfiance universelle et un goût prononcé de la dissimulation, d'autre part. Quand il peut enîîn rentrer à Paris, à l'automne 1652 - il est agé alors de quatorze ans -, il fait arrèter l'intrigant card‹naI de Retz avant même le retour de l'ñazarin: voilà qui annonce le style de gouvernement autoritaire et déterminé qui sera.le sien. Désireux du Le désir de Louis d'être «en tous points le maître» est soutenu par sa grande puissance de travail et par son excellente (24) résistance physique - qui rappelle à bien des égards la vitalité de son aïeul Henri IV. La haute idée qu'il se fait de sa fonction de roi s'exprime à travers son sens de la maîtrise, sa couXoisie froide et son art de la mise en scène. Soucieux de concentrer tout le pouvoir entre ses mains, il se garde bien de se laisser influencer par ses nombreuses maîtresses - telles Mlle de La Vallière ou l'ñme de Montespan -, même si Mme de Maintenon, qu'il épouse secrètement en 1683, après la mort de la reine Marie- Thérèse, jouera un rôle discret à la fin de sa vie. (25) De la même façon, il veille à refuser toute charge, tout commandement susceptibles de distinguer vraiment les membres de sa famille, notamment à son frère Philippe (Ïñonsieur), duc d'Orléans, en souvenir sans doute de son oncle, Gaston d'Orléans, éternel comploteur à l'époque de Richelieu et de la Fronde. Prise en main du Avant de régner vraiment, de donner la pleine mesure de ses qualités et de son «orgueil pharaonique» (selon l'expression d'E. Lavisse), Louis XIV profite d'une vie de plaisirs et de fêtes. Il laisse le cardinal Mazarin rétablir l'autorité monarchique et (26) La paix avec l'Espagne - avanageuse pour la France: elle recevait l'Artois et le Roussillon - est scellée par le mariage du roi et de l'infante Marie-Thérèse d'Espagne en 1660 à Saint-Jean-de-Luz. À la mort de Mazarin, en mars 1661, les fondements de la puissance de Louis le Grand sont en place. L’absolutisme Le lendemain de la mort de Mazarin (10 mars 1661), Louis XIV réunit son Conseil pour annoncer qu'il gouvernera (27) désormais seul, sans Premier ministre. Cette déclaration qu'il évoquera dix ans plus tard dans ses Mémoires pour l'instruction du Dauphin - constitue un acte politique majeur; elle annonce ia refonte complète du système de gouvernement, la «maxime de l'ordre» que le roi ”entend mettre en œuvre. Le Conseil roval Louis commence par épurer le Conseil royal. Il n'y souPre plus qu'un personnel gouvernemental réduit, dont celains «fidèles serviteurs» Iégués par Üazarin, entourés. de quelques commis spécialisés. (28) On y retrouve ainsi le chancelier Séguier - dont l'autorité est diminuée -, le secrétaire d'Etat à la Guerre, Michel Le Tellier, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Hugues de Lionne, et le surintendant des Finances, Nicolas Fouquet. Ce dernier, trGp riche et trop puissant, est très vite évincé par Colbert, qui le jalouse de,puis longtemps. Son arrestation, le 5 septembre 1661, est suivie, quelques jours plus tard, de la suppression de la charge de surintendant et de la création d'un conseil des Finances pla«é sous la houlette de Colbert, qui devient contrôleur gûnéi aI en 1665. t:zt) La triade Le Tellier-Lionne-Colbert sièg° avec le roi au Conseil d'en haut (le plus important) et prend en charge le rétablissement de l'ordre pendant les onze années de paix - si l’on excepte la «promenade militaire» de la guerre de Dévolution, en 1667-1668 - qui ouvrent Ie règne personnel de Louis XIV. Colbert cumuie les fonctions surintendance des Bâtiments, Als ct Manufactures en 1664, secrétariat d'Etat à la Marine et à la Maison du roi en 1669 -, mais la diplomatie et l'armée restent hors de son influence. Le roi veille en ePet à diviser pour mieux régner. (30) de la vile bour eoisie» Tout au Iong du règne de Louis XIV, le personnel ministériel restera relativement stable, le roi favorisant l'ascension de deux ou trois dynasties, parfois concurrentes, de serviteurs fidèles qui se succèdent aux dïvers postes de gouvernement Tellier-Louvois, les Culbeù, seco»dairement les Phélypeaux. Le Tellier associe son fils Louvois à son ministère dès 1662, et lui cède son poste lorsqu'il est appelé ù la chancellerie en 1677; Colbel s'adjoint son fils, le marquis de Seignelay, à la Narine. Tous ces hommes, qui doivent leur puissance au roi, sont issus de familles de (31) la bourgccïsic marcioandc ou ùnancière anoblies réc°mment; ils incarnent aux yeux d'une ari»tocraîie qui tend à mépriser le «règne de la vile hourgeoisie» (l'expression est de Saint-Simon). Instauratio» ép ordre Louis XIV écrit dans ses Némoires, avec quelque exagération, que «le désordre régnait palout» à l'intérieur de son royaume au mcment de son avèncment. Le contrôle des corps intermédiaires de l'Etat, la surveillance öe l'administratiuc provinciale, la domestication de la noblesse s'impcsaieot done. Très vite, les cours souveraines sont réduites à l'obéissance, les parlements doivent enregistrer les édits sans délibération ni vote {1665). L'assemblée du clergé est étroïtement contrôlée, la noblesse matée. Les gouverneurs de province, traditionnellement choisis dans la haute noblesse, n'occuçent plus qu'une charge honoriùque et doivent résider à la cour; ils sont remplacés sur le terrain par des lieutenants généraux, de plus petite noblesse. Dans les zoces de turhulences, comme I'Auvergne, le roi fait envoyer une commission extraordinaire du parlement de Paris pour juger et punir le brigandage des * 3 ) seigneurs (Grands Jours č’Auvergne, 1665- 1666). Quant à Paris - ville aux brûlantes sédition», dont le roi se méfie au point de n'en pas faire sa capitale -, elle est placée, en 1667, sous la juridiction d'un lieutenant général de police chargé du maintien de l'ordre, de la surveillance des mœurs et de l'approvisionnement régulier. L'institution des lieutenants de police, qui fait ses preuves, sera généralisée aux grandes villes du royaume en 1699. (34) Adminis†ra†ion e† rś ress‹on Dans ceRe œuvre de maintien de l'ordre, les intendants de justice, police et ûnances, choisis par le roi en son Conseil et toujours révocables, occupent une place essentïelle. Pour les besoins de îa grande enquête de 1s64, qui marque la naissance de la description s%tistique en France, Colbel leur assïgne un rôle d'ißformateurs. A partir des années 1680, ils deviennent des administrateurs permanents dans les généralités, où ils apparaissent véńtablement comme «l'œil et le bras du roi»; ainsi le renforcement de (35) la monar«hic admin!strativer t e a l'époque de Richelïeu, est-il parachevé. L'encadrement autoritaire frappe égaler«ent le peuple, dont les révoltes, soubresauts désespérés contre la misère ou contre l'impôt, se font moins nombreuses. Lorsqu'elles surviennent dans le Bou!onnais en 1662, dans le Vivarzis en 1670, en Bretagne en t675 -, elles sont impitoyahlement rśprimées. Réforme dc la Iéqislation La volonté de réorganìsation méthodique et d'unifor:rzisaticn administrative du royaume ccnduit à une (36) importante réforme de la législation, illustrée pzr la rédaction de six grands codes, dont l'ordonnance civile ou Code Louis (1667), l'ordonnance des eaux et foréts (1669), l'ordonnance criminelle (1670), l'ordonnance coloniale ou «Code noir» (1685), qui réglemente la traite des Noirs dans le traûc triangulaire. Mais la mise en œuvre de ces textes se fait lentement, et les imperfections d'un système administrati? complexe subsisteront jusqu'à la fin du règne, malgré les ePoXs centralïsateurs de l'Etat. (37) Snris c!oute le règne de Louis XIV porte-t-il la vie de cour à son point de perfection. Régie par une stricte étiquette, fréquentée par une foule toujours plus nombreuse de courtisans av:des de pensions, d'honneurs et de royale reconnaissance, la cour apparaît comme un instrument de règne, le moyen de domestiques la noblesse. Le culte monarchique y est célébré quotidiennement, du lever au coucher du souverain; tout y est ritualisé, de manière à mettre en valeur le faste, la puissance et le caractère sacré de Louis le Grand. Les fêtes somptueuses dc la première partie du règne personnel, au service desquelles Molière ou Lully mekent tout Ieur talent, contribuent également à cette célébration. L'importance de la vie de cour se traduit par le développement des services de la Maison du roi : l'Aumônerie, la Chambre du roi, la Garde-Robe, la Grande et la Petite Ecurie, la Bouche, la Vénerie. A leur tête sont placés les représentants de la plus haute noblesse, lesquels, dépourvus de réels pouvoirs politiques, se trouvent dans une étroite dépendance morale et ùnancière vis-à-vis du monarque: le roi dispense les revenus nécessaires à la «tenue du rang» et au paiement des dettes de jeu. (39) La politique selon Sous la plume de £owÏsA'7P, les termes les plus fréquents sont «ma dignité», «ma gloire», «ma grandeur», «ma réputation». Ces préoccupations annoncent une politique extérieure ambitieuse, qui suppose des finances et une économie en ordre; en un mot: un roi de Franceriche dans un royaume riche. Colbert consacrera toute son énergie à donner à son souverain les moyens d'une telle ambition. Il réalise l'essentiel de son œuvre avant 1672; après, les résultats de (40) sa ¡zolïîiqae, menée dans un contexte séculaire de crise et de disette monétaire, seront remis en cause par la priorìté ac«ordée au «dehor» - à la guerre. Le réle de Colbert Le premier objectif de Colbel consiste à rétablir l'équilibre du budget, grâce à une réduction des charges et à un meiileur i endement de la źscalitś. En dix ans, il réalise une économie de plusieurs mìllions de livres en diminuant ou en annulant les rentes et les intérêts des emprunts d'Etat contractés sous Richelieu et Mazarin. II supprim° et rachète un (å1) certain nombre d'offices aùn d'économiser sur le versementde leurs gages. Après l'éviction du surintendant Fouquet et la liquidation de son clan, CoIbe1 fait se tenir une Chambre de justice (1662-1669), juridiction chargée de rechercher et de punir les mal‹'ersations des gens des Finances. Le Trésor parvient ainsi à se faire rembourser une centaine de millions de livres. Colbert s'applique méthodiquement non à réformer en profondeur un système ûscal injuste, mais à en accroître les recettes. S'il diminue la taïlle personnelle - qui avait fortement augmenté depuis 1635 -, il fait la chasse aux privilèges indus, (42) notamment à l'exemption d'impôt des faux nobles, et veille à restaurer les revenus du domaine royal. Les résultats ne se font pas attendre: dès 1662, le budget présente un excédent, situation qui se maintiendra jusqu'au début de la guerre de Hollande, en 1672. En dix ans, les revenus de l'Etat font plus que doubler. Le bud et menacé Maîs la politique de prestige du roi contribuera à ruiner ces ePols. Les années 1670 voient revenir le déùcit budgétaire, qui devient ensuite la règle. Les anticipations permanentes des (43) dépenses rendent de plus en plus vaine la tenue d'un véritable budget. Pour ùnancer une politique extérieure agressive, ainsi que les travaux du roi et la cour, Colbel doit à nouveau augmenter les impôts directs et indirects, et recourir aux expédients, ou «aPaires extraordinaires», comme les ventes d’oPices, l'aliénation du domaine royal, les emprunts aux particuliers, les taxes. En 1680, la création de la Ferme générale permet au Trésor de toucher à l'avance, et en bloc, les revenus des impôts indirects qui SONt aPermés, c’est-à-dire concédés contre redevance forfaitaire à soixante fermiers généraux. Nais le (44) système aggrave l'arbitraire de leur perception. Avec quelque amertume, après vingt années de service et déjà dans une semi- disgrâce, Colbert s'adresse ainsi au roi en 1681: «A l'égard de la dépense, quoique cela ne me regarde en rien, je supplie seulement V.M. de me permettre de lui dire. qu'en guerre et en paix elle n'a jamais consulté ses finances pour résoudre ses dépenses.» Ce respectueux rappel sonne désagréablement aux oreilles d'un monarque redouté dans toute l'Europe et alors au faite de sa gloire. (45) Le colber†ísme La réorganisation ùnancière tentśe par Colbert n'a de sens que dans le cadre d'une po/itique économique globałe. Comme nombre de ses contemporains, Colbert pense que la quantité de métal précieux en circułation dans le monde est à peu près constante. La richesse et la puissance d'un Etat se mesurant à la quantité de numérsire possédé, il s'agít donc, par une politìque appropriée, d'attirer et de retenir à l'intérieur du royaume le plus de métal précieux possible: cela revient à acheter peu à l'extérieur - à impońer peu - et à exporter beaucoup. (46) Le colbeXisme n'est ainsi qu'un avatar du mercantilisme, doctrine répandue depuis Ie e siècle dans nombre de pays d'Europe. Le développement des manufactures aux producüons prestigieuses comme celle des Gobelins (créée en 1667), qui fabrique des tapisseries de haute lisse, ou la manufacture Van Robais (installée en France en 1665, à la demande de Colbert), qui produit des draps fins et la volonté de réglementer les activités des corpörasions urbaines soct à replacer dans cette perspective. L'importance du commerce extérieur explique l’a&ention accordée au développement de la êoke et des ports; (47) elle justifie la ntise en place de comyagnies de commerce pour mieux tirer șrofiî des «îles à sucre» (les Antilles) et de» «terres ù épices», et bénéficier des écńanges actifs en Méditerranée ou dans la Baltique. A l'inverse, pour protéger les productions françaises de la concurrence britannique et hollandaisc, des tarifs douaniers prohibitiïs sont mis en place en 16C4 et 1667. Une vśritable «guerre d'argent» est ainsi enclenchée. ğuand le conflit éclate avec la Hollande, en 1672, les ambitions de Louis XI'v’ rencontrent donc les aspirations de son ministre, foit désireux d'abaisser les Provinces-Unies, qu»ličécs de «républïquè de marchands de fromages». Les finances et I ”économie C'est à Colbert que revint la tâche de redresser la situation économique dr: pays. Une fois de plus, les caisses de l'Etat étaient vides; aux impôts traditionnels (taille, levée par des fonctionnaires royaux; gabelle, aides, traites, levées par des financiers, qui prélevaient au passage un pourcentage $our le travail ePcctué; ils affermaient les impôts, d'oà leur nom de fermiers) furent ajoutés deux nouveaux impôts directs, la capitation et le dixième, pesant, en principe, sur tous les sujets du royaume. Colbert avanî tout fut le grand défenseur d» mercantilisme, destiné en (5O) premier lieu à augmenter les réserves monétaires de l'Etat. Il développa en ce sens une polïtique instaurée par Sully sous Henri IV et poursuivie par Richelieu. Il favorisa l'essor de l'industrie nationale, notamment par la création de manufactures (les Gobelins et Aubusson pour les tapisseries, Saint-Gobain pour le verre), encourageant les structures déjà existantes par l'octroi de nombreuses subventions. L'agriëulture l'intéressait sulout dans le seùs où elle pouvait servir l'industrie: il favorisa ! donc le développement des cultures industrielles (pastel, garance, lin, chanvre, mûrier) et fut à l'origine de l'administration des haräs, destinés à encouager l'achat de chevaux français. (51) Des barrières protectionnistes contre les produits de provenance étrangère f\‹rent également mïses en place°. Il développa des marchés coloniaux (en particulier les Antilles françaises) ouverts uniquement au commerce français, accorda des chales aux compagnies commerciales d'outre-mer, dans le but de concurrencer les compagnies hollandaises et anglaises (Compagnies des Indes orientales, 1664, des Indes occidentales, 1664, du Nord, 1669, du Levant, 1670, etc). Le développement de la marine fut une priorité: achat de navires, construction d'arsenaux et aménagement de plusieurs pois (Sète, Lorient, Brest) ùrent paXie du programme. A l'intérieur, les infrastructures de transports (ponts, routes, voies navigables) furent améliorées. Mais le mercantilisme, source de développement économique contrôlé par l'Etat, allait aussi être un générateur de guerres. (53) Ln politique ś†: angère Louis XEV contrôla de très près la politiqu° étrangère et entraîna le gays dans quatre guerres coûteuses. Dans la lignée de Richelieu et de Mazarin, il poursuivit la politique d'hostilitö à l'égard des Espagnols, cherchant par tous les moyens à réduire leMr pouvoir et leur influence en Europe. Les noms de Vauban, spécialiste des techniques du siège et des fortiùcations, et de Louvois, sccrétaire d'Etat à la Guerre, organisateur d'une armée puissante, sont indissociables de son action militaïie. Dès 1667, sous prétexte de faire valoir les droits de sa ferr:me, l'infante Marie- à la résistance hollandaise et à une coalition puissante menée par l'Angleterre. La France sortit de six ans de guerre agrandie de la Franche-Comté sur la frontière de l'est et d'une douzaine de places foliûées au sud des Pays-Bas (traité de Nimègue, 1678). En 1689, la ligue d'Augsbourg, conduite par Guillaume d’Orange-Nassau, qui venait d'accéder au trône d'Angleterre sous le nom de Guillaume III, entra en guerre contre Louis XIV pour l'empêcher d'annexer les territoires proches des villes cédées au cours des traités précédents (annexion progressive de Montbéliard, Coulrai, Sarrebruck, Sarrelouis, etc). (56) Après huit années de guerre au cours desquelles la France résista vaillamment, au prix d'un ePo1 financier épuisant, Louis XIV dut restituer lors du traité de Ryswick (1697) toutes les conquêtes postérieures au traité de Nimègue, excepté la ville de Strasbourg, et fut contraint d'accepter à sa frontière septentriona!e une ligne de plsces fortes hollandaises. Les belligérants avaient accepté de régler leurs diPérecds parce qu'une crise nouvelle pointait à l'horizon. Charles Il, roi d'Espagne, étôit malade et n'avait pas d'héritier direct. Un moïs avant sa mot, il céda pôr testament la totalité de son royaume au petit-fils de Louis XIV, Philippe d'Anjou. Louis XIV, qui avait jusqu'alors (57) prôné le paùage du royaume d'Espagne, décida de défendre les droits de son petit- tls. Les autres Etats européens, qui craignaient une telle extension du pouvoir des Bourbons, organisèrent une coalition pour le contrer (Quadruple-Alliance de La Haye, 1701). La guerre de Succession d'Espagnè”qui suivit dura treize années. Louis XIV obtint enfin la paix lorsque l'Angleterre, redoutant l'union des couronnes d'Espagne et d'Autriche, se retira pratìquement de la coalition. Les paix d'Utrecht (1713) et de Rastadt (1714ț çermirent enfin à Louis XIV d'atżeindre son but: son petit-fils se vit confirmer la couronne espagnole. et la religion lise e† I'E†a† La jeunessede Louis XIV - qui rit au Talufïe de Molière, quand les dévots le décrient violemment - donne l'image d'un souverain modérément pieux. Dans la force de l'âge, il affichera davantage sa piété. Pouvant,. il ne fait pas de doute que très tôt, Louis XIV avait compris l'importance de la gloire chrétienne et de l'obéissance religieuse pour son métier de roi. L'absolutisme repose clairement sur une mcnarchie de droit divin, fortement (59) théorisée par Bossuet dans sa Politique tirée de I'Ecriture sainte. Soucieux de défendre l'unité de foi de son royaume, attentif à préserver son autcrité sur l'Eglise de France, Louis XIV n'hésite pas à s'opposer à la papauté, ni à lutter contre jansénistes et protestants. Con†re le iansénisme L'association étroite.entre l'Eglise ei l'Etat fait de toute «hérésie» une dissidence séditieuse. A son avènement, le roi est déjà très hostile aux jansénistes - ces «calvinistes rebouillis» comme les appelle I*1azarin-, dont le loyalisme et (60) «l'esprit de nouveauté» lui paraissent suspects. Pour réduire ces catholiques austères et pessimistes à l'obéissance, le Conseil du roï exige en avril 1ô61 la signatue les prêtres, les religieux et les religieuses d'un formulaire désavouant la doctrine jan,séniste. L'’opposition à ’ce formulaire rencontre un écho même au ’sein de l'épiscopat, poulant traditionnellement bien contrôlé par la monarchie, qui a coutume d'y placer ses ùdèles. En 1668, la paix de l'Eglise met provisoirement ùn aux controverses publiques, mais ne règle rien sur le fond. (61) Jusqu'à l'expulsion des religieuses et à la destruction du couvent en 1709-1710, Pot-Royal-des-Champs constitue le foyer de rayonnement de la doctrine de l'évêque Jansénius, et surtout du «second jansénisme», inspiré des thèses du père oratorienQuesnel. Inquiet et toujours aussi hostile, LouisXlV obtient du paçe une condamnation du jansénisme (buI!e Unigenitus, 1713) qui suscite aussitôt une vive opposition en France. La querelle, qui n'est pas éteinte à la mort du roi, agitera encore les esprits au XVIII e siècle. {62) Louis :X1ÿ e† I:a.Dans les.années.1690,le rõi vieilli5s”dLIt! ”.pourra eś«omptèr de Ro!re. ün.ce&in SClutien.a ”.Sa polïti.que.rel.igieusë,..łflaìS,.auparava.ht, ’l’dÏÏÌrITIBÈİOF ”.i.ndépendance lui vaüt de. vi.fs Œhflitú 8Vdć!-.le..pape. L aPaiș”e.de la.e gaIe,.en 1673,! efl esț l'un des.plus.sérieux: pour dœ.iÆso»ż ñscales.,.le roi òécide d'eŒndie ä‹.l’e«žemble du rOyãUI+Ië.son.dDłt, jusqu'alors.Iim.ité, d'aòmlnîstrer.Ies. revenns ” ”. s.en. cas de vacan” œ.d” u si"e“ gQ d.es diocese , ,,. ,., - episcopal....,. ” ” ,.. p,›„, ,..L'intransigeance ›/» ‘p»o« /ïæ›*MM/ «des §uatre Aticles», l'assemblée du clergé de 1682 proclame la supériorité du concile sur le pape, la nécessité de défendre les «libertés gallicanes» et l'indépendance absolue du roi envers Rome. Avec la mort d'InnocentXl, en 1689, la fin du conflit peut être envisagée; une réconciliation, souhaitée par Versailles, s'amorce. La révocation de l'édit de Nantes Les protestants ont également à soulrir de l'autorïfarisme de Louis le Grand. Dans ses Mémoires, le roi affirme vouloir maintenir la tolérance envers les réformés dans le» «plus étroites bornes= (64) permises par l'édit de Nantes (1598), revu par celui d'Alès (1629). Malgré le loyalïsme des huguenots pendant la Fronde, le protestantisme minoriÖire mais représenté dacs tous les milieux, de la haute noblesse à la paysannerie - reste en ePet une anomalie aux yeux de la plupart des catholiques, qui croient à l'unité de foi du royaume. La période 1661-1679 voit l'application restrictive de l'édit de Nantes. Cependant, la multiplication des tracasseries et des vexations ne ramène au catholicisme que quelques milliers de convertis. (65) Ce 167'9 a cctcbrc 1585, quand es! signé l'édit de Fontainebleau qui revcque c-elui de Nantes -, la politique de Louis XIV se dürcit. En vériîû, le roi a bescin d'apparaîîre comme le champion du catholicisme à l'heure où l'empereur Léopoldter vient de défaire les Turcs assiégeant Vienne (1683), ce qui lui a procuré un immense prestige en Europe. En outre, depuis la guerre de Hollande, Louis se heurte à la coalition des puissances protestantes (Angleterre, Provinces-Unies), traditionnels soutiens des huguenots français. (6ô) Enùn, Colbert, palisan de la tolérance, car il connaît le poids des réformés dans l'économie du royaume, meul en 1683. Il Iaisse le champ libre au clan Le Tellier- Louvois,adepte de la manière forte. Progressivement vidée de toute substancepar les interdis, la «république protestante» succombe aux dragonnades, lancées en.1680 dans le Sud-Ouest,.qui preor/uent des centaines de milliers de conversions forcées. PFesque tout le monde applaudit, sauf Vauban. Un monarqueabsolu peut-il être le maître des consciences? (6Q L'exode des pro*es†or?s Quoi qu'en disent les thuriféraires du souverain, les effets Je ce despotisme religieux sont éminemment discutables. La révocation de l'édit de Nantes, en 1685, fait perdre au royaume enviion 200 000 réformés: ils partent enrichir l'Europe protestante. Le «refuge huguenot» de Hollande contribue à la diffusion d'une virulentc propagande hostile à Louis XIV. En outre, sur le plan diplomatique, la France s'aliène les puissances protestantes, sans être certaine du ralliement des catholiques compte tenu de sa politique expaMsionniste. La résistance passiv° des «nOLlveaux convf?rtiS» et plus encore la révolte des camisards dans les Cévennes (1702-1705), en pleine guerre de la Successiodn'Espagne, montrent que le fait protestant est irréductible. Il faudra akendre1787 pour que revienne la tolérance. (69) «J'ai trcp aimé la guerre», avoue le roi sur son lit de mort. De 1661 à 171S, on compte seulement vir 9t-trois arnées de paix, pour t.rente et une années de guerres. La véritable motivation du roi - äu-delà du renforcement des frontières du royaume, de la défense du catholicisme, voire de la lutte contre les ambitions espagnoles - est la volonté d'affirmer et d'accroître la suprématie française en Europe. Louis le Grand se croit et se veut le rrionarque le çlus puissant de la Terre, (70) comme le proclame sa devise: Nec pluribus impar (« Non inégal à plusieurs »). Réorqaxisa†ion des armées Le roï a le goût des armes: il aime passer en revue ses troupes, n'hésite pas à paraître à la tête de ses armées - comme lors des sièges de la guerre de Dévolution, Il @riéùcie du concours de ministres, de chefs militaires et d'ingénieurs brillant, du molns dans la premiere palie de son règne. Turenne, conseiller écouM jusqu'a sa mot, en 1675, et le Grand Condé, qui disparaît ec ”1686, sont deux des plus grards hommes de guerre de l'époque. (71) La réorganisation des troupes, sous l'égide de Le Tellier puis de son ùls Louvois, donne à Louis XIV la première ùlrmée europél2nne, le» moyens militaires de sa volonté de gloire: les effectifs augmentent rapidement, passant de 7ù 000 hommes en 1667 à plus de 200 000 en 1680; la discipline est renforcée, l'entretien des soldats amélioré (magasins de vivres pour éviter les pillages; construction d'hôpitaux militaires; hôtel des Invalides créé en 1674), l'armement modernisé {généralisation du fusil et de la baïonneoe, grenades); l'artillerie devient un corps spécialisé. En 1672, Vauban, commissaire général aux folifications, est mis à la tête du (72) Génie. En quarante ans, îl dktge avec SUCcès Uke Cinquantaine de SiègeS Et fortifie sur le pourtour du royaume près de uban, 300 pli ces. «Ville aSSïégée phr Va vi\lï2 pFise; viIIî2 folifiée paF VäUbdDV)!!e imprenable», disait-on alors. Enùn, mêI'rIe S'ji n'ÿ\ gUère lf2 p1‹