Pharmacologie du Système Nerveux : Support de Cours PDF 2024-2025
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Université de Yaoundé I
2024
Pr. Zingue Stéphane
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Ce document est un support de cours de pharmacologie du système nerveux. Il couvre des généralités et divers domaines du système nerveux, y compris le domaine cholinérgique, adrénergique, etc. L'année académique est 2024-2025.
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République du Cameroun Republic of Cameroon Paix – Travail – Patrie Peace – Work - Fatherland ************** ************** Ministère de l’Enseignement Supérieur...
République du Cameroun Republic of Cameroon Paix – Travail – Patrie Peace – Work - Fatherland ************** ************** Ministère de l’Enseignement Supérieur Ministry of Higher Education *************** *************** Université de Yaoundé I University of Yaounde I *********** *********** Faculté de Médecine et des Sciences Faculty of Medicine and Biomedical Biomédicales Sciences ************** ************** DEPARTEMENT DE PHARMACOTOXICOLOGIE & PHARMACOCINETIQUE DEPARTMENT OF PHARMACOTOXICOLOGY & PHARMACOKINETICS PHARMACOLOGIE DES SYSTEME :NEUROTRANSTION Support de cours proposé par : Pr. ZINGUE Stéphane Msc, MPH, Ph.D Maître de Conférences Année académique 2024-2025 PLAN DU COURS Chapitre I : Généralités sur le système nerveux Chapitre II : Domaine cholinérgique Chapitre III : Domaine adrenérgique Chapitre IV : Domaine dopaminérgique Chapitre V : Domaine serotoninérgique Chapitre VI : Domaine glutamatérgique Chapitre VII : Domaine gabaérgique Chapitre VIII : Domaine gycinérgique 1 CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE SYSTEME NERVEUX I.1. Tissu nerveux Le tissu nerveux est le tissu spécialisé qui forme le système nerveux. Il est formé de deux ordres de cellules : les cellules nerveuses proprement dites, encore appelées neurones, qui élaborent et conduisent l’influx nerveux et les cellules de la névroglie qui sont les cellules de soutien, de nutrition et de protection des cellules nerveuses. I.1.1. Neurones I.1.1.1. Définition, anatomie et physiologie Les neurones ou cellules nerveuses sont des cellules spécialisées dont le rôle est la création et la transmission de l’information sous forme électrique (influx nerveux) au sein de l’organisme (Figure 1). Les neurones présentent 3 principales parties : Le corps cellulaire : c’est le siège des réactions métaboliques nécessaire à la survie de la cellule. Il comprend : les dendrites qui sont des fins et généralement courts prolongements du corps cellulaire dont le rôle est de véhiculer les influx nerveux vers le corps cellulaire. Leur seuil d’excitabilité est très élevé un noyau cellulaire renfermant le matériel génétique. Ce noyau est particulier comparé aux autres cellules de l’organisme car une fois différencié, il est incapable de se diviser ; ce qui fait des neurones des cellules amitotiques les organites cellulaires classiques (appareil de Golgi, réticulum endoplasmique, mitochondrie…). Toutefois, en plus de ceux-ci, les neurones possèdent des organites qui leur sont propres appelés corps de Nissl ou substance chromophile qui sont des spécialisations du réticulum endoplasmique et qui se trouvent dans le corps cellulaire et les dendrites uniquement. L’axone, généralement appelé fibre nerveuse : qui est l’élément le plus caractéristique du neurone. C’est un long prolongement dont le rôle est de véhiculer l’influx nerveux. Les faibles courants provenant des dendrites sont sommés au niveau de l’axone initial est lorsque le seuil est atteint, un Potentiel Action (PA) est généré et se propage tout au long de l’axone jusqu’à l’arborisation terminale où il est transmis à la structure voisine. Il existe 2 types d’axones : 2 ceux possédant une gaine de myéline qui sont dits myélinisés, qui présentent une conduction saltatoire de l’influx nerveux et donc véhiculent plus rapidement l’information et ceux n’ayant pas de gaine de myéline et qui sont dits amyélinisées ; ils présentent une conduction de proche en proche de l’influx nerveux et conduisent donc l’information plus lentement que les précédents ; L’arborisation terminale : qui est un ensemble de fins prolongements de l’axone ; ceux- ci forment à leur extrémité des boutons terminaux qui contiennent les neurotransmetteurs, la libération de ces derniers permettant la transmission chimique de l’influx nerveux à la cellule voisine. Toutefois, il existe des neurones où la transmission de l’influx nerveux est électrique et ceux-ci ne possèdent pas d’arborisation terminale. I.1.1.2. Classification Deux critères permettent de classifier les neurones : Le critère anatomique : celui-ci s’appuie sur le nombre de prolongements que possède un neurone. On en distingue 3 types selon cette classification : Les neurones unipolaires ou neurones en T qui ont un seul prolongement ; Les neurones bipolaires qui ont deux prolongements ; Les neurones multipolaires qui ont plusieurs prolongements. Le critère fonctionnel : celui-ci s’appuie sur la voie (le sens) de conduction de l’influx nerveux. On en distingue également 3 types selon cette classification : Les neurones sensitifs, qui conduisent l’influx de la périphérie vers le système nerveux central (SNC) ; Les neurones moteurs qui conduisent l’influx du SNC vers la périphérie ; Les neurones mixtes qui conduisent l’influx dans les deux sens. I.1.2. Cellules de la Névroglie : présentation et fonctions Ce sont les cellules non-nerveuses du tissu nerveux dont les fonctions sont la protection, la nutrition et le soutien des cellules nerveuses. Elles sont nettement plus nombreuses que les neurones eux-mêmes. Il en existe plusieurs types : I.1.2.1. Astrocytes Ce sont des cellules caractérisés par le nombre, la longueur et la finesse de leur prolongement. On distingue les astrocytes protoplasmiques, rencontrés dans les substances grises et les astrocytes fibreux siégeant dans la substance blanche. Les deux types possèdent en 3 commun des prolongements dont certains se terminent par un élargissement grossièrement conique appelé pieds périvasculaires ou trompes vasculaires qui viennent s’ancrer à la paroi externe des capillaires sanguins. Ces extrémités aplaties peuvent finir autour de ces derniers du fait de leur nombre, constituant une véritable membrane gliale continue : la membrane limitante périvasculaire. De même, à la face interne de la pie mère, on trouve également une condensation névroglique identique dénommée membrane gliale limitante externe (Figure 1). I.1.2.2. Oligodendrocytes Ce sont des cellules généralement plus petites que les astrocytes, au corps sphérique ou ellipsoïdal, possédant des prolongements plus épais mais beaucoup moins nombreux et moins longs, modérément ramifiés et souvent apparaissant gonflé de place en place par des varicosités. On distingue 2 grands types d’oligodendrocytes : ceux qui envoient leurs expansions vers les fibres nerveuses, les recouvrant ainsi sur une surface plus ou moins grande et ceux qui s’attachent directement aux axones centraux, leur fournissant leur gaine de myéline, jouant pour ceux-ci le rôle des cellules schwanniennes des axones périphériques (Figure 1). I.1.2.3. Microcytes Celles-ci laissent penser qu’elles ont une origine embryologique différente des autres névroglies. Ce sont de très petites cellules ovales ou polymorphes émettant de nombreux et fins prolongements flexueux et ramifiés à la surface recouverte de petites épines. On les rencontre indifféremment dans la substance grise et blanche. Dans les conditions normales, leur rôle est obscur mais lorsqu’une région du SNC subit une lésion, elles se transforment en cellules mobiles vouées d’amiboïsme et d’un intense pouvoir phagocytaire (Figure 1). I.1.2.4. Ependymocytes Ce sont des cellules d’apparence épithéliale limitant les parois des cavités de l’axe cérébro-spinal, en l’occurrence le canal de l’épendyme et les ventricules. Les cellules d’apparence cuboïde sont ciliées dans certaines régions (Figure 1). I.1.2.5. Cellules de Schwann Ce sont les cellules formant la gaine de myéline dans les axones périphériques. Elles s’apparentent aux oligodendrocytes. On les distingue habituellement en périsomatique (i.e. proche du corps cellulaire) et péridendritique ou axonique. Dans les ganglions rachidiens, ils contribuent à la myélinisation de la portion des fibres qui y sont contenues. Celles 4 périsomatiques sont en forme de polygone ou sphérique avec un ou deux prolongements entourant le soma neuronique ou se glissant dans les capsules conjonctives (Figure 1). Figure 1 : Cellules du tissu nerveux (Autillo-Touati, 2010) I.2. Classification du système nerveux Le système nerveux est généralement reparti en deux principales parties : le système nerveux central (SNC) et le système nerveux périphérique (SNP). I.2.1. Système nerveux central C’est l’ensemble formé de tous les centres d’intégrations des messages nerveux. Il est logé dans la boîte crânienne et la colonne vertébrale qui assurent sa protection en association avec les méninges et le liquide cérébro-spinal (LCR). Le SNC est subdivisé en plusieurs parties, celles-ci variant selon la classification considérée. I.2.1.1. Divisions du système nerveux central Deux principales divisions sont retenues pour le SNC : il s’agit des divisions évolutives et des divisions physiologiques ou fonctionnelles. 5 I.2.1.1.1. Divisions évolutives Chez l’embryon des vertébrés, la partie antérieure du tube neural se divise en trois régions qui s’enflent considérablement formant : le cerveau antérieur qui par la suite se divise en deux régions : le télencéphale et le diencéphale le cerveau moyen ou mésencéphale qui reste intact le cerveau postérieur qui va également se diviser en deux régions : le métencéphale et le myélencéphale Chez les vertébrés supérieurs ces régions ne gardent pas leur arrangement primitif ; l’axe du cerveau initialement horizontal commence à se courber au niveau de cette portion antérieure du tube neural (Sotelo, 2000). Les différentes régions de cette portion du tube neural évolueront, diminuant ou augmentant de volume, devenant moins ou plus complexe avec la fonction et la fonctionnalité de la partie considérée (Charrier et Polleux, 2012). I.2.1.1.2. Divisions physiologiques Le SNC se subdivise en deux grands groupes selon la nature consciente ou reflexe des informations traitées : l’encéphale et la moelle épinière (ME). I.2.1.1.2.1. Encéphale Il est principalement caractérisé par le fait qu’il est le siège des actions conscientes de l’organisme ; par ailleurs, il est également responsable de la coordination de la posture et de l’équilibre mais aussi du maintien de la vie végétative de l’organisme. Il comprend 3 principales structures : le cerveau, le cervelet et le tronc cérébral. I.2.1.1.2.1.1. Cerveau C’est le siège de la conscience et de l’intelligence. Il est constitué de 2 hémisphères gauche et droite qui à leur tour comprennent 4 lobes chacun (frontal, pariétal, occipital, temporal). La coupe frontale du cerveau montre que la substance cérébrale présente des colorations blanches et grises. La substance grise est formée par les nappes de corps cellulaires tandis que la substance blanche est principalement constituée d’axones. La surface des différents lobes est grise sur une épaisseur d’environ 3mm : c’est le cortex cérébral. Au sein de la substance blanche se trouve de petits amas de corps cellulaires formant les noyaux gris centraux. Le cortex est le siège de l’intelligence et de la mémoire et chaque région de l’écorce à sa propre fonction. 6 Le lobe frontal est le siège de la motricité et de l’intellect, cette dernière fonction se faisant en association avec le temporal ; Le lobe pariétal est le siège de la sensibilité ; lobe temporal est le siège de la mémoire et de l’audition ; Le lobe occipital est le siège de la vision. Plusieurs structures du cerveau fonctionnent en association formant ainsi des systèmes fonctionnels ; nous distinguons entre autres : Le système limbique : c’est la partie émotionnelle du cerveau. C’est un réseau de structures situés en profondeur des lobes temporaux tel que l’hippocampe et l’amygdale. A l’aide des connexions avec le cortex cérébral, la substance blanche et le tronc cérébral, il participe au contrôle et à l’expression des humeurs et de l’émotion ; il participe également dans le traitement et le stockage des souvenirs et dans le contrôle de l’appétit. Ce système est particulièrement affecté dans les maladies neurodégénératives à l’instar de l’Alzheimer; Le système somesthésique : qui est un responsable de la réception, du transport et du traitement final de l’influx nerveux ; Le système réticulé activateur : qui est un système fonctionnel du tronc cérébral mais qui est en association avec des parties du cerveau. En effet, au cœur du tronc cérébral se trouve un groupe de noyaux appelés formation réticulée. Ces noyaux reçoivent leurs informations de la plupart des systèmes sensoriels de l’organisme et de certaines parties de l’encéphale notamment le cervelet et les hémisphères cérébraux. La partie ascendante de ce système permet de maintenir le cerveau en état de veille et de filtrer les stimuli répétitifs tandis que certains de ses neurones entrent en contact avec des motoneurones de la ME et exercent une influence sur le contrôle cardiovasculaire et respiratoire. Le cerveau est un organe dont le fonctionnement est très coûteux sur le plan énergétique, et qui, contrairement à d’autres tissus, ne peut, même pour un temps très court, se passer d’apports nutritifs. Il est d’une extrême complexité tant d’un point de vue anatomique que physiologique. I.2. 1.1.2.1.2. Cervelet C’est une forme de petit cerveau situé à la face postérieure du tronc cérébral. Il est responsable des fonctions psychomotrices et coordonne l’influx des données sensorielles provenant de l’oreille interne et des muscles pour permettre un contrôle précis de la posture et de l’équilibre. 7 I.2.1.1.2.1.3. Tronc cérébral Situé à la base du cerveau, il forme le lien entre le cortex cérébral, la substance blanche et la ME. Il est constitué du bulbe rachidien, de la protubérance annulaire ou pont de Varole et des pédoncules cérébraux. Le tronc cérébral joue un rôle dans la régulation et le contrôle de la respiration, du sommeil et de la circulation. C’est également le lieu de transit et de relai des grandes voies ascendantes et descendantes. I.2.1.1.2.1.4. Thalamus et Hypothalamus Ce sont des structures internes très importantes de l’encéphale. Le thalamus maintient un réseau étendu de connexions avec le cortex et avec de nombreuses autres parties de l’encéphale, notamment les noyaux gris centraux, l’hypothalamus et le cortex cérébral. Il est capable de percevoir la douleur mais pas de la située avec précision. Par ailleurs il filtre les influx nerveux parvenant au cortex. L’hypothalamus quant à lui se situe juste au-dessus du tronc cérébral et joue plusieurs fonctions telles que : le contrôle de l’appétit, de la structure du sommeil, de la libido et de la réaction à l’anxiété. I.2.1.1.2.2. Moelle épinière Prolongement de l’encéphale, ME est un cordon d’environ 1 cm d’épaisseur et 45 cm de long qui occupe le canal rachidien. Elle s’étend de la première vertèbre cervicale à la deuxième vertèbre lombaire. 31 paires de nerfs rachidiens y ont leur racine. La substance grise ici est centrale et la blanche est en surface. La ME est le siège des activités reflexes de l’organisme. Par ailleurs elle relais les informations sensitives de la périphérie vers l’encéphale, et les influx moteurs de l’encéphale vers la périphérie. I.2.2. Système nerveux périphérique C’est l’ensemble formé des nerfs de l’organisme, un nerf est un assemblage de plusieurs fibres nerveuses spécialisés dans la même fonction (nerf moteur, nerf sensitif) ou non (nerf mixte). Le SNP se subdivise en deux branches/ le système nerveux somatique et le système nerveux autonome. I.2.2.1. Système nerveux somatique Il est encore appelé système nerveux de vie de relation. Dans ce système, il n’existe pas d’influx inhibiteurs, tous les influx sont stimulateurs, ce qui explique l’existence des muscles antagonistes ; une seule cellule nerveuse établie la connexion entre le centre nerveux et 8 l’effecteur. Ce système gère les mouvements volontaires et son neuromédiateur est l’acétylcholine. Il est composé de 43 paires de nerfs dont 12 sont crâniennes et 31 rachidiennes, ces dernières réparties en 8 cervicaux, 12 dorsaux, 5 lombaires, 5 sacrées et 1 coccygienne. I.2.2.2. Système nerveux autonome Encore appelé système nerveux végétatif, il contrôle la vie végétative de l’organisme. Il comporte deux neurones qui font relais dans des ganglions situés en dehors du SNC ; le premier neurone dit pré-ganglionnaire a son corps cellulaire dans le SNC et se termine en faisant synapse sur le second neurone dit post-ganglionnaire dont le corps cellulaire est situé dans un ganglion végétatif du SNP et l’axone se termine au niveau du muscle lisse ou des cellules glandulaires. Ces ganglions périphériques sont de véritables centres d’intégration qui assurent une relative autonomie par rapport au SNC. Ce système est subdivisé en deux : le système nerveux sympathique et le système nerveux. I.2.2.2.1. Système nerveux sympathique Il est encore appelé système nerveux thoraco-lombal. Son origine est purement médullaire. Le neurone pré-ganglionnaire siège dans la corne latérale de la moelle dorso- lombaire (D1 à L3). Leurs axones sont courts. La synapse entre les neurones pré et post- ganglionnaire est une synapse cholinergique mais la terminaison du neurone ganglionnaire est adrénergique. Ce système est généralement excitateur et agit sur les mêmes organes que le parasympathique. I.2.2.2.2. Système nerveux parasympathique Il est encore appelé système nerveux cranio-sacral. Son origine est située aux deux extrémités du système sympathique. Le neurone pré-ganglionnaire est long ; la synapse avec le neurone post-ganglionnaire se fait au contact des viscères ou dans la paroi même du viscère. La transmission est purement cholinergique. Ce système est généralement inhibiteur. I.3. Bref aperçu de la Physiologie du cerveau I.3.1. fonctionnement général Le cerveau est le principal organe de commande et de contrôle du corps. Les afférences nerveuses distribuées partout dans l’organisme permettent au cerveau à tout instant de connaître l’état général de chaque constituant du corps et des besoins spécifiques de chaque organe. La coordination entre les différents organes étant impérative au bon fonctionnement de 9 l’organisme, c’est le cerveau qui assure cette fonction. D’une manière générale, les fonctions du cerveau peuvent être résumées en trois points : réception et interprétation des différents signaux en provenance des nerfs afférents ; compilation des informations reçues ; genèse et transmission via les nerfs moteurs des réponses appropriées à chaque structure de l’organisme. Ces fonctions sont réalisées de manière individuelle par chaque neurone, puis les réponses individuelles sont sommées, grâce aux différentes interconnexions existant entre les différents neurones en vue de générer des réponses coordonnées. Au sein du cerveau des mammifères, les neurones s’organisent en groupes spécialisées appelés assemblés de neurones. Chaque assemblé de neurone répond à des stimuli spécifiques. Les assemblées de neurones dont les stimuli, même si différents, contribuent tout de même à la réalisation d’une tache précise se mettent également en relation. Il se crée ainsi dans le cerveau des mammifères des régions spécialisées permettant de répondre à des besoins spécifiques de plus en plus complexe. La mise en relation de plusieurs neurones différents en vue de réaliser une ou plusieurs tâches spécifiques est rendue possible grâce à un phénomène physiologique appelé plasticité cérébrale. La plasticité cérébrale est le processus par lequel un neurone, sous l’impulsion des stimuli externe ou interne, modifie sa physiologie et prolonge et/ou crée des nouvelles excroissances dendritiques ou axoniques, en vue de se mettre en relation avec des neurones voisins. C’est ce processus qui permet au cerveau des mammifères en général et à celui de l’Homme en particulier de pouvoir effectuer des hautes fonctions cognitives telles que la mémoire, l’apprentissage, la conscience, la réflexion et bien d’autres. I.3.2. Aspect bioélectrique Un aspect particulier de la physiologie du cerveau est que ce dernier génère de l’électricité au cours de son fonctionnement. Cette électricité provient des neurones suivants des mécanismes relativement complexes. Les neurones sont en effet des structures dites excitables, c’est-à-dire qu’elles possèdent la capacité d’inverser de manière significative leur potentiel de membrane. Pour ce faire, lorsqu’ils sont soumis à une stimulation d’intensité efficace, une dépolarisation se produit au niveau de leur membrane et génère un potentiel d’action (PA) qui se propage jusqu’au niveau des terminaisons axoniques. Le PA ainsi généré correspond au message transporté par le neurone et qui doit être transmis. 10 Pour que le message soit transmis du neurone qui l’a généré jusqu’au cerveau, il doit être relayé par plusieurs autres neurones. Cependant, les neurones sont disposés en contiguïté et non en continuité, ce qui laisse entre le neurone portant le message (neurone pré-synaptique) et le neurone à qui doit être transmis le message (neurone post synaptique) un espace appelé fente synaptique. Le neurone nécessite ainsi un élément capable de transporter le message à travers la fente synaptique, ce qui est assuré par des substances chimiques particulières présentent à la fin de l’axone du neurone appelé neuromédiateur ou neurotransmetteur. Le PA qui est arrivé donc à l’extrémité terminale du neurone va ouvrir des récepteurs canaux calciques de type voltage-dépendant. Cela permettra l’entrée des ions calcium, qui feront migrer les vésicules à neuromédiateur ou vésicule synaptique vers la fente synaptique. Ces vésicules libèreront ainsi leur contenu dans la fente synaptique et les neuromédiateurs se fixeront au neurone post-synaptique, transmettant ainsi le message. Le message transmis au neurone post synaptique va dépendre du type de neuromédiateur libéré dans la fente synaptique. S’il est excitateur, il déclenchera une dépolarisation tandis que s’il est négatif il provoquera plutôt une hyperpolarisation du neurone post-synaptique. Une particularité concernant la réponse observée au niveau du neurone post-synaptique est que le neuromédiateur fixé ne crée pas un PA mais plutôt un potentiel post synaptique (PPS). Si le neuromédiateur fixé était excitateur, la réponse sera donc un PPS excitateur (PPSE), tandis qu’il s’agira d’un PPS inhibiteur (PPSI) si le médiateur était inhibiteur. Les PPS ne sont pas des stimulations suffisamment puissantes pour atteindre le seuil de dépolarisation du neurone post- synaptique. Puisque le neurone post-synaptique reçoit de manière presque simultanée des messages provenant de plusieurs neurones pré-synaptiques, il va effectuer une sommation de tous les PPS reçus. Si le PPS global obtenu est d’intensité suffisante, la réponse déclenchée par le neurone post-synaptique dépendra de quel potentiel des PPSE et PPSI aura été le plus enregistré. S’il les PPSE ont été les plus enregistrés, un PA sera déclenché. Si par contre ce sont les PPSI qui ont été les plus nombreux, le neurone post-synaptique s’hyperpolarisera et message disparaitra. L’activité individuelle des neurones va provoquer au niveau du cerveau tout entier des ondes cérébrales pouvant être enregistrées par un électroencéphalographe et constituant l’électroencéphalogramme (EEG); ces ondes vont varier en fonction de l’intensité de l’activité cérébrale. Il est ainsi distingué : les ondes alpha : qui sont des ondes rythmiques se produisant à une fréquence de 8 à 13 cycles par seconde et qui sont retrouvées dans l’EEG de pratiquement tous les individus en bonne santé et en état paisible de la pensée ; 11 les ondes bêta : qui sont produites à des fréquences de 15 à 25 cycles par seconde, et souvent, mais rarement 50 cycles par seconde. Deux variantes sont distingués, les bêta 1, qui sont similaires à alpha excepté par leur amplitude qui est de deux fois celle des ondes alpha et qui disparaissent dès lors que le cerveau entame une grande réflexion ; les bêta 2, qui apparaissent quand le cerveau est en pleine réflexion ; les ondes thêta : qui sont des ondes de 4 à 7 cycles par seconde qui apparaissent surtout chez les enfants. Mais, elles apparaissent aussi chez l’adulte lorsque celui-ci est en situation de stress ou au cours des troubles cérébraux ; les ondes delta : qui sont les ondes en dessous de 3,5 cycles par seconde. Elles se rencontrent pendant le sommeil profond ou lors des graves troubles cérébraux. I.4. Différents types de récepteurs présents sur la membrane des neurones Les neurones portent des récepteurs canaux ioniques ou ionotropes, ainsi que des récepteurs métabotropiques. I.4.1. Récepteurs canaux ioniques Ces sont les récepteurs dont l’activation permet le passage direct des ions au travers de la membrane. Ces récepteurs peuvent s’activer, soit à la suite de l’arrivée d’un courant électrique : ils sont alors dits récepteurs voltage-dépendant ; ou ils peuvent s’activer à la suite de la fixation d’un neurotransmetteur : ils sont alors dit récepteurs chimio-dépendant. I.4.2. Récepteurs métabotropes Ce sont des récepteurs dont l’activation conduit au déclenchement d’une cascade de réaction intracellulaire dont la finalité est l’activation des enzymes intracellulaires, ainsi que l’activation des canaux ioniques. Ils sont appelés récepteurs couplés à la protéine G (RCPG) ou encore récepteurs 7 fois transmembranaires. Ils sont activés à la suite de la fixation d’un ligand sur son site. Une fois le ligand fixé, la protéine G va s’activer et stimuler l’activation d’une autre protéine appelée protéine effectrice. Et ce c’est cette dernière qui va induire la cascade de réaction intracellulaire. Lorsque la protéine effectrice activée est l’adénylate cyclase (AC), celle va induire la production de l’AMPc (acide monophosphate cyclique) qui est donc le second messager qui va relayer le message du ligand à l’intérieur de la cellule. L’AMPc va ainsi activer la protéine kinase A, dont l’action intracellulaire permettra la synthèse des protéines parmi lesquels des protéines canaux ioniques 12 Lorsque la protéine effectrice activée est la phospholipase C (PLC), elle va induire la production du diacyl glycerol (DAG) et de l’inositol triphosphate (IP3), qui seront les seconds messagers. Ces derniers vont d’une part activer la protéine kinase C (PKC), et d’autre part stimuler la libération de calcium intracellulaire. L’ensemble de tous ces mécanismes permettant ainsi la synthèse des protéines au niveau intracellulaire. Il existe 03 principaux types de protéines G : La protéine G stimulatrice (Gs), qui active l’adénylate cyclase ; La protéine G inhibitrice (Gi) qui inhibe l’adénylate cyclase ; La protéine Gq qui active la phospholipase C. Ainsi, la réponse biologique obtenue à la suite de l’activation d’un RCPG va dépendra la protéine G qui sera activée. 13